Réalité numéro 82 du mercredi 4 février 2004 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 82 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
TAM-TAM A L’EAU DE ZAM-ZAM :
ENTRE FOI RELIGIEUSE ET MAUVAISE FOI POLITIQUE
Puisqu’on n’a pas fini de nous en rabâcher les oreilles (Hadj sonne mieux que docteur honoris causa), autant y revenir tout de suite : faut-il parler d’un geste ou d’une geste à propos du pèlerinage présidentiel ? Les deux formules sont appropriées, car il s’agit d’un acte de foi personnel immergé dans une trajectoire politique présentée comme une Providence que le peuple djiboutien devrait accueillir à son inestimable valeur. D’ailleurs, n’est-ce pas le chœur de son fan-club qui comparait en 1999 l’actuel Chef de l’Etat à Noé et son mandat présidentiel à l’Arche du susnommé élu de Dieu ? Le ton était déjà donné à dès cette époque : même si nous lui avions sincèrement souhaité bon pèlerinage et Rédemption acceptée, pourquoi s’étonner de ce que le geste de foi religieuse se dédouble d’une geste de mauvaise foi politique ? Par incorrigible amour de son prochain !
En effet, il nous faut encore insister sur un point capital : le Chef de l’Etat devrait être le croyant à ignorer que, selon le grand exégète de la Tradition du Prophète (PSL) qu’est Al-Razaali, une seule injustice commise dans l’exercice du pouvoir pèse, le Jour du Jugement Dernier, plus lourd que toute une vie ordinaire de péchés. Le Verset 24 de la Sourate 37 du Coran est explicite de ce point de vue : « Et arrêtez-les, car ils doivent être interrogés » (Mas’uuluun). Etymologiquement, en langue arabe, interrogé signifie en même temps responsable ! Le responsable politique est donc celui qui est interrogé, au Jour du Jugement Dernier, plus que d’autres. Car, la différence entre le dirigeant politique et ses concitoyens ordinaires, c’est qu’en plus de ses faits et gestes privés, le premier doit aussi rendre compte de sa gestion des affaires publiques ayant quelque incidence sur la vie quotidienne des seconds. Ce n’est pas peu dire que l’injustice (Zulm) et le mensonge hypocrite (Nifaaq) sont devenus une forme de gouvernement pratiquement banalisée à Djibouti. C’est donc quasiment un miracle divin que le citoyen et le croyant attendent de ce pèlerinage présidentiel : un changement radical des mœurs et des pratiques gouvernantes de dirigeants dont il est le premier responsable, si ce n’est l’unique.
Malheureusement, à voir à quel point ce Hadj n’a pas allégé la pression sur un Trésor Public de plus en plus incapable de verser les salaires, ou encore l’utilisation peu orthodoxe du quota de pèlerins accordé à notre pays (objet d’un véritable trafic dont beaucoup de croyants réellement nécessiteux se plaignent), il y a fort à craindre que sous le soleil djiboutien, il n’y a encore rien de nouveau à espérer de ce côté-là. Pèlerinage du Chef de l’État ou pas, si ce n’est en pire.
Toutefois, attendre un miracle n’est certainement pas une posture de résignation fataliste : si les symptômes de la mauvaise gouvernance persistent, luttons inlassablement, avec la détermination des Justes et la conviction de gagner ! Tout en sachant que nous ne sommes, pauvres mortels, que prétexte à l’accomplissement de la volonté divine.
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Brèves nationales
Recul de la Voirie :
Les ordures contre-attaquent
Suite aux récentes pluies, l’insalubrité gagne du terrain dans plusieurs quartiers populaires, au grand désespoir des riverains et des automobilistes. Ce phénomène récurrent est aggravé depuis quelques jours par un inquiétant développement des décharges sauvages. Les ordures ménagères ont fait une dangereuse réapparition dans tous les coins de la ville. Les préparatifs de la fête de l’Aïd-el-Kébir et le retour des clandestin sollicités par les familles djiboutiennes pour l’évacuation des ordures ménagères expliquent en partie cette situation. Mais que font pendant ce temps les services techniques du district ? Après avoir bruyamment annoncé l’acquisition, grâce à la mendicité présidentielle, de nouveaux moyens matériels pour lutter contre l’insalubrité, force est de reconnaître que l’amélioration tant attendue n’est toujours pas au rendez-vous.
