Réalité numéro 113 du mercredi 17 novembre 2004 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 113 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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EDITORIAL
UN MUR PEUT EN CACHER UN AUTRE
Le plus grand hommage qu’un dirigeant disparu puisse recevoir, c’est bien sûr celui rendu par ses concitoyens. A cette aune, l’hystérie dans laquelle s’est déroulé jeudi dernier à Ramallah l’enterrement de Yasser Arafat montre à quel point il était l’espoir vivant des Palestiniens.
Le protocole diplomatique, actualisé par la communication en temps réel, exige aujourd’hui que tous les Etats du monde réagissent à ce genre de drame. Reconnaissons au moins aux Etats-Unis et à Israël le mérite de la sincérité : le décès du leader historique de la Cause palestinienne ne les a pas déçus outre mesure. Bien au contraire, imputant le blocage du processus de paix à la seule dimension psychologique du regretté Yasser Arafat, ces deux Etats se réjouissent de ce que sa disparition laisserait augurer d’une ère aussi nouvelle que radieuse pour le Proche-Orient, à condition bien sûr, précisent-ils, que la nouvelle équipe de l’Autorité Palestinienne soit capable de se montrer à la hauteur de ce qu’ils attendent d’elle, une sorte de capitulation qui consiste à reconnaître le mur érigé pour morceler le futur Etat palestinien et enfermer ses habitants.
Dans le Tiers-Monde, la crédibilité des hommages officiels varie selon deux paramètres : la constance du soutien apporté à l’OLP d’une part, la nature du régime d’autre part. Car nul n’ignore que rares sont les pays dont l’engagement aux côtés des Palestiniens ne souffre d’aucune hésitation, le soutien se limitant généralement à la rhétorique diplomatique. Pour ce qui est du second aspect, du fait de la résistance quotidienne à l’oppression sioniste, force est d’admettre qu’il existe en Palestine une société civile et une vie démocratique que certains régimes despotiques seraient tentés de voir comme de dangereux exemples, potentiellement contagieux.
Mais le sommet des hommages indécents est certainement celui rendu par le régime djiboutien : trop gros pour être honnête. Non pas que le Peuple Djiboutien, fervent musulman et épris de liberté, pour avoir été lui-même colonisé, ait trouvé superflu le deuil national de quatre jours décrété à cette occasion : au moins n’a-t-il pas eu à supporter un discours d’Aïd-el-Fitr déconnecté de sa réalité. C’était le moindre des gestes de compassion envers le Peuple frère palestinien. Non, c’est la nature du régime lui ayant rendu cet hommage qui pose problème. Ainsi, lorsque le communiqué de condoléances émanant de la Présidence djiboutienne ose affirmer que « son combat était le nôtre», il y a malaise. Certes, nul ne demandera à un pays dont le Budget national est incapable de payer à temps ses fonctionnaires d’aider financièrement la Cause palestinienne. Mais que des hommes d’affaires israéliens (non-arabes) aient pu un jour investir à Djibouti dans un fumeux projet agricole, en joint-venture avec un enfant du régime, il y a comme une intolérable hypocrisie. Et une trahison somme toute compréhensible, étant donné les caractéristiques du pouvoir en place fondé sur une indicible usurpation.
Car, « Jusqu’à présent, poursuit le communiqué présidentiel, les innombrables résolutions, engagements, initiatives et processus de paix destinés à résoudre le conflit interminable du Proche-Orient demeurent pour le moins rhétorique ». Il serait tentant d’y rétorquer à l’instar de son prédécesseur : « Qu’au-tu fait » dans le cadre de ton propre conflit interne ? Ce qui est terrible, c’est que l’on retrouve dans le régime djiboutien certains traits des pires systèmes oppressifs. Pas seulement avec celui de la Côte d’Ivoire, violeur lui aussi d’un accord de paix et dont les dérives fascisantes inquiètent à juste titre le Président Chirac. Ici, même s’il n’est pas en béton armé, il existe malheureusement un mur de la honte que le régime dresse entre des concitoyens, déjà au niveau du droit inaliénable qu’est celui d’avoir une nationalité, par son refus de délivrer sans ségrégation des pièces d’identité ou des actes de naissance. Et qui oublie ici que le regretté Ahmed Dini, auquel un tel hommage posthume a été refusé, était accusé par ce régime de constituer une entrave personnelle, physique et psychologique, à la consolidation du processus de paix en République de Djibouti ? Comme était accusé Yasser Arafat !
Tout cela, le Peuple Djiboutien le sait parfaitement qui, sans donner crédit à une propagande officielle cherchant même à récupérer une visite de ce dernier dans notre pays, rend intimement hommage à la grandeur de l’un comme de l’autre. Parce que, pour lui comme pour le Peuple Palestinien, la Lutte continue.
Brèves nationales
Tadjourah :
Le PDD dénonce les provocations policières
Dans un communiqué de presse diffusé le 11 novembre dernier, le Parti Djiboutien pour le Développement (PDD) s’insurge contre les menées provocatrices du pouvoir dans le district de Tadjourah. Le Président de cette formation politique membre de l’UAD, M. Mohamed Daoud Chehem, a interpellé le Ministre de l’Intérieur en ces termes : « Depuis la mainmise de l’Opposition sur Tadjourah, Ville-Blanche, le pouvoir ne cesse d’intimider les militants de l’opposition en général et ceux du PDD en particulier, par le biais d’un officier de la Police nationale, qui a un passé douloureux dans la région. Se sentant jouir de l’impunité, il continue la provocation dans la même région en passant outre ses prérogatives.
Le PDD, soucieux de la paix civile, demande au Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation de mettre fin à cette provocation.»
Décidément, les mauvaise habitudes répressives, qui se sont renforcées durant le conflit civil, ont encore du mal à s’estomper chez certains militaires et policiers. La paix civile n’est donc encore qu’illusion.
