Réalité numéro 91 du mercredi 7 avril 2004 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 91 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
CONSOLIDER LA PAIX :
UNE NECESSITE ET NON UN MIRACLE
Dans le numéro 2 de sa « Lettre du Consommateur », paru en février 2004, l’Union pour la Défense des Intérêts des Consommateurs (UDIC) rapporte des propos attribués à un responsable d’une institution financière de la place : « Nous savons que le Djiboutien n’est ni constant ni endurant dans ses engagements et nous avons la certitude que ce mouvement va s’essouffler bientôt ». Sans accorder une foi précipitée et expéditive à la relation de cette sentence dépréciative, il faut bien admettre que depuis le 27 juin 1977, nos concitoyens ne se distinguent pas par un excès de mobilisation, mis à part quelques tristes épisodes mouvementés et la remarquable campagne des dernières législatives. Alors que l’action de l’opposition consiste, surtout depuis septembre 2002 et la fin du monopartisme de facto, à réactiver l’exercice du bon sens et du libre-arbitre citoyens, force est de concéder que, pour sa part, le régime entretient avec le Peuple un rapport de servitude, justement fondé sur la démission du citoyen que la généralisation des fraudes (pas seulement électorales) condamne à la posture du spectateur en état d’ataraxie.
Lequel citoyen n’a alors aucune prise sur les événements, ni aucun repère objectif, inscrit dans la durée et la prévisibilité, pour lire la vie politique nationale, la meilleure preuve en étant que les « dirigeants » cooptés et imposés par le parti au pouvoir accusent pour le moins un sérieux déficit de légitimité populaire. Par réaction d’impuissance à cette dépossession, et en tant qu’être humain aspirant au bonheur sur terre, le Djiboutien espère à tout moment un changement radical dans la gestion de la chose publique et dans la façon d’exercer la politique. Bref, il attend un miracle.
Dernier miracle attendu : le pays bruisse ces temps-ci de rumeurs relatives à l’application imminente par le régime de toutes les dispositions contenues dans l’Accord de Paix du 12 mai 2001. Certes, on peut parvenir à un accord pour différentes raisons : notre responsabilité envers le Peuple nous commandait de sortir de l’impasse militaire et de trouver une issue politique honorable pour les deux parties. C’est pour cela que le principal acquis de cet Accord concerne tous les Djiboutiens sans aucune distinction : c’est la primauté absolue accordée à l’instauration d’une véritable Démocratie, aux niveaux national et régional. Pour le régime, il se peut que ses motivations aient surtout été opportunistes : grâce aux fraudes électorales, accepter la paix que nous lui proposions ne remettait sa survie ni immédiatement ni ipso facto en cause.
Mais, si venaient à faire défaut le sens des responsabilités historiques et le respect des engagements solennellement souscrits, un régime appliquerait alors un accord de paix pour une raison et une seule : l’impérieuse nécessité par laquelle s’impose la transcendance de la volonté générale. En d’autres termes, à moins de supposer qu’une partie au conflit a intrinsèquement tort, il est impossible (et politiquement suicidaire) de prétendre empêcher un Peuple de se réconcilier avec lui-même !
Et, effectivement, du Nord au Sud du pays, les citoyens expriment une même exigence : la consolidation de la Paix est une absolue priorité, qui passe obligatoirement par l’instauration d’une réelle égalité entre toutes les composantes de la communauté nationale. Même si, pour des raisons aisément identifiables, une telle application prenait les airs d’un programme en action de campagne électorale, nous serions les derniers à nous en offusquer : l’essentiel étant de reconstruire ce qui a été détruit et de consolider l’unité nationale. En tout état de cause, tôt ou tard (et mieux vaut tôt que tard), l’Accord de Paix du 12 mai 2001 sera inéluctablement appliqué car, dans l’Histoire de la Démocratie, il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur : le Peuple confiant dans sa maturité et dans son droit à l’Etat de droit.
Et conséquent dans sa détermination à vouloir progresser : c’est cette intime conviction qui nous anime et c’est sur elle que se fonde notre action : parce que nécessité fait loi.
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Brèves nationales
D’Obock à Médého :
Fausses promesses pour vraie campagne
Est-ce pour oublier ses déboires dans les districts d’Ali-Sabieh et Tadjourah que le Chef de l’Etat s’est rendu en catimini le week-end dernier dans la région d’Obock où sa politique de réhabilitation en trompe l’œil déplait fortement aux victimes du conflit ? Déjouant l’enclavement grâce à son hélicoptère, l’illustre candidat s’est posé jeudi matin dans la ville d’Obock le temps d’un copieux déjeuner suivi d’une distribution massive de Khat. Dans l’après-midi du même jour notre globe-trotter national a survolé le massif des Mabla avant de se poser à Medeho, oasis de verdure et de fraîcheur, gros village bien peuplé avant le conflit. Aujourd’hui, après plus d’une décennie d’abandon ses rares infrastructures (école, dispensaire, centre vétérinaire) sont en ruine. La méchante piste de 42 km reliant cette localité à Obock reste impraticable faute d’entretien.
