Compte-rendu de la conférence de presse de l’USN le 24 janvier 2015 à Paris
La conférence de l’USN de Paris sur l’accord-cadre s’est tenue le samedi 24 janvier de 15 h à 17 h au salon du Café Bord de Seine à Paris-Châtelet. Lire ici l’intégralité de l’accord-cadre.
Étaient présents pour animer la conférence Maki Houmedgaba, représentant de l’USN en France ; Hachi Loïta, représentant et Porte-parole de l’UDJ en France ; Elmi Diraneh Robleh, représentant du RADD en France ; Isabelle Hirayama, représentante du Comité de soutien de l’USN à Paris-Ile de France ; la conférence était modérée par Makaëla Nguebla, journaliste et blogueur tchadien.
Étaient excusés Ali Mohamed Robleh, représentant du MODEL en France, Mohamed Eleye Hoche, représentant du MRD en France et Abdourahman Mohamed Habib, représentant du MODEL en Bretagne et Loire Atlantique.
Le modérateur Makaëla Nguebla a introduit la conférence de presse organisée comme un point d’information sur l’accord-cadre signé le 30-12-2014 entre l’USN et le Gouvernement de Djibouti et présenté les différents intervenants.
Le représentant de l’USN en France a débuté par un bref rappel de l’évolution de Djibouti, où 37 ans d’indépendance ont rimé avec 37 ans de parti unique de fait sous l’égide du Rassemblement populaire pour le progrès (RPP), parti gouvernemental des deux présidents Hassan Gouled Aptidon et Ismaël Omar Guelleh. Le soulèvement populaire a connu son apogée le 18-02-2011 à Djibouti-ville lorsque plus de 30.000 Djiboutiens ont occupé la rue pour dire non à la révision de la constitution ouvrant le mandat présidentiel illimité.
Forte de l’appui populaire, l’opposition a créé en janvier 2013 la coalition USN regroupant sept formations politiques avec l’objectif de prendre part aux législatives de février 2013 et de se battre pour faire valoir son vote. D’où la crise postélectorale au lendemain des fraudes sur les résultats des votes entre USN et UMP, la coalition de l’Union de la majorité présidentielle.
Le dialogue politique demandé par l’USN à partir de l’été 2013 a connu des péripéties avant d’aboutir à l’accord-cadre du 30-12-14. Si les députés de l’USN acceptent d’intégrer les 8 sièges de l’Assemblée nationale qui leur sont attribués, ils décident de se tourner vers le futur de sorte que plus jamais ne puissent se reproduire les fraudes électorales de février 2013.
Pour sa part, le gouvernement accepte d’adopter les projets de loi sur la CENI et sur le Statut de l’opposition discutés en commission avec l’USN en les faisant approuver en Conseil des ministres et transmis à l’Assemblée nationale en vue de leur adoption.
Enfin, le représentant de l’USN a informé de la lenteur persistante des négociations et de l’existence de deux observations officielles déjà adressées au premier ministre. Sur la garantie pour l’application effective de l’accord-cadre, les Djiboutiens ont bien pris conscience qu’ils en seront eux-mêmes les garants et demeurent mobilisés pour relancer les actions populaires.
Le représentant de l’UDJ en France, Hachin Loïta, a rappelé que la signature de l’accord-cadre a permis de pouvoir travailler dans un climat serein et de réduire les tensions. L’accord représente un progrès dans le sens de la démocratisation de Djibouti sur un proche avenir.
Le représentant UDJ a répondu à des questions posées concernant la coopération française, en rappelant l’existence d’une commission de suivi du processus de négociation de Djibouti à propos duquel les Français sont parties prenantes.
Le représentant de l’UDJ a rappelé que le gouvernement n’ayant jamais respecté des accords conclus, le même risque de signer un accord non appliqué existait bel et bien. C’est pourquoi l’opposition organise des moyens de résistance qui peuvent aller jusqu’au retrait des députés de l’opposition de l’Assemblée nationale, l’alerte à la communauté internationale et le plus important, la pression populaire dans la rue.
Le représentant de l’UDJ a rappelé que le président djiboutien avait déjà fait modifier la constitution et qu’il pouvait se représenter en toute « légalité » aux présidentielles de 2016, d’autant plus que lui-même et son entourage avaient tout intérêt à s’accparer le pouvoir.
Le représentant du RADD en France, Elmi Diraneh, a appelé quant à lui les Djiboutiens à soutenir massivement l’accord-cadre conclu avec le gouvernement. La création de l’USN le 16/01/2013 a permis d’unifier l’opposition et de mettre un terme à sa dispersion. L’USN a été créée après une réflexion et une observation sur la souffrance de la population, qui depuis l’indépendance n’a jamais bénéficié ni de liberté ni de démocratie, étant donné les résultats de la mauvaise gouvernance d’IOG et de son équipe.
Pour le représentant du RADD, si les leaders de l’USN ont décidé de s’unir, c’est pour mettre au point une stratégie pouvant déboucher sur la liberté d’expression, par l’ouverture d’esprit et par la prise de conscience que ce gouvernement avait manipulé la population, notamment au moyen de chansons de gloire pour le président, mais aussi par une répression visant les opposants et toute personne désireuse de s’exprimer.
L’U.S.N, après deux années de lutte et de travail, a ouvert une porte vers la démocratie basée sur le respect et l’écoute de tous les Djiboutiens. Les résultats de ce travail ont permis de lever l’embargo sur la population et la jeunesse, un jeune pouvant aujourd’hui afficher clairement son opposition ou son indifférence au dictateur IOG, comme il peut critiquer ouvertement le travail du club IOG. L’USN continuera de travailler dans la paix et dans l’unité de tous les Djiboutiens épris de changement, ce qui rendra Djibouti meilleur qu’hier, avec une liberté de la presse, une transparence dans l’économie et avec une éducation meilleure pour les jeunes, le tout visant à soulager la souffrance de la population.
La représentante du Comité de soutien de l’USN à Paris Ile de France, Isabelle Hirayama, a insisté sur l’objectif de préserver l’unité de la population djiboutienne en soutien au processus politique, car seule une population unie pourra constituer une garantie forte pour faire respecter le processus du dialogue et déboucher sur une évolution démocratique.
Comme l’a souligné Abdi Alex, membre du comité de soutien de l’USN, le chemin sera long, et il sera nécessaire à l’opposition de travailler à un programme d’alternance et de choisir rapidement un candidat unique de l’USN qui la représentera et briguera l’investiture en 2016.
Lire en cliquant sur ce lien l’intégralité des interventions publiées sur le site de l’Association pour le respect des droits de l’homme à Djibouti (Ardhd), dont le président Jean-Loup Schaal était l’invité de la conférence de l’USN.
En conclusion, il a été annoncé qu’une nouvelle conférence de l’USN se tiendra à Paris mi-février pour dresser un nouveau point d’actualité.
Maki Houmed-Gaba
Représentant de l’USN en France
Paris, le 28/01/2015