Le régime plane au-dessus des drogues :
L’ecstasy s’installe à Djibouti
Dans son édition de jeudi dernier, le journal gouvernemental «La Nation» a eu le courage d’évoquer un sujet véritablement tabou dans notre société : l’usage de la drogue. Mais le lecteur est certainement resté… en manque : il est en effet difficile de traiter des stupéfiants quand aucune politique publique n’est initiée pour réduire la consommation de khat. La gêne semble telle que le nom de cette drogue n’est même pas mentionnée (de couleur jaunâtre apprend-on) par l’article en question, alors que sa provenance est clairement mise à l’index : la Somalie via Loyada. Voie terrestre qui est loin d’être la seule : le port de Djibouti étant internationalement réputée pour accueillir des trafics en tous genres.
En fait, la substance dont les effets ravageurs augmentent au sein de la jeunesse désœuvrée serait, selon toute vraisemblance, de l’ecstasy, nom commun d’une molécule connue sous le nom barbare de MDMA (3,4 méthylènedioxyméthamphétamine), synthétisée pour la première fois en 1912 à des fins militaires. Ses effets sont tellement graves à court terme que même son utilisation médicale a été interrompue et son usage proscrit partout dans le monde.
Faisant partie de la catégorie des nouvelles drogues, l’ecstasy se présente sous la forme de comprimés de couleur variée et, parce que sa fabrication est clandestine, d’autres composants s’y mêlent, tels qu’analgésiques, anabolisants, hallucinogènes et même du savon ! Consommé en Europe lors des soirées raves et dénommée « la pilule de l’amour », à Djibouti c’est la jeunesse essentiellement au chômage et à la recherche d’un paradis artificiel au plus bas prix qui s’y adonne. L’ecstasy agit sur trois hormones du cerveau : la dopamine, la noradrénaline et la sérotonine. Celles-ci se manifestent à leur tour sur le centre du plaisir, le cycle de l’éveil et du sommeil, sur l’humeur, les émotions et les fonctions sexuelles. Si le drogué est immédiatement plongé dans un profond état de béatitude et d’ataraxie, les études menées sur le court terme démontrent que l’ecstasy est une substance neurotoxique provoquant de terribles lésions cérébrales augmentant les risques de développer la maladie de Parkinson.
Est-ce parce que ce nouvel opium du peuple anesthésie toute velléité de contestation sociale de la part de ces défavorisés que le régime ne s’est jamais préoccupé de ce fléau ? Ou bien est-ce parce que l’importation et la commercialisation de l’ecstasy impliquent, selon toute vraisemblance, certains de ses courtisans ?
Un débarcadère à Sagallou :
Pour quel développement ?
Sagallou, gros village côtier situé à une quarantaine de kilomètres au sud de Tadjourah, sera-t-il bientôt doté d’un mini port de pêche ? Des sources bien informées dans la région indiquent que des travaux de construction d’un débarcadère devraient prochainement démarrer sur le bord de mer.
Lequel débarcadère devant servir de mini port d’attache aux bateaux des pêcheurs de cette localité. A notre connaissance, les rares pêcheurs de ce village pratiquent une pêche de subsistance et ne disposent pas de pirogues leur permettant de capturer le poisson au large. Quelques jeunes venus de Tadjourah sur des embarcations de fortune (planche) fréquentent cette côte bien poissonneuse.
Aussi, il est fort à craindre que ce futur débarcadère soit en priorité destiné au débarquement de l’illustre touriste en campagne, cherchant à accoster son yacht pour rejoindre le Day par la piste de Garenlé toute proche.
Le candidat à sa propre succession pourrait ainsi profiter de la mer et de la montagne chaque week-end. Une nouvelle manière de faire campagne entre la ville et la brousse en ces temps difficiles pour le leader de l’ex-parti unique. C’est le mécénat version despotisme nonchalant.
Der-Elwa :
La soif est toujours là
En raison d’une soif persistante dans le secteur de Der-Elwa, situé à une quinzaine de kilomètres au sud de Yoboki, hommes et bêtes ont été contraints de se déplacer vers le forage de Hanlé I. Selon nos informations, la motopompe du forage de Der-Elwa serait hors service depuis quatre mois faute d’entretien convenable.
La population n’a pas manqué d’alerter à plusieurs reprises les autorités administratives du district de Dikhil au sujet de la panne de ce moteur vital pour le fonctionnement du forage. Pourtant, une équipe de dépannage du Génie Rural composée de trois agents disposant d’un véhicule 4×4 existait jusqu’en 2002 dans ce district.
Dans les milieux administratifs de Dikhil, on affirme que le ministère de l’Agriculture aurait fait l’acquisition d’une nouvelle motopompe destinée à remplacer celle défaillante de ce forage. Qu’attendent donc les pouvoirs publics en général et le ministère concerné en particulier pour livrer dans les meilleurs délais le moteur en question ? Les nomades qui ont dû quitter cette zone à cause de la soif pourraient ainsi retrouver leurs aires d’habitation traditionnelles.
Mouloud du RPP :
Ventres pleins, digestions difficiles
Les rassemblements du parti au pouvoir en période de Ramadan sont généralement l’occasion de festoyer aux frais de l’Etat, dans une ambiance plus politicienne que religieuse. Cette année, le Mouloud célébré mardi dernier restera dans les annales comme un des plus coûteux pour le contribuable djiboutien.
Au menu : méga bouffe et broutage d’enfer. Le khat à lui seul aurait coûté plusieurs millions de nos francs. Pendant que les dignitaires et leurs obligés convoqués à cette cérémonie politico-religieuse digéraient difficilement à l’ombre d’un portrait géant du candidat officiel, le candidat solitaire festoyait à l’autre bout de la ville dans sa modeste résidence, en compagnie d’invités modestes aussi. Au siège central du Mocambo, le Premier ministre s’est fendu d’un discours qui a en fait bailler plus d’un. Tentant de rassurer ses troupes, il a esquissé le bilan des tournées partisanes du Ramadan, affirmant devant ses auditeurs incrédules : « Partout où nous sommes passés, nous avons été accueillis à bras et cœurs ouverts » . Alors que le secrétaire général du RPP invitait urbi et orbi à réfléchir sur les dures conditions d’existence de ses coreligionnaires partout dans le monde.