Les bennes à ordure font cruellement défaut et les décharges sauvages ont repris leur droit. Il ne suffit pas d’illuminer les principales artères de la Capitale quand le reste de la ville croule sous un tas d’ordures. Lors de la dernière fête de l’Aïd-El-Fitr, nous avions salué l’effort de nettoyage accompli ; malheureusement, cet effort n’est pas resté soutenu et les Djiboutiens ont fêté l’Aïd-El-Kébir dans une Capitale parmi les plus sales du monde. C’est cela, la mauvaise gouvernance : beaucoup de discours, peu d’actes. Vivement le changement souhaité par les Djiboutiens pour, entre autre, l’amélioration de notre cadre de vie !
Environnement et Tourisme :
Les sites « protégés » le sont-ils vraiment ?
A l’heure où le régime prétend répertorier et protéger les sites touristiques et les écosystèmes de notre pays, la réalité observée sur le terrain ne corrobore absolument pas les discours volontaristes du gouvernement. Si l’on assiste à un indéniable développement des activités touristiques grâce surtout aux initiatives privées, principalement dans le district de Tadjourah, les sites prétendument protégés se dégradent de jour en jour. Ainsi, le lac Assal a connu ces dernières années une affluence humaine massive en raison de l’exploitation économique de sa banquise de sel. Conséquence de activité lucrative mais polluante, cette zone s’est considérablement dégradée ; même le sol du petit village d’Assal est jonché d’ordures et de sacs de plastique.
Quant au rivage marin du Goubet-El-Kharab, il est périodiquement soumis à des pollutions marines d’origine inconnue. Concernant la foret primaire du Day, joyau national digne d’être classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, sa préservation est quelque peu perturbée par le développement de la culture du khat. Enfin, selon des sources rurales sérieuses, le régime chercherait à enfouir des déchets toxiques dans la belle plaine du Grand Bara. Cette affaire est suivie de près…
Politique-fiction :
Belles paroles sans actes
« Il est de notre responsabilité d’aller vers les plus démunis. Nul ne doit être abandonné à l’indifférence. Cela est contraire à tous nos principes religieux et à toutes nos valeurs traditionnelles ». Ces paroles prononcées par le premier ministre à l’occasion de l’Aïd-El-Adha sont-elles conformes à la réalité ou relèvent-elles du domaine de la politique-fiction ? Même s’il est clairement établi que la solidarité nationale reste un vœu pieux chez ce régime insouciant, la violation des engagements écrits est toujours de mise. Sans mettre au défi le premier ministre de traduire ses belles paroles en actes, nous oserons par contre lui rappeler que son exécutif n’a montré jusqu’à présent aucun signe de bonne volonté en ce sens.
Aussi, le premier ministre doit donner l’exemple en s’attelant dès maintenant à la réinsertion des démobilisés du FRUD, du FRUD-armé ainsi que de ceux du gouvernement. Ces personnes sont parmi les plus démunies vivant dans notre pays. La situation des anciens militaires, policiers et gendarmes est également préoccupante et il convient de la régler rapidement. Enfin, nous croyons savoir que le premier ministre s’est dernièrement et timidement impliqué dans le dossier brûlant des incorporés du FRUD-armé, en demandant leur régularisation, sans succès.
Alors, comment croire aux belles paroles jamais suivies d’actes, quand elles ne sont tout simplement pas reniées ?
Ali-Sabieh :
Prochaine visite du sourcier national ?
La lutte effrénée contre la soif, menée par le sourcier national sur toute l’étendue de notre pays, a-t-elle réellement porté ses fruits dans le district d’Ali-Sabieh ? Toujours est-il que, selon des sources proches du pouvoir, le Chef de l’État compte prochainement inaugurer en grande pompes le projet d’eau d’Ali-Sabieh. Cette visite programmée paraît-il entre le 10 et le 15 février prochain aura forcément une connotation politique. En effet, les Assajog constatent médusés que le grand chef semble particulièrement attiré par leur ville, même si ses incursions intempestives restent pour le moment improductives. Dans cette campagne prématurée, le Chef de l’État cherche à reconquérir cette ville frondeuse, bastion de l’opposition dans le Sud du pays, comme l’essaie avec peine son premier ministre dans sa ville natale de Tadjourah autre grand fief de l’opposition dans le Nord. « Réalité » souhaite de la persévérance à ces deux spécialistes de la gestion de vraie problématique.
