Réalité numéro 43 du mercredi 19 mars 2003 |
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Sommaire |
- Éditorial
- Vote permanent par la mobilisation
- Promotion de la bonne gouvernance et des droits humains : état des lieux.
- Guerre contre l’Irak : offensive de charme militaire avant l’offensive militaire
- Communiqué de presse de l’UAD (1)
- Communiqué de presse de l’UAD (2)
Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED
Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD
Dépôt légal n° : 43
Tirage : 500 exemplaires
Tél. : 25.09.19
BP : 1488. Djibouti
Site : www.ard-djibouti.org
Email : realite_djibouti@yahoo.fr
Éditorial
La paix souhaitée : oui !
La soumission imposée : non !
« La Paix et la Justice sont aussi inséparables que le souffle et la vie » proclame l’Accord-cadre signé à Paris le 7 février 2000 entre le FRUD-armé et le gouvernement. C’est-à-dire que l’une n’est concevable qu’en présence de l’autre. Il s’agit autant d’une conviction que d’un constat : sans Justice, il n’y a pas de Paix.
Vouloir imposer une soumission par la peur et l’impuissance généralisées, par la pratique méthodique de l’injustice en lieu et place de la paix par la justice, a toujours été la dangereuse lubie des régimes autoritaires à travers l’Histoire. Rejeté par les contemporains de ces régimes et condamné par les postérités, l’autoritarisme a toujours mal fini.
Car, dès que l’injustice devient un instrument de pouvoir entre les mains d’une lubie d’inspiration et au service d’un parti pris sectaire, elle fait perdre à l’institution judiciaire, dont elle utilise titres et prérogatives, ses caractéristiques de sacralité et de dignité qui soutiennent sa fonction. Au lieu d’utile, elle en devient nuisible et constitue une des causes des révoltes.
Nous parlons si souvent de la Justice parce que justement sans elle, non seulement aucun Etat ne peut durablement exister, pas plus qu’aucune société organisée et pacifique. C’est pourquoi nous l’avons solennellement enregistré dans nos accords avec le gouvernement, explicité dans nos interventions lors des Etats généraux de la Justice, repris et développé en diverses occasions dans cet hebdomadaire. Autant de sonnettes d’alarme tirées devant le danger imminent représenté par la déliquescence d’une Justice djiboutienne apparemment capable d’incarcérer ou condamner un opposant pour « diffusion de fausses informations » rien que pour avoir écrit une évidence pas très loin de celle qui veut que « le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest », ou posé une question à tel haut gradé sur le coût financier d’une construction ou enfin dénoncé une brutale mise à la retraite au lendemain des élections législatives du 10 janvier.
Et, pendant ce temps, la plus totale impunité continue de couvrir les privilégiés et autres protégés civils ou militaires coupables de toutes sortes de délits plus ou moins graves, dont certains mériteraient d’être déférés devant le Tribunal Pénal International pour « exécutions massives et sommaires de blessés et prisonniers de guerre le 24 février 1992 à Yoboki » !
Quel est donc ce régime qui refuse la Paix par le rejet des accords l’instaurant, comme par l’instrumentalisation de la Justice, qui utilise les chefs des forces armées comme de simples commissaires politiques d’une milice du Parti au pouvoir, ce qui est interdit par tous les textes pertinents ?
Il est grand temps que ce régime se ressaisisse, avant que les agissements partisans et politiciens de certains officiers ne provoquent la naissance d’une autodéfense encore inconnue chez nous jusqu’ici, et avant que la déchéance de la Justice n’engendre le chaos.
Vote permanent par la mobilisation
L’urne transparente de la rue
Quand l’Opposition unie bat le rappel, le peuple djiboutien répond présent. Deux mois après les fraudes électorales du 10 janvier, la mobilisation permanente contre l’usurpation et pour le respect du verdict des urnes vient de franchir un degré supplémentaire avec le succès du meeting pacifique de vendredi dernier. Preuve que l’UAD constitue la force politique majoritaire et incontournable de notre pays, face à un régime qui, faute d’une réelle assise populaire, a perdu toutes légitimité et crédibilité.
Depuis le rejet de notre requête en annulation des législatives du 10 janvier et la réaction mesurée de l’UAD à cette décision infondée du Conseil Constitutionnel, le régime prédateur et ses figurants mal élus se mettaient à rêver de lassitude et de normalisation. C’est mal connaître la détermination de l’opposition nationale et la profondeur des attentes populaires.
