Réalité numéro 44 du mercredi 26 mars 2003 |
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Sommaire |
- Éditorial
- Valse des commissaires
- Brèves nationales
- La Jeunesse de Tadjourah nous écrit
- Courrier des lecteurs : à l’Est de la Syrie
- Guerre entre les images de guerre
Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED
Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD
Dépôt légal n° : 44
Tirage : 500 exemplaires
Tél. : 25.09.19
BP : 1488. Djibouti
Site : www.ard-djibouti.org
Email : realite_djibouti@yahoo.fr
Éditorial
LES VRAIS AMIS DES AMERICAINS
Estimant que seule la légalité internationale devait prévaloir dans le règlement des conflits interétatiques, la France a donc refusé de cautionner l’actuelle croisade menée contre l’Irak par les États-unis d’Amérique et leurs alliés, dont certains ont choisi l’anonymat. Les dérapages médiatiques de quelques simples d’esprit et de quelques esprits malintentionnés n’y changeront durablement rien : cette position de la France ne fait pas d’elle une puissance ennemie des Américains. Car les États-unis ont deux types d’amis.
Il y a tout d’abord les vrais, ceux qui leur sont structurellement, consubstantiellement liés par un ensemble de données culturelles, économiques et politiques. Dans ce camp figurent non seulement les puissances occidentales partageant avec eux les mêmes valeurs de civilisation, mais aussi tous les États qui, de par le monde, se trouvent résolument engagés dans la démocratisation de leurs institutions. Le Sénégal par exemple, qui ne se prête à aucune surenchère entre Américains et Français au gré des circonstances. Ceux-là savent qu’avec la fin de la guerre froide, ils peuvent compter sur les États-unis pour les aider, en contrepartie d’une libéralisation politique, à libéraliser leur économie, avec tout ce que cela peut malheureusement impliquer comme dictature du marché.
Il y a aussi les faux amis. Ceux qui se rangent inconditionnellement derrière la puissance américaine pour des raisons conjoncturelles. Dans cette cohorte hétéroclite, on trouve des États du Tiers-monde peu démocratiques cherchant, dans cette alliance, à la fois clémence politique et retombées financières. Ce n’est pas le modèle américain qui les intéresse, encore moins sa défense qui les mobilise : ils saisissent tout juste l’opportunité offerte par une administration convertissant en plus-value politique le désarroi légitime d’un peuple traumatisé par un terrorisme aveugle. Ainsi, chacun sait, par exemple, que le retour de l’USAID à Djibouti, que le Chef de l’État présente comme une grande victoire de sa diplomatie, ne peut masquer l’essentiel : cette agence américaine d’aide au développement avait dû quitter notre pays à cause de la mauvaise gouvernance.
Mais les Américains ne sont pas dupes : ils savent que parmi leurs alliés d’aujourd’hui, il y a quelques Saddam Houssein en puissance, maintenant leurs peuples dans un intolérable état de sous-développement politique et économique. Si jurisprudence il devait y avoir dans cette affaire, ce serait d’universaliser, par des voies pacifiques, l’opération « Liberté en Irak », afin de faire trembler tous les tyranneaux de la planète. Afin que l’Organisation des Nations Unies ne soient pas qu’une simple Organisation des États Unis plus soucieuse de la stabilité des régimes que du droit des peuples.
Devant cette regrettable démonstration d’unilatéralisme et de bellicisme, les vrais amis des Américains ne peuvent qu’être frappés du caractère prophétique de la lettre ouverte adressée au Président Nixon le 19 décembre 1971 par André Malraux : « Vous vous souvenez de notre conversation avec le Général de Gaule. Vous veniez d’atteindre le pouvoir et vous m’aviez fait l’honneur de me parler de la politique américaine. Je vous avais dit : les États-unis sont le premier pays devenu le plus puissant du monde sans l’avoir cherché. Alexandre voulait être Alexandre, César voulait être César ; vous n’avez pas voulu être les maîtres du monde. Mais vous ne pouvez pas vous payer le luxe de l’être distraitement. »
Espérons que la légèreté politique à l’origine de cette croisade n’aboutisse pas à l’ouverture d’une « boîte de Pandore » aux conséquences incalculables, dans cette partie du monde comme ailleurs.