Le pèlerinage de la Mecque endeuillé :
Encore une bousculade meurtrière à Mina
Le Hadj est un des cinq piliers de l’Islam que tout musulman doit au moins accomplir une fois dans sa vie, si sa santé et ses moyens le permettent. Deux millions de fidèles accomplissent ce rituel chaque année. Devant l’ampleur des demandes, les autorités saoudiennes ont imposé des quotas par pays afin de permettre le bon déroulement du pèlerinage. Ainsi, bon an mal an, près d’un millier de nos compatriotes effectuent ce devoir sacré.
Malheureusement, le pèlerinage est parfois une entreprise à haut risque que malgré toutes mesures de précaution les autorités du pays d’accueil n’arrivent pas à rendre sûr à 100%. Cette année encore plus de 250 pèlerins d’une dizaine de nationalités ont perdu la vie en cherchant à accéder au site de Mina où une stèle symbolisant Satan doit être lapidé au moyen de sept petits cailloux. Pourtant, le Royaume Saoudien avait pris des mesures de sécurité exceptionnelles visant à circonscrire toute menace d’attentat terroriste et le pèlerinage s’annonçait sous des meilleures auspices que les années précédentes.
Selon des observateurs indépendants, la récurrence des risques de décès accidentels liés au pèlerinage traduirait l’incapacité des autorités saoudiennes à assurer l’organisation du Hadj dans des conditions optimales de sécurité. Aux dernières nouvelles les pèlerins djiboutiens seraient quant à eux sains et saufs. Cependant on rapporte que quelques-uns de nos compatriotes auraient été blessés bien avant la bousculade meurtrière. Nous souhaitons un prompt rétablissement aux malades et un bon retour à tous.
Prolifération des armes légères :
Le régime est à incriminer
Un séminaire consacré à la lutte contre la prolifération des armes légères a été organisé jeudi dernier avec la participation d’experts étrangers. Selon le journal gouvernemental « La Nation » qui rapporte cet évènement un officier supérieur de la FNP aurait déclaré dans sa communication que le régime a énormément contribué à cette lutte. Selon ce haut gradé particulièrement inspiré et cité par La Nation « la FNP et l’AND auraient mené conjointement des opérations de recensement, collecte et destruction des armes à feu aux mains des 1160 rebelles du FRUD, conformément aux accords de paix du 12 mai 2001. Ces opérations de destruction des armes ont eu lieu à Waddi et Ribta et se sont achevées par l’incinération de toutes armes détenues par les ex-rebelles au cours d’un bûcher de la paix ». Triste et pitoyable aveu d’un régime qui continue à ce jour et trois ans après ce mémorable évènement, voulu par le FRUD-armé, de terroriser les populations civiles du Nord au prétexte de rechercher d’hypothétiques caches d’armes.
Nous avons au cours des mois écoulés régulièrement dénoncé de telles dérives dangereuses pour la paix civile. A ce sujet, nous exigeons la libération immédiate des pauvres bergers injustement incarcérés à Gabode dans le cadre de ces fantaisistes recherches d’armes. Si malheureusement des armes à feu continuent de circuler illégalement dans notre pays, cela est dû, à notre humble avis, à la coupable inconscience de ce régime de mauvaise gouvernance.
Meeting de l’UAD de l’avenue Nasser :
L’opposition condamne le passif du régime
Dimanche dernier, l’opposition regroupée au sein de l’UAD a tenu son traditionnel rassemblement populaire de l’Aïd à l’avenue Nasser devant le siège de l’UDJ. Arrivée sur place à 10 h, la Direction de l’UAD a présenté ses vœux de bonne fête à la population djiboutienne avant d’aborder les principaux thèmes politiques de l’heure. Les dirigeants de l’UAD n’ont pas manqué à cette occasion de dénoncer le bilan négatif et l’attentisme du régime en place. Après avoir démystifié les multiples promesses démagogiques de ce pouvoir en campagne, tous ont exhorté nos concitoyens à lutter pour un changement démocratique.