Aussitôt après la diffusion de notre communiqué de presse du 23 février 2003 condamnant la décision du Conseil Constitutionnel, les militants de l’UAD ont entrepris un intense travail de mobilisation et d’explication dans la capitale et les districts de l’intérieur. Ces activités de sensibilisation, l’opposition les a menées comme à son habitude sans tambour ni trompette. Le meeting pacifique de vendredi dernier à l’avenue Nasser se voulait l’expression de cette mobilisation permanente contre le hold-up électoral et l’arbitraire.
Dès 16 heures ce jour-là, une véritable marée humaine a convergé vers le lieu du meeting. Venus de tous les quartiers populaires, des milliers de militants et sympathisants de l’UAD écoutaient les chants partisans diffusés par une puissante sono. Chaleureusement ovationnée dès son arrivée par une foule disciplinée et déterminée, la direction de l’UAD est montée sur le podium vers 16h 30.
Les dirigeants de l’UAD se sont alors succédé à la tribune pour dénoncer la décision arbitraire du Conseil Constitutionnel, tout en réaffirmant leur ferme volonté de continuer la lutte jusqu’à la victoire.
Chaque meeting étant l’occasion de démontrer le vote réel en faveur de l’UAD, l’opposition qui est fermement portée par la rue est désormais décidée à la tenir informée chaque fois que cela sera nécessaire. Si jusque là les choses se sont plutôt bien passées, cela démontre aussi la capacité de l’UAD à tenir ses troupes.
Mais, avec l’aggravation de ses conditions de vie, le peuple commence à perdre patience et les provocations incessantes d’un régime pratiquant une chasse aux sorcières insensée à l’encontre des partisans du changement, ne sont certainement pas de nature à apaiser les esprits ou enraciner la lutte pacifique jusque-là privilégiée par l’opposition.
Faisant allusion au nouveau contexte de malaise politique créé par la spoliation électorale du 10 janvier, les orateurs de l’UAD, constamment à l’écoute du peuple, ont tous estimé qu’une telle situation ne pouvait perdurer. Une façon de rappeler à ce régime pratiquant la fuite en avant que la réalité le rattrapera tôt ou tard.
Evoquant l’impasse politique actuelle, le Président Dini l’a expliquée par la déliquescence de l’Etat. « Ce régime insouciant et incapable a fait disparaître toute notion d’Etat. La faillite de l’Etat se reconnaît à l’existence de trois indices révélateurs : ses responsables ne respectent pas leur parole, ses forces de l’ordre n’accomplissent pas leur véritable mission républicaine, ses caisses sont vides. Comment un Etat peut-il fonctionner si ses dirigeants mentent effrontément, si les forces normalement destinées à combattre les délits en commettent elles-mêmes en toute impunité ? Enfin, quel développement est possible si les caisses de l’Etat restent désespérément vides ? »
Ce passage de son discours a été particulièrement applaudi, bien que prononcé en maintes occasions. Ce qui signifie certainement que les djiboutiens, lassés de la misère dans laquelle les maintient le régime prédateur, ne font absolument plus confiance au pouvoir actuel pour les sortir de cette situation.
L’affluence exceptionnelle qu’a connue ce premier meeting organisé après le rejet de notre recours prouve, s’il en était besoin, que nos compatriotes, loin de se résigner à l’arbitraire, sont de plus en plus déterminés à faire respecter leurs droits de choisir librement leurs dirigeants.
Nul doute que leur volonté finira inévitablement par triompher, tant est totale la fermeté de l’UAD pour l’imposer. D’autant plus que chaque réunion publique, comme celle du 14 mars 2003, constitue un vote par présence physique. Apportant l’approbation de la politique choisie par l’UAD, prodiguant l’encouragement à la poursuivre avec le soutien actif de l’ensemble des électrices et des électeurs.
Ces citoyennes et ces citoyens savent parfaitement qu’ils n’ont pas choisi par leur vote ceux qui prétendent les représenter en usurpant titres et fonctions pour lesquels le Peuple ne les a pas désignés.
Cette illégitimité se trouve infiniment aggravée par une incapacité notoire à bien gérer nos affaires publiques : le résultat, c’est la ruine économique et le naufrage social.