Valse des commissaires
ou encore l’art du mouvement au point mort
Les commissaires de la République, chefs de district, ont vraiment la bougeotte, à tel point que les régions d’Obock et de Tadjourah ont vu chacune passer trois de ces représentants de l’État en trois ans ! Faut-il mettre cette rotation effrénée sur le compte d’un souci perfectionniste de toujours mieux faire de la part du régime ? Ou ne serait-ce, plus banalement et vraisemblablement, qu’une preuve supplémentaire de la mauvaise gouvernance persistante, sabotant encore et toujours la seule véritable condition de développement durable : la mise en place d’une réelle décentralisation ?
La Décentralisation constituait le volet essentiel de l’Accord de paix signé le 12 mai 2001 entre le gouvernement et le FRUD-armé. Nous n’entretiendrons pas le lecteur à propos des multiples violations perpétrées par le régime à tous les niveaux pour en réduire unilatéralement la portée : ce sujet a déjà été abondamment traité dans nos colonnes et chaque citoyen sait de quoi il s’agit.
Le récent changement des représentants de l’Etat dans la capitale et les deux districts du Nord nous fournit l’occasion de revenir sur cette importante réforme voulue par le FRUD-armé, car il donne toute la mesure de la préméditation gouvernementale quant à cette violation de l’Accord de paix comme de la mauvaise volonté du régime peu soucieux de promouvoir la compétence car tout aussi peu soucieux de sortir les régions de leur actuel état d’abandon.
Tout d’abord, une question peut légitimement se poser : les districts d’Obock et de Tadjourah sont-ils à ce point difficiles à gérer pour être victimes d’une rotation si rapide de leurs commissaires de la République ? Car enfin, quelle peut vraiment être l’œuvre d’un Chef de district ne séjournant qu’une seule année dans sa région d’affectation ?
La gestion du quotidien, et encore : quand on connaît la faiblesse de l’administration dans ces districts et le dénuement dans lequel ils se trouvent, il est bien évident que les administrés n’attendent aucun miracle des représentants de l’Etat aussi démunis.
D’autant plus que, quelle qu’aurait été l’ambition personnelle, somme toute légitime, d’un commissaire désireux de laisser une empreinte positive, il est volontairement mis par le pouvoir central en situation d’impuissance. N’ayant à sa disposition que le strict minimum pour verser les salaires de ses rares agents, il ne peut initier aucun projet de développement régional durable parce tout simplement ce n’est pas ce qui lui est demandé.
Il suffit, pour s’en convaincre, de penser à tous les problèmes que ces Chefs de district rencontrent dans leur souci de consciencieusement tenir à jour les registres d’état civil ou de recenser tous ceux de leurs administrés cherchant vainement à obtenir leurs cartes d’identité nationale.
Surtout que les habitants de ces régions durement affectées par le conflit savent pertinemment que les programmes de réhabilitation et d’indemnisation tardent à venir, depuis 1995 pour certains, parce que le régime, conformément à sa politique de la misère, ne semble apparemment pas en voir la nécessité.
En second lieu, il est révélateur de relever à quel point, bien que son inefficacité ait été largement démontrée, même à l’occasion du pompeux « séminaire sur l’action gouvernementale », l’organisation territoriale héritée de la colonisation (c’est-à-dire, un modèle d’action autoritaire ayant peu de considération pour le libre choix des administrés) continue d’avoir la préférence du régime.
Alors que la puissance coloniale sélectionnait ses administrateurs dans un corps spécifique et spécialisé, il est remarquable que l’État djiboutien n’ait absolument pas cherché à mettre sur pied un véritable corps d’administrateurs dotés d’une formation spécifique. Vingt-cinq ans après notre Indépendance, la nomination de commissaires issus d’autres secteurs administratifs ( quand cela est le cas) et n’ayant pratiquement aucune compétence dans l’administration territoriale, démontre à quel point l’aménagement décentralisé du territoire et la prise en compte effective, à la base, des aspirations régionales, constituent la dernière préoccupation du parti au pouvoir.
Cette constance à accorder le monopole des décisions au seul pouvoir central est la preuve que les mentalités du parti unique conditionnent encore les pratiques gouvernementales.
Ce qui est amplement démontré par le bilan négatif des « conseils régionaux » dont le mode de (non) fonctionnement s’explique par le fait que leurs membres sont nommés par l’Exécutif et non pas choisis par les administrés : ils n’ont de compte à rendre qu’à une instance qui ne leur demande rien ! C’est pour cela que les administrés attendent en vain un quelconque rapport sur les réalisations de ces « conseils régionaux » : circulez, il n’y a rien à voir !
