Réalité numéro 52 du mercredi 21 mai 2003 |
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Alliance « La seule vraie politique est la politique du vrai » EDGAR FAURE
Républicaine
pour le Développement
Sommaire
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Directeur de Publication :ALI MAHAMADE HOUMED
Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 52 Tirage : 500 exemplaires Tél. : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
VOYAGE AU BOUT DU SUPERFLU
Il y a environ trente-cinq ans, alors que son pays traversait une profonde crise de civilisation, le Premier ministre Pompidou partait en voyage officiel en Iran et en Afghanistan : de retour à Paris, Mai 68 l’attendait fermement. Quelques jours après, c’était au tour du Chef de l’Etat de s’envoler pour la Roumanie de Ceausescu, fréquentable à l’époque : le Général a dû écourter ses bains de foule, rattrapé par la dégradation du climat social hexagonal à la suite des grèves générales décrétées par les centrales syndicales. Notre Chef de l’Etat s’est envolé il y a quelques jours pour l’Inde, sans état d’âme quant aux incidences financières de sa promenade, encore moins en ce qui concerne la détérioration de la situation politique, économique et sociale que connaît notre pays. La différence entre les deux situations française et djiboutienne n’échappe à personne : de par leur stature, ni Pompidou ni De Gaulle n’avaient besoin de s’offrir des voyages officiels intercontinentaux pour fuir les difficultés intérieures. Au demeurant, les conditions démocratiques dans lesquelles ils ont accédé au pouvoir leur interdisaient ce déni des réalités qui est, bien malheureusement, le trait essentiel de bien de « dirigeants » du Tiers-Monde.
Le fond du problème est donc là : pour certains responsables politiques aux conditions de prise et d’exercice du pouvoir pour le moins douteuses, les tournées internationales, avec tout le faste tape-à-l’œil et compassé du dispositif protocolaire, sont avant tout occasion à mystifier des peuples pas toujours satisfaits d’eux sur le plan intérieur. A cette aune, les incessants voyages intercontinentaux du Chef de l’Etat djiboutien qui, à ce rythme, connaîtra certainement mieux le reste de la planète que sa brousse locale, en disent beaucoup sur son besoin effréné de rechercher à l’extérieur une satisfaction que le contexte national ne lui procure pas vraiment.
Il est vrai que la situation nationale peut avoir pour son auguste médiation l’effet d’un épouvantail, si ce n’est d’une véritable pollution spirituelle. Chômage galopant parmi la Jeunesse, niveau de vie à la baisse, administration totalement démotivée par le marasme économique qu’aggrave le laisser-aller gouvernemental, opposition vindicative et déterminée : trop, c’est trop !
Le voyage officiel est donc pour certains hommes politiques ce que le divan du psychanalyste est à certains esprits torturés : un mouvement pour retrouver un calme intérieur quelque peu perturbé par les vicissitudes de l’existence quotidienne. Quelques millions puisés auprès d’un Trésor Public qui lutte souvent pour honorer des petites créances ordinaires, quand il ne s’agit pas de salaire, et hop : une sympathique virée au pays de Ghandi. Son modeste mausolée tout de marbre noir, rien de tel pour oublier les habitations détruites d’Obock ou de Yoboki, désespérément en quête de reconstruction par manque d’initiative gouvernementale en ce sens.
Puisse au moins la sérénité que procure la contemplation du Taj Mahal avoir quelque incidence positive sur notre politique intérieure comme pour les conditions de vie de la population djiboutienne !
Brèves nationales
Progrès des graves déficits démocratiques
Après une éclipse remarquée, « L’hebdomadaire » paraissant à l’improviste, porte-voix enroué du régime, a-t-il repris du service ? Dans son style inimitable, il s’échine à justifier l’injustifiable, avec des arguments qui en disent long sur son impuissance et son désarroi. Pamphlet de mauvaise facture, sa sous-culture démocratique le pousse souvent à se livrer à des insultes contre l’opposition, comme si les dénigrements suffisaient à contenir le mécontentement populaire.
Pire, le journal du parti unique ose affirmer qu’en Afrique les opposants contestent toujours les résultats des élections et que l’opposition djiboutienne ne déroge pas à la règle.