Décidément, personne n’était venu à cette soirée de ripailles pour écouter la vérité. Malheureusement, tous ou presque savaient que toutes les tournées effectuées par leur vice-président durant ce mois béni du Ramadan n’ont convaincu personne. Tant dans les districts d l’Intérieur que dans la Capitale, la population a largement démontré qu’elle était fatiguée du mensonge officiel. Les seuls bras qui se sont ouverts l’ont été pour le khat, les cœurs eux sont restés fermés.
Obock :
Un parc à bétail sans bétail ?
Un curieux ouvrage récemment terminé intrigue les Obockois, éternels oubliés du développement durable version RPP. Ainsi, depuis quelques mois, un enclos dénommé parc à bétail trône sur le plateau à quelques kilomètres à l’ouest de cette ville. Ce projet aurait été financé par le bailleur de fonds national, la Présidence en l’occurrence, pour y regrouper le bétail à vendre. Sa construction terminée, l’endroit reste douloureusement vide de bétail. Gageons que le candidat à sa propre succession n’hésitera pas à inaugurer ce misérable enclos lors de son prochain passage dans ce district.
Dans une région durablement affectée par le conflit et où tout reste à reconstruire, le chantre du développement agropastoral prétendrait-il que le pastoralisme peut se passer des pasteurs appauvris ?
Aïd-el-Fitr :
Deuil officiel et festivités superficielles
Contrairement à ce qu’affirmait le journal gouvernemental « La Nation » dans son édition du 15 novembre, toutes les festivités n’ont pas été annulées durant les quatre jours de deuil officiel décrété en hommage au regretté Yasser Arafat. Certes, pour la première fois depuis l’indépendance, la traditionnelle garden-party au Palais présidentiel a été annulée cette année, officiellement pour raison de deuil national. En fait, et les Djiboutiens l’ont compris, le candidat solitaire n’ayant pas grand-chose à dire, il aurait donc pour une fois saisi une occasion de se taire et c’est tant mieux pour nos oreilles assommées par le blabla officiel.
Quant au deuil national décrété suite à la disparition du regretté Président Palestinien, il aurait donné l’occasion ci et là à des festivités copieusement rapportées par les médias gouvernementaux. Ainsi, une troupe militaro-artistique française aurait égayé les rues de la Capitale, en présence du Ministre djiboutien de la Culture, de surcroît porte-parole du Gouvernement.
De plus, des danses traditionnelles endiablées auraient été exécutées par une troupe locale, en l’honneur de touristes américains de passage. On le voit, notre pays reste une terre d’échanges et de rencontres avec ou sans deuil national. Pendant que le « numéro un » se terre, le spectacle continue !
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NÉCROLOGIE
Nous avons appris avec tristesse le décès survenu jeudi 11 novembre 2004 à Obock de Mohamed Ali Gabassé, dit Kadda Alita, ancien cadi d’Obock.
L’homme qui vient de nous quitter à l’âge de 76 ans était une personnalité religieuse connue et respectée.
Dans les années 60, il fut un enseignant réputé d’une école coranique à Djibouti.
Depuis 1986, il était cadi d’Obock.
Il laisse deux veuves et neuf enfants.
L’ARD et la Rédaction de Réalité adressent leurs condoléances attristées à toute la famille de Mohamed Ali Gabassé.
Qu’Allah l’accueille en Son Paradis Eternel. INNA LILLAH WA INNA ILAYHI RAAJI’UU
Discours d’Arafat à l’ONU (1)
DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES
GENÈVE 13 DÉCEMBRE 1988
En hommage au Leader de la Cause palestinienne, voici la première partie d’un document exceptionnel : la première partie de son discours historique devant l’Assemblée générale des Nations unies. La seconde partie sera publiée la semaine prochaine.
Monsieur le Président, Messieurs les représentants, Jamais je n’aurais imaginé que ma première rencontre depuis 1974 avec votre auguste assemblée aurait lieu dans cette bonne et hospitalière ville de Genève. Je pensais que les acquis et les nouvelles positions politiques auxquelles est parvenu notre peuple palestinien lors de la tenue du Conseil national, à Alger, qui ont toutes reçu un accueil international très favorable, m’obligeraient sans nul doute à me rendre à New York, au Siège de l’Organisation internationale, pour vous y présenter nos résolutions politiques et la vision que nous avons de l’avenir de la paix dans notre patrie, telles qu’elles ont été élaborées par notre Conseil national palestinien, la plus haute instance législative de nos institutions politiques.
Ma rencontre avec vous aujourd’hui à Genève, après qu’une injuste décision américaine m’eut empêché d’aller vous rencontrer à New York, est donc pour moi source de fierté et de joie.. Fierté d’être avec vous, parmi vous, vous qui êtes la plus haute des tribunes pour toutes les causes de justice et de paix dans le monde. Ma joie, c’est d’être à Genève, là où la justice et la neutralité sont un flambeau et une constitution dans un monde où ceux qui croient à l’arrogance de la force brute perdent la neutralité et le sens de la justice qu’ils portent en eux. C’est pour cela que la décision de votre auguste assemblée, adoptée à la majorité des 154 Etats, de tenir ici même cette réunion, n’est pas une victoire sur une décision américaine. C’est la victoire du consensus international en faveur de la liberté, c’est un plébiscite sans précédent en faveur de la paix, et c’est la preuve que la juste cause de notre peuple s’est définitivement enracinée dans la structure même de la conscience universelle.
Notre peuple palestinien se souviendra toujours de cette auguste assemblée, de ces nations amies debout ici avec le droit et la justice, défendant les valeurs et les principes au service desquels l’Organisation des Nations Unies a été fondée. Tous les peuples qui subissent l’injustice, l’oppression et l’occupation et qui comme notre peuple palestinien, luttent pour la liberté, la dignité et la vie, y puiseront confiance et assurance.