Trois ans après le retour de la Paix définitive, notre pays reste exsangue, mais cette fois, le pouvoir ne peut plus imputer la responsabilité de sa mauvaise gouvernance à la guerre civile qu’il a lui-même inutilement prolongée.
Notre pays mérite mieux que la démocratie virtuelle et son corollaire, les fraudes perpétuelles. Face à l’immobilisme et à l’obscurantisme, nous continuerons à brandir le flambeau de la mobilisation permanente. Jusqu’au triomphe inéluctable du Droit sur l’arbitraire.
Promotion de la bonne gouvernance et des droits humains : état des lieux.
Signé en juillet 2002, un document UNDAF (Fonds des Nations unies pour l’Assistance au Développement) rassemble « les grandes priorités retenues en commun avec le gouvernement et coordonnées avec la société civile d’une part et avec les partenaires internationaux multilatéraux et bilatéraux d’autre part, autour de quatre domaines coopération… ». Le deuxième volet de cette coopération, intitulée « Promotion de la bonne gouvernance et des droits humains » retiendra cette semaine notre attention. Observateurs vigilants de la gestion du bien public ainsi que du suivi des engagements écrits par le gouvernement avec nous ou d’autres, nous avons jugé nécessaire d’en tirer, huit mois après sa signature, un premier bilan provisoire quant à son application concernant ce volet.
Sans nous appesantir sur des considérations générales, il ne nous semble pas inutile de rappeler quelques faits sur la coopération (lato sensu) et son exécution depuis l’Indépendance dans différents domaines d’utilité publique.
Nous avons déjà eu l’occasion de rappeler que Djibouti a été, suite à la conférence des donateurs en 1983, le pays le plus aidé par tête d’habitant. En dehors des infrastructures portuaires et aéroportuaires, et le remarquable développement de l’outil de communication, il ne subsiste rien ou presque des projets qui ont retenu le financement des donateurs.
L’avortement de ces projets (PK20, usine d’aliments de bétail, laiterie, etc.) ou la faillite des sociétés d’Etat préexistantes (Air Djibouti) entre autres) ne seraient pas uniquement dues à la mauvaise gouvernance. Ni l’élite post-coloniale, ni la coopération multilatérale ne semblent en avoir tiré les enseignements qui s’imposent.
Que le système des Nations Unies continue malgré tout de coopérer avec notre pays et ses administrateurs (restons polis) procède, croyons-nous, d’une bonne intention d’autant qu’elle s’avère utile, à défaut d’être efficace et déterminante. En effet, bon an mal an, le Programme Alimentaire Mondial déverse sur Djibouti des dizaines de milliers de tonnes d’aide alimentaire, dont une grande partie serait, à en croire des sources autorisées, la proie de charançons d’Etat. Tout comme le PNUD et l’UNICEF colmatent ici ou là les brèches laissées béantes par les choix budgétaires irrationnels de nos décideurs politiques.
Enfin, au regard du sort que réserve l’actuel gouvernement (comme ses prédécesseurs d’ailleurs) à ses engagements écrits et le peu de cas qu’il fait des lois qu’il édicte sans les appliquer, nous avons toutes les raisons de rester dubitatifs quant à l’application de ce plan-cadre. Si notre Peuple a depuis longtemps désespéré de raisonner ses dirigeants (qu’il vient de sanctionner…), ce qui nous intéresse ici, c’est le suivi qu’en fait (en en fera) le système des Nations Unies.
Car, pas plus que la coopération bilatérale, qui ne se fait plus qu’au compte-gouttes, la coopération multilatérale n’a pas vocation à être sinon dilapidée, du moins inefficace.
Examinons à présent le domaine de coopération n°2, intitulé « Promotion de la bonne gouvernance et des droits humains » qui constitue l’objet de notre article. Le premier résultat qui en est attendu est « le renforcement des institutions publiques de bonne gouvernance ».
On peut lire (page 7) que « les autorités oeuvrent dans ce contexte à ce que les institutions en charge de l’élaboration et de l’exécution des lois et règlements, ainsi que les juridictions, soient pleinement en mesure de remplir leur mandat et satisfaire au respect inaliénable du système juridique ».
En écho, à la noblesse des intentions et engagements écrits, répond la délinquance des pratiques étatiques. Nous savons les fonctionnaires des Nations Unies tenues à un devoir de réserve, c’est pourquoi aucun haut fonctionnaire ni organisme du système des Nations Unies n’est ici interpellé
Nous n’en sommes pas moins curieux de savoir la lecture que le système onusien officiant à Djibouti fait des derniers événements politiques survenus dans notre pays.