De quelle Afrique s’agit-il ? Notre confrère n’a-t-il pas entendu parler d’alternance démocratique dans certains pays africains ? Pour ce nostalgique des années 80, le parti au pouvoir remporte toujours les élections, l’opposition les perd toujours. Il est vrai que, comme à Djibouti, certains régimes bafouent les règles démocratiques les plus élémentaires et que, comme à Djibouti, certains Conseils Constitutionnels discréditent l’Etat de droit.Cela s’appelle le progrès à reculons. Lamentable !
DAF embastillé
depuis 30 jours
Le Président du MRD et directeur de publication du « Renouveau Djiboutien » entame sa cinquième semaine de détention illégale dans la sinistre cellule 13 à Gabode.
Outre la chaleur accablante du mois de mai, son environnement carcéral est des plus insalubres. C’est dans un nid à moustiques qu’il attend courageusement son procès prévu le 20 mai prochain.
Un avocat dépêché par « Reporters Sans Frontières » doit arriver le 26 mai pour assurer sa défense. Espérons que le régime ne prendra pas prétêxte de sa défense par un avocat venu de France pour inventer un nouveau chef d’accusation : l’antipatriotisme.
Ce procès sera l’occasion de démystifier la situation des droits de l’homme dans notre pays. Nous ne doutons pas de la ferme détermination de notre ami DAF à faire face à ses accusateurs et à gagner, enfin, la liberté.
Obock : de l’enclavement
au sous-développement durable
L’enclavement qui étouffe la ville sinistrée d’Obock est particulièrement pénible pour ses habitants en ce mois de mai caniculaire. Depuis quelque temps, la centrale électrique est défaillante et ne fournit que quelques heures d’électricité par jour. Dès vingt heures chaque soir, la ville est entièrement plongée dans l’obscurité, le fond de l’air est lourd et les moustiques font des ravages parmi la population. Contrairement à la résidence du Commissire, même l’unique dispensaire de la région n’échappe pas à ces délestages. Certaines nuits, les accouchements se font à la lumière d’une torche électrique ou d’une lampe à pétrole. Tous les soirs, les hospitalisés sont obligés d edormir dehors.
Pourquoi les pouvoirs publics se désintéressent-ils à ce point du sort de cette ville ? Attendent-ils qu’elle soit rayée de la carte pour la reconstruire ? Pourquoi le groupe électrogène offert par un philanthropique entrepreneur privé tarde-t-il à être installé alors qu’il est livré depuis plusieurs mois ? Pourquoi le second groupe, autrefois en service à Ali-Sabieh, n’y est toujours pas acheminé ? Est-ce un problème de transport ? Auquel cas, est-il interdit de demander l’aide logistique aux forces des pays amis présents sur notre sol ? Qui a programmé la mort lente de cette ville et l’abandon de ses habitants ? Dans ce district emblématique de la pauvreté durable, pourquoi laisse-t-on enfin sans salaire depuis quatre mois la trentaine de coolies récemment embauchés par le district ? Honte à la mauvaise gouvernance responsable de la mise en coupe réglée d’une région potentiellement riche et totalement délaissée.
Le Chef de l’Etat en Inde : visite de la caricature à l’authentique Démocratie
Après plus d’un mois de repos, le Boeing présidentiel a repris ses vols intercontinentaux. Le Président de la République se trouve cette semaine en Inde, la plus grande démocratie du monde et deuxième pays le plus peuplé de la planète. Cette visite au Taj Mahal et au Fort d’Agra fait suite à celles effectuées en France et en Chine, ainsi qu’aux Etats-Unis d’Amérique. Décidément, le numéro un djiboutien reste fasciné par l’infiniment plus grand, à défaut de grand dessein pour son pays, peut-être trop petit pour lui.
Reste à savoir si notre médiateur régional, à l’origine comme nul n’est censé l’ignorer de la pacification de la Corne de l’Afrique, proposera ses talents pour contribuer à la détente dans ce sous-continent indien où, depuis plusieurs décennies, une guerre larvée oppose deux puissances nucléaires à propos du Cachemire.
Histoire de mériter le futur prix Nobel de la paix.
