Réalité numéro 92 du mercredi 14 avril 2004 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 92 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
PRESIDENT A TEMPS PARTIEL :
L’IMPOLITESSE DU DESESPOIR
« Je ne savais pas ce qu’ils avaient dans le ventre ! Coupez ! Coupez ! » : ainsi criait hors plateau un pathétique fonctionnaire-journaliste au soir du 10 janvier 2003. C’est que les commentaires en direct des représentants de l’UAD à cette soirée post-électorale déplaisaient en haut lieu et en temps réel. Par portable interposé, ce haut lieu avait tenu à vertement remettre son journaliste à sa place car, même politique, un spectacle a ses limites. Celles tracées par ce qui est localement défini comme étant politiquement correct : il était inadmissible qu’un(e) journaliste se défasse de ses œillères de parti unique et tende le micro à des opposants sur les ondes de médias qui ne sont publics que sur le papier et par leur budget de fonctionnement.
La dernière en date de ce qui est pompeusement qualifié de conférence de presse présidentielle, à l’occasion d’un cinquième anniversaire (sorte de répétition générale avant la grande foire de l’année prochaine) que telle veuve éplorée n’a pas daigné respecter sous d’autres latitudes, est venue rappeler, encore une fois pour qui serait sourd ou aveugle, que le respect du pluralisme se heurte encore à un problème de circonférence… de presse bien entendu.
Passe encore que le Chef de l’Etat s’épanche à n’en plus finir sur les ondes et dans les colonnes des médias publics devenus griots : quand l’incantation et l’autoglorification remplacent la véritable action, il est somme toute normale de profiter de la publicité gratuite en usant et en abusant de la télévision et des journaux d’État, cantonnés dans le triste rôle de la voix de son maître, si chère à une célèbre page de pub. Passe aussi que « Le Progrès » consacre la totalité de son encre (heureusement délébile) aux exercices d’exégèse et d’herméneutique des dits et des redites du Président du RPP, donc de ce fait Président (à temps) partiel de la République : quand on n’est pas astreint au rendement, on peut délirer à perte, comme l’aurait dit La Palisse.
Mais il est inadmissible de prétendre donner une conférence de presse en limitant la presse à sa presse. Non pas que les journalistes de l’opposition aient raté un événement exceptionnel dans la litanie de ce pathos, mais par respect dû à nos lecteurs et à tous nos concitoyens, il est de notre devoir de relever et de dénoncer cette discourtoisie présidentielle. Rappelons modestement que, selon les chiffres officiels validés par le folklorique Conseil Constitutionnel, l’UAD représentait près de 37% du corps électoral lors des législatives de janvier 2003 : la constance dans l’échec de ce régime a certainement accru ce pourcentage aujourd’hui.
Plus grave encore : quand l’on sait que la fraude et l’incompétence administrative ont également condamné plus de 50% des électeurs à l’abstention forcée, ce sont près de 87% des citoyens en âge de voter qui ne se sont pas reconnus dans la prétendue et ubuesque mouvance présidentielle. Donc, interdire la presse d’opposition de participer à une conférence de presse au cours de laquelle le Chef de l’Etat est censé (sensé ?) s’adresser à tous ses concitoyens (et par conséquent à la presse qui les représente) dénote une conception des médias très proches de celle des commanditaires de feue « La Pravda ».
A travers nous, c’est envers une très large frange de ses concitoyens que le Président de la République a manqué de respect. Quand on prétend avoir été élu par le suffrage universel et quand on se prétend démocrate invétéré, un tel sectarisme fait un peu usurpation de titre et de fonction. Mais lorsqu’une politique est fondée sur le blabla, le gaspillage, le reniement et les indélicatesses en tous genres, il est malheureusement normal que ses tenants préfèrent éviter les vraies questions : la fraude est là pour leur permettre d’éviter la vraie sanction populaire.
Ce spectacle est vraiment nul : il est hors de question de renouveler les mandats et les parodies de série B. Coupez !
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Brèves nationales
Festivités présidentielles :
Un rituel coûteux et dépassé
Ilot de prospérité dans un océan de précarité, la Présidence se distingue depuis l’arrivée au pouvoir de son actuel locataire, par ses dépenses somptueuses et ses cérémonies fastueuses, aux frais du contribuable bien sûr. Cette année, le maître des lieux et des cérémonies n’a pas dérogé à la règle qu’il a lui-même établie voilà cinq ans. Au programme : distribution massive de khat premium, banderoles aux slogans creux, animations musicales assurées par des troupes partisanes et autres associations-maison grassement rémunérées pour l’occasion. Le tout bien entendu présenté comme une fête de la jeunesse, dédiée à l’illustre bienfaiteur. De Balbala à l’esplanade du Palais du Peuple, la jeunesse djiboutienne aurait donc fêté comme il se doit l’anniversaire d’un mandat présidentiel prétendument consacré à assurer son avenir.