En quoi le Conseil Constitutionnel, par sa composition, son mode de fonctionnement et surtout le jugement expéditif qu’il vient de rendre concernant notre recours en annulation, sans instruction ni en droit ni en fait, remplit-il son mandat et satisfait-il pleinement ou pas au « respect inaliénable du système juridique » et au « renforcement des institutions publiques de bonne gouvernance » ?
En quoi le tribunal administratif, qui n’a jamais siégé depuis 1996, contribue-t-il à la réalisation des objectifs suscités ?
La chambrette des comptes dont les comptes rendus et appréciations sont confidentiels et privé, puisque destinés à l’attention du seul Président de la République, participe-t-elle vraiment à la recherche de la transparence et à la lutte contre la criminalité financière des cols blancs ?
La récente décision du tribunal condamnant le directeur de publication du journal « Le Renouveau Djiboutien », organe de presse du MRD, pour délits de presse (libre ?) à six mois d’emprisonnement avec sursis et 200.000 FD d’amende, est-elle de nature à « renforcer le processus démocratique en cours dans le pays, avec pour objectif de favoriser le développement de la diffusion de l’information comme facteur important dans la définition des capacités de choix pour les citoyens » ? (Voir communiqués en page 7 et 8). Ce directeur de publication n’a fait que poser une question au Général Fathi Ahmed Houssein sur la cohérence entre le projet qu’il prétend vouloir réaliser et l’enveloppe financière qu’il sollicite à cet effet.
La loi sur la Décentralisation telle qu’adoptée et dénaturée en toute illégalité par la précédente Assemblée Nationale, s’inscrit-elle dans son esprit et sa lettre, dans « l’optique de la consolidation de la décentralisation et de la participation des citoyens à la vie publique » ?
S’il est explicable que le système des Nations Unies fasse preuve de discrétion et de circonspection pour ne pas prêter le flanc à des critiques ou des reproches d’ingérence dans les affaires propres au gouvernement local, il est par contre surprenant de le voir financer en partie ou en totalité des opérations soit engagées sans nécessité, soit alors sans résultat bien que ses réalisations aient été indispensables.
Exemple : la réhabilitation des zones affectées par la guerre civile. Pas un logement n’a été reconstruit ou réparé à Yoboki ou à Obock, cités largement détruites par le conflit pour la première ou pillées par les forces gouvernementales pour la seconde.
Et comment ne pas s’apercevoir que la distribution de l’assistance alimentaire fournie par le PAM est confiée à des dirigeants locaux du parti RPP qui en font des dons partisans refusés à tous ceux suspectés de sympathie pour l’opposition. Comment tolérer un tel chantage ?
Étant donné que les États ou les institutions internationales ne traitent qu’avec les autorités légales du pays hôte ou récipiendaire, il semblerait que c’est la nature du régime politique de ces autorités et les méthodes de gestion pratiquées par elles qui dominent ces relations. Dans ces conditions, les bienfaits que ces institutions internationales apportent à notre pays sont quelque peu amoindris, sinon annihilés, par la soumission de ces institutions au régime local, qui en retire soutien et légitimité.
Alors que la vocation de ce système des Nations Unies est d’aider le pays à soulager les misères du peuple victime de la mauvaise gouvernance, et non pas de renforcer celle-ci en passant dans ses moules.
Il faudrait absolument comparer continuellement le résultat obtenu à l’engagement apporté et ne pas se contenter de la prose et de la statistique bureaucratiques qui ne sont pas très souvent l’exact reflet de la réalité concrète.
Guerre contre l’Irak : offensive de charme militaire avant l’offensive militaire
En violation du droit international, les Etats-Unis et leurs alliés (Djibouti) se préparent à lancer une offensive de grande envergure contre l’Irak pour, officiellement, détruire son potentiel militaire et démettre ses dirigeants. Dans cette perspective, l’armée américaine a procédé à une opération « portes ouvertes » pour présenter à la presse nationale ses capacités technologiques comme sa mission historique. toutefois, parce qu’il est difficile de faire de l’information avec des militaires n’ayant pas, par définition, à justifier des décisions politiques qu’ils ne doivent qu’appliquer, il est utile de présenter le contexte général de cette nouvelle croisade militaire.