Table ronde sur le VIH/SIDA :
enfin une gestion de vraie problématique
Dans son édition de lundi dernier, le bihebdomadaire officiel nous offre un carnet des activités gouvernementales, forcément chargé. A défaut du poids des mots, on peut y admirer le choc des photos. Notre fringant Premier ministre y semble en pole position dans la lutte contre la pandémie du SIDA, qui continue ses ravages destructeurs dans notre société.
Quant au ministre en charge de ce dossier prioritaire, celui de la Santé en l’occurrence, on le voit « lisant quelques mots » comme le dit la légende de la photo. A travers ces photos éloquentes, c’est la mauvaise gouvernance qui se donne à voir. Chez nous, cela s’appelle « la gestion de vraie problématique ».
N’ayant pas de réelles prérogatives, la primature semblait se contenter de la figuration protocolaire à laquelle l’assigne la Constitution. En tout cas ces derniers temps, elle donne l’impression d’être au four et au moulin.
La lutte contre le terrorisme international
enrichit le régime djiboutien
Sous le titre « Paris casse sa tirelire pour la base », L.O.I (La Lettre de l’Océan Indien) a publié dans son édition n°1042 du 17 mai 2003, l’article ci-dessous, consacré aux retombées financières de la base militaire française.
« Concurrencée par les Américains et les Allemands, la France a été obligée de doubler la mise de ses contributions pour maintenir sa présence militaire.
A l’issue de longues négociations de marchands de tapis, Paris a fini par accepter de quasiment doubler ses contributions à Djibouti pour le maintien de ses installations militaires et de ses facilités portuaires. Une enveloppe globale de 30 millions d’euros (34 millions $) par an a remplacé les diverses taxes payées par l’armée française et qui représentaient un montant global de 18 millions d’euros.
La France avait longtemps refusé de globaliser sa contribution, liée à sa présence militaire, afin qu’elle ne prenne pas la forme d’un «loyer». Le nouvel accord annoncé le 11 mai par l’ambassadeur de France, Patrick Roussel, s’en approche très fortement. Les autres pays africains qui accueillent des bases françaises sur leur sol, à l’instar de la Côte d’Ivoire, du Gabon et du Tchad, ne vont ainsi pas tarder à se manifester auprès de leurs nouveaux «locataires».
Le diplomate français a tenu à préciser que ce montant de 30 millions d’euros s’ajouterait à l’aide française au développement qui s’élève à environ 25 millions d’euros par an. Quant on sait que, dans un premier temps, Paris avait proposé 2, puis 10 millions d’euros d’aide exceptionnelle à Djibouti lors de la visite officielle à Paris, début octobre 2002, du président Ismai1 Omar Guelleh, on mesure le chemin par couru.
A l’annonce de cette «menue monnaie», le président djiboutien avait boudé le ministre français de la coopération, Pierre-André Wiltzer, en se faisant porter pâle. C’est le chef de la diplomatie djiboutienne qui était venu lui-même expliquer à son homologue français que la proposition était» indigne et humiliante» et que» le président préférait croire qu’il avait mal entendu’. Les «malentendants» réclamaient à l’époque 50 millions d’euros par an pour la location de la base française de Djibouti ! Sous par sous, on s’en approche. . . »
Fidèle à sa politique du bakchich, le régime semble vouloir engranger des sous dans la perspective de la prochaine présidentielle. D’ici-là, quelques cadeaux pré-électoraux sous la forme de paiement des arriérés de salaire sont prévus, mais rien qui mette fin à la misère volontairement entretenue. Nous n’avons jamais cessé de dénoncer le gaspillage de nos maigres ressources et des aides internationales organisé par la mauvaise gouvernance.
Avec un budget national en constante augmentation, le boom des activités aéroportuaires, les retombées financières de notre position géostratégique, notre pays continue de souffrir de la pauvreté durable et du sous-développement injuste. Tant que les prédateurs resteront aux commandes de l’appareil d’Etat, aucune amélioration des conditions de vie de la population n’est à espérer, tant il est vrai que les naufrageurs de l’économie nationale ne peuvent en être les sauveteurs. Seule une véritable alternance…
Le mensonge permanent (6)
6ème partie : à quoi servent les dons extérieurs ?