Mais, au fait, de quelle jeunesse s’agit-il ? Celle devenue dorée depuis mai 1999 ou celle composée de l’immense majorité des désœuvrés exclus du système scolaire et des démobilisés attendant leur réinsertion sociale, bref, le lumpenprolétariat du nouveau millénaire ? Il ne faut tout de même pas pousser le bouchon trop loin. Quoi qu’il en soit, le Chef de l’Etat continue à se gargariser des succès virtuels de sa politique de développement. Il doit confondre le développement exponentiel de ses moyens de propagande avec le développement économique en vain attendu par la Nation djiboutienne. Le décalage entre les propos présidentiels et la réalité quotidienne n’en est que plus patent.
En tout état de cause, la mystification copieusement servie par la RTD avec les moyens techniques du studio personnel présidentiel, a fait flop. En attendant, fêtez, fêtez, il en restera toujours quelque chose : la nausée indispose mais ne tue pas. La cruelle vérité aura le dernier mot.
Parabole à propos de l’affaire Borrel :
Le cadavre commence à parler
Comme nous l’avions laissé entendre dans une précédente édition, le cadavre du juge Borrel commence à parler : si, comme le cadavre de la parabole tirée du Coran, il n’a pas encore nommément désigné ses meurtriers, la persévérance de la veuve du magistrat, soutenue par toute l’opinion publique française, commence à porter ses fruits. En effet, la levée du secret défense a permis de définitivement écarter la thèse du suicide jusque-là privilégiée. Dès l’annonce de cette mesure par la ministre de la Défense, Mme Borrel avait déclaré : « c’est une bonne nouvelle. On va pouvoir enfin avoir accès rapidement à ces documents. Je pense qu’on va découvrir que le gouvernement savait que Bernard a été assassiné. ». Deux semaines après que le juge d’instruction en charge de ce dossier ait pris connaissance de ces documents, nous apprenons que deux hauts responsables des services djiboutiens de sécurité sont nommément mis en cause dans cette affaire… A suivre.
Eclairage public :
La Capitale dans la pénombre
Les feux d’artifice tirés çà et là à l’occasion de l’avant-dernier anniversaire du mandat présidentiel n’y changeront rien : notre Capitale reste très mal éclairée un peu partout. Sur certaines artères, un poteau électrique sur deux ne diffuse aucune lumière et cette situation ne se limite pas aux quartiers populaires. Les quartiers huppés ne sont pas épargnés par cette pénombre générale.
Mais la preuve la plus visible (sans rire) de cette obscurité qui gagne du terrain reste la route du front de mer menant de la Siesta à … Haramous. Si le jour, les plus hauts responsables de l’État empruntent cette route bien bitumée, la nuit, les puissants projecteurs de leurs résidences cossues leur suffisent apparemment. Tant pis pour les promeneurs, ils devront s’équiper de mini torches électriques comme en brousse.
La Tribune d’Ali-Sabieh :
Halte aux intimidations !
Suite à la parution du n°9 de notre renaissant confrère « La Tribune d’Ali-Sabieh », le Président de la Ligue de la Jeunesse Assajog et Directeur de publication de ce journal, M. Abdoulkader Abdillahi Miguil a été arrêté par la police dans la soirée de dimanche 11 avril 2004. Interpellé, selon nos informations, sur plainte déposée par un ministre s’étant estimé diffamé, il a été relâché le lendemain vers midi.
Quoi qu’il en soit, cette affaire est bien la preuve que cette dynamique association dérange fortement le pouvoir en osant révéler l’échec gouvernemental dans sa région. Nous exhortons ce jeune confrère à persévérer dans son indépendance.
Interview présidentielle :
Flagrant délit de maquillage
Jeudi dernier, dans les salons feutrés de la « Maison-Blanche » miniature, le Chef de l’Etat s’est prêté au jeu de questions-réponses dont il a le secret, face à la presse présidentielle complaisante. Le souci de donner à cet exercice démagogique l’éclat que ses propos n’arrivent pas à lui conférer, une opération de transcription a été mise en œuvre dans les colonnes de son organe de presse « Le Progrès. Mais ce zèle postproduction n’en a rendu que plus compliquée toute tentative de décryptage du message présidentiel. C’est pourquoi nous y renonçons, nous qui pensions naïvement, dans le respect de la déontologie journalistique, qu’une transcription devait fidèlement reprendre les propos verbaux. Jugez-en vous-mêmes.