C’est donc en ce lieu désolé que le Chef de l’Etat s’est entretenu le temps d’une campagne photo avec quelques notables et civils présents. Tous lui ont fait part de l’enclavement qui étouffe leur région, des multiples difficultés de vie quotidienne et de l’absence de toute réhabilitation trois ans après le retour de la paix définitive. A quoi l’homme providentiel s’est contenté de répondre par des promesses de circonstance et des bakchich d’usage. Pendant ce temps, la population d’Obock continue de pester contre la réhabilitation en trompe l’œil consistant à construire des logements cages à poules sur des sites imposés par l’administration. De plus, contrairement à ce qui était convenu, les bénéficiaires doivent supporter eux-même les frais de main-d’œuvre.
Le désenclavement ne semble pas pour demain dans ce district pratiquement isolé du reste de la République. Si la campagne présidentielle semble avoir bel et bien démarré, le développement d’Obock ne figure toujours pas à l’ordre du jour. Quant à la visite présidentielle impromptue à Mabla, les habitants d’Obock l’interprètent comme une volonté du Docteur Honoris Causa d’y acclimater le café ou le khat. Une manière originale de lutter contre l’érosion des sols en visant la sécurité alimentaire.
Prévention routière :
Pour une campagne durable !
Parmi les campagnes de sensibilisation organisées à Djibouti, celle est consacrée aujourd’hui à la sécurité routière nous semble de la plus haute importance. En effet, nous n’avons jamais manqué d’appeler dans nos colonnes les pouvoirs publics à mettre en place des campagnes de sensibilisation dans les médias publics à l’intention des automobilistes sur les dangers d’un comportement irresponsable au volant. Même s’il est établi que les chauffards officiant à bord des bus et minibus sont à l’origine de la plupart des innombrables accidents quotidiens dans les artères de la Capitale, cela ne doit pas faire oublier qu’ils n’ont pas le monopole des excès de vitesse et autres entraves au code de la route. Dans ce domaine, la répression est dissuasive mais non suffisante surtout si elle est conduite de manière sélective et abusive.
C’est surtout un changement de mentalité qui doit s’opérer par l’éducation permanente au civisme et aux règles élémentaires de sécurité à respecter en conduisant. Toute cette campagne de sensibilisation gagnerait en efficacité si de leur côté les pouvoirs publics consentaient des efforts conséquents et permanents en veillant à l’amélioration de la qualité des routes, des signalisations,de l’éclairage public, en luttant également contre la divagation d’animaux domestiques sur la chaussée publique. Ce qui malheureusement est loin d’être le cas actuellement. En attendant, les feux rouges n’existent toujours pas. Nous souhaitons que la campagne d’information sur la sécurité routière devienne permanente sans se limiter à quelques banderoles de circonstance, à l’occasion de la célébration d’une journée dont l’initiative revient à l’OMS.
Forum sur les Droits de l’Homme :
Silence Radio ?
Depuis le nouveau mandat présidentiel, les droits de l’Homme sont devenus un thème récurrent. Comme pour faire oublier que le pilier de ce régime n’a pas toujours été pacifiste épris de liberté et de droit à la parole. On a même vu un bâtonnier prétendre qu’en matière des droits de l’Homme, Djibouti pouvait rivaliser avec les Etats-Unis. C’est ainsi qu’en prélude à une visite d’une délégation du Haut Comité des Droits de l’Homme des Nations Unis, le Ministre de la justice chargé des droits de l’Homme avait dressé un tableau élogieux de la situation des droits de l’Homme dans notre pays et prétendait que tout allait bien dans ce domaine malgré l’absence regrettée d’une organisation de défense des droits de l’Homme à Djibouti.
Le Comité avait pris date pour la tenue d’un vaste forum sur les droits de l’Homme élargi à la société civile et aux partis politiques d’opposition. C’est dans le cadre de l’organisation de ce forum que le Ministre de la justice chargé des droits de l’Homme avait pris langue avec des représentants de l’UAD pour préparer cet événement. Pas dupes, ceux-ci avaient officiellement décliné cette figuration en adressant une lettre ouverte au Ministre philosophe. Depuis, Silence Radio de la part de l’illustre démocrate sur les raisons du report sine die d’un événement pourtant annoncé pour le 22 mars, et qui n’a même pas jugé utile de s’excuser auprès de la société civile largement conviée par ses soins, sur les motifs de l’ajournement d’un débat national certainement causé par des impondérables difficilement maîtrisables en politique.
En attendant, la LDDH poursuit son travail en sensibilisant l’opinion nationale et internationale sur la persistance des graves violations des droits de l’Homme à Djibouti. Ce dont nous nous réjouissons pour la promotion des droits de l’Homme dans notre pays.