C’est parce que la date du 12 mai 2001 avait une importance capitale pour nous, contrairement au gouvernement du mensonge, que nous avions consacré la quasi-intégralité du précédent numéro de Réalité à cet événement national. La conférence de presse du Chef de l’Etat, couverte seulement par les médias gouvernementaux, n’a séduit aucun djiboutien. Le seul succès du régime, par rapport à l’ère Gouled, réside dans l’utilisation à outrance des médias audiovisuels : le faux doit passer en vrai pour « la populace », considère-t-on plus haut. Pour l’anecdote l’ex-URSS utilisait de la même manière ces supports pour la désinformation : les images des manifestations anti-nucléaires à l’Ouest, reprises et falsifiées, passaient, à l’Est, comme l’avant-goût d’un soulèvement contre les régimes dictatoriaux de l’Ouest, les mobilisations des travailleurs contre des mesures contraires à leurs intérêts, sous la forme d’une réelle décadence des économies capitalistes risquant d’engendrer rapidement une famine inéluctable.
Que dire donc de ces quatre années de promesses non tenues et des propos «plus qu’optimistes» du Chef de gouvernement dont les résultats visibles se résument à : l’appauvrissement accentué et à la détresse de la population, l’insécurité alimentaire et sanitaire, l’inexistence d’une administration citoyenne et responsable, le délabrement et l’absence d’hygiène dans la Capitale devenue une poubelle à ciel ouvert, le chômage et la faim des exclus vivants dans les régions de l’Intérieur ?
Il n’y a vraiment pas de quoi en être fier, si ce n’est… La vérité est que l’Education redouble, la Santé s’alite, l’Economie déprime. Et le gouvernement dans tout cela…
Amer constat d’un système qui avance à reculons dans un monde en compétition. «Shitari», il semble l’être, mais ne l’est pas du tout. Réalité concluait dans sa précédente étude : «les charges du régime en augmentation constante se trouvaient non couvertes par ses recettes propres, c’est-à-dire par les impôts et autres ressources générés par lui-même. C’est à peine si ces prélèvements douloureux pour les contribuables recouvrent l’intégralité des dépenses en personnel et en matériel de l’Etat. La solution de l’Argentier du régime dilapidateur face à l’accumulation des déficits budgétaires successifs de ces dernières années ne pouvait être que le recours aux emprunts.
Loin d’être une conclusion à la crise qui perdure, malgré le maintien de l’impôt patriotique sous une autre forme, malgré les prélèvements du 1% sur les Chiffres d’Affaires des entreprises déficitaires, malgré les retards cumulés des paiements des salaires et des factures fournisseurs, retards entretenus pour une simulation d’une trésorerie nationale progressivement confortable à l’adresse des bailleurs de fonds, etc…, ce choix politique ne fait qu’accroître la saignée des classes les plus défavorisées. Le contribuable djiboutien doit payer pour l’année en cours, 501 millions fd d’Intérêts et Frais Financiers pour le service de la dette. Ce chiffre, il faut le souligner, est en augmentation de 39% par rapport à l’exercice 2002. Quel dilemme budgétaire pour pouvoir joindre les deux bouts ?
A vouloir dépenser plus qu’on en a, on est pris dans un goulot d’étranglement. Après les impôts patriotiques, après le retard injustifié des paiements des salaires des fonctionnaires et des créances des fournisseurs, reste la solution finale pour faire de ces actifs des esclaves.
Des esclaves dont le rationnement alimentaire serait à la charge (à travers les relations bilatérales ou multilatérales) des chapitres budgétaires «sécurisantes et secouristes» de l’Onu, des Etats riches décideurs ou des instances émanant de ces derniers dont l’Onu est la première de ses institutions.
Les finances puisées au chapitre des «calmants» et de la lutte contre la pauvreté, contre la malnutrition, contre les maladies, contre les échecs scolaires, contre le travail des enfants, contre la domination de la femme, contre les mutilations génitales, contre… ne figurent pas celles relatives à la lutte contre les responsables de ces maux.