Dernier orateur à s’exprimer, le Président Guedi a conclu sans ambiguïté « ce régime a échoué sur tous les plans. Son bilan est décevant. Ses projets de développement sont pour la plupart au point mort. Les arriérés de salaires perdurent malgré l’aide économique étrangère, les atteintes aux libertés publiques et syndicales s’accentuent… A la veille d’échéances électorales cruciales, inscrivez-vous massivement sur les listes électorales et restez mobilisés pour imposer un vrai changement démocratique. La victoire est au peuple… »
Ce meeting a pris fin aux environs de 11 h 30 dans une ambiance d’allégresse et d’espoir. Plus que jamais l’UAD incarne le changement attendu par notre peuple. Pour les Djiboutiens, elle est la seule force d’avenir capable de sauver notre pays.
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Propagande : le ministère de l’Emploi et de la Solidarité Nationale ne chôme pas
Comme par hasard, le ministère de l’Emploi et de la Solidarité Nationale (c’est son intitulé officiel) s’est fendu la semaine dernière d’une interview-reportage pour le moins complaisante dans les colonnes du journal gouvernemental « La Nation » en vue d’expliquer aux lecteurs-électeurs le bien-fondé du Service National Adapté, censé remédier à tous les problèmes de chômage structurel frappant surtout les jeunes et à la persistante inadéquation entre Formation et Emploi. En fait, c’est tout simplement parce que nous avions relaté dans nos précédents numéros les incohérences de ce Service National Adapté qui, comme son nom l’indique bien, est tout sauf un service national s’appliquant uniformément à tous, encore moins un moyen de lutte contre le chômage, que le régime tente depuis de justifier l’injustifiable à travers ses représentants. Tout simplement parce que le Président de la République, Chef du Gouvernement, Chef Suprême des Armées en a décidé ainsi. Nous vous démontrons ci-dessous les tenants et les aboutissants de ce faux-projet anti-chômage au profit des jeunes.
Albert Camus disait dans « La Peste » que: « la dignité de l’homme ne peut naître que de sa confrontation avec l’absurde, non dans l’espoir de l’annihiler car il est inhérent à la condition humaine, mais pour lui imposer sa marque, pour l’assumer tout en criant au scandale ». Cette phrase n’a rien de particulier par rapport à d’autres écrits engagés. Elle définit seulement le contexte entre ce qui doit régir entre le refus d’une existence et l’inévitable changement. Certes, c’est un appel à la révolte. Et pour cause…
Un microcosme minoritaire dans une région troublée en réelle refonte au sens large du terme veut se considérer comme le dénominateur commun régional pour redéfinir un enjeu qui se situe au-delà de certaines de ses espérances noyées par ses tergiversations politiques, limitées dans le temps et dans l’espace.
Bien entendu, loin de disposer de l’ensemble des cartes, le régime djiboutien indescriptiblement semble considérer comme un changement de cap de ses pratiques antérieures, en raison de la lutte contre le terrorisme.
Certes, la présence des forces françaises ou autres lui servant de parapluie pour le couvrir des réactions des pays frontaliers face aux immixtions de notre pays dans les affaires intérieures de ses voisins et même de certaines velléités d’émancipation interne, que celles-ci soient directes où indirectes.
Et cela y compris la capacité de remettre en cause de la manière la plus officielle une hypothétique réconciliation somalienne, après ses accords internes du 12 mai 2001 dont il n’a toujours pas respectée les points négociés.
Alors faut-il considérer le SNA comme une nouvelle mobilisation « anti-terroriste » s’adossant à cette donnée internationalement admise mais que notre régime tente « d’accompagner » en sabotant, d’une manière éventuelle ou affirmée, cette avancée pacifique de la région.
Tout en soulignant que, si la position de notre pays, siège de l’IGAD et plusieurs fois à la présidence de cette instance régionale, se conduit de la manière la plus arrogante face aux options choisies par les États membres de cette organisation sous-régionale dans la résolution de la crise somalienne, la nature du pouvoir en place est clarifiée par ses actes incessants et ses comportements effrontés face que ne peut lui garantir sa position géostratégique. L’imbrication des communautés interrégionales n’implique pas forcément une garantie sécuritaire dans une lutte contre le terrorisme et ne peut permettre à notre pays à vouloir dicter automatiquement ses valeurs morales qui, pour une pacification régionale, restent idem comme ses propres engagements politico-militaristes des années 1988-2000.