Quant au Ministre, chargé des droits de l’Homme, ceux qui ont l’impression d’avoir raté un épisode se demandent à quel moment le dit Ministre s’est trompé, en rédigeant son livre qui dénonce la dictature djiboutienne ou en participant, en tant que Ministre, à ce qu’il dénonçait ?
Ali-Sabieh :
La source du Paradis s’est-elle tarie ?
IL-JANO : ce nom d’un quartier de la Capitale Assajog est entré dans les annales un certain 19 février 2004. En effet, ce jour-là, le Chef de l’Etat avait inauguré en grandes pompes et en présence de milliers de figurants convoyés de tout le pays, le projet d’eau minérale d’Ali-Sabieh, censé définitivement vaincre la soif dans cette ville. Pour l’occasion, plusieurs centaines de bouteilles de l’eau miraculeuse furent distribuées, tandis que les Assajogs étaient conviés à user et abuser de cette eau potable qui leur a tant manqué dans le passé.
Près de deux mois après ce mémorable événement, force est de regretter que l’espoir s’est révélée de courte durée. Dès les premières semaines, les consommateurs Assajogs de l’eau venue du Paradis découvert par l’illustre sourcier, ont commencé à se plaindre de multiples désagréments causés par l’intrusion de cette eau dans leur vie quotidienne.
Quant à la fameuse usine et ses équipements dernier cri de traitement par osmose inverse, elle n’a en rien contribué à la réduction de nos importations d’eaux minérales étrangères. Aux dernières nouvelles, la pénurie d’eau potable aurait même méchamment repris ses droits dans la belle cité Assajog, au grand dam de ses habitants désenchantés. Avec ce régime d’esbroufe et de gâchis permanent, IL JANO risque de n’être bientôt qu’un paradis perdu. C’est, entre autre, pour cette raison que la jeunesse Assajog dénonce et combat la mystification de ce régime du mensonge.
TIC ou TVA ?
Les Ateliers de la tricherie
Alors que « La Nation » du jeudi 25 mars dernier analysait le dérapage budgétaire de l’année 2003, voilà que la même semaine les génies des finances ont tenu encore un atelier-débat sur la TVA, sous l’égide de l’argentier du régime. Le Ministre des finances justifiait son projet de remplacement de la TIC par la TVA par trois points :
-La TVA est une fiscalité moderne qui favorise les échanges internationaux ;
-Elle permettra à notre pays de mieux s’ouvrir vers l’extérieur dans le cadre de la COMESA ;
-Elle allègera le poids relativement élevé des impôts directs.
La TVA qui est la taxe sur la valeur ajoutée n’est pas une fiscalité moderne mais date d’au moins quarante ans. D’ailleurs le plan comptable français de 1958 utilisait cette technique de retenue à la source payée par le consommateur. Ce qui est frappant dans cette affaire, ce que d’une part Djibouti n’est pas un pays industrialisé ou producteur de biens.
Nous importons tout et taxons les produits à l’entrée sur notre territoire. En quoi donc cette nouvelle formule améliorerait les recettes de l’Etat, alors que l’adoption de la TVA alourdirait la gestion, car complexe et difficile à suivre.
D’autre part, les services des contributions ont déjà du mal à appliquer la TIC et rencontrent des difficultés monstres pour améliorer les recouvrements, l’absence de contrôle fiscal favorisant aussi les malversations de toute sorte.
TIC ou TVA les déficits budgétaires et la mauvaise gestion ruinent d’année en année l’économie du pays.
NECROLOGIE
Nous avons appris avec tristesse le décès survenu à Tadjourah dans la soirée du 30 mars 2004 de Mohamed Idriss Baragoïta, infirmier à la retraite.
L’homme qui vient de nous quitter à l’âge de 65 ans était le frère aîné de notre compagnon Kabbo Idriss Baragoïta, membre du Bureau Politique de l’ARD. Il laisse deux veuves et 6 enfants.
L’ARD et la Rédaction de Réalité adressent leurs sincères condoléances à toute la famille de Mohamed Idriss Baragoïta. Qu’Allah l’accueille en son paradis éternel. Amin Inna lillah wa inna ilayhi raaji’uun
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L’économie dérape
Quand le régime nous donne raison
Une économie est considérée comme étant saine lorsqu’elle est en pleine croissance, favorise l’emploi et permet la réalisation du progrès social. Loin de pouvoir réaliser les grands équilibres nécessaires à l’amorce d’un développement, les budgets de l’Etat djiboutien relèvent d’une douce utopie entretenue par quelques économistes plus intéressés qu’illuminés. Jugez en vous-mêmes !
Nous avions donné notre appréciation sur le Budget 2004 dans trois de nos numéros janvier dernier. Contre toute attente, le journal gouvernemental « La Nation » du 25 mars 2004 partage largement nos conclusions. Sans tirer une analyse claire et explicite de la réelle situation économique du pays, le journal gouvernemental en question semble donner un aperçu général de la situation économique, sans pour autant en dégager une quelconque synthèse. Il se contente tout simplement de conclure, au bout d’une page et demie, que « la communication au grand public de toutes ces informations, réservées naguère à l’élite du pays, est une preuve de transparence de la part de l’actuel gouvernement. Un critère de référence identifié par les économistes comme le premier élément d’une thérapie de choc susceptible de redresser une économie chancelante ».