Bien au contraire, les régimes responsables de ces conditions contraires aux Droits de l’Homme sont soutenus par des injections financières dopantes pour leur pérennité et conjointement convenues pour l’immortalité des luttes contre des fléaux comme les maladies, famines (qui ne distinguent pas la nationalité, le clan, la couleur, la tribu, le sexe ni l’âge).
Cette politique douloureusement irresponsable n’a peut-être pas évalué que les centaines de véhicules 4×4 qui ne quittent jamais la Capitale et offerts par ses soins peuvent garantir la survie, la croissance et la scolarisation de plusieurs centaines d’enfants de Djibouti et des pays du tiers-monde.
Les connivences pernicieuses avec les régimes responsables et leurs ONG, canaux de transit des fonds illicitement spoliés aux contribuables des pays riches, garantissent en récompense les promotions des Représentants ayant scrupuleusement «à l’esprit l’objectif de leurs missions» dont les rapports doivent confirmer l’Avancée de la lutte contre X fléau et non son Eradication.
Cette triste réalité est contraire à celle des peuples «secourus» dans cette lutte contre des menaces indéfinies. Elle fait le bonheur de régimes crédibilisés, ne représentant qu’une poignée immensément riche et dont la fin serait identique à celle de ces dictateurs foncièrement fortunés sans et secours. Mobutu, Bédié, Saddam et bien d’autres ont fait le constat d’une fin de non-recevoir de la part de… Quelle que soit l’immensité de leur fortune, l’océan de famine et de détresse demeurera sourd aux sirènes des expropriateurs.
C’est cette co-responsabilité qui fait que le régime djiboutien profite de la manne financière de ceux qui participent à la couverture des dépenses non assurées par un système politique budgétivore. Les Dons octroyés par les Institutions Internationales et les États Étrangers représentent plus de 21% des Recettes.
Totalisant 8,8 milliards fd contre 7,3 milliards fd en 2002, ces dons des institutions internationales en augmentation semblent être destinés à des projets d’investissements ambitieux, notamment celui relatif à l’assainissement du quartier 4 pour 1,1 milliard. Ce projet, Réalité l’avait largement commenté l’année dernière. Aucune réalisation n’est visible sur le terrain, pourtant 445 millions fd avaient été affectés en 2002 pour l’assainissement de ce quartier populaire.
Concernant les aménagements des rocades urbaines, en augmentation de 300 millions fd par rapport à l’exercice antérieur, les 600 millions fd affectés au réseau routier de la périphérie de la Capitale relève de la duperie. En effet, ces axes routiers avaient été réalisés par le Japon, sauf celui concernant la route Nelson MANDELA (du Club Hippique au rond point d’Ambouli), l’aménagement de la route de Venise étant financé par un don Italien.
A remarquer aussi à la lecture des chiffres du Ministère des finances, que parmi les soutiens financiers des Institutions Internationales figure, dans le chapitre des dons affectés aux dépenses courantes, un appui au « Ministère de la Promotion de la femme » dont l’enveloppe de 75 millions fd en 2002, émanant de la Banque Africaine de Développement, a été reconduite en 2003. Il est clair ici que le Budget de l’Etat ne peut même pas financer ce ministère si cher au Président de la République, dans ses actions pour l’égalité entre les sexes.
Il en est de même pour d’autres départements comme la Chambre des Comptes dont les résultats des travaux reste dans l’opacité absolue, mais qui continue de bénéficier de la baraka des généreux donateurs pour un montant de 90 millions fd.
Nous disions plus haut que l’Education redoublait. Malgré la tenue d’un « débat national » sous le thème d’Etats Généraux de l’Education Nationale, ces assises dirigées et non démocratiques sur l’enseignement n’ont nullement amélioré les conditions de travail des enseignants, ni la scolarité des élèves, ni par conséquent la qualité de l’enseignement dispensé. Alors, l’appui attendu de la France en 2003, pour la construction d’écoles et lycées pour 267 millions fd aura-t-il un impact positif susceptible de parer à cette situation déplorable pour l’avenir des enfants djiboutiens ?