Cette démonstration conduit à faire l’analyse de la nouvelle donne du régime dont l’esprit subversif face à une réelle stabilité nationale comme régionale reste contraire à tout esprit d’intégration régionale. C’est cette aspect politico-militaire sous une ombrelle étrangère qu’obéit le Service National Adapté.
Un diction dit « Un lièvre croit dissimulé ses crottes qui resteront visibles ». Le Service National Adapté n’est en fait qu’une nouvelle formule de remobilisation voulant accompagner la nouvelle donne de « la lutte anti-terroriste » au niveau régional. Une mobilisation d’une armée « nouvelle formule anti-terroriste» laquelle formerait une jeunesse au chômage de l’ordre de 1200 avec un revenu mensuel de 20.000 FD/mois et par recrue. Le SNA révèle le journal gouvernemental « La Nation » est une émanation de l’Armée Nationale Djiboutienne –AND. L’actuel responsable de la Solidarité Nationale, certainement courtisant comme ses pairs d’un système nourricier autorisant les cooptés-fonctionnaires et autres conventionnés à émigrés femmes et enfants, serait-il à même de défendre l’indéfendable.
Ainsi donc, le fonctionnaire du ministère de l’Emploi préposé au travail de propagande, affirme dès le début que le Service National Adapté répond avant tout à un souci de sécurité interne et externe. Étonnant lorsque l’on sait qu’à ce chapitre, les démobilisés du FRUD-armé, qui devaient normalement être les premiers bénéficiaires d’une telle formation en vue d’insertion socioprofessionnelle, attendent encore le début de commencement d’un programme en ce sens.
Pour être plus précis dans ses dires, qui s’appuient sur le contenu du document justifiant le séminaire sur l’action gouvernementale de février 2002 dit réellement ce qui suit sur le SNA, le document auquel se réfère ledit préposé à la désinformation officielle prétend ce qui suit :
« Initié par le Président de la République, chef de gouvernement, chef suprême des Armées, le Service national adapté consiste en une forme de service militaire, d’une durée de 18 mois, destiné aux jeunes nationaux ayant abandonné le cycle scolaire.
Réparti selon un quota attribué à chaque District, y compris la capitale, l’effectif avoisinant les 1200 jeunes serviront au sein des Forces Armées pour la durée du service et recevront en contrepartie une formation leur permettant d’intégrer la vie active à l’issue de leur service.
Un effort devra cependant être consenti par le gouvernement pour les doter d’un statut les rendant prioritaires dans le recrutement, aussi bien dans les différents services de l’administration que dans le privé.
Cet apport en personnels permettra aux FAD de se délester de certaines charges de servitudes pour se consacrer davantage aux missions opérationnelle»
Certes, sur le plan institutionnel, le Président de la République est aussi, selon notre Constitution, Chef Suprême des Armées. Seulement, il s’avère que d’une part la période annoncée et le nombre retenu d’adultes non-scolarisés pour ce type d’emploi anti-chômage varient selon les résolutions du programme initié par le Président de la République et celui que les médias gouvernementaux comme les recruteurs locaux et régionaux présentent.
Sur le plan de la formation, il est clair, comme nous l’avions précisé antérieurement dans nos colonnes, que ni le Ministère de l’Éducation Nationale, d’ailleurs riche en dotation budgétaire et en aides étrangères, ni celui de la Solidarité et de l’Emploi n’ont aucun droit de regard sur l’enrôlement des enfants qui conditionnera, pour des raisons de Sécurité intérieure et Extérieure, une formation que nous supposons identique à celle des« milices vichystes ».
Lequel régime de Vichy considérait que la position des masses devait être aggravée : l’oppression sociale se devant d’être conjuguée à l’oppression nationale dont le plus grand nombre demeure la masse laborieuse. Esprit que le Président de l’Assemblée Nationale ne peut ignorer entre autre…
Il encore tout de même choquant que le choix d’une telle lutte contre le chômage n’engage pas le Ministère de la Défense directement mais que le Directeur de la Solidarité Nationale cite le maître- d’œuvre de ce programme est l’État-major de l’AND.