Les crises successives des années 1970 qui ont porté un coup dur à la croissance et au plein emploi des pays occidentaux ont été un élément majeur du déséquilibre économique des pays industrialisés et simultanément de l’évolution du monde vers une situation bien différente de celle de l’après-guerre et des indépendances des pays du Sud.
Le monde allait connaître une multiplication des guerres. La chute du mur de Berlin consécutive à l’effondrement du bloc de l’Est, aboutissait à une remise en cause de l’équilibre de la géopolitique internationale. La fin de la bipolarisation des relations internationales imposait dès lors les Etats-Unis d’Amérique comme la seule superpuissance planétaire.
« Tempête du désert », l’invasion de l’Irak, en janvier 1991, par les forces alliées aux Etats-Unis n’était autre que la continuité logique du « Nouvel Ordre Mondial » (dixit G. BUSH Senior). La situation mondiale, depuis, n’a fait que s’embourber et générer guerres, exodes et famines, sans pour autant que l’ambiguïté de cette guerre contre l’Irak ne mette fin à « la nuisance du potentiel militaire » de Saddam Houssein. Seulement, la résolution 660 obligeant l’Irak d’évacuer le Koweït en fut l’unique succès palpable.
Cette guerre de 1991 fût aussi, porteuse d’une réelle dévaluation du Droit International et officialisait davantage les massacres et autres répressions inhumaines particulièrement au Proche-Orient et principalement en Palestine, au mépris des multiples résolutions onusiennes à l’encontre d’Israël. Le responsable de la tuerie de Sabra et Chatila, aujourd’hui Ariel Sharon à la tête de l’Etat Hébreu procède encore et au quotidien à l’épuration du peuple palestinien, profitant du mutisme des grandes puissances.
C’est donc dans un tel contexte de violence au quotidien, sur fond de crises, ou aussi la mondialisation obère les quelques acquis des pays les plus vulnérables, que débute le troisième millénaire dans une spirale d’attentats et de guerres aux limites infinies.
L’odieux attentat du 11 septembre 2001 démontrait qu’un degré venait d’être franchi dans les actions terroristes. Dès lors, la première puissance du monde veut châtier les coupables et leurs complices. Elle a stigmatisé certains comme étant des « Etats-voyous ». Après l’Afghanistan, le démantèlement partiel de « l’Axe du Mal » et l’occupation de son territoire, suit l’Irak qui, selon les Etats-Unis, demeure toujours nuisible après les frappes de 1991 et l’embargo économique imposé dès le lendemain.
Cependant, cette croisade contre l’Irak cache d’autres desseins non-avoués, bien que la formation d’une coalition des forces internationales derrière les Etats-Unis n’arrive toujours pas « à accorder sa musique », d’abord diplomatiquement pour parvenir à une résolution pacifique du conflit, ensuite militairement pour donner une certaine cohérence à aux forces coalisées présentées comme ultime solution contre Saddam Houssein.
Alors qu’un consensus semble prévaloir quant à la nature du régime de Bagdad, l’absence d’unanimité sur la nécessité du recours à la force, au sein même du Clan Sécuritaire Onusien, ne peut certainement pas donner une quelconque légitimité aux États-unis et à ses alliés pour une invasion de l’Irak, au regard du Droit International.
Située sur la route du pétrole, à l’entrée de la Mer Rouge (qualifiée de « Lac arabe » par certains pays de la région), la République de Djibouti est devenue, depuis le 11 septembre 2001, un point névralgique de la géostratégie américaine, dans sa lutte contre le terrorisme.
Certes, ce choix est une aubaine pour le régime connaîssant une crise politique, sociale et financière et considéré comme entouré de repaires terroristes, notamment en Somalie, au Yémen, au Soudan, etc…
Par conséquent, Il est certain, Djibouti est depuis deux ans devenue dans cette partie du monde à la porte du Moyen-Orient, un poste d’observation de premier ordre.
Outre la présence des forces françaises sur le sol djiboutien, d’autres forces s’y sont installées notamment les Américains, les Allemands et les Espagnols.
En ce moment, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et de l’imminence de la guerre contre l’Irak, depuis son arrivée à Djibouti, l’Etat-Major militaire américain a jugé indispensable d’inviter toute la presse nationale et internationale, les 15 et 16 mars, tant au Camp Lemonnier que sur le bâtiment de guerre USS Mount Withney.