Enfin, il n’est pas étonnant que, dans ces conditions, les élections régionales promises pour le mois prochain, soient apparemment reportées à des jours meilleurs pour le régime : après sa cuisante défaite aux législatives du 10 janvier dernier, il est improbable que la mouvance présidentielle prenne aussi rapidement le risque d’un nouveau et massif désaveu populaire. Non seulement parce que le Peuple n’a pas fait son deuil de sa victoire en se résignant à la spoliation dont les listes de l’UAD ont été victimes, mais surtout parce le mobile de cette spoliation se profile à l’horizon : la présidentielle de 2005. La mouvance présidentielle n’a été décrétée « victorieuse » que pour assurer la victoire de qui elle s’autorise !
C’est pourquoi les administrés d’Obock et de Tadjourah n’attendent aucun miracle de cette rotation des commissaires de la République, chefs de district : quand le régime méprise leur volonté en détournant aussi frauduleusement le verdict des urnes, il y a tout lieu de penser que son représentant dans le district ne sera pas « atypique » et ne dérogera pas à cette ligne de conduite gouvernementale.
Autant que la volonté populaire, c’est le développement des régions qui est victime de la chasse aux sorcières sectaire ou de la tombola partisane qui président à la disgrâce des uns ou à la promotion des autres.
En effet, cette « restructuration » ne s’est pas faite dans un souci d’efficacité : à voir ceux qui ont été promus, on peut se demander quels services opaques ils ont rendus au régime, alors que ni leur bilan passé ni leur action présente ne plaident en leur faveur.
Quant à ceux qui ont été « remerciés », ce n’est pas toujours leur incompétence qui est en cause, mais souvent leur manque de zèle, à un moment où le pouvoir avait particulièrement besoin de leur coup de main partisan. tout cela démontre bien qu’en haut lieu les considérations sectaires et l’esprit de coterie priment sur la compétence et l’intégrité dans les nominations et les punitions des agents de l’État. Dans les semaines qui viennent, nous aurons l’occasion d’apprécier à sa juste mesure l’amélioration des conditions de vie des habitants des districts d’Obock et de Tadjourah, à la lumière ténébreuse de l’entrée en fonction de leur commissaire respectif. Chacun connaît les heureux promus : celui d’Obock est un enfant du pays qui n’a absolument aucune connaissance de l’administration territoriale.
Comme celui de Tadjourah, anciennement à Obock, où il n’a visiblement laissé aucune réalisation digne d’être mentionnée : La Ville Blanche, frondeuse par nature, sait bien qu’étant un des leurs, son nouveau commissaire ne lui apportera aucune amélioration concrète, malgré sa bonne volonté. Tout juste lui sera-t-il demandé, dans la logique policière qui prévaut, de mieux « quadriller » les habitants de la région pour le compte du parti unique. L’ancien commissaire, dont la compétence professionnelle et l’implication personnelle étaient largement reconnues aurait, semble-t-il, été sacrifié par pure animosité épidermique de certains représentants de la « nouvelle génération ».
Enfin, à Djibouti ville, qui peut sérieusement penser que l’ancien trésorier payeur général du Trésor Public durant les années fastes du régime, contribuera mieux que son prédécesseur à la salubrité et à la prospérité perdues de notre Capitale ? Là aussi, plus que les qualités de gestionnaire d’une Capitale, ce qui semble être attendu du nouveau Chef du district de Djibouti, c’est qu’il contribue, du haut de son piédestal inespéré, à rallier les mécontents de sa « mouvance »… de plus en plus nombreux.
C’est à ce gâchis de nos rares richesses naturelles et ressources humaines qu’il est urgent de mettre fin. L’UAD s’y emploie résolument.
Brèves nationales
La rue djiboutienne en effervescence : qui manifeste contre qui ?
Depuis que la rue des pays arabes a décidé de protester contre la guerre en Irak, les autorités djiboutiennes qui, d’habitude, ont une peur panique de toute manifestation de rue, ont-elles, elles aussi encouragé une petite marche contre l’agression anglo-américaine ?