Or, pour ne citer que les formateurs actuels des différents Centres de formations liés, comme on pourrait le croire au Ministère de la Solidarité, ceux de Tadjourah seraient payés sur une enveloppe financière (douteuse puisque conventionnés) qui non budgétisée relève des manipulations du pouvoir.
Quant à la référence religieuse en vertu de laquelle le régime redistribue uniquement le superflu des richesses nationales, il semble bien que ce superflu soit des plus modestes, au regard de la misère que représentent les programmes sociaux.
A suivre…
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Un colloque pour la Corne de l’Afrique
C’est bien connu, le régime djiboutien n’aime pas beaucoup une certaine presse impertinente, comme le Canard Enchaîné ou Les Nouvelles d’Addis. Pourtant, ce sont, chacune à son niveau, des institutions incontournables dans l’univers de la presse écrite française. Justement, en collaboration avec le parti écologique des Verts, notre confrère spécialisé dans la Corne de l’Afrique a organisé le 2 février 2004 dans les locaux de l’Assemblée Nationale, un colloque consacré aux problèmes et aux perspectives dans cette sous région du continent noir. En attendant d’avoir un compte rendu intégral des débats, voici dès à présent une présentation sommaire des intervenants et des thèmes abordés.
La situation dans la Corne de l’Afrique semble préoccuper beaucoup de gens, sauf dans les pays concernés. Spécialement quand il s’agit de Djibouti, qui a toujours tiré à boulets rouges sur toute tentative d’explication rationnelle susceptible de nuire à sa propagande. On se souvient que pour avoir porté sur le Somaliland un regard aussi lucide que courageux, l’africaniste (progressiste de surcroît) Gérard Prunier avait essuyé les foudres de notre presse gouvernementale.
Manque de chance pour les dirigeants djiboutiens, c’est l’un des intervenants de ce colloque, placé sous l’égide conjointe de MM. Noël Mamère, député membre de la Commission des Affaires Étrangères et Alain Leterrier, fondateur du journal « Les Nouvelles d’Addis ». Le premier a expliqué d’entrée pourquoi il a « voulu ce colloque », tandis que le second a présenté son journal comme « système d’information pour une région surexposée et méconnue ». Le tout expédié en un quart d’heure, entre 9h45 et 10h.
Après un événement exclusif consistant en une communication téléphonique du leader du SPLA (Sudan People’s Liberation Front) M. John Garang, il revenait ensuite à Gérard Prunier de procéder à un cadrage des débats en abordant le thème : fin de la guerre froide et diversification des sous régions.
Ils laisseront alors place intervenants de la première Table Ronde intitulée « Les peuples face aux enjeux stratégiques de la région » et dont M. Robert Wiren au cours de laquelle les personnalités suivantes ont pris la parole :
1° Roland MARCHAL (France, chercheur au CNRS et au CERI : « la crise somalienne reflet du ‘’désordre régional’’. Point sur la conférence de réconciliation somalienne » ;
2° Daher Ahmed FARAH (Djibouti, président du MRD) : « Tradition mafieuse, culture non-démocratique du pouvoir : la difficulté de faire de la politique à Djibouti » ;
3° Jean-Louis PENINOU (France, journaliste) : « conflit inter soudanais et conflit érythréo-éthiopien » ;
4° Claude GONIN (France, Vice-président de l’association France-Erythrée) : « l’Érythrée face aux enjeux de la mondialisation » ;
5° Aman KADIR (Ethiopie, personnalité Oromo) : « Diversité des peuples et fédéralisme » ;
6° Marc YARED (France, journaliste) : « Passerelles entre monde arabe et corne de l’Afrique » ;
7° Robert WIREN (France, journaliste, membre du comité de rédaction « Les Nouvelles d’Addis » : « Le point sur le processus de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée ».
C’est également au cours de cette table ronde, qui a duré de 11h à 13h, que notre président M. Ahmed DINI est intervenu.