Après le Camp Lemonier, « Réalité » comme le reste de la presse nationale et internationale a été conviée sur le navire USS Mount Whitney, poste de commandement des Forces Alliées dans la Corne de l’Afrique, par le Major-Général John F. Sattler, Commandant des forces de la coalition contre le terrorisme.
Le bâtiment USS Mount Whitney a son port d’attache à Norfolk, en Virginie. Avec un équipage de 560 personnes, il fut le premier navire de la marine de guerre US à accueillir des femmes à son bord. C’est une véritable ville flottante qui dispose d’équipements électroniques de communication les plus avancés. Capable de transmettre et de recevoir des données sécurisées de et vers n’importe quel lieu du globe, ce navire dispose également de moyens de défense et d’attaque les plus performants. Avec une autonomie en eau et nourriture pour une période de 45 jours, sa centrale électrique produit 75000 kw, une énergie capable d’alimenter une petite ville.
Commandé par le Capitaine David W. Prothero, ce navire est le Poste de Commandement de la coalition des forces internationales contre le terrorisme pour la Corne de l’Afrique, et sous l’autorité du Major Général John F. Sattler.
Organisateur de cette journée portes ouvertes de l’armée américaine, le Général Sattler est un homme qui a accompli une brillante carrière dans la Marine américaine et y a occupé les plus hautes responsabilités. Il est titulaire des plus hautes distinctions de ce corps et son expérience est reconnue. Après avoir été Directeur-Adjoint des Opérations dans le combat contre le terrorisme en 1998, il fut muté dans le US Marine Corps comme Directeur des Relations Publiques. En juillet 2001 il a la charge de Commandant Général de la 2ème Division de la Marine au Camp Lejeune avant d’être choisi en octobre 2002 comme Commandant des forces internationales dans la Corne de l’Afrique.
C’est avec beaucoup de fair-play que le Général Sattler a accepté de répondre aux questions de la presse.
Le contingent américain à Djibouti est d’un total de 1300 soldats dont une proportion de 20 à 40% de femmes, selon les métiers. « Notre présence et celle des forces coalisées de 6 (six) pays à Djibouti obéit, explique-t-il, à la lutte contre le terrorisme ». Les forces américaines sont temporairement ici, au maximum 3 ans, comme l’a d’ailleurs expliqué le Secrétaire à la Défense M. Rumsfeld, lors de sa tournée à Djibouti. Est-ce la raison pour laquelle, l’armée américaine ne s’est pas du tout investie dans la construction de dur, préférant vivre sous des tentes ?
Cependant, se refusant à répondre à toutes les questions relatives aux finances engagées par son Etat dans le pays d’accueil, l’armée américaine, estime-t-il, contribue directement par les aides aux plus défavorisés et contribuera davantage au bien-être de la population djiboutienne. D’ailleurs, employant déjà plus de 400 djiboutiens, l’armée américaine interviendra très bientôt dans le domaine économique et social, en faisant des sorties dans la Capitale. Sorties qui serviront à relever le commerce local et en même temps à permettre aux soldats d’avoir des relations directes avec la population du pays hôte.
La mission des forces américaines dans la région est de quatre ordres :
– Détecter les éventuels terroristes dans la région,
– Décourager les terroristes, les traquer,
– Une fois arrêtés, traduire ceux-ci devant la justice,
– Travailler pour la stabilité de la région et des membres de la coalition.
Les forces américaines travaillent directement avec les Etats de la région, forment leurs soldats et autres services de renseignement dans la lutte contre le terrorisme. Ils ont déjà formé dans la collecte de l’information des Djiboutiens, des Yéménites, etc., ce qui donnera à la coalition la capacité de pouvoir réunir l’ensemble des pièces du puzzle dans la région, avant de procéder au démantèlement d’éventuels réseaux terroristes.
« La lutte engagée contre le terrorisme est une gigantesque mission » affirme le Général Sattler. « L’armée américaine doit collaborer avec les pays de la région pour obtenir le maximum d’informations avant d’entreprendre le démantèlement des terroristes. Car, répète-t-il, les États-unis ne peuvent pas jouer seuls les gendarmes partout dans le monde ». En tant que Commandant des forces alliées, il s’est rendu plusieurs fois en Éthiopie, au Soudan, en Érythrée, et dans tous les autres pays de la région.