Je saisis cette occasion pour adresser mes profonds remerciements à tous les Etats, forces, organisations internationales et personnalités mondiales qui ont soutenu notre peuple et appuyé ses droits nationaux. Tout particulièrement à nos amis en Union soviétique et en Chine populaire, dans les pays socialistes, les pays non alignés, les pays islamiques, les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, ainsi que dans tous les autres pays amis. Je remercie aussi les pays d’Europe occidentale et le Japon pour les positions qu’ils ont récemment adoptées à l’égard de notre peuple, et je les convie à aller de l’avant, pour que ces positions se développent davantage encore, et que s’ouvre la perspective de la paix et d’une solution juste au conflit dans notre région, le Moyen-Orient.
J’affirme ici aussi notre solidarité et notre appui aux mouvements de libération en Namibie et en Afrique du Sud, dans leur lutte, ainsi que notre appui aux pays africains de la ligne de front face aux agressions perpétrées par le régime raciste d’Afrique du Sud.
Je saisis cette occasion pour exprimer mes remerciements et ma reconnaissance à l’égard de tous ces pays amis qui ont pris l’initiative de nous soutenir, d’appuyer les décisions de notre Conseil national et de reconnaître l’Etat de Palestine.
Et je ne manquerai pas de souligner notre immense gratitude envers S. E. M. Javier Peréz de Cuéllar, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, ainsi qu’envers ses adjoints, pour les efforts inlassables qu’ils n’ont cessé de déployer pour édifier ce à quoi l’humanité aspire en matière de détente internationale, de solution des conflits, et tout particulièrement au sujet de la question de Palestine. J’adresse de même mes remerciements et ma considération au Président et aux membres du Comité pour l’exercice des droits nationaux inaliénables du peuple palestinien pour leurs efforts en faveur de la cause de notre peuple. Je salue et remercie également le Comité spécial des neuf pays non alignés pour la question de Palestine, pour le travail constructif qu’il a accompli pour la cause de notre peuple.
Permettez-moi enfin, Monsieur le Président, de vous adresser mes plus chaleureuses félicitations à l’occasion de votre élection à la présidence de cette assemblée. J’ai pleinement confiance en votre sagesse et en votre rigueur. Je salue également votre prédécesseur, qui a dirigé avec clairvoyance les travaux de l’Assemblée précédente. J’exprime enfin au Gouvernement et au peuple suisses mes salutations et ma profonde gratitude pour l’assistance considérable qu’ils nous ont fournie, les facilités dont ils nous ont fait bénéficier et les efforts qu’ils ont accomplis dans ce but.
Il y a 14 ans, le 13 novembre 1974, j’avais reçu de vous une gracieuse invitation à exposer, devant cette auguste assemblée, la cause de notre peuple palestinien. Me voici de nouveau devant vous, après toutes ces années riches en événements dramatiques, et je constate que de nouveaux peuples occupent désormais Gleur place parmi vous, couronnement de leurs victoires dans les combats de la liberté et de l’indépendance. Aux représentants de ces peuples, j’adresse les félicitations de notre peuple, et je proclame devant vous tous que je reviens à vous la voix plus haute, la détermination plus ferme et la confiance plus assurée pour affirmer que notre lutte, inévitablement, portera ses fruits. J’affirme que l’Etat de Palestine, dont nous avons proclamé l’établissement lors de notre Conseil national, prendra inévitablement sa place parmi vous pour participer à vos côtés à l’application de la Charte de cette organisation et pour faire respecter la Déclaration des droits de l’homme, pour mettre fin aux tragédies endurées par l’humanité et jeter les bases du droit, de la justice, de la paix et de la liberté pour tous.
Il y a 14 ans, lorsque vous nous avez dit, dans la salle de l’Assemblée générale :
« Oui à la Palestine et au peuple de Palestine, oui à l’Organisation de libération de la Palestine, oui aux droits nationaux inaliénables du peuple Palestinien », certains s’étaient imaginé que vos résolutions ne seraient suivies d’aucun effet notable. Ils ne comprenaient pas que ces résolutions allaient devenir une des sources les plus vives à laquelle s’abreuverait le rameau d’olivier que je portais ce jour-là, ce rameau qui s’est transformé, après que nous l’ayons arrosé de notre sang, de nos larmes et de notre sueur, en un arbre qui prend ses racines dans la terre, dont les branches s’élancent vers le ciel et qui promet le fruit de la victoire sur l’oppression, la tyrannie et l’occupation. Vous nous avez offert l’espoir du triomphe de la liberté et de la justice. Nous vous avons offert en retour une génération entière des enfants de notre peuple, qui a consacré sa vie à la réalisation de cet espoir, la génération de l’Intifada bénie, qui brandit aujourd’hui la pierre de la patrie pour défendre sa dignité et l’honneur d’appartenir à un peuple assoiffé de liberté et d’indépendance.
A vous tous ici présents, je transmets les salutations des enfants de notre peuple héroïque, hommes et femmes, des masses de notre Intifada bénie qui entre dans sa seconde année avec ce grand élan, cette organisation minutieuse et cette pratique éminemment civilisée et démocratique jusque dans la confrontation avec l’occupation, l’exploitation, la tyrannie et les crimes monstrueux quotidiennement commis à leur encontre par les occupants israéliens.
A vous tous ici présents, je transmets le salut de nos garçons et de nos filles dans les prisons et les camps de détention collective de l’occupation. A vous tous, je transmets le salut des enfants de la pierre qui défient l’occupation, ses avions et ses chars, et font revivre dans les mémoires l’image nouvelle du David palestinien aux mains nues face à Goliath l’Israélien bardé d’armes.
Lors de notre première rencontre, j’avais conclu mon intervention en affirmant, en ma qualité de président de l’OLP et de commandant de la révolution palestinienne, que nous ne voulions pas que soit versée une seule goutte de sang, juif ou arabe, et que nous ne voulions pas que les combats se poursuivent, ne fut-ce qu’une minute. Je m’étais adressé à vous, dans l’espoir que nous Parviendrions à abréger la douleur et les souffrances, à hâter la mise en place des bases d’une paix juste fondée sur la garantie des droits de notre peuple, de ses aspirations et de ses espoirs, comme des droits de tous les peuples, sur un pied d’égalité.