A une même question, le « numéro un djiboutien » aurait apporté deux réponses différentes : ce n’est plus de l’ubiquité mais de l’omniscience multidimensionnelle. Comprenne qui pourra ! Pour notre part, nous n’avons rien compris à l’esbroufe officielle cherchant à maquiller l’incontournable réalité nationale. Voici le texte de cette déclaration stéréophonique telle que présentée par notre inimitable confrère « Le Progrès » dans son édition n°106 du 8 avril 2004 :
« Question : Lors de vos entretiens dernièrement avec une délégation du Parlement européen, vous avez fait part à vos interlocuteurs que Djibouti tout paraît urgent et prioritaire. Alors face justement à tant de besoins : en eau, en matière d’éducation, de santé, de lutte contre le SIDA, aux doléances des populations des districts de l’intérieur, à la nécessité de renforcer les infrastructures ou de construire des logements, comment se détermine le Gouvernement ?
Réponse : Je répondrai par l’affirmative dans la mesure où nous avons commencé d’abord à réduire le coût de la vie en ramenant tous les barèmes de nos taxes intérieures de consommations de 33% à 8%. Nous sommes entrés par la suite dans une phase de formation professionnelle. Ensuite, nous nous sommes attelés à obtenir la réhabilitation de nos infrastructures. Nous nous sommes engagés à créer les conditions nécessaires à attirer les investissements directs étrangers. Mais le chemin est long et les difficultés subsistent avec les coûts exogènes, c’est-à-dire le pétrole qui est en flambée ces derniers temps mais les statistiques sont là pour dire que le nombre des jeunes qui ont obtenu d’emploi est nettement meilleur qu’avant. Nous avons également le Service National Adapté (SNA) qui nous permettra de toucher une frange de notre population qui a besoin d’être secourue pour ne pas tomber dans la délinquance. » |
« Question : Lors de vos entretiens dernièrement avec une délégation du Parlement européen, vous avez fait part à vos interlocuteurs que Djibouti tout paraît urgent et prioritaire. Alors face justement à tant de besoins : en eau, en matière d’éducation, de santé, de lutte contre le SIDA, aux doléances des populations des districts de l’intérieur, à la nécessité de renforcer les infrastructures ou de construire des logements, comment se détermine le Gouvernement? Réponse : Oui, je confirme avoir dit, tout paraît prioritaire et urgent, puisque nous avons tout à faire. C’est la première fois d’abord que notre pays obtient un taux de croissance qui dépasse le taux de la démographie. C’est une bonne chose. Nous avons stabilisé nos dépenses publiques, réduit notre dette et notre déficit. Nous avons des problèmes climatiques. Nous avons des problèmes de l’eau. Nous avons des problèmes d’énergie. Nous avons un grand programme de développement énergétique et de recherche de l’énergie la moins chère. Nous sommes engagés dans une politique tout azimut qui va du secteur de l’énergie éolienne, de l’énergie renouvelable jusqu’aux recherches d’exploitation pétrolière. Nous avons un grand programme avec la Banque Mondiale pour assurer à tout investisseur étranger et pour notre devenir économique c’est-à-dire à savoir créer les conditions les plus favorables à toute industrie naissante et à tout développement économique, c’est-à-dire l’eau et l’énergie la moins chère possible. Je pense qu’on va y arriver. » |
Nous avons appris avec tristesse le décès survenu la semaine dernière en France de Iwad Hassan Moussa, dirigeant du FRUD et Secrétaire Général du ministère de l’Emploi. Militant indépendantiste et combattant de la Démocratie, notre ancien compagnon de lutte fut successivement cadre du MPL, du FDLD et haut responsable militaire du FRUD. Depuis 1995, Iwad Hassan Moussa était un haut fonctionnaire membre du Comité Central du FRUD. Il laisse une veuve et quatre enfants.
L’ARD et la Rédaction de Réalité adressent leurs sincères condoléances à toute la famille de Iwad Hassan Moussa. Qu’Allah l’accueille en son paradis éternel. Amin. Inna lillah wa inna ilayhi raaji’uun.
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Cinquièmes propos du Président
La démagogie contre la vérité (Préambule)
A l’occasion du cinquième anniversaire de son arrivée au pouvoir, le Chef de l’Etat a réitéré ses démonstrations sous forme de Conférence-bilan préélectorale, en répondant aux questions préétablies et studieusement dispatchées aux journalistes du service public, uniquement. Au cours de cet exercice de style, le Chef de l’Etat qui étale sa maîtrise des langues locales ( à une exception notoire) et étrangères, a tenté de bien jouer la partition en variant les réponses entre le somali, sur les questions relevant de la politique, le français pour le reste. Tout le monde était censé comprendre comme nul n’est censé ignorer la loi.