Cette petite manifestation a eu lieu en fin de matinée dimanche 23 mars 2003 et les médias officiels l’ont largement couverte. Le lendemain, ce sont quelques centaines de jeunes qui ont récidivé en s’attaquant aux forces de l’ordre à l’avenue Cheik Houmed.
Dans une riposte disproportionnée, ces dernières auraient fait usage de gaz lacrymogènes et de balles réelles. Bilan : plusieurs blessés, dont deux sérieusement, hospitalisés au service de réanimation de Peltier.
Dans la journée de mardi, les collégiens sont redescendus dans la rue en brûlant des pneus et en jetant des pierres contre les policiers de plus en plus nerveux.
Cette fois-ci, la guerre en Irak ne semble plus constituer la préoccupation première de ces jeunes et le pouvoir s’inquiète… des débordements d’une manifestation qu’il ne contrôle plus. L’insécurité reprend-elle ses droits ?
Les retraités du GCF de nouveau sans pension.
Les retraités de l’ancien Groupement Nomade Autonome (GNA) devenu Groupement Commando des Frontières (GCF) au lendemain de l’Indépendance, se retrouvent aujourd’hui sans pension.
Après avoir fait valoir leur droit à pension au terme d’une longue bataille administrative auprès des autorités djiboutiennes et françaises, ces dernières ayant fait admettre à l’Etat djiboutien ses obligations envers les anciens du premier corps de serviteurs locaux en armes de ce qui deviendra la République de Djibouti.
Voilà donc que ces pensionnés, au nombre de 644 ( retraités et veuves) se voient à nouveau nier leur droit à pension par la Caisse Nationale de Retraite, la CNR. Cela fait maintenant plus de cinq trimestres impayés. Les intéressés ont saisi et ressaisi le Premier ministre, le Ministre de l’Emploi et de la Solidarité Nationale, le Ministre des Finances, ainsi que le Chef de l’Etat. En vain, aucune réponse n’est venue. C’est tout simplement incompréhensible, car ces pensionnés ont régulièrement cotisé des années durant et ont légalement droit à pension. D’où leur cri de détresse que nous relayons dans ces colonnes.
Obock : grève du personnel soignant
La malheureuse ville d’Obock, depuis longtemps oubliée par le pouvoir djiboutien, n’en finit pas de compter ses problèmes : chômage, précarité, enclavement, insalubrité constituaient déjà son lot quotidien. A ces difficultés de vivre est venue s’ajouter depuis plus de dix jours, une grève du personnel de santé du seul véritable dispensaire du district.
Dans l’indifférence générale, les Obockois ne sont donc plus soignés et les ruraux des alentours s’inquiètent aussi de cette situation. Le personnel médical aurait déclenché cette grève pour l’amélioration de ses conditions de travail exigeant, entre autres le paiement des primes de garde non versées des mois de septembre, octobre et novembre de l’année dernière. En outre, leurs salaires n’auraient pas été versés depuis quatre mois. Mais ils savent bien que cela n’est pas de la faute de leur Ministre de tutelle.
A l’heure où le régime procède à la valse des commissaires, plus dans un souci sectaire que d’efficacité, les Obockois continuent de souffrir plus que jamais de la mauvaise gouvernance. Nous demandons aux pouvoirs publics de se pencher sérieusement sur la détresse du personnel de la santé et, par voie de conséquence, sur les malheurs d’Obock, ville plus que jamais enclavée et sinistrée.
Randa-Day : week-end présidentiel politico-bucolique
Initialement prévue pour la première semaine de janvier 2003, et reportée en raison des difficultés du camp gouvernemental dans cette région, l’inauguration du projet d’adduction d’eau du Day aura finalement lieu le jeudi 27 mars. Une nuée de courtisans et autres carriéristes accompagnent le Président de la République pour marquer l’événement. Dans la foulée, la centrale électrique de Randa sera mise en service. Le pouvoir, qui a été sévèrement sanctionné dans cette région aux dernières élections législatives, espère y redorer son blason, mais rien n’est moins sûr. Ce sont de véritables décentralisation et réhabilitation qu’attendent les populations qui ont souffert du conflit.
Elles savent que leurs problèmes ne seront pas résolus en ce week-end de fête et de bakchich annoncée, mais par une politique volontariste de reconstruction à l’échelle de toute la région de Tadjourah. Après la déroute de ses partisans au Day et à Randa, le Chef de l’Etat semblait mécontent de ces localités ; son timide retour à Arta, où il ne se rendait plus depuis trois ans, était présenté comme un abandon de son pharaonique projet (agropastoral ?) du Day.