Je m’étais adressé à vous pour que vous vous teniez aux côtés de notre peuple en lutte pour l’exercice de son droit à l’autodétermination, pour que vous lui donniez les moyens de retourner de son exil imposé par la force des baïonnettes et de l’arbitraire, pour que vous nous aidiez à mettre fin à la tyrannie imposée à tant de générations de notre peuple, depuis tant de décennies, afin qu’il puisse enfin vivre dans sa patrie, retrouver ses maisons, libre et souverain, jouissant de la Plénitude de ses droits nationaux et humains. Et j’avais, pour finir, affirmé du haut de cette tribune, que la guerre surgissait de Palestine, et que la paix commençait en Palestine.
Le rêve que nous caressions alors était d’établir un Etat palestinien démocratique au sein duquel vivraient musulmans, chrétiens et juifs sur un pied d’égalité, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs, dans une seule société unifiée, à l’instar d’autres peuples sur cette terre dans notre monde contemporain.
Quelle ne fut pas notre surprise lorsque nous entendîmes les responsables israéliens expliquer que ce rêve palestinien, inspiré de l’héritage des messages divins qui ont illuminé le ciel de la Palestine ainsi que des valeurs humaines qui fondent la coexistence au sein d’une société démocratique et libre, était un plan visant à les détruire et à les anéantir.
Il nous fallait tirer les leçons d’un tel état de fait, constater la distance qui le séparait du rêve. Nous prîmes alors, au sein de l’OLP, l’initiative de procéder à la recherche de formules alternatives réalistes et praticables pour apporter à ce problème une solution fondée sur une justice possible, et non pas sur une justice absolue. Une solution qui puisse garantir les droits de notre peuple à la liberté, la souveraineté et l’indépendance, et qui puisse également garantir à tous la paix, la sécurité et la stabilité, évitant à la Palestine et au Moyen-Orient la poursuite des guerres et des combats qui s’y déroulent depuis 40 ans.
Ne sommes-nous pas ceux qui ont pris l’initiative d’invoquer la Charte des Nations Unies et leurs résolutions, la Déclaration universelle des droits de l’homme et la légalité internationale en tant que références de base pour la solution du conflit arabo-israélien ?
N’avons-nous pas fait bon accueil à la déclaration commune Vance-Gromyko en 1977, en tant qu’initiative qui pouvait servir de base à un projet de solution pour ce conflit ?.
N’avons-nous pas donné notre accord pour participer à la Conférence de Genève sur la base de la déclaration soviéto-égyptienne de 1977, de façon à progresser vers une solution de paix dans la région ?
N’avons-nous pas adopté1e Plan de paix arabe de Fès, en 1982, puis le projet de convocation d’une conférence Internationale de paix sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et conformément à ses résolutions ?
N’avons-nous pas appuyé le Plan Brejnev pour la paix au Moyen-Orient ?
N’avons-nous pas accueilli et appuyé la Déclaration de Venise des pays de la Communauté économique européenne concernant les. bases d’une paix juste dans la région ?
N’avons-nous pas accueilli et soutenu l’initiative des deux Présidents Gorbatchev et Mitterrand au sujet de la commision préparatoire de la conférence internationale?
N’avons-nous pas fait bon accueil aux dizaines de déclarations et d’initiatives politiques émanant des groupes régionaux, des pays africains, des pays islamiques, des pays non alignés, des pays socialistes, des pays d’Europe et d’autres pays, dans le seul but de parvenir à un règlement pacifique fondé sur la légalité internationale, afin d’instaurer la paix et de résoudre le conflit ?
Quelle fut la position d’Israël face à tout cela ? Bien que chacune de ces initiatives, chacun de ces plans, chacune de ces déclarations ait été inspiré par la volonté de prendre en considération le rapport de force politique de même que les revendications et les intérêts de l’ensemble des parties au conflit arabo-israélien, l’attitude d’Israël devant tout cela fut l’escalade de ses projets de colonisation et d’expansion. Elle consista à élargir le champ des destructions et des ruines, et à faire à nouveau couler le sang. Elle consista à multiplier les fronts, jusqu’à y inclure le Liban frère, que les troupes d’occupation envahirent en 1982, avec les conséquences que l’on sait, les massacres comme ceux de Sabra et de Chatila, et les boucheries perpétrées à l’encontre des deux peuples, libanais et palestinien. Israël continue d’occuper une partie du Sud-Liban, et ce pays doit quotidiennement faire face aux raids de l’aviation et aux agressions aériennes, terrestres ou maritimes qui frappent ses villes et ses villages comme elles frappent nos camps dans le sud.
A suivre…
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La Cause Palestinienne en dates
Voici les dates essentielles pour comprendre la lutte inachevée du Peuple Palestinien, qu’incarnait le regretté Yasser Arafat depuis 1959. Cette chronologie est tirée de l’hebdomadaire l’Express en ligne du 4 novembre 2004, sous la plume de Catherine Gouëset.
29 novembre 1947 : l’ONU adopte un plan de partage de la Palestine en deux Etats indépendants, un juif et un arabe. Jérusalem est placé sous régime international.
14 mai 1948 : à la fin du mandat britannique sur la Palestine, David Ben Gourion, président du Conseil national juif, proclame l’indépendance de l’Etat d’Israël. Le 15, éclate la première guerre israélo-arabe, les pays arabes refusant le plan de partage. Début de l’exode des Palestiniens. Les combats prennent fin en 1949 avec les accords de Rhodes fixant une ligne de démarcation qui demeurera jusqu’en 1967.
24 avril 1950 : la Cisjordanie est annexée par le roi Abdallah de Jordanie. L’Egypte contrôle la bande de Gaza.
Octobre 1959 : premier congrès du Fatah, créé au Koweït.
28 mai 1964 : création de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), présidée par Ahmed Choukeiry.
Octobre-novembre 1956 : après la nationalisation du canal de Suez par le président égyptien Nasser, la seconde guerre israélo-arabe est déclenchée. A la fin de 1956, les Israéliens commencent à évacuer le Sinaï. Israël retrouve ses frontières de 1949.
5/10 juin 1967 : Israël déclenche la troisième guerre israélo-arabe dite des “Six jours”, et occupe le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et le plateau du Golan.