L’indispensable, à une année de l’élection présidentielle, est avant tout de vous faire relire un extrait de son discours d’investiture du 10 mai 1999 que voici : « Je prête serment d’inspirer et de mettre en œuvre les réformes les mieux adaptées pour le développement de mon pays. Je prête serment pour la défense de la liberté de ma patrie, de son égalité, de sa paix, fondement de sa devise et force de l’âme djiboutienne mue par l’espoir d’ouvrir toujours plus grandes, aux hommes comme aux peuples, toutes les portes de la vie… »
Considérant qu’il n’est pas ici nécessaire de rappeler les conditions dans lesquelles l’actuel Chef de l’État est arrivé au pouvoir, ni les atteintes aux droits de l’Homme consécutives à cette arrivée, il serait toutefois malhonnête de ne pas citer quelques initiatives présidentielles contraires au Serment suscité. Tout le monde le sait : la continuité de la guerre, le massacre des civiles, l’emprisonnement des opposants et principalement l’usage de la force avec mort d’homme à la résidence de son Challenger M. Moussa Ahmed Idriss, l’attaque à la grenade du siège de la naissante Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH), etc. L’Accord de paix avec le Frud-armé n’étant intervenu qu’exactement deux ans après son investiture, le 12 mai 2001, la situation politique reste toujours bloquée et pour cause : l’initiative de la paix venait du FRUD-armé.
Le bilan de cinq années du Chef de l’État, avec les immenses pouvoirs qui sont les siens, nous semble médiocre. C’est ce que nous tenterons de démontrer dans les lignes qui suivent, sur la base de ses propres propos. Nous devons vous permettre de distinguer la démagogie et la mystification de la vérité.
Du bilan général
Un bilan étant un instantané pris à une date donnée, l’image du pays décrite par le Président de la République se présente comme suit.
Bien que les questions posées par les journalistes présents portaient souvent en elles-mêmes leurs réponses, la première réplique du Chef de l’État a été « Je pense avoir restauré la paix des cœurs entre nos citoyens. Je pense avoir renforcé la citoyenneté djiboutienne et l’amour du peuple ».
Plus loin : « La formation de l’homme a été au centre notre stratégie aussi bien de nos populations qui habitent dans les régions les plus reculées, pour avoir combattu la déperdition de nos écoles, d’avoir ramené la confiance en nous-mêmes, la confiance de la communauté internationale… ».
Nous ne pouvons pas nous empêcher de rappeler, qu’après un interminable et regrettable conflit armé de 1991 à 2000, la voie du dialogue adoptée par les protagonistes pour aboutir à la Paix définitive, en vue de changements jugés nécessaires, a été sabotée par le pouvoir qui en bloque encore l’application. Le régime a non seulement dénaturé le contenu de l’ Accord, dans le sens d’une non application d’une partie et de l’application tendancieuse d’une autre, au mépris du droit international en matière d’Accord et Traité : de quelle contribution à la concorde civile le Chef de l’Etat ose-t-il encore parler dans ces conditions ?
Contrairement à ses affirmations sur la paix des cœurs entre citoyens, nous savons tous que cette paix existait toujours et renforcée depuis l’accession de notre pays à l’indépendance. Malheureusement, les multiples injustices du régime et leur pérennisation par le maintien d’actes contraires à toute évolution d’une société ont été à l’origine non seulement du conflit mais aussi de l’affirmation d’une opposition nationale pacifique. La persistance des pratiques de parti unique, à travers par exemple l’organisation d’élections truquées dans une démocratie de façade, ne pourra changer en rien le choix du peuple. Raison aussi pour laquelle il nous semble difficile de croire que le Président ait renforcé la citoyenneté, sachant qu’un nombre important de djiboutiens demeure encore sans aucune pièce d’identité et donc apatrides dans leur propre pays.
Il n’est pas inutile aussi de rappeler qu’en matière de citoyenneté, par un décret signé par lui-même en septembre 1999, le Président de la République obligeait le Juge de nationalité à soumettre pour avis au Directeur du service de la population, le jugement de nationalité des personnes concernées. Donc, ce qui nous amène à considérer que de tels actes dénotent les prétentions du Chef de l’État et justifient que les rétentions voulues et entretenues des pièces d’identités, d’une manière sélective, sont tout le contraire d’un sentiment national.
Par contre la confiance de la communauté et des institutions internationales, si perdue elle est, ce n’est certainement pas la faute du peuple, mais celle des dirigeants de notre pays. Cette confiance relève d’une déontologie morale (en politique) et du respect de certaines variables relatives (en économie). Le Président est donc mieux placé que quiconque pour déterminer les responsabilités dans cette perte de confiance. Cependant, si elle est renouvelée pour un temps, celle-ci est indépendante de la volonté de nos gouvernants et tire toutes ses raisons de la présente situation internationale qui a été d’un important secours imprévu.