Nous avons été de tous temps les premiers à tirer la sonnette d’alarme en ce qui concerne le chapitre économique et à exiger le minimum de transparence sur la gestion des deniers publics, entre autres. A d’autres donc… Transparence s’il y a, alors levez le voile sur la gestion et les retombées économiques de nos complexes aéroportuaires et portuaires, sans parler des plus-values engrangées lors des cessions opaques de certains établissements publics, qui demeurent encore fermés ou sans rendement économique ou social.
Notre confrère gouvernemental semble donc pour la première fois admettre « le dérapage » pour rejoindre nos conclusions publiées trois mois auparavant.
Les comptes définitifs du Budget 2002 n’ayant toujours pas été définitivement adopté par les mal-élus, lesdits économistes cités par « La Nation » prétendaient en janvier dernier, lors de la présentation du budget 2004, que celui-ci était « la continuité de la réussite du budget 2002 ». Or, les finances de l’Etat en 2002 étaient des plus médiocres, en ce sens que nos analyses avaient suscité, en son temps, l’ire du ministère de l’Economie Nationale et des Finances qui, soit dit en passant, n’a toujours pas honoré sa promesse de répondre à nos questions sur ce même Budget.
Concernant le Budget 2003, nous n’avions pas manqué de poser à ses concepteurs les questions qui s’imposaient quant à leur projection irréaliste d’un déficit cumulé de l’ordre de 542 millions FD, tel qu’arrêté dans le cadre du Budget rectificatif 2003. Pourtant, nos démonstrations s’appuyaient sur un déficit réalisé et reconnu officiellement de 2,2 milliards de FD rien qu’au premier trimestre de l’année en question. A notre étonnement, voilà que notre confrère gouvernemental communique un nouveau chiffre négatif avoisinant les 2,4 milliards FD, lequel dénote l’optimisme sans fondement du Ministère des Finances.
Plus clairement, la partie théorique des budgets présentés chaque année semble justifier les chiffres contenus dans la masse budgétaire. Certes, c’est fatiguant pour certains, mais le cadre général du Budget ne colle pas du tout avec les budgets alloués aux différents secteurs de l’Etat. Pour l’exercice 2004, le seul objectif du régime semble être celui de pouvoir présenter ce mois-ci un Document de Réduction Stratégique de la Pauvreté (DSRP) aux bailleurs de fonds.
Si pauvreté il y a à Djibouti, c’est qu’elle est voulue et entretenue par un pouvoir dont les seuls recettes nationales reposent sur l’accroissement constant de la ponction fiscale qui frappe les plus faibles ménages en plus des entreprises privées véritablement génératrices de richesses et d’emplois ; les entreprises publiques (Laiterie, Usine d’Aliments de Bétail, etc) ayant rendu l’âme ou demeurant ménopausées depuis leur divorce avec l’Etat.
Globalement, ces prélèvements se sont encore accrus de plus de 8% en 2004, les autres impôts directs et indirects alourdissant davantage les charges des ménages, loin de s’assurer une vie décente en raison du renchérissement des produits de première nécessité, tel que le pétrole lampant, les denrées alimentaires, l’électricité et l’eau.
Le grand bénéficiaire de ces revenus autoritairement confisqués au petit peuple besogneux ou aux entrepreneurs privés n’est autre que la Sécurité, qui annihile toute chance de croissance économique et engendre chômage et paupérisation. A cela s’ajoute l’accentuation des emprunts et autres dettes rééchelonnés, lesquels ont augmenté de façon prévisionnelle de 561%. Les emprunts affichant une progression de 24%, les générations à venir demeurent « hypothéquées ».
Certes, tout en soulignant « …les spécialistes du Ministère des finances tablent d’ores et déjà sur la persistance des dérapages budgétaires constatés au précédent exercice en dépit des ressources additionnelles émargeant du budget de l’Etat », le journal gouvernemental « La Nation » confirme les inquiétudes que nous formulons depuis longtemps. Profitant de cette remarque, nous ne pouvons nous empêcher de relever que les dividendes dégagées par les différentes concessions de certains Etablissements publics n’ont jamais été intégrées dans le Budget de l’Etat.
Il est vrai que, comme le reconnaît « La Nation », les dépenses publiques en augmentation iront en s’aggravant, en raison du « non-encaissement de certaines recettes budgétaires tels que les dividendes du Port ». Merci de nous rejoindre.
