A l’approche de l’élection présidentielle à Djibouti, le président Ismaël Omar Guelleh part à la rencontre des Djiboutiens. Or celui-ci est à la tête de l’Etat djiboutien depuis 20 ans. Si en apparence la situation économique semble s’améliorer (environ 7% de croissance, amélioration de quelques points au classement Doing business, amélioration pour la création d’entreprise…), l’économie est djiboutienne reste sous-développée avec très peu de diversification et la balance commerciale reste fortement déficitaire, ce qui expose notre population aux fluctuations des marchés internationaux.
Sans oublier la mainmise du président et de sa famille sur des activités économiques. Le président en rappelant le fait que ses enfants travaillent dans le secteur privé et n’ont rien à voir avec l’État, oublie de mentionner que ces derniers et l’élite au pouvoir profitent d’un quasi-monopole avec l’absence totale de contrôle sur leurs activités.
A cela s’ajoute la corruption rédhibitoire. Ce qui par ailleurs explique la 126ème place de notre pays au classement transparence internationale. Pendant ce temps, le chômage, la pauvreté, l’analphabétisme et le manque de soins progressent. Ce même manque de soins qui expose les djiboutiens aux maladies comme le paludisme, le chikungunya et autres maladies causant la morts. Mais silence ! Tout va dans le meilleur du monde !
Mais là où la situation est également très préoccupante est le déni du pluralisme politique et les violations des droits de l’homme. En effet, sous des dehors en transitions démocratiques à travers des réformes et l’adoption de lois pour apparaître plus ouverts, l’autoritarisme se développe à l’intérieure du pays.
Cela s’explique par le fait que le régime IOG recherche la légitimité extérieure, c’est-à-dire de la communauté internationale notamment à l’aide d’une « diplomatie de géant » comme l’expliquait Madame Le Gouriellec qui est au service d’un pouvoir personnel. D’autant plus que la communauté internationale ferme les yeux tant que le pays semble se conformer aux codes de la normalité internationale.
Cette prévalence de la légitimité externe cache les dysfonctionnements à l’intérieur du pays où le Président IOG et les gouvernants tiennent en otage une population de presque 800 000 habitants et son avenir. La démocratisation et la libéralisation ne sont que de façade puisque ces dernières cohabitent avec des violences politiques impunies, des dénis de justice ou même son instrumentalisation pour réduire au silence ceux qui expriment leur avis ou s’insurgent contre le manque de libertés et des violations des libertés fondamentales.
Ainsi, les détentions arbitraires et les violations se multiplient notamment contre les opposants politiques mais aussi contre des jeunes activistes et des simples blogueurs. C’est ainsi que très récemment Bourhan Boreh a été enlevé par la police politique en violation de ses droits les plus élémentaires. Malgré l’interdiction de la torture par la Constitution djiboutienne, ces dernières persistent et sont utilisées pour obtenir des aveux.
La mise en place d’une Commission pour les droits de l’homme ne change rien vu le mode de nomination de ses membres et le mode opératoire de cette dernière qui rejette systématiquement les requêtes émanant de l’opposition. A titre d’exemple, les requêtes d’Abdisalam Ismail qui a été condamné à 6 mois de prison pour offense au président pour avoir diffusé une photo du président en train de dormir lors du sommet de la Ligue arabe.
Face à ces pratiques et à l’injustice érigée en norme, désobéir est une nécessité afin d’éviter la déréliction de notre Nation et permettre la chute d’un système à bout de souffle.
MOUSTAPHA AHMED YOUSSOUF