La grande partie des questions ayant porté sur l’économie, passons donc à ce chapitre peu glorieux de son action. Niant totalement la crise économique et sociale qui perdure, le chômage endémique des jeunes, la pauvreté galopante et les caisses de l’État vidées par on sait qui et pourquoi, le Chef de l’État a soutenu la thèse d’une croissance économique forte, s’est vanté d’avoir réduit le coût de la vie de la population, d’avoir stabilisé les finances publiques, réduit les dettes et le déficit, relancé le marché de l’emploi, compris que la corruption est une question d’éducation, etc. Titanesque !
Quant aux rapports entre Djibouti et le FMI, conditionnant largement toute prétention à un développement durable, chacun se souvient des propos présidentiels tenus dans «Marchés Tropicaux » du 27 juin 2003 : « mon pays arrivera à s’en sortir sans l’aide de personne. Avec les Américains et la renégociation de la contribution française, nous n’avons plus de problème budgétaire, alors fichez-moi la paix ! ».
Nous confronterons la semaine prochaine les rêves présidentiels en matière de développement économique avec la dure réalité quotidiennement vécue. En préambule à cette confrontation, nous soumettons ici à l’appréciation de nos lecteurs, un article paru dans la Lettre de l’Océan Indien du 27 mars 2004, relatant les difficultés du FMI à amener le pouvoir djiboutien à un minimum de sérieux et de transparence.
DJIBOUTI : Pas d’accord en vue avec le FMI
Le FMI met plusieurs conditions à l’ouverture des négociations avec 1es autorités de Djibouti à propos d’un éventuel programme de financement.
Le Fonds monétaire international (FMI) met de sévères pré conditions avant d’accepter la demande des autorités djiboutiennes d’initier des négociations en vue d’une éventuelle nouvelle Poverty Reduction and Growth Facility (PRGF) qui viendrait succéder à l’accord devenu caduc en janvier2003. Le FMI souhaite d’abord que le gouvernement djiboutien complète les réformes structurelles destinées à accélérer la croissance économique et qui n’ont pas été achevées dans le cadre de la précédente PRGF. Il réclame l’adoption d’un budget 2004 qui soutienne la croissance et conduise à la réduction de la pauvreté à la différence du budget additionnel 2003 qui n’a pas répondu à ces objectifs. Le FMI veut également que l’État djiboutien « applique énergiquement le plan de règlement de ses arriérés domestiques ».
Enfin, il demande un ajustement du taux de change du Franc djiboutien. Lors du passage en revue de l’économie de Djibouti dans le cadre de l’article IV des statuts du FMI, en décembre 2003, les experts du FMI ont constaté qu’après six années d’ajustement structurel la situation économique et sociale de ce pays «restait fragile» et que le rythme des réformes visant à soutenir le secteur privé devait s’accentuer.
Ce souhait porte sur la refonte du code des investissements, des lois sur le travail et du code de commerce.
Les experts du FMI estiment également que la création récente de trois nouvelles entreprises publiques va « clairement à l’encontre de la stratégie de privatisation du gouvernement ».
Ces firmes sont la Compagnie nouvelle de Commerce (céramique, pierres de synthèse), la Société d’eau minérale d’Ali Sabieh et la Cimenterie d’Ali Sabieh. Le FMI doute de l’efficacité de ces investissements pour développer l’emploi car pour l’équivalent de 3% du PIB ces firmes créeront moins de 1500 emplois.
Le FMI a dû batailler pour que le gouvernement djiboutien accepte d’intégrer dans son budget les recettes financières exceptionnelles dues à la présence de troupes étrangères à Djibouti. Mais, il voudrait maintenant que ces ressources servent à financer le programme de démobilisation ou le remboursement de la dette intérieure gouvernementale. Les experts de FMI ont opposé leur « ferme désapprobation » du budget supplémentaire pour 2003 élaboré par le gouvernement djiboutien pour financer certaines dépenses gouvernementales jugées non essentielles par le FMI,telles que les dépenses de la présidence pour couvrir des frais de voyages ou le financement d’une nouvelle société étatique.
Le FMI souhaite également une dévaluation du taux de change du Franc djiboutien par rapport au dollar, dans l’espoir que cela restaure la compétitivité de Djibouti et permette d’attirer de nouveaux investisseurs dans ce pays. Enfin, le FMI doute des effets sur la croissance économique des grands projets djiboutiens tels que celui du port en eau profonde et de la zone franche de Doraleh dont la conséquence immédiate sera d’accroître les dépenses d’investissements de l’État.
Or, note un récent document du FMI, « l’expérience de Djibouti dans les années 1980 montre que de larges programmes d’investissement public ne conduisent pas nécessairement à une croissance économique soutenue ».