22 novembre 1967 : le Conseil de Sécurité de l’ONU adopte à l’unanimité la résolution 242 qui prévoit l’évacuation “ des “ (ou “ de “, selon la version anglaise) territoires occupés, en échange de la reconnaissance mutuelle de tous les Etats du Proche-Orient.
Février 1969 : Yasser Arafat est élu président du Comité exécutif de l’OLP.
17 septembre 1970 : l’armée jordanienne liquide les forces combattantes palestiniennes après la destruction de 3 avions de ligne occidentaux sur le territoire jordanien. Les combats entre armée jordanienne et fedayins palestiniens font des milliers de victimes civiles palestiniennes (“Septembre noir”).
6/25 octobre 1973 : quatrième guerre israélo-arabe dite “guerre de Kippour” ; l’armée égyptienne pénètre dans le Sinaï occupé mais doit se retirer.
22 octobre 1973 : le Conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 338 qui appelle à un cessez-le-feu et à des négociations.
28 novembre 1973 : la Ligue arabe reconnaît l’OLP en tant que seul représentant du peuple palestinien.
13 novembre 1974 : discours de Yasser Arafat à l’ONU. Le 22, l’Assemblée générale de l’ONU reconnaît le droit des Palestiniens “à la souveraineté et à l’indépendance nationale”.
13 avril 1976 : élections municipales en Cisjordanie et à Gaza occupés. Les candidats proches de l’OLP remportent 80% des sièges.
13 juin 1980 : le Conseil européen adopte une résolution affirmant que le “peuple palestinien doit exercer son droit à l’autodétermination” et que “l’OLP doit être associée à toute négociation”.
Mars-avril 1982 : insurrection palestinienne dans les territoires occupés. Les maires élus sont destitués.
6 juin 1982 : l’armée israélienne envahit le Liban -opération “Paix en Galilée”- et chasse de Beyrouth les organisations palestiniennes, dont l’Organisation de libération de la Palestine, l’OLP.
17-18 septembre 1982 : assassinat à Beyrouth du président libanais Bechir Gemayel. Les Israéliens entrent à Beyrouth-Ouest. Massacre de civils par les milices chrétiennes dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila, avec la complicité passive de “Tsahal”, l’armée israélienne.
1er octobre 1985 : un raid de l’aviation israélienne contre le quartier général de l’OLP à Tunis fait 70 morts.
6 août 1986 : le Parlement israélien vote une loi interdisant tout contact avec des dirigeants de l’OLP.
9 décembre 1987 : début de l’Intifada (soulèvement en arabe), également appelée “guerre des pierres” dans les territoires occupés.
15 novembre 1988 : à Alger, le Conseil national palestinien (CNP, parlement en exil), proclame l’Etat palestinien indépendant et accepte les résolutions 242 et 338 de l’ONU, reconnaissant ainsi implicitement l’existence d’Israël. En décembre, devant l’ONU à Genève, Yasser Arafat, chef de l’OLP, reconnaît le droit d’Israël à vivre “en paix”, et déclare renoncer totalement au terrorisme.
2 mai 1989 : en France, Yasser Arafat est reçu pour la première fois à l’Elysée par François Mitterrand.
12 mars 1991 : le secrétaire d’Etat américain James Baker rencontre pour la première fois des personnalités palestiniennes des territoires occupés.
30 octobre 1991 : ouverture à Madrid (Espagne) d’une conférence de paix. Israéliens, Palestiniens -des territoires occupés, et non de l’OLP-, Jordaniens et Syriens se rencontrent sous le co-parrainage de George Bush et de Mikhaïl Gorbatchev.
14 janvier 1992 : les Palestiniens remettent à la délégation israélienne leur projet d’autonomie dans les territoires occupés.
27 avril 1992 : une session de pourparlers se déroule pour la première fois en présence d’observateurs de l’OLP à Washington.
19 janvier 1993 : le Parlement israélien abroge la loi interdisant les contacts avec l’OLP.
Juillet-août 1993 : des rumeurs font état de contacts secrets entre Israël et l’OLP.
13 septembre 1993 : Israël et l’OLP signent à Washington un accord de principe (“Oslo I”) sur une autonomie palestinienne transitoire de cinq ans. Le Premier ministre israélien Itzhak Rabin et Yasser Arafat échangent une poignée de main historique.
25 février 1994 : un extrémiste juif, le docteur Baruch Goldstein, massacre 29 Palestiniens en prière au Caveau des patriarches à Hébron.
4 mai 1994 : accord du Caire sur l’autonomie de la bande de Gaza et de la ville de Jéricho (Cisjordanie). L’Autorité palestinienne s’installe dans les zones nouvellement autonomes.
1er juillet 1994 : retour de Yasser Arafat à Gaza.
28 septembre 1995: Israël et l’OLP signent à Washington l’accord négocié à Taba (“Oslo II”) étendant l’autonomie en Cisjordanie et prévoyant une série de retraits israéliens par étapes.
20 janvier 1996 : Yasser Arafat est élu président de l’Autorité palestinienne et ses partisans remportent les 2/3 des 80 sièges du Conseil législatif.
24 avril 1996 : le CNP (parlement palestinien en exil), réuni pour la première fois en Palestine, élimine de sa charte les articles mettant en cause le droit à l’existence de l’Etat d’Israël.
29 mai 1996 : les Israéliens élisent comme Premier ministre Benyamin Netanyahu, chef de la droite nationaliste, opposé aux accords d’Oslo.
24 septembre 1996 : ouverture par Israël d’un tunnel sous l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem provoque de violents affrontements entre l’armée israélienne et des manifestants palestiniens, qui font plus de 70 tués.
15 janvier 1997 : Netanyahu et Arafat concluent un accord sur un retrait partiel israélien de la ville d’Hébron en Cisjordanie.
7 mars 1997 : l’annonce unilatérale par Israël d’un retrait de 9 % de la Cisjordanie (les Palestiniens réclament 30%) provoque une nouvelle crise.
30 novembre 1997 : Israël accepte le principe de retrait limité de Cisjordanie (sans en fixer l’ampleur ni la date), assorti de conditions draconiennes. La presse israélienne parle de 6 à 8% de territoires évacués.