Après le déjeuner, les intervenants ont repris leur travaux à 14h30 en abordant les thèmes prévus par la deuxième Table Ronde intitulée « Paix et développement durable : Aide d’urgence et stratégie à long terme » avec M. Philippe Leymarie comme modérateur. Les intervenants étaient :
1° Philippe LEYMARIE (France, journaliste à RFI et conseiller au « Monde Diplomatique ») : « Développement durable, occupation militaire, etc.) » ;
2° Jean-Clément CABROL (France, Médecin, MSF) : « De retour du Darfour : point sur la situation humanitaire et sanitaire » ;
3° Bernard FAYE (France, docteur vétérinaire, chercheur au CIRAD) : « L’activité d’élevage dans la corne de l’Afrique : un enjeu pour le développement durable » ;
4° Néguedé GOBESIE (Ethiopie, dirigeant du Mouvement Socialiste pan-éthiopien (MESON) : « Paix et Développement durable » ;
Daniel FURTET (maire du Blanc Mesnil) : « Blanc Mesnil-Debré Berhan : Exemple d’une coopération réussie entre deux services publics » ;
5° Ghenette HAÎLE MICHAEL (Erythrée, membre de la communauté érythréenne en France) : « Quelques éléments d’analyse du conflit frontalier avec l’Éthiopie au travers de la perception de la population » ;
6° Marc-Entione PEROUSE DU MONCLOS (France, chargé de recherche à l’IRD) : « L’aide humanitaire et la guerre dans la corne de l’Afrique : les relations dangereuses » ;
7° Jérôme FRIGNET (France, responsable géographique Ethiopie, Action contre la faim) : « Aide alimentaire/Insécurité alimentaire » ;
8° Marc LAVERGNE ( chargé de recherche au CNRS, université Paris X Nanterre) : « Le point sur le processus de paix inter-soudanais ».
La troisième Table Ronde, intitulée « Démocratisation, pouvoir, opposition », dont M. Patrick FERBIAZ est le modérateur, a clôturé ce colloque avec les intervenants suivants :
1° Edna Adan ISMAEL (Somaliland, ministre des Affaires Etrangères du Somaliland) : « Le Somaliland demande à être reconnu au sein de la communauté internationale » ;
2° Siegfried PAUSEWANG (Norvège, chercheur au CHR Michelsen Institut) : « Éthiopie : démocratie naissante ou avortée ? » ;
3° Elshasie SAIED (Soudan, membre du comité central du Parti Communiste soudanais, membre de l’Alliance nationale démocratique) : « Processus de transition démocratique au Soudan » ;
4° Ghennet GIRMA (Ethiopie, membre du Parti Révolutionnaire du Peuple Éthiopien) : « Les causes de l’échec de la transition démocratique en Ethiopie » ;
5° Patrick FERBIAZ (France, Président de la commission transnationale des Verts) et enfin
6° Mohamed KADAMY (Djibouti, dirigeant du FRUD) : « Phase primaire de la constitution de l’État : heurts et malheurs du cas djiboutien ».
On le voit, les thèmes abordés sont extrêmement intéressants : tout juste regrettera-t-on que le régime djiboutien n’ait pas daigné y dépêcher au moins un seul représentant. Ce qui est pour le moins surprenant lorsque l’on sait, par exemple, que le régime avait dépêché à Stockholm tout un ministre, flanqué de sa presse , pour y assister à un Forum Afar, il y a quelque temps de cela. Au vu des thèmes abordés et de la qualité des intervenants, il nous semble pourtant que les citoyens djiboutiens auraient eu tout à gagner d’une confrontation des idées entre ses représentants et ceux de l’opposition : à défaut de Djibouti, pourquoi n’y aurait-il pas débat en France, par député et journalistes français interposés. Ou encore entre son ministre des Affaires Étrangères et celui du Somaliland : au lieu de soliloquer dans une émission djibouto-soft, il gagnerait plus à exposer le point de vue de son gouvernement dans le règlement du problème somalien.
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La Conférence de Nairobi sera-t-elle la dernière ?
La Somalie détient un triste record des conférences de réconciliation avortées. Depuis plus de quatorze ans que dure ce conflit fratricide, quatorze conférence de paix ont été organisées dans plusieurs pays. A chaque fois sans succès. La Conférence de Nairobi sera-t-elle celle qui impulsera une paix véritable ?
L’interminable conférence de réconciliation somalienne organisée au Kenya ponctuée de rebondissements semble avoir franchi un pas décisif avec la signature jeudi dernier d’un accord portant sur la désignation d’un parlement intérimaire chargée à son tour d’élire un président pour cinq ans. Si le processus initié à Arta il y a quatre ans a bel et bien vécu, la page qui est en train de s’écrire à Nairobi à l’air prometteuse. N’en déplaise aux autorités djiboutiennes qui prétendaient les marginaliser, les Chefs de guerre se sont imposés par leurs nuisances comme des interlocuteurs incontournables dans toute recherche d’une paix sérieuse en Somalie.