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Djibouti inondée :
Le sinistre est permanent
La météo nationale n’a rien vu arriver. Dans la nuit du lundi au mardi, des trombes d’eau se sont abattues sur la Capitale qui s’est réveillée inondée. Tôt le matin, l’Oued d’Ambouli en crue est sorti de son lit emportant tout sur son passage : Arbres, véhicules, animaux ainsi que malheureusement une vingtaine de personnes surprises dans leur sommeil. Bien entendu, plusieurs rues de la Capitale ne sont praticables que par des véhicules 4×4 en bon état et quelques camions surtout militaires, les transports en commun sont paralysés et les écoles fermées.
Plusieurs grandes artères, ainsi que les quartiers populaires sont inondés, suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur la Capitale dans la nuit de lundi à mardi. Sans abri, badauds, sinistrés et surtout des enfants insouciants, les rues de Djibouti étaient noires de monde. Si la pluie nourricière tant attendue par les nomades victimes de la sécheresse soulagera la détresse de nos compatriotes ruraux des districts de l’Intérieur, son impact sur la vie quotidienne des habitants de la Capitale reste négatif.
La pluie tombée mardi et les inondations provoquées par la crue de l’Oued d’Ambouli seraient déjà responsables de la mort et la disparition de plusieurs dizaines de personnes. La gestion des catastrophes et l’organisation des secours ne semblent pas être les points forts de ce régime de mauvaise gouvernance.
A ce sujet, les Djiboutiens s’étonnent de ne pas avoir entendu cette fois les sirènes des ambulances et autres mobilisations bruyantes de la protection civile. Normal dira-t-on, le comité ORSEC fait penser à un médecin qui vient après la mort. Au chapitre de la mobilisation des autorités et du secours aux sinistrés, tout juste a-t-on appris que le conseil des ministres a planché sur la question.
Pour leur part, le Chef de l’État et le Premier Ministre auraient survolé la Capitale en hélicoptère certainement pour évaluer l’ampleur des dégâts. Ne dit-on pas que le privilège des privilégiés c’est de contempler les catastrophes d’en haut. Nous verrons dans les semaines qui viennent ce que le régime apportera concrètement comme aide aux sinistrés.
Mais d’ici là il est fort probable que les autorités sollicitent l’aide internationale.
Laquelle aide plusieurs fois obtenue dans le passé a rarement profité aux véritables destinataires finissant le plus souvent par échouer dans les entrepôts ou jardins privés des prédateurs. Il faut malheureusement craindre, suite à ces abondantes pluies, la prolifération des moustiques et mouches, vecteurs de toutes sortes de maladies. Dans un tel cas de figure, difficile de compter sur les pouvoirs publics pour combattre efficacement les fléaux consécutifs aux jours de pluie. Par manque de motopompes volatilisées dans la nature, certaines rues et de nombreux quartiers de la Capitale resteront inondés pour quelques semaines encore. Le système d’évacuation des eaux pluviales dont l’installation ou l’amélioration auraient englouti des sommes astronomiques, reste pathétiquement défaillant. Dans ces conditions l’insalubrité durable risque de s’accentuer pour devenir intolérable.
Le fameux comité de gestion urbaine aura beau multiplier les réunions de grands penseurs, ses cogitations débouchent rarement sur de vraies solutions. La mendicité étant devenue un sport national en haut lieu, les solutions à nos problèmes sont souvent laissées à la générosité extérieure. L’État n’ayant rien prévu de sérieux dans la prévention et la gestion des catastrophes naturelles, le citoyen djiboutien en est réduit à implorer la clémence du bon Dieu.
Car, dans ce gouffre sans fond qu’est devenu l’actuel pouvoir djiboutien, aucune aide extérieure aussi massive soit-elle ne nous mettra à l’abri de la plus petite tempête tropicale. Le principal obstacle au développement de notre pays et au bien être de ses habitants reste fondamentalement politique. La pluie est un don de Dieu, mais il appartient aux hommes de se prémunir dans la mesure du possible, contre ses effets destructeurs.
Partout ailleurs dans le monde, c’est surtout dans les campagnes et les villages que la pluie cause des ravages. Chez nous, malheureusement, c’est dans la Capitale et siège du gouvernement qu’elle est la plus redoutée. Pourquoi ?
Nos sincères condoléances à toutes les familles éplorées.
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Le Courrier des lecteurs : Démobilités de tout le pays unissez-vous !
Selon la rumeur, le RPP que nous avons tant combattu armes à la main et que nous combattons encore aujourd’hui pacifiquement, s’apprêterait à appliquer une toute petite disposition de l’Accord de Paix du 12 mai 2001, en régularisant la situation de quatre (4) anciens cadres du FRUD-armé. Il serait en effet question de leur restituer un salaire illégalement suspendu depuis deux ans : tant mieux pour eux ! Mais je ne crois pas au miracle : pourquoi des gens fondamentalement méchants, ne fonctionnant qu’à coups de bassesses et de trahisons, leur feraient-ils un tel cadeau en les laissant donner le mauvais exemple au sein d’une Fonction Publique, désabusée, anesthésiée et sans syndicat ? A moins que ce ne soit un piège pour que Réalité cesse de paraître.