14 janvier 1998 : Israël annonce qu’il gardera sous son contrôle de larges parties de la Cisjordanie, même en cas d’accord de paix avec les Palestiniens.
30 mars 1998 : Dennis Ross, émissaire de Bill Clinton, quitte Jérusalem après le rejet de la proposition américaine qui demandait que 9 % à 13 % de la Cisjordanie soient évacués par l’armée israélienne.
21 juin 1998 : en dépit des critiques des Etats-Unis et de l’Union européenne, le gouvernement israélien décide la création d’une super-municipalité de Jérusalem qui englobe plusieurs colonies de Cisjordanie, et double ainsi de volume.
23 octobre 1998 : Arafat et Netanyahou signent à Wye Plantation (Etats-Unis) un accord destiné à sortir le processus de paix de l’impasse : Israël transférera à l’administration palestinienne, en trois étapes (sur douze semaines), 13% supplémentaires du territoire de la Cisjordanie encore sous son contrôle. L’Autorité palestinienne s’engage de son côté à renforcer la lutte contre le terrorisme.
Décembre 1998 : Bill Clinton est le premier président américain reçu en visite officielle par un Etat Palestinien virtuel. Inauguration de l’aéroport de Gaza, sous contrôle israélien.
4 septembre 1999 : la signature, à Charm-el-Cheikh (Egypte), d’un accord fixant les dates des retraits israéliens de Cisjordanie (prévus par l’accord de Wye Plantation mais non appliqués par l’ancien Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu), relance le processus de paix.
21 mars 2000 : avec un nouveau retrait de l’armée israélienne de 6,1% de Cisjordanie, l’Autorité palestinienne contrôle désormais, partiellement ou totalement, 40 % du territoire.
Mai 2000 : des émeutes consécutives aux manifestations en faveur de la libération des 1.600 prisonniers palestiniens en Israël, font 6 morts en Cisjordanie.
15 mai 2000 : le parlement israélien vote le transfert à l’autorité palestinienne de 3 localités proches de Jérusalem, dont Abou Dis, souvent présenté comme le siège de la capitale d’un futur Etat palestinien.
11-25 juillet 2000 : échec du sommet israélo-palestinien de Camp David (Maryland). Aucun accord n’est conclu entre les deux parties.
10 septembre 2000 : Le Conseil central de l’OLP décide de reporter la proclamation de l’indépendance de la Palestine fixée en juillet dernier au 13 septembre, date anniversaire de l’accord d’Oslo.
28 septembre 2000 : la visite du chef du Likoud, Ariel Sharon, sur l’Esplanade des Mosquées (Jérusalem-est), troisième lieu saint de l’islam, provoque de violentes émeutes en Israël et dans les territoires palestiniens, faisant plus de 90 victimes.
29 janvier 2001 : Israël et les Palestiniens annoncent avoir réalisé de sérieux progrès dans les négociations de Taba. Ehud Barak décide de les ajourner jusqu’à l’élection du chef du gouvernement le 6 février, estimant impossible un accord avant cette date.
6 Février 2001 : Ariel Sharon est élu premier ministre en Israël avec une avance de 25 points sur Ehud Barak.
4 décembre 2001 : Israël lance des raids d’une ampleur sans précédent dans les territoires palestiniens. Yasser Arafat, déclaré «hors-jeu» par Ariel Sharon, ne peut plus sortir de Ramallah, encerclée par Tsahal.
29 mars 2002 : l’Etat hébreu lance une offensive dans les territoires occupés baptisée «rempart défensif». La Mouqataa, le quartier général d’Arafat à Ramallah, est partiellement détruit et le leader palestinien est coupé du monde.
15 avril 2002 : Marwan Barghouti, le chef du Fatah en Cisjordanie, est capturé par l’armée israélienne.
14 février 2003 : cédant aux pressions internationales pour des réformes au sein de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat donne son accord à la nomination d’un Premier ministre.
19 mars 2003 : Yasser Arafat propose de nommer Mahmoud Abbas (alias Abou Mazen), un pragmatique notoire, au poste de Premier ministre.
29 avril 2003 : Mahmoud Abbas et son cabinet reçoivent l’investiture du parlement palestinien. Son investiture lève le dernier obstacle à la publication de la «feuille de route», plan de paix international prévoyant la création d’un Etat palestinien d’ici à 2005.
6 septembre 2003 : Mahmoud Abbas annonce sa démission au Parlement palestinien, invoquant des obstacles intérieurs, israéliens et américains à son action.
7 septembre 2003 : Yasser Arafat offre au président du parlement, Ahmed Qoreï, le poste de premier ministre. Celui-ci l’accepte deux jours plus tard.
12 novembre 2003 : investiture du gouvernement élargi de Qoreï.
26 janvier 2004 : Ahmed Qoreï annonce une série de réformes dans le fonctionnement des services de sécurité. La veille, le Parlement avait dénoncé l’«échec» du gouvernement à assurer la sécurité dans les Territoires.
22 mars 2004 : Cheikh Yassine, le fondateur du Hamas, est assassiné lors d’un raid mené par des hélicoptères israéliens devant une mosquée de Gaza.
17 avril 2004 : le nouveau chef du Hamas, Abdelaziz al-Rantissi, est tué lors d’un raid aérien israélien dans la ville de Gaza.13 juillet : l’envoyé spécial de l’Onu dans les territoires palestiniens, Terje Roed-Larsen, adresse de vives critiques à Yasser Arafat, estimant que la situation dans les territoires «tourne progressivement au chaos» et que le dirigeant palestinien affiche «un manque de volonté politique» pour réformer l’Autorité palestinienne.
16 juillet 2004 : une série de rapts est organisée dans les territoires par des groupes armés qui entendent protester contre la corruption de l’Autorité palestinienne.
17 juillet 2004 : Yasser Arafat annonce une refonte des services de sécurité, après qu’Ahmed Qoreï a proclamé son intention de démissionner. Le Raïs nomme à la tête du service de sécurité générale son neveu, Moussa Arafat. La nomination de ce dernier, soupçonné de corruption, entraîne de violentes manifestations. Il est rétrogradé quelques jours plus tard.