Nous connaissons tous le problème de l’eau en milieu rural. Notre confrère le « Renouveau Djiboutien » en parle souvent dans ses colonnes et évoque les détresses de nos compatriotes des régions de l’Intérieur. Et pourtant, le régime bénéficie de dons renouvelés par le Japon dans ce secteur, avec deux fois 800 millions fd. Alors à quoi ont donc servi ces fonds officiellement destinés à la lutte contre la soif ?
Quant aux dons provenant de gouvernements Etrangers, en progression de près de 250 millions fd, ils interviennent dans les recettes à hauteur d’environ 5 milliards fd. La France, à la tête du peloton des donateurs, aide Djibouti et surtout le régime pour l’assistance, la santé, le fonctionnement et le matériel de la Défense. Ce qui est inimaginable pour un pays qui doit être aidé pour le développement économique. Par ailleurs, les 2,2 milliards fd que ce pays ami affecte à l’Éducation et à la Santé interviennent pour 1/3 dans les budgets alloués à ces deux ministères auxquels le gouvernement se vante donner la priorité. Il clair ici que le régime fait peu de cas de ces secteurs sociaux, pénalisés au profit de la Défense et de la Police.
Dans ce même chapitre figurent deux dons provenant on ne sait d’ou, d’un montant global de plus d’un milliard fd et non affecté,. Nous n’avons trouvé aucune explication à ces mystérieuses dotations. Par contre, l’augmentation des dépenses de l’administration en général et du Ministère de la Défense en particulier justifie que la Démobilisation, qui bénéficie du soutien de l’Union Européenne pour 354 millions fd en 2003 et 251 millions fd en 2002, n’est sûrement pas mise en œuvre. Et pourtant…
Nous laissons au lecteur le loisir de procéder lui-même aux autres calculs qu’il peut tirer des chiffres de ces dernières semaines et de ceux à venir, par la lecture du tableau ci-dessous les recettes fiscales dégagées par l’État, directes ou indirectes, représentent 65,20% des rentrées escomptées face à des Dépenses de fonctionnement de l’État de 60,10%.
Cette différence ne justifie nullement une quelconque croissance, mais la couverture limitée avec une marge d’erreur de 5% des dépenses «Sécuritaires» d’un régime dictatorial. Les dépassements proviennent essentiellement, à lire le tableau, des recettes non fiscales, dont un mystérieux Produit Financier de l’ordre de 900 millions fd intervenant à hauteur de la moitié de ces rentrées d’une valeur de 1,8 millions fd.
Or, le pays doit supporter, outre le remboursement des Emprunts couvrant les déficits antérieurs, le paiement du loyer de l’argent, soit des Intérêts et Frais Financiers d’un montant de 501 millions fd. L’évolution est donc totalement différente entre les produits financiers nés de l’apport des placements et ceux provenant des emprunts au profit des «généreux préteurs», le rapport en millions de fd étant de 1 contre 2. Recourir aux emprunts risque d’entraîner le pays dans la dévaluation et le détachement du franc Djibouti au dollar US.
A suivre…
Tournée de l’ARD dans le Nord
DANS LES DISTRICTS DU NORD
Un peuple ARDemment mobilisé
Dans le cadre des routinières activités partisanes, l’ARD s’est rendue à Tadjourah et Obock. Une imposante délégation conduite par le 1er Vice-Président, M. Ahmed Youssouf, a ainsi sillonné le Nord de jeudi à samedi dernier. Bref aperçu de ce périple en pays profond, que les prétendus élus de la mouvance présidentielle n’osent jusqu’à présent pas entamer.
C’est dans l’après-midi du jeudi 15 mai 2003 que la délégation de l’ARD a quitté la Capitale pour Tadjourah où elle a été accueillie par une forte et enthousiaste représentation des femmes de la Ville Blanche. Celles-ci ont, pour l’occasion, quitté le four pour démontrer leur détermination militante et le rôle moteur qu’elles entendent jouer dans la conquête d’une véritable démocratie à Djibouti.
Après que le Secrétaire Général ait déclaré ouverte la réunion, le 1er Vice-Président, et Président par intérim, a pris la parole en exposant brièvement les motifs de la visite qui, outre la routine de la vie partisane, était destinée à maintenir nos militantes et militants mobilisés dans la perspective d’un plus que prochain aboutissement de la lutte légitime.