Quant aux malversations et autres pratiques illicites, elles sont la preuve de cette gestion peu orthodoxe des deniers publics, qui ne réjouissent pas les bailleurs de fonds. Le FMI dites-vous, exige entre autres « l’explication de l’emploi de près de 5 millions de dollars US décaissés par les Etats-Unis en octobre 2002 ». La Banque Africaine de Développement (BAD), ne peut naturellement pas cacher sa méfiance à l’égard de nos dirigeants. Pour non-respect des engagements antérieurs, « elle ne veut toujours pas entériner le protocole de financement, les pièces comptables justificatives n’ayant pas été auditées par un Cabinet privé mais par les services du Ministère des Finances » (dixit « La Nation » n°36). L’autocontrôle d’un régime budgétivore ne marche plus quand les errements deviennent aussi impunis au plus haut niveau de l’Etat
Pour conclure, selon nous, les quelques révélations tardives de notre confrère corroborent bien notre souci du bien commun : la mauvaise gestion actuelle des deniers publics ne pourra aucunement constituer le gage d’une croissance économique maîtrisée, ni assurer l’emploi ou le progrès social. Pour le régime, la seule rhétorique démagogique, vidant le portefeuille des contribuables les plus affectés, semble prévaloir sur une quelconque volonté au service d’un développement national durable. La gestion que nous connaissons de ce régime relève de la fuite en avant démagogique accumulant déficits et dettes.
L’Etat doit avant tout être exemplaire dans ses pratiques. L’enrichissement illicite de certaines personnes proches du pouvoir et l’impunité dont elles bénéficient pour oser braver les lois en vigueur (sociales ou commerciales) ne peuvent être acceptables. L’Etat ayant avant tout pour rôle de défendre le citoyen face à la dictature de l’argent, face à l’autojustification du profit et de l’oppression.
Dans l’état actuel des choses, on ne peut pas venir à bout de la crise (qui n’est pas réellement économique) en démantelant l’Etat. L’Etat doit demeurer un Garant sûr des intérêts collectifs et son rôle économique doit être réformiste mais pas nécessairement antisocial et destructeur.
Le régime actuel ne peut être un catalyseur dynamique au service de l’Emploi, de la croissance, en somme du Développement National.
Pour illustrer nos propos et permettre à nos lecteurs de mieux quantifier ces analyses, nous reproduisons ci-dessous le tableau, publié dans Réalité n°81 du 28 janvier 2004, récapitulant, d’après les chiffres officiels, l’évolution des recettes de l’Etat sur les quatre dernières années.
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Courrier de lecteurs : le point sur Obock
LE POINT SUR OBOCK :
Gros poissons d’avril
Pression, influence, indifférence, désinformation, analphabétisme et désœuvrement
Ulcéré par la récente attention toute démagogique et sans lendemain que le régime feint d’accorder à sa région, un fidèle lecteur d’Obock nous a fait parvenir les deux textes ci-dessous, que nous reproduisons bien volontiers afin de proposer une vision de l’intérieur de cette région oubliée entre toutes.
Si les nouvelles d’Obock paraissent rarement parmi les brèves nationales de Réalité, c’est que l’enclavement est atypique et la population silencieuse. Persévérants, les habitants de ce district marginalisé n’ont guère perdu la parole et ne font pas non plus partie des soumis. Ils vivent simplement jusqu’à ce jour sous la pression, l’influence et l’indifférence de leurs « représentants » politiques et coutumiers, voire de ces mal-élus et autres arrivistes.Un enclavement socioéconomique et psychologique perdure donc dramatiquement, tant la désinformation, l’analphabétisme et le désœuvrement ont replié sur elle-même la population meurtrie, privée de ses droits les plus élémentaires.
Des clans ou groupuscules antagonistes se substituent au comité de l’annexe du RPP, lui-même fictif ou tribal à Obock. Les biens et les deniers publics sont ainsi détournés par les soit-disant privilégiés au service du régime. Les services publics ou autonomes ont tous failli.
Le Centre de Développement Communautaire est sans attrait, tandis que les responsables de l’ONED et de l’administration locale simulent de prendre en charge les jeunes en vie active et de rapprocher les associations locales. On leur livre parfois du khat, on les convoque à des réunions stériles on leur demande aussi de rechercher de prétendues armes du FRUD-armé dans les montagnes, de signaler éventuellement des opposants suspects. On leur dit ceci, on leur promet cela… On les utilise par-ci, on les rejette par-là… Mais rien ne vient jamais améliorer leur situation. Rien Pour le Peuple : la devise du parti au pouvoir prend tout son sens ici. En revanche, un mabraze de propagande en ville et un véhicule de rondes en campagne sont à la disposition de ce groupuscule se prétendant ligue des jeunes du RPP. En outre, les plus proches cousins aux salaires satisfaisants, d’autres plus soumis à des salaires de misère sont employés à l’ONED pour des fonctions qu’ils n’exercent même pas. Et l’approvisionnement en eau courante est limité.