La Conférence de Nairobi a eu moins le mérite de tenir compte de cette réalité en associant tous les protagonistes du conflit somalien, chose que n’avait pas réussi en son temps le régime djiboutien dans son désir insensé de renforcer la société civile somalienne en écartant les seigneurs de guerre pourtant maîtres du terrain. Même si elle constitue une étape importante vers la formation d’un gouvernement acceptable par toutes les parties en conflit, la conférence de Nairobi aura cependant fort à faire pour faire taire les rancœurs tenaces et autres appétits de puissance de certains Chefs de guerre qui se nourrissaient du conflit. En cela les hésitants risquent d’être encouragés par des puissances régionales dont les intérêts stratégiques sont forcément divergents.
Il est cependant encourageant de relever que, lutte antiterroriste oblige, la communauté internationale semble avoir compris le danger représenté par une Somalie perpétuellement sans État. L’implication de cette dernière dans la consolidation d’une paix durable en Somalie paraît acquise. Ce qui nous autorise à penser que le bout du tunnel est cette fois proche, même si à ce stade du processus toute spéculation semble hasardeuse, les impondérables restant nombreux tant ce dossier est compliqué.
En admettant que la Somalie renaisse grâce à la volonté d’un gouvernement crédible et avec le concours actif de la communauté internationale, il restera tout de même à résoudre l’épineuse question du Puntland. Cette entité autoproclamée a comme on le sait boycotté la conférence de Nairobi et ne semble pas pressée d’intégrer le giron Somalien. Une Somalie stable et démocratique pourra-t-elle ignorer le cas du Puntland territoire aux potentialités économiques reconnues ? On le voit le chemin menant à la reconstruction de l’ancienne Somalie est toujours semé d’embûches.
Pour sa part, le Somaliland qui a en douze ans fait la preuve de sa stabilité et viabilité paraît rechercher plus une reconnaissance qu’un retour à l’ancienne formule de l’État unitaire privilégié avant 1981 date de son soulèvement. Pour autant, lucides et nationalistes les autorités de Hargeisa n’excluent pas de dialoguer avec la Somalie si cette dernière parvenait à apporter la preuve de sa stabilité et de son sérieux. Ce qui est pour le moment loin d’être acquis. Quoi qu’il en soit si recomposition il doit y avoir, ce sera forcément sur de nouvelles bases et dans un lointain avenir.
Pour l’heure, il faut souhaiter que le processus de Nairobi aboutisse vraiment et que des mesures énergiques soient prises dans la voie de la formation d’un gouvernement volontaire et d’une administration efficace en Somalie. Toutes choses difficiles tant que dureront les inacceptables ingérences des pays voisins dont les déclarations d’intention en faveur d’un État Somalien stable sont bien loin des arrière-pensées réelles. En formant des vœux pour un succès total de la conférence de Nairobi, nous ne pouvons cependant résister à la tentation de rappeler au régime fanfaron djiboutien, toujours prompt à tirer la couverture à lui, qu’il porte une responsabilité historique dans le prolongement et la complication du conflit somalien. Ses multiples volte face et incohérences n’auront en rien favorisé la recherche d’une solution pacifique au profit du peuple somalien frère.
De même qu’il convient de dénoncer son attitude ambiguë et calculatrice à propos du Somaliland, premier État somalien à avoir accédé à l’indépendance le 26 juin 1960 avant de s’unir quelques jour plus tard à la Somalie Italienne, devenue indépendante, malheureusement plus pour le pire que pour le meilleur. L’actuel régime djiboutien qui n’a même pas réussi en un quart de siècle d’indépendance à renforcer la cohésion nationale dans notre pays sera certainement le dernier à contribuer sincèrement à la renaissance de l’État somalien. La preuve : le gouvernement de transition dont il a parrainé les premiers pas en août 2000 a lamentablement échoué au point de se retrouver à Nairobi trois ans plus tard au tour de la même table que les Chefs de guerre… Piètre succès de la diplomatie djiboutienne.
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