Très tôt le lendemain, ce fut le tour des notables (tous présents) d’accueillir et d’écouter la délégation de l’ARD, qui les a attentivement écoutés. Après un bref échange d’informations, les notables ont religieusement écouté et approuvé le speech bref et sincère de M. Ahmed Youssouf. Après un copieux repas offert en l’honneur de la délégation de l’ARD par une fervente membre active de l’annexe Tadjourah du Parti en son domicile, Fato Omar pour ne pas la nommer, l’ARD s’est ensuite rendue dans l’après-midi à Obock. Par la même occasion, la délégation a pu constater l’état qui laisse à désirer de la piste reliant les deux capitales régionales du Nord.
Obock est désespérément enclavée car cette piste n’est praticable que par des véhicules 4×4 en très bon état (et encore, quel rodéo !). Il n’y a plus de bac depuis belle lurette et aucun minibus ne peut se rendre à Obock par route. C’est donc la nuit tombante que la délégation est arrivée à Obock où elle a eu la désagréable surprise de constater un délestage. Tant bien que mal, la réunion prévue avec le dynamique comité de l’annexe a pu avoir lieu et s’est poursuivie jusqu’à une heure très tardive de la nuit.
La délégation a d’abord écouté le compte rendu des activités du responsable local, puis les doléances de divers intervenants. Le Secrétaire Général du Parti s’est réjoui après cet exposé du nombre croissant (après les législatives) des membres cotisants grossissant nos rangs et ce malgré les innombrables difficultés que traversent les Obockois (chômage généralisé, enclavement, absence de réhabilitation et des pouvoirs publics, etc.), mais aussi les pressions exercées par le pouvoir sur la poignée d’employés à cause de leurs activités partisanes bénévoles extra-professionnelles. Tôt le lendemain, une autre réunion s’est tenue à l’annexe ARD d’Obock entre la délégation venue de Djibouti et les responsables locaux du Parti. Les moyens de dynamiser davantage cette section furent abordés par les participants.
De retour sur Tadjourah, et après un déjeuner chez un membre aussi dynamique qu’influent, M. Mohamed Ibrahim plus connu sous le surnom d’As-Baba, les responsables de l’ARD ont tenu une réunion de travail avec les Jeunes membres du comité de l’annexe de Tadjourah.
Outre l’organisation intérieure du Parti, les conditions de vie dans ces deux districts, connaissant un taux de chômage très élevé, et victime du refus gouvernemental de réhabiliter les zones détruites lors du conflit et d’indemniser les populations dont les biens ont été pillés par les troupes gouvernementales, ont également été analysées. Partout, c’était la même condamnation unanime d’un régime insouciant devant la détresse de ses concitoyens et préférant sélectivement attirer certains à des seules fins clientélistes, plutôt que de s’atteler au vaste chantier de la Reconstruction et du Développement.
A ce titre, le sabotage dont est victime la politique de Décentralisation (ce n’est pas aux populations concernés que le régime mentira en parlant des réalisations inexistantes des Conseils Régionaux) continue de vivement préoccuper les habitants de ces districts qui attendent beaucoup de cette libération des initiatives régionales. De l’avis de tous, il n’y a absolument rien à espérer d’un régime aussi impopulaire et insouciant : ce n’est pas peu dire que l’alternance politique y est ardemment souhaitée pour que les citoyens sans aucune distinction soient enfin respectés dans toute leur dignité.
A n’en pas douter, ce sont les mêmes préoccupations que les responsables de l’ARD rencontreront dans les districts du Sud à l’occasion de la tournée prévue pour très bientôt.
Car, du Nord au Sud, c’est tout le Peuple djiboutien qui souffre de la mauvaise gouvernance d’un régime de plus en plus antidémocratique.
L’autre terrorisme
Aucun pays nulle part au monde n’est à l’abri des actes d’un fou. Que ce soit à Oklahoma-City ou dans les banlieues de Londres, de Washington D.C (serial killers) ou d’ailleurs, il est difficile de prévenir les actions imprévisibles d’un dément. Sans chercher ici à les définir, il nous semble utile de livrer en quelques mots, notre point de vue sur d’autres terrorismes, ceux dont des régimes politiques sont responsables.