Pour sa part, le service de Santé donne l’impression d’avoir été dévalisé, après avoir bénéficié d’une réhabilitation et d’un rééquipement conséquent grâce à l’aide extérieure. Des climatiseurs se sont volatilisés et ont laissé des trous béants et carrés dans les murs des bâtiments d’hospitalisation ou de consultation. Des appareils d’échographie et de radiographie ont disparu ou ne sont plus utilisés sous prétexte qu’ils seraient plus utiles ailleurs, ou encore qu’ils seraient hors d’usage ou manqueraient de personnel qualifié pour pouvoir les manipuler. Le spectacle est désolant, des femmes épuisées et de leurs nouveaux-nés, attendant sur les marches de l’entrée du dispensaire.
Comme celui d’autres patients de tous âges, errant à longueur de journée dans les couloirs en quête de consultation. Le centre hospitalier ne peut remplir cette fonction ni prodiguer des soins adéquats et efficaces. Aujourd’hui, c’est à peine si le patient se voir prescrire un traitement : la pharmacie communautaire ne serait qu’une caisse où goinfres et gérants rapaces viennent se servir, puisque même les dons extérieurs n’ont pas été épargnés par ces sans-scrupule. Le ministre de tutelle, comme ses autres collègues politiques originaires de ce district, s’entretiennent à chaque passage avec leurs proches et leurs obligés jusqu’à en perdre haleine, leur faisant miroiter des projets d’avenir qui n’ont aucune chance de voir le jour, étant donné que ce qui existe n’est ni respecté ni entretenu. Le sens de la communauté a disparu.
Les caprices de l’EDD participent au calvaire quotidien de la population d’Obock-ville. L’été approche et l’alimentation électrique est de plus en plus précaire. La nuit tombée, les rues et les ruelles de la ville se retrouvent invariablement dans l’obscurité : comment les écoliers peuvent-ils convenablement faire leurs devoirs dans ces conditions ? Une vipère avait récemment mordu un passant à proximité de l’ancienne annexe du RPP, située entre les marchés de viande et de poisson. Des dromadaires ruminent en pleine voie publique, après avoir brouté par-dessus les clôtures des édifices administratifs. Des chats errent dans les profondeurs de la nuit tandis que des chiens s’attaquent au petit bétail domestique.
Donc les délestages ont commencé. Les moustiques pendant la nuit et les mouches durant la journée rendent les maisons invivables. Mais personne ne se soucie de voir toutes ces familles manquer de sommeil ou d’hygiène. Les responsables indifférents se sentent bien protégés par l’impunité généralisée : ici comme ailleurs, personne n’a jamais demandé de rendement à personne, il suffit de végéter et de ne surtout pas se scandaliser. Les responsables administratifs sont donc terrés dans leurs mabrazes, invulnérables et inaccessibles.
En ce qui concerne l’Education, les aides extérieures et la conscience des enseignants maintiennent tant bien que mal un niveau minimal de scolarisation pour les enfants dans les écoles et le collège d’enseignement moyen. Cependant, le taux de scolarisation et celui de la réussite demeurent extrêmement bas. Malgré cette bonne volonté pédagogique, peu de familles arrivent à suivre un coût de scolarité de plus en plus élevé : rares et privilégiés sont ceux qui ont une source de revenu dans ce district. De ce fait, peu d’élèves arrivent à s’accrocher et nombreux sont ceux qui se retrouvent dans l’impossibilité de réussir aux examens.
Par ailleurs, la lenteur et les caprices des autorités et des responsables du district ralentissent la délivrance des cartes d’identité nationale, en en restreignant le nombre de bénéficiaires potentiels et légitimes. Des non-résidents munis d’enveloppes affluent de la Capitale, sur recommandation des pontes du régime. Le pouvoir en place leur délivre des cartes d’identité au nom des personnes fictives ou décédées, de telle ou telle localité… en espérant utiliser leurs pièces d’identité lors d’une prochaine consultation électorale.
Paradoxalement, les bénéficiaires de droit sont triés, amadoués, dissuadés même de postuler à ce qui leur revient légitimement. Les autorités du district veulent nous faire croire que tout se déroule normalement et sillonnent tout l’arrière-pays d’Obock prétextant distribuer les cartes, mais grignotant en fait le fonds de roulement prévu à cet effet. Mais nombreux sont les coins, proches ou éloignés, qui n’ont pas été visités. Or, d’après ces mêmes autorités, les accès par voie routière sont difficiles, ou alors les déplacements coûtent énormément, ou bien les originaires de ces coins ne sont pas considérés comme citoyens djiboutiens.
Au niveau de la réhabilitation, tout va de travers. La reconstruction des biens privés et des infrastructures publiques est toujours laissée à la générosité des bailleurs de fonds extérieurs et des partenaires du développement. Le peu qui a été reconstruit, souvent par l’Armée française, se dégrade à vue l’œil faute d’entretien. Ailleurs, ce sont l’incurie des acteurs implantés par le régime et ses entrepreneurs ainsi que la mauvaise qualité des matériaux utilisés qui sont en cause.