Par ailleurs, en citoyen anxieux et en badaud curieux, j’ai un peu suivi la conférence de presse du président de la république, au cas bien improbable où il y serait question de paix civile, de réhabilitation des zones de guerre, d’indemnisation des civils et réinsertion des démobilisés. Circulez, il n’y avait rien à entendre ! Il a tout juste évoqué tout le miracle qu’il attendait du Service Nationale Adapté pour résorber le chômage de la jeunesse. Et nous les démobilisés alors ? On dirait qu’il a assisté en somnambule à la cérémonie de signature au Palais du Peuple le 12 mai 2001, à moins qu’il ne soit devenu totalement amnésique sur ce sujet. En tout cas, ce silence est préoccupant pour le présent et dangereux pour l’avenir.
Car, je pose une question et une seule : où a-t-on vu une paix s’installer après un conflit armé sans que ceux qui la faisaient, les démobilisés, c’est-à-dire les anciens combattants, ne soient réinsérés dans la vie civile ? Partout ailleurs dans le monde en conflit, c’est la première préoccupation de ceux qui ont fait la paix : trouver un emploi stable aux anciens maquisards. Pourquoi donc le régime affiche-t-il un tel mépris envers nous ? La réponse ne plaira peut-être pas à tout le monde : maintenant que nous avons déposé les armes, il me semble qu’il nous sous-estime profondément. Comme si nous avions été définitivement inoffensifs, domptés, matés. Donc condamnés à être durablement humiliés.
Pourtant, nous sommes plutôt nombreux, des milliers depuis 1994. gouvernementaux (FNP et AND), FRUD, FRUD-armé : quelle que soit notre origine, aucun programme vers nous. Le PRAC n’existe que sur le papier, faute de financement. Certes, nous savons d’expérience qu’avec nous, ce régime ne sera pas plus tendre qu’il ne l’a été avec ses propres démobilisés handicapés de guerre : les gâchettes faciles de la garde présidentielle, qui n’ont pas encore entendu parler de la réconciliation nationale, n’attendent que l’occasion pour réprimer dans le sang toute manifestation pacifique de notre part.
Mes Frères, trop c’est trop : il est vraiment temps que nous nous organisions à travers tout le pays pour que notre voix soit entendue et nos droits reconnus. La Paix ne peut se faire contre nous, à notre désavantage : la Paix n’a pas de victimes, elle n’a que des bénéficiaires ! Refusons d’être les laissés-pour-compte. Revendiquons avec force ce qui nous revient légitimement !
H.
Démobilisé du FRUD-armé
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COMMENTAIRES
Même s’il ne nous est pas explicitement adressé (quoiqu’une partie de nos cadres et militants soient aussi des démobilisés), ce courrier nous interpelle à plus d’un titre. Tout d’abord, pour exprimer ici notre entière solidarité avec cette juste cause : nul ne doit être lésé dans un processus de paix. Ensuite pour rappeler que nous demandons sans cesse la stricte application de l’Accord de Paix du 12 mai 2001, sans jamais manquer de souligner à quel point les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les démobilisés sont aujourd’hui les premières victimes non pas de la paix, mais d’une injustice qui a conduit hier aux tristes épisodes que l’on sait.
Enfin pour dire que les démobilisés ne sont pas les seules victimes de cette injustice qui tire son origine d’un grave déficit démocratique : c’est tout le Peuple qui en souffre, auquel il est interdit de librement choisir ses représentants politiques, à tous les niveaux.
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Il y a un an, après nous être réjouis pour le Peuple irakien de la chute du dictateur Saddam, nous prédisions, rejoignant en cela les analyses de Madeleine Albright, un bourbier pour les Coalisés, jusqu’à ce jour incapables d’apporter le début d’une preuve de l’existence d’armes de destruction massive, ni de reconstruire un État qu’ils ont si facilement détruit. Pire, cet enlisement a pris depuis une semaine une tournure dramatique, dont tout le monde se serait bien passé ! Un an après la chute du dictateur, gros plan sur la Pax Americana en Mésopotamie.
Au cours d’une conférence de presse tenue depuis son ranch du Texas le week-end de Pâques, et avec un surprenant sens de la litote pour quelqu’un qui a habitué son monde à un verbe crû, George W. Bush déclarait : « Nous avons eu une semaine chaude ! » En effet, elle l’a été, surtout pour les Irakiens. Selon des organisations non gouvernementales, les combats de la semaine à Falloudja se seraient soldés par près de 600 morts et 1200 blessés irakiens, dont 250 femmes et 200 enfants.