27 juillet 2004 : Ahmed Qoreï revient sur sa démission.
1er août 2004 : l’ancien ministre délégué à la Sécurité, Mohammad Dahlan, menace Yasser Arafat de manifestations de masse à Gaza s’il ne fait pas appliquer les réformes des services de sécurité dans les dix jours.
18 août 2004 : s’adressant au Conseil législatif palestinien à Ramallah, Yasser Arafat reconnaît des erreurs «inacceptables» de son gouvernement et promet d’engager des réformes.
29 octobre 2004 : Arafat est hospitalisé en France.
11 novembre 2004 : décès d’Arafat à l’âge de 75 ans.
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Meeting de l’Aïd-el-Fitr 2004
UNE REMARQUABLE DÉMONSTRATION DE FORCE
Le traditionnel rassemblement populaire organisé par l’UAD le jour de l’Aïd-el-Fitr a connu cette année une affluence exceptionnelle. Preuve de la maturité de notre Peuple, mobilisé aux côtés de l’opposition nationale., seule alternative crédible au régime des bedaines, synonyme d’insouciance, d’incompétence et de pillage des richesses nationales.
« Le combattant meurt, le combat continue » proclamaient de larges banderoles réclamant également l’application de l’Accord de paix du 12 mai 2001, déployées par les militants de l’UAD devant le siège de la fédération ARD d’Arhiba situé place de l’Indépendance. En ce samedi matin de fête, des milliers de militants de l’opposition attendaient dignement, dans une ambiance fraternelle l’arrivée de la direction de l’UAD.
Peu avant 9 heures, les dirigeants des quatre formations politiques regroupées au sein de l’UAD ont été chaleureusement ovationnés, avant de s’adresser à la foule combative. La présentation des vœux de l’Aïd a été précédée d’une émouvante séance de prière à la mémoire du regretté Président de l’UAD et père de la Nation, récemment disparu. La vitalité de l’UAD est le meilleur gage de la poursuite de son combat inachevé.
Après avoir communiqué le programme du jour, les dirigeants de l’UAD se sont déplacés à pied vers le deuxième lieu du rassemblement populaire, la bien-nommée Avenue Nasser, face au siège central de l’UDJ. Cette traversée à pied de la route d’Arta dans le sens Arhiba-Avenue Nasser, n’avait pas été rééditée depuis l’Aïd-el-Fitr 2002.
Ainsi, en quelques minutes, ce sont des milliers de militants et sympathisants qui ont escorté la direction de l’UAD jusqu’à l’Avenue Nasser, où convergeaient également une foule très nombreuse venue des autres quartiers.
Après les congratulations d’usage, le meeting proprement dit a débuté vers 10 heures dans une ambiance combative. Une pléthore d’orateurs a ainsi chauffé l’auditoire durant près de deux heures. Tout à tour, nos dirigeants se sont alors exprimés de façon claire et concise.
Tous ont démontré, exemples à l’appui, que le pays allait de mal en pis et qu’un sursaut national était l’unique voie pour barrer la route au principal responsable du désastre national : le candidat solitaire à sa propre succession. De fait, l’unité d’action brillamment démontrée sur le terrain par les responsables et militants de l’UAD a mis du baume au cœur à tous ceux venus écouter un langage d’unité et de combativité.
M.Souleiman Farah Lodon, Vice-Président du MRD, a tenu à rappeler que « ce régime irresponsable n’a pas respecté sa parole et sa signature en violant systématiquement l’Accord de paix du 12 mai 2001 et continue à saboter la décentralisation ». Le Président de l’ARD, M. Ahmed Yousouf, a particulièrement mis l’accent sur la consolidation de l’Unité nationale : « celle-ci demeure une condition sine qua non pour que triomphe le juste combat national de l’UAD ».
Pour sa part, le Président du PDD, M. Mohamed Daoud Chehem, a mis en relief l’échec politique et économique de ce régime du gâchis. « La régression est visible à l’œil nu, il suffit d’observer l’état de saleté de notre Capitale, transformée en un gigantesque dépotoir à ciel ouvert » a-t-il indiqué.
Outre les principaux leaders des partis politiques regroupés au sein de l’UAD, plusieurs autres dirigeants ont également tenu à haranguer l’assistance avec conviction en égrenant la liste des méfaits imputables à ce régime de prédation. Ainsi, un des discours les plus applaudis et les plus remarquables a été celui prononcé du fond du cœur par le camarade Naguib, du MRD.
Ce brillant orateur s’exprimant en arabe avait déjà été remarqué lors de la campagne des législatives de janvier 2003. Ses formules piquantes et le ton sincère de son discours en a ému plus d’un. Après avoir fustigé la propagande mensongère du candidat officiel du parti au pouvoir, Naguib Bachir a martelé : « six ans de plus à ce rythme rétrograde et c’en est fini de notre pays. Tous ensemble, faisons barrage à ce régime insouciant et insatiable. Honte à ce système qui méprise les siens au point même de refuser d’honorer la mémoire du père fondateur de notre République. Il n’y a rien à attendre des ingrats, il faut les balayer » a-t-il conclu sous un tonnerre d’applaudissements.
Prenant la parole en dernier, M. Ismaël Guedi, le Président de l’UAD, s’exprimant successivement en afar et en somali, a été on ne peut plus clair, en affirmant : « Après la disparition de notre leader charismatique, certains observateurs spéculaient sur l’affaiblissement durable, voire la désagrégation de l’UAD. Bien au contraire, portée par l’espérance populaire, notre coalition se renforce de jour en jour. La Lutte continue, et nous suivons la voie de l’unité nationale, de la démocratie et de la justice, admirablement tracée par le regretté Ahmed Dini » a-t-il précisé, soulevant une salve d’applaudissements.
Le meeting a pris fin peu avant midi et l’immense foule joyeuse s’est dispersée dans le calme, scandant encore UAD ! UAD !
De l’avis général, l’UAD a tenu ce jour-là un de ses plus mémorables rassemblements populaires depuis janvier 2003. Ce n’est que le début, la mobilisation continue.
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