Concernant un éventuel débarquement des forces alliées en Somalie, le Général Sattler a précisé qu’aucun élément de ses forces, ni celles de ses alliées ne s’est aventuré dans ce pays. Par ailleurs, les États-unis n’encouragent et n’encourageront pas les forces éthiopiennes à faire des incursions en Somalie. Par contre des agences d’information existent partout, mais pas des militaires.
La Corne de l’Afrique et le Golfe d’Aden constituent une zone sensible. Les forces américaines, par la formation des éléments de ces pays, doivent contribuer à la sécurisation des ports, notamment celui de Djibouti, auquel une attaque terroriste porterait un sérieux coup à l’économie.
A la question de savoir si les divergences importantes sur la guerre contre l’Irak entre la France et les États-unis remettaient en cause la coalition des forces dans cette région, le Général Sattler répond aucunement et que la collaboration avec les Français resterait intacte, idem pour les autres pays membres de l’alliance.
Après cette interview du Général Sattler suivie d’un déjeuner sur le bateau, les journalistes ont été invités à visiter le centre de communication ultra-sophistiqué. Le centre nerveux du navire qui, avec ses 15 spécialistes de tous les domaines, de la communication à l’ingénierie en passant par la météorologie, travaillent par équipe sur les données à envoyer ou à recevoir à travers le monde. Une salle qui rappelle les films de science-fiction…
La visite a continué sur les matériaux de détection, d’inspection, d’observation, d’attaque et de riposte pour prendre fin à 16 heures.
Cette opération portes ouvertes est intervenue 24 heures avant le fiasco diplomatique des grandes puissances sur la guerre contre l’Irak. Les Etats-Unis et l’Angleterre persistent pour affirmer que l’Irak disposerait d’armes de destruction massive allant du nucléaire aux armes chimiques. L’heure de Vérité est venue a estimé le Président Bush, et tout monde s’accorde à reconnaître qu’il y a eu un échec dans les deux camps, celui de la résolution pacifique du problème irakien et celui de l’usage de la force.
Cependant, il est à noter que l’échec revient d’abord à l’ONU, qui depuis sa création n’a pu jouer son rôle de régulateur des problèmes mondiaux en raison des influences des Super-puissances et des puissances du globe. Etre pour la guerre ou contre la guerre, les dés sont jetés. La guerre est imminente et risque de commencer avant le week-end djiboutien, avec toutes ses conséquences dans la région concernée et dans le monde.
Déjà, à Djibouti, le peuple s’inquiète des conséquences économiques.
Nous ne pouvons que regretter que l’ensemble des solutions pouvant sauver le peuple irakien n’ait pas été épuisé.
Qu’Allah préserve l’humanité ! Amin.
Communiqué de presse de l’UAD (1)
UNION POUR L’ALTERNANCE DEMOCRATIQUE
(ARD, UDJ, MRD, PDD)
Djibouti, le 15 mars 2003
COMMUNIQUE DE PRESSE
Suite à la décision infondée du Conseil Constitutionnel rejetant son recours en annulation des législatives du 10 janvier 2003, le meeting pacifique de l’UAD du 14 mars courant a été, comme prévu, un grand succès.
En réaction à cette mobilisation générale, le régime a répondu dès hier soir 22 heures par la provocation en procédant à l’arrestation du Président du Mouvement pour le Renouveau Démocratique et le Développement (MRD) M. Daher Ahmed Farah dit DAF.
M. Daher Ahmed Farah est placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Gabode sous le prétexte des « délits de presse » suivants : atteinte au moral des troupes et diffusion de fausses nouvelles.
L’UAD dénonce cette arrestation arbitraire ainsi que toutes les pressions et intimidations dont sont victimes les responsables de l’Opposition depuis les législatives du 10 janvier dernier.
Assurée de la solidité de son unité d’action ainsi que de l’inutilité des pratiques répressives cherchant à saboter ses actions pacifiques, l’UAD :
1) Exige la libération immédiate et inconditionnelle du Président du MRD, M. Daher Ahmed Farah.
2) Prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur la nature de ce régime ne respectant ni la liberté de la presse, ni les engagements souscrits dans le cadre de l’Accord de paix du 12 mai 2001, ni le verdict des urnes, ni enfin les droits fondamentaux de la personne humaine.
L’UAD prendra toutes ses responsabilités face à cette provocation inacceptable et arbitraire.
Communiqué de presse de l’UAD (2)
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