New York, 11 Septembre 2001 : 3000 morts au bas mot.
Ryad (Arabie Saoudite) : 2003, 50 morts.
Moscou, 2002 : une centaine de morts.
Grozny, 2003 : une centaine de morts.
Gaza, Jérusalem, Tel Aviv 1999 : chiffres fiables non disponibles.
Casablanca, 2003 : une cinquantaine de morts.
Ce terrorisme-là, ce ne sont pas les actes de fous. Il s’agit d’actions d’un groupe d’individus qui tue consciemment, sciemment, sans discernement. C’est une réponse inadéquate à un problème réel. Parce qu’il tue des innocents, il doit être combattu.
Sur les ondes de la B.B.C et de R.F.I, ainsi que dans « La Nation », le Ministre de l’Intérieur s’est longuement exprimé sur ce sujet. Selon des sources autorisées mais non citées, notre région présenterait des risques potentiels. Une réunion spéciale consacrée au renforcement de la lutte contre le Terrorisme s’est tenue la semaine dernière à Djibouti. Un comité national, placé sous la responsabilité du ministère de la Justice, est même chargé depuis deux ans de cette lutte difficile. Les FAD, la F.N.P et la Gendarmerie sont tous mobilisés à cet effet. Stages de formation, séminaires, cellules interministérielles sont organisés au bénéfice des moins aptes et au frais de la coopération.
Tout ceci précisé, le Ministre de l’Intérieur n’a pas tort de mobiliser son ministère et sensibiliser l’opinion publique nationale sur ce sujet d’une extrême gravité pour la stabilité politique de la région et singulièrement de notre minuscule et fragile pays aux frontières poreuses et à l’attrait certain.
Nous sommes quant à nous, de ceux qui pensent que ( plus dans ce domaine que dans d’autres), « il vaut mieux prévenir que guérir ». Ce terrorisme-là est né et se nourrit de l’injustice. Appelons Orwell à la rescousse pour appuyer notre argumentation : « Que la moindre dégradation de l’Homme, infligée au moindre des hommes à des milliers de kilomètres, rejaillit sur notre vie intime en blessant notre humanité profonde. Accepter la servitude intérieure revient à entériner, et souvent à entraîner, l’esclavage d’autrui. A travers chaque cas particulier se joue l’avenir de tous. La défense de soi est indissociable de la défense de l’humanité en soi. La reconquête de l’homme est à refaire chaque matin… sur soi-même. »
Voilà ce que nous dit l’illustre écrivain britannique dans son «1984».
Vous aurez tous compris que ce qui nous préoccupe au plus haut point à Djibouti, c’est le comportement répressif et irresponsable de nos dirigeants. Au sortir d’un douloureux et ruineux conflit armé, les Djiboutiens paupérisés et meurtris, excepté un petit clan, avaient espéré des lendemains qui chantent suite à l’Accord de Paix du 12 mai 2001.
Bien qu’ayant déchanté (en sanctionnant les députés sortants le 10 janvier 2003) ils ont raison de continuer à placer en nous l’espoir de lendemains meilleurs.
C’est un bon placement car, qu’il soit bien compris que ce terrorisme-là, nous le combattrons autant que faire se peut, avec discernement, pacifiquement, inlassablement. Ces irresponsables qui nous gouvernent, parce qu’ils s’imaginent à tort être les plus forts, les plus rusés, sont en train de mener notre pays et la région vers l’indescriptible chaos que vit aujourd’hui la Somalie (pas le Somaliland). Dans ce chaos, tout le monde sera perdant.
Ces quelques lignes s’adressent principalement à tous nos partenaires politiques et économiques, car tout comme nous, eux aussi seront perdants, ne serait-ce que parce que les contribuables Américains et Européens ne souhaitent pas voir leur argent dilapidé par les choix politiques imprudents de leurs représentants.
Notre Peuple se refuse quant à lui à être le perdant collatéral d’une coopération bilatérale ou multilatérale qui serait préjudiciable à ses intérêts.
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