La prolifération des associations locales hâtives et improductives n’a pas non plus été bénéfique pour la région. L’ampleur de la paupérisation et de l’ignorance entrave gravement l’efficacité des milieux associatifs. Toutefois, malgré les insuffisances financières, les enfants de Tikibleyta ont un certain nombre de réussites à leur actif. La parution d’un premier bulletin régional d’information intitulé « Le Phare de Ras-Bir » entre 1997 et 2000, ainsi que les activités culturelles et éducatives de sensibilisation ont été brutalement interrompues par manque de moyens. En effet, les représentants politiques de la région ont émis un avis défavorable, tout comme les autorités locales qui n’appréciaient guère ces initiatives.
Un journaliste de « La Nation » sembla avoir donné l’alerte en suscitant le débat, dans un article intitulé « La légende de Tikibleyta et ses mille et une questions ». Questions qui sont toujours d’actualité car aucune réponse n’a été donnée sur les raisons pour lesquelles ce district demeure à l’écart des politiques publiques de développement. Pourtant, sans aucune ambition politique, des jeunes avaient adhéré à l’annexe RPP d’Obock, séduits par le langage de simili-vérité de la campagne présidentielle d’avril 1999.
Bien que les doyens du régime se soient sentis menacés, les jeunes purent s’entretenir avec le candidat RPP au sujet des préalables au développement de la région, ne manquant pas de l’exhorter à œuvrer en faveur de la consolidation de la paix par la réconciliation avec le FRUD-armé. Au doléances de ces jeunes, l’heureux candidat à la présidentielle avait répondu par de nombreuses promesses qui se sont transformées, au fil du temps, en des harcèlements de ses sbires régionaux à l’encontre d’une jeunesse qui s’est alors réfugiée dans le silence. Quelques-uns ont depuis préféré se réfugier à Djibouti-ville, d’autres ont disparu dans un mystérieux naufrage.
POISSON D’AVRIL PRESIDENTIEL ?
Arrivée de la ministre déléguée à la Promotion de la Femme
Mise en scène de cours d’alphabétisation des femmes et de scolarisation des filles, dans les locaux de l’école d’Obock 1. Séjours touristiques du Président de la République à Médého. Accueil chaleureux des nouveaux prétendants arrivistes, cadres et employés du service de l’ONED et des représentants de l’UNFD et de l’AFOD. Le cadeau empoisonné des micro-crédits aux femmes d’Obock par le FSD(Fonds Social de Développement) sans en avoir évalué l’impact dans une région enclavée sans aucun débouché. Enfin, des toilettes pour l’école d’Obock 1 et le collège de la ville sur financement du PNUD et de l’UNICEF ; travaux effectués par l’Armée française. De quelle alphabétisation des femmes et de scolarisation des filles parle-t-on ?
Mais que leur rapportent encore les séjours incognito du Chef de l’Etat à Obock-ville, puis à Médého ? Sans doute le meilleur gros poisson d’avril à tous ceux qu’il croit avoir déjà dupé avec ses promesses sans lendemain. Et à tous ceux qu’il espère à nouveau duper grâce à tous ses représentants politiques et coutumiers, ainsi que les fonctionnaires de service.
Enfin, de gros poison d’avril sont offerts à la population d’Obock, particulièrement du chef-lieu et de Médého. Ainsi, l’emprise de la pression, de l’influence et de l’indifférence continue de massacrer le moral de tous ceux dont le regard exprime la terreur intériorisée face aux chefs respectifs des différents services ou tribus, emportés par le zèle ou les ailes, eux-mêmes dans la peur d’être bousculés par les intrigues ou dans le trac de la prochaine promotion.
Tous les coups sont donc permis pour désolidariser les communautés. Mais, pour ce régime, Obock restera le fief de Dini et de toute l’UAD. Prévoyez donc d’acheter la conscience de quelques notables appointés et des « élites » de la région pour préparer les fraudes lors d’élections à venir. Obock n’est pas maudite, mais elle est condamnée par ce régime. La région conserve d’indéniables potentialités et le charme qui fait l’admiration des touristes. Nous lutterons sans relâche !
A.M
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1994 : génocide au Rwanda
Plus jamais çà !
On croyait le monde vacciné contre la folie génocidaire depuis la Seconde Guerre Mondiale et le procès de Nuremberg. En sombrant à son tour dans la démence de cette fin de millénaire, notre continent qui, après avoir subi l’esclavage et le colonialisme, vient de démontrer le contraire après la folie khmère en Asie et le nettoyage ethnique en Bosnie-Herzégovine. Si ces actes relèvent évidemment de la folie, il n’en obéissent pas moins à une rationalité comme l’attestent la variété des méthodes employées et leurs caractères systématique et prémédité. Il corroborent ainsi la formule célèbre : « le fou est quelqu’un qui a tout perdu, sauf la raison ». Sans chercher ici à expliquer ou comprendre, il est de notre devoir, ne serait-ce que pour en prévenir le renouvellement là-bas ou ailleurs, de garder en mémoire ce génocide et exiger la punition de ses auteurs et commanditaires, dont certains courent toujours. Gros plan sur le génocide des Tutsis et des Hutu modérés.