Le week-end prochain, nous en saurons plus.
La LDDH enfin légalisée.
La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH), fondée le 9 mai 1999 et qui fonctionnait jusqu’à présent sur la seule base du récépissé délivré par le ministère de l’Intérieur le 26 décembre 2001, vient enfin d’être officiellement légalisée par insertion au Journal Officiel du 31 décembre 2002, curieusement mis en vente en février 2003. Pauvre administration !
Nous félicitons très sincèrement son Président pour cette légalisation tardive, tout en l’encourageant à poursuivre sans relâche son juste combat pour le respect des droits de l’Homme dans notre pays.
La Jeunesse de Tadjourah nous écrit
Nous avons reçu le sympathique courrier qui suit de nos jeunes militants de Tadjourah, résolument déterminés à faire activement respecter le verdict des urnes.
LA VILLE BLANCHE ET SA JEUNESSE
100% UAD
La Ville-Blanche est plus que jamais déterminée à soutenir l’espoir de tous les Djiboutiens, dans leur Combat pour sauver notre Pays qui est malade de sa classe politique dirigeante.
La Ville-Blanche a dit OUI ! au programme de l’UAD et à ses dirigeants, conduits par le Père de la Nation, Ahmed Dini, et par l’espoir de la Jeunesse djiboutienne, DAF.
La Ville-Blanche et toutes les localités de l’Intérieur, Sagallou, Randa, Ideyta, Day, etc. ont dit NON ! aux mensonges de l’UMP et à leurs dirigeants qui distribuent des T-shirts et du khat.
La preuve : les programmes de l’UAD est toujours affiché sur tous les murs et les poteaux de la ville. Par contre, l’UMP n’a affiché aucun programme, à part les photos de ses six candidats. On ne trompe pas le Peuple avec des photos. Le problème de la jeunesse ne se résout pas avec des T-shirts et du khat, ce que Dilleyta ignore encore.
Aujourd’hui, plus de 60% de la Jeunesse a moins de 25 ans, ce ne sont pas les chefs coutumiers que M. Dilleyta a convoqués à la résidence du Sultan qui comprennent les problèmes de la Jeunesse du 21ème siècle.
Dilleyta se trompe encore quand il n’écoute pas les doléances de la Jeunesse, qui représente plus de la moitié de la population.
D’ailleurs, il n’a rien à dire, si ce n’est que pour apporter son emballage de mensonge. La Ville-Blanche et sa Jeunesse, dans toutes les localités de l’Intérieur, soutiennent l’UAD à 100%.
Comme l’a dit le très dynamique président du MRD, DAF, vive la Ville-Blanche ! Vive cette belle Jeunesse.
Nous vous réserverons toujours un accueil aussi chaleureux.
La Jeunesse de Tadjourah
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Réponse : Merci pour ce dynamique message de soutien, qui est bien celui d’une Jeunesse dont la mobilisation constante au service du changement fait l’admiration de tous nos concitoyens. Nous vous encourageons à poursuivre votre juste combat, qui est le notre, en faveur de toute la Jeunesse de notre pays, pour un avenir meilleur aux côtés des forces du changement que sont l’ARD, l’UDJ, le MRD et le PDD. L’UAD est fière de sa Jeunesse et reste convaincue que l’avenir lui appartient. Nous vous rendrons bientôt visite.Vive la Jeunesse verte de l’UAD ! LA RÉDACTION
Courrier des lecteurs : à l’Est de la Syrie
Je suis un universitaire djiboutien et bien qu’opposant, je ne milite pas activement à l’ARD. Pourtant, je suis lecteur assidu de votre organe de presse qui, quoique politiquement situé, n’en garde pas moins la mesure dans les propos et une distance dans le traitement et l’analyse des informations. Je vous serais reconnaissant d’insérer dans vos colonnes, au cas où vous l’estimez digne, ce point de vue qui n’engage que ma petite personne.
S’adressant à l’Amérique et au monde, le 43ème Président des Etats-Unis d’Amérique, dissertant sur la lutte contre le terrorisme, parle de « croisade ». Lapsus linguae révélateur d’une intention inconsciente ? Que nenni ! Il s’empresse d’expliciter sa pensée, à l’occasion de la visite d’une mosquée, dans un speech œcuménique destiné à rassurer les américains de confession musulmane.