Un membre du Conseil Intérimaire de Gouvernement (CIG) critiquant le manque de discernement des Marines ( des sources étrangères autorisées font même état de l’incursion de chars d’assaut dans l’enceinte d’une mosquée dans un quartier de… Bagdad) parle de « réponse disproportionnée et injustifiée », tandis qu’aux yeux du Peuple irakien désormais uni contre l’occupant, c’est du « terrorisme » pur et simple. Accusations que corroborent les propos du colonel Brennan Byrne qui, dans une interview accordée à l’AP (Associated Press), déclarait : « Les Marines sont entraînés pour être précis avec leur puissance de feu… Le fait qu’il y ait 600 victimes prouve que les Marines sont très bons dans ce qu’ils font ».
Quoique illégaux et appelant au meurtre, les assassinats ciblés du terrorisme sioniste font moins de victimes civiles en si peu de temps.
Rappelons que c’est l’interdiction de paraître du journal défendant les idées de l’imam radical chiite (hostile à toute présence militaire étrangère sur son territoire national) Moktadal Sadr et l’arrestation de son directeur de publication qui a mis le feu à cette poudrière qu’est malheureusement devenu l’Irak pour lequel les États-unis d’Amérique avaient certainement des projets autrement plus pacifiques… et rentables.
L’autre détonateur étant l’insoutenable spectacle, de l’immolation post-mortem (profanation des corps formellement interdite en Islam) de quatre Américains tués dans une ambuscade, risquant de provoquer un « syndrome de Mogadiscio » que l’état-major des Coalisés ne pouvait laisser s’installer, au risque de voir les troupes se durablement démobiliser. Cet acte, lâche et démoniaque, commis par des civils en dit assez long à lui tout seul sur la rancœur d’un Peuple irakien cherchant le pire moyen de se venger pour restaurer une dignité bradée par les troupes régulières et la Garde Présidentielle de Saddam Hussein.
Le massacre de la semaine dernière aggrave et complique la donne politico-militaire en Irak. Surestimant à tort une hypothétique haine entre Chiites et Sunnites, tout en sous-estimant le sens de l’honneur des Irakiens, les stratèges de la Maison-Blanche et du Pentagone avaient tout prévu sauf le scénario d’un Peuple communiant ouvertement avec la résistance, comme ils n’ont certainement pas prévu, l’insubordination des toutes nouvelles forces de sécurité mises en place par la coalition, aux injonctions du Pentagone. Ce qui nous autorise à prévoir que pour les États-unis (là-bas à tout le moins), le compte à rebours a commencé. De Nassiriya au sud à Mossoul au nord, de la frontière syrienne à la frontière iranienne, c’est donc tout l’Irak qui s’embrase et toute sa population qui se soulève. Mais il y a plus inquiétant. Le veto opposé par les Etats-Unis à la condamnation par le Conseil de sécurité de l’assassinat de Cheik Yacine par l’Etat sioniste, a été interprété comme un encouragement, aussi bien par Israël que par les Palestiniens à la poursuite de ces méthodes meurtrières, illégales et non conventionnelles.
Mais ce veto a surtout été ressenti par l’ensemble du monde arabo-musulman comme une humiliation et par les groupuscules extrémistes comme une déclaration de guerre contre l’Islam. Surtout, toute notion de légitimité et de légalité devient ainsi floue, incertaine : on chercherait vainement une différence de nature entre la violence des puissants et celle des faibles. Cette impunité d’État incline les démunis à adopter une posture de désespoir : s’il n’y a plus rien à perdre, à quoi bon protéger sa vie ou respecter celle d’autrui ? C’est ce qui explique la recrudescence des prises d’otages. A ce chapitre, l’on ne peut que s’étonner de l’étonnement de Pékin à la suite de la prise en otages de civils Chinois cantonniers sur une route d’Irak : même si la Chine n’y a aucune présence militaire, comment justifier que ses ressortissants trouvent en Irak, en dehors du cadre de la coopération bilatérale, un emploi que les Irakiens recherchent vainement depuis un an ? Plus grave, nous apprenons que depuis lundi 12 avril, le Pentagone a lancé une fatwa contre l’imam radical Moktadal Sadr, déclaré wanted mort ou vif, dans la plus pure tradition du Far-West, les Irakiens Chiites et Sunnites confondus ne sont pas les Apaches ou des Aborigènes.
Tandis que le grondement de la colère populaire de ces pays est parfaitement audible pour qui sait et veut entendre, il faut être aveugle pour ne pas mesurer le risque réel et grand de la propagation de ce brasier, de cette région à l’ensemble du monde. La radicalisation et la détermination des groupuscules extrémistes font peser un grave danger sur la stabilité des pays considérés comme les alliés des États-unis : ils sont nombreux.
La raison commande que ne soit pas laissée aux seuls États-unis et obligés l’urgente solution à la crise irakienne.
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