Grave, le Président rwandais Paul Kagamé (tutsi) accuse la France d’avoir « directement participé » au génocide d’avril 1994. Flash-back.
A peine plus vaste que Djibouti, ce petit pays de la région des Grands Lacs (26.340 km2) est densément peuplé : environ huit millions d’habitants, dont la grande majorité est hutu et la principale minorité tutsi. Il tient de son caractère montagneux son surnom de «Pays des Mille Collines». Il partage ses frontières avec l’Ouganda, la Tanzanie, le Burundi et la République Démocratique du Congo.
Voilà brièvement décrit le décor de la tragédie de 1994, qui aurait fait en 100 jours près de 800.000 morts, à en croire la version autorisée du général canadien Roméo Dallaire qui commandait à l’époque la force d’interposition de l’ONU.
La commémoration du 10ème anniversaire du génocide rwandais a commencé le 5 avril. Le 7 avril est la date anniversaire et le point culminant avec la participation à cette journée souvenir de deux Chefs d’Etat africains : le sud-africain Thabo Mbéki et l’ougandais Yowéri Museveni. Le Premier ministre belge sera également présent. Mais la personnalité la plus attendue reste le général canadien Dallaire.
Pour grave, et à nos yeux excessive, que puisse paraître l’accusation du Président rwandais, elle n’en a pas moins le mérite de toucher du doigt un problème réel : le rôle sinon suspect du moins indifférent et effacé aussi bien des Casques Bleus déployés dès 1993 lors des Accords d’Arusha dans le cadre de la Mission des Nations-Unies pour l’Assistance au Rwanda (Minuar) que de la force française d’interposition déployée durant le génocide, dans le cadre de l’ «Opération Turquoise» le 22 juin 1994 avec pour mission d’établir une « zone humanitaire sûre » (ZHS) dans le sud-ouest du pays. Cette opération a pris fin le 22 août 1994, soit à peine plus d’un mois après la fin du génocide et la prise de contrôle par le FPR (Font Patriotique Rwandais) de la Capitale le 4 juillet.
Tandis que, malgré la demande de renforts du général Dallaire en avril, deux semaines après le début des massacres et l’assassinat de 10 parachutistes belges par les FAR (Forces Armées Rwandaises), les Casques Bleus passent de 2000 à 270 hommes. Troublant ! Restituons toutefois cette accusation dans son contexte : elle intervient juste après la révélation par notre confrère «Le Monde» de la suspicion d’un juge d’instruction de l’implication du FPR (donc de Kagamé) dans l’assassinat de feu Habyarimana. Que, comme l’affirme Kagamé, la France ait soutenu Habyarimana, comme elle a soutenu de De Gaulle à Chirac en passant par Mitterrand, un pré carré de dictatures, et nous sommes bien placés pour le savoir, c’est une lapalissade !
Décidément, l’Occident à la tête duquel la France, n’est pas à une contradiction près ! Après avoir imposé la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et inventé le droit d’ingérence, il revendique par son comportement le droit à une indifférence coupable : donnons la parole à un procureur des siens.
Dans un best-seller intitulé « J’ai serré la main du Diable », le général Dallaire, sans recherche du sensationnel, et preuves à l’appui, écrit amer : « Tous les humains ne sont pas considérés comme tels dans le contexte international… Je suis sûr qu’il y aurait eu plus de réactions si quelqu’un avait tenté d’exterminer les 300 gorilles du Rwanda… Les Américains avaient subi une humiliation en Somalie et ne voulaient plus avoir de pertes en Afrique… La France avait des raisons stratégiques de pencher en faveur des Hutu… l’administration Clinton, parce qu’elle n’y avait plus d’intérêts, s’est désengagée du Rwanda qui n’avait plus aucune valeur ». Sans manquer de finir par prévenir qu’une telle tragédie « pourrait se reproduire à cause du ‘’racisme intéressé’’ des grandes puissances ».
Ce réquisitoire nous amène à nous interroger sur l’efficacité des interpositions ou interventions avec ou sans mandat onusien. A Abidjan, malgré un comité chargé de suivre l’application des Accords de Marcoussis et l’imposante présence militaire française et des forces de l’Union Africaine, un massacre a eu lieu trois jours durant sans que ces forces n’interviennent.
Qu’après coup, les casques soient passés du blanc au bleu confirme l’inaptitude des Nations Unies à prévenir les conflits ( massacres et autres génocides…) et nous conforte dans la conviction qu’il doit et ne peut y avoir de solutions à nos crises qu’africaines et domestiques. Sans fourberie.
A Djibouti, avec la paix comme but et la bravoure comme moyen, gardons à l’esprit que le lien qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise.
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