Au lendemain de l’odieux attentat au Boeing contre les tours du World Trade Center, ils étaient nombreux, les WASP (White Anglo-Saxon Protestants) plutôt bon chic que bon genre, à manquer de discernement dans une réaction de vengeance contre les supposés complices confessionnels de ce crime contre l’humanité. Quelque temps plus tard, avec l’aval et la bénédiction de l’ONU, et la solidarité agissante de l’opinion publique internationale, les Etats-Unis sous mandat et vote unanime du conseil de sécurité, ont défait le seul soutien et asile officiel d’Al Qaïda dont l’écrasante majorité des membres sont parqués à Guantanamo et traduits en justice sous l’unique instruction du juge militaire américain.
La poignée encore en fuite continue d’être à juste titre pourchassée et traquée dans la région. Fort bien ! Depuis cinq jours, les mêmes Etats-Unis d’Amérique sont engagés dans une guerre disproportionnée et hors légalité internationale contre l’Irak. Contre l’Irak seulement ?
Cette question mérite d’être posée au regard des prétextes invoqués pour le déclenchement de cette guerre (liens avec Al Qaïda, désarmement d’un Etat qualifié de voyou possédant des armes de destruction massive, mais aussi et sans rire la « libération de l’Irak). Si l’on suit cette logique, cette guerre devrait s’étendre de manière indéfinie dans le temps et géographiquement illimitée à tous les Etats remplissant ces vagues critères (ils sont nombreux) ou susceptibles de les remplir (encore plus nombreux !)…
A Djibouti, nous serons certainement les derniers à regretter la plus que probable disparition du parti Baas et de son chef en Irak. Ne serait-ce que parce que nous avons failli en être victimes au tout début des années 90, suite à la signature d’un accord secret (Baas/RPP) portant sur la circulation transfrontalière et le « règlement des problèmes de nationalité ».
Cela peut paraître aberrant, car même si les progrès technologiques (Internet, satellites, téléphones cellulaires, diffusion radiotélévisée des informations en temps réel) ont fait de notre planète un petit village, elles n’en ont pas modifié pour autant la distance géographique entre la Mésopotamie et la Corne orientale de l’Afrique… Il n’y a pas, que l’on sache, d’Afars ou Somalis nomadisant sur les rives fertiles du Tigre et de l’Euphrate, pas plus qu’il n’y a de chiites ou de Kurdes, menaçant la stabilité de Djibouti. Alors que signifiait cet accord sur la circulation transfrontalière ?
Le RPP, qui ne manque pas de suite dans les idées récidivistes a, au surlendemain de la chute du DERG, signé avec l’Ethiopie un accord de défense (secret comme il se doit) portant après quelques volets conjoncturels sur la « circulation transfrontalière et le règlement des problèmes de nationalité ». Décidément !
L’avant-veille de l’ultimatum, Saddam Houssein lance un appel à la guerre sainte. Appel au Djihad ? Lui ? Ridicule ! Il a tué à lui seul, chez lui et à ses frontières, davantage de musulmans (sunnites et chiites confondus) que n’en ont tué les Croisés lors des guerres religieuses.
Vendredi dernier, à l’occasion d’un prêche enflammée contre « les coalisés », un imam égyptien a crû reconnaître dans la pénétration des chars Abrams en territoire irakien, le déluge de bombes sur Bagdad et l’ « arrogance mécréante de Bush fils », l’apparition de l’Antéchrist !Citant à l’appui de ses imprécations un hadith du Prophète (PSL) qui aurait prédit que l’Antéchrist apparaîtrait « à l’Est de la Syrie, sur la route de l’Irak.. »
Ces discours va-t’en-guerre du Président américain, le bellicisme ciblé des faucons américains, ouvrent la porte à toutes les interprétations, tout comme les prêches défensifs des imams emportent à tort ou à raison l’adhésion d’un grand nombre de musulmans à travers le monde. Le tout étant favorisé par la perte de repères consécutive à la fin de la guerre froide. Sachons raison garder !
Car il suffit d’ouvrir l’œil, le lucide, et le garder ouvert, pour s’apercevoir que les enjeux de cette guerre sont ce que l’on veut sauf religieux et intemporels.
Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer les professions de la palette d’experts appelés à la rescousse par les médias (les seuls que nous entendons pour d’évidentes raisons linguistiques) pour éclairer de leurs commentaires l’Histoire immédiate. Il y a là des économistes, des experts militaires, des orientalistes,… mais le plus sollicité de tous, et ce n’est pas fortuit, est sans conteste Pierre Terzian, qui dirige la revue spécialisée intitulée « Pétrostratégies ».
Lors de la première conférence de presse accordée à Doha, capitale du Qatar, par le général Tommy Francks, chef d’état-major interarmes de la coalition, on apprend au détour d’une réponse, que cette guerre était sérieusement « étudiée par le Pentagone » depuis quelques années, en clair juste après le 11 septembre.
Programmée depuis belle lurette, cette guerre obéit donc à des impératifs politiques différents, mais complémentaires, de deux puissances. La seule puissance militaire (nucléaire) dont les fondements idéologiques menacent la stabilité de la région et du monde : Israël. Et bien sûr la seule superpuissance qui compte, les Etats-Unis (contre qui ?), protecteurs inconditionnels de la première.
Israël, obnubilé par sa sécurité, cherche par tous les moyens à détruire son ennemi palestinien (qu’elle s’est créée) et à neutraliser ses soutiens politiques réels ou supposés qu’elle multiplie de façon exponentielle par son intransigeance et sa paranoïa. Pour ce faire, elle a détruit une centrale nucléaire énergétique (Osirak) à Tamuz, pulvérisé dans la banlieue de Tunis le quartier général de l’OLP qu’elle a chassée quelques années plus tôt de Beyrouth. En toute illégalité, en toute impunité ! Il est vrai que c’était du temps de la guerre froide. Secrètes, minutieusement préparées et surtout diaboliquement efficaces, ses opérations avaient au moins le mérite (la guerre froide aidant) de ne pas entraîner le reste du monde dans une guéguerre perdue d’avance.
Pour en revenir à notre sujet, Israël n’a jamais fait mystère, afin d’élargir son périmètre de sécurité « vital » autour de ses frontières, de ses intentions de « disloquer les entités étatiques constituant une menace potentielle pour ‘’Eretz Israël’’ ». De là à insinuer que cette guerre fut inspirée aux Etats-Unis par l’Etat sioniste, il y a un pas que je me garderai bien de franchir.
Et les Etats-Unis ? Pourquoi s’engagent-ils dans cette guerre ? L’ivresse (qui confine à la folie) des grandeurs, avec le sentiment, l’illusion d’invulnérabilité qu’elle procure chez tous les puissants qui y cèdent ? Peut-être ! Mais pour rester objectif, il y a aussi et surtout cette odeur (enivrante il est vrai) du pétrole et le pouvoir d’en maîtriser directement ou indirectement la production, c’est-à-dire l’offre, donc d’influer ( à la baisse bien entendu) sur son prix (à la pompe, la facture énergétique du plus industrialisé des pays.
Ainsi, nous apprenons en pleine guerre qu’un appel d’offres de 900 millions de dollars américains est d’ores et déjà lancé à l’appétit des seules sociétés américaines pour l’extinction des puits de pétrole en feu dans le Sud de l’Irak sous contrôle des coalisés.
Pour ce qui est de la future reconstruction de l’Irak, nul doute que les compagnies américaines sont en pôle position pour s’adjuger ce marché.
A.M
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COMMENTAIRE
A quelques réticences près relatives aux références religieuses, il nous semble que votre analyse ne manque pas de pertinence. Merci donc de votre aimable contribution, en souhaitant que notre destin national vous inspirera tout autant que la situation internationale. Avec ou sans référence religieuse. LA RÉDACTION
Guerre entre les images de guerre
Tout événement, du plus anodin au plus dramatique, n’existe pour la conscience qu’en fonction de la construction, de la mise en scène, qui lui confère une visibilité : la médiatisation de l’actuelle guerre contre l’Irak n’échappe pas à cette loi. Si la couverture médiatique de ce conflit a surtout démontré l’absence d’une télévision francophone de dimension internationale, il est bien évident que chaque partie, en conflit ou spectatrice (engagée), présente au téléspectateur des facettes présélectionnées d’une réalité complexe : selon quels critères ?
Les motivations de la télévision irakienne ne sont pas difficiles à cerner. Média d’Etat dans un régime dont le respect du pluralisme audiovisuel n’est pas la vertu principale, elle est au service d’une légitime défense contre une agression sans aucune légalité internationale. En exhibant des cadavres ou des prisonniers américains, sa mission est donc claire et double : traumatiser les esprits occidentaux (américains en tête) en montrant une guerre sale et galvaniser les masses arabo-musulmanes (dont les siennes) en exaltant une résistance autant patriotique que religieuse.
Les télévisions américaines ne font généralement pas plus preuve d’objectivité, tant elles sont résolument engagées aux côtés de leurs troupes. CNN en tête, elles cherchent quant à elles à justifier la guerre en offrant surtout aux téléspectateurs des images censées démontrer à la fois l’incontestable supériorité des coalisés, l’attente messianique d’un peuple irakien opprimé et le caractère chirurgical des attaques répondant aux impératifs d’une « guerre propre » et du « zéro mort ». Toute tentative de présentation des faits ne répondant pas à ces critères est implacablement neutralisée : les envoyés spéciaux d’une chaîne américaine l’ont appris à leurs dépens, puisque leurs cassettes ont été confisquées !
Les médias des parties en conflit ne peuvent donc être considérés comme des sources fiables d’information même, en certaines circoonstances malheureusement, la respectable BBC, jusque-là peu suspectée de manquement à la déontologie journalistique, son service somali mis à part, spécialement en ce qui concerne les informations relatives à notre région.
Pour ce qui est des médias issus de pays ne participant pas au conflit, on peut les classer en deux catégories : les grandes chaînes occidentales qui s’efforcent, autant que faire se peut, de ne pas être victimes des inévitables manipulations des parties en conflit, et la nouvelle chaîne «Al Jazira» du Qatar.
La récente apparition de la chaîne « Al Jazira » dans l’univers médiatique international essentiellement propulsée grâce à son monopole sur la diffusion des cassettes de Ben Laden et de la couverture de la chute du régime taliban en Afghanistan, constitue dans ce conflit une source a priori intéressante pour tout téléspectateur (surtout lorsqu’il ne maîtrise que la langue arabe) soucieux de diversifier ses sources. C’est véritablement, dans son traitement spécifique de l’information, le seul média d’envergure internationale digne de ce nom dans le monde arabe. Malheureusement, le quasi-monopole que lui a accordé le régime irakien sur certains champs de bataille, nuit aux yeux de ses collègues à la crédibilité de ses images. Bien qu’ « Al Jazira » ne doive ce privilège qu’au seul souci irakien de mieux toucher les masses arabophones pour mieux susciter leur adhésion affective.
Les mondes arabe et ango-saxon étant relativement bien représentés, la couverture de cette guerre contre l’Irak a donc mis en évidence une nécessité absolue : celle de la création d’une télévision francophone à vocation mondiale, tant dans son fonctionnement que dans ses centres d’intérêt. Elle constituerait un renfort inestimable au rayonnement d’une vision francophone des relations internationales que cherche à promouvoir la Francophonie et lutterait plus efficacement contre la marginalisation des locuteurs de langue française dans l’espace médiatique international.
Mais un tel projet se heurte à un obstacle de taille : quand on sait que, par déficit démocratique structurel, certains Etats arabes en sont venus à fermer leurs ambassades à Doha pour remettre en cause l’indépendance de la chaîne « Al Jazira », on est en droit de se demander si un tel média francophone pourra résister aux injonctions de nombreux Etats concernés n’accordant pas une telle liberté à leurs propres médias nationaux. Comme le disait lui-même un journaliste de cette chaîne, la confrontation démocratique des idées, déjà largement inexistante dans la culture arabe, est de surcroît étouffée par la nature des régimes à dominance patrimoniale.
Pour le moment, les images de guerre en provenance d’Irak se font la guerre, pour convaincre un téléspectateur mis, bien malgré lui et souvent en violation des conventions de Genève relatives aux prisonniers de guerre, en demeure de choisir entre deux postures l’une plus inacceptable que l’autre.
Nous aurions préféré nous passer d’un tel conflit et de telles images, sans oublier enfin de nous poser la question de savoir si, en définitive, ce conflit ne sera pas moins meurtrier que l’injuste embargo onusien qui frappait le peuple irakien depuis plus d’une décennie.
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