Réalité numéro 112 du mercredi 10 novembre 2004 |
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Sommaire
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Directeur de Publication : ALI MAHAMADE HOUMEDCodirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD
Dépôt légal n° : 112 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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EDITORIAL
AILLEURS COMME ICI :
NEUTRALISER LES TUEURS DE PAIX
Il y a une fâcheuse constante chez tous les dirigeants bellicistes peu soucieux de concorde nationale : comme le fit en son temps Gouled, le Président ivoirien Laurent Gbagbo voulait profiter du cessez-le-feu et de l’interposition des soldats de l’ONUCI pour se réarmer massivement, reprendre les hostilités contre les rebelles et ainsi pousser ces forces d’interposition mises devant le fait accompli à quitter les zones de guerre. Cette logique extrémiste ayant réussi dans le cas djiboutien, et la France possédant chez lui au moins autant d’intérêts à protéger qu’ici, le calcul machiavélique de Gbagbo devait inévitablement conduire au désengagement de toutes les troupes étrangères de maintien de la paix (plus un contingent de 4000 français) et donc à la fin de la médiation internationale, dont la France a le tort d’être le bras armé. Eviter toute redéfinition de la citoyenneté ivoirienne par l’application honnête des accords de Marcoussis (janvier 2003) et celui d’Accra III (juillet 2004), en tuant samedi 6 novembre dans un bombardement aérien dix ressortissants occidentaux (9 militaires français et un civil américain), le jeu en valait pour lui la chandelle. Mais la machine a fait tilt : une telle remise en cause criminelle de la notion même de maintien de la paix et de médiation extérieure était inacceptable.
Si sa diplomatie se laisse occasionnellement insulter ici ou là, la France ne peut durablement tolérer, sans renier sa grandeur, que des despotes violeurs d’accords de paix, l’humilient sur la scène internationale en sabotant le rôle modérateur et conciliant qu’elle entend y tenir.
Face à ce sabotage, le Conseil de sécurité des Nations-Unies serait sur le point de voter un projet français de résolution, prévoyant des sanctions à l’encontre de la Côte d’Ivoire et de certains de ses responsables : embargo sur les armes à destination de ce pays, gel des avoirs et interdiction de voyager pour les personnes jugées coupables de blocage du processus de paix seraient au menu.
Certes, il y aura toujours des pointilleux pour trouver regrettable de constater qu’il aura fallu la mort de ces dix Occidentaux pour que la communauté internationale réagisse en s’attaquant aux origines de ce drame : la violation des accords de paix par la partie gouvernementale. Sans manquer de rappeler que le massacre de centaines de manifestants pacifiques par les troupes régulières dans les rues d’Abidjan l’année dernière n’avait suscité qu’un communiqué laconique du Quai d’Orsay. Le parallèle est saisissant : qui a ici oublié qu’il en fut de même lors du massacre d’Arhiba en décembre 1991, alors qu’une petite attaque du FRUD contre les infrastructures portuaires avaient soulevé la profonde indignation des autorités françaises. Mais à quelque chose malheur est malheureusement bon : la réaction présente de la France, par la destruction des moyens aériens ivoiriens, aura été à la hauteur de l’affront. Et de l’avenir : parce que l’indifférence générale de la communauté internationale avait jusqu’à présent encouragé Gbagbo à torpiller les accords de paix et pour l’application desquels un comité ad hoc avait été mis en place. Les pressions internationales qui vont désormais s’exercer sur les protagonistes imposeront, espérons-le, les conditions politiques pour une réconciliation des forces ivoiriennes en conflit.
Toutefois, le rappel des motivations françaises vaut le détour. Selon une déclaration de son Ministre des Affaires Etrangères, « tous ceux qui ne respectent pas leur signature pourraient faire l’objet de sanctions individuelles décidées par les Nations-Unies. Il faut obliger ceux qui ont donné leur parole et leur signature à les respecter ». Propos qui, sous d’autres cieux, devraient inciter à réfléchir tous ceux qui, parvenus par la force et la fraude, croient ruser avec la réalité en retardant les indispensables conditions d’une réelle paix civile. Car, ici, sans attenter à la vie de qui que ce soit, (innocent ou coupable), notre Peuple qui a décrété le 12 mai journée nationale de la Paix, reste mobilisé et déterminé à faire appliquer tous les termes de l’Accord signé entre la partie gouvernementale et le FRUD-armé. Et, pour notre part, en tant que co-signataire, notre participation à la compétition politique ne trouve sa légitimité que dans un ensemble de réformes démocratiques, prévues par ledit accord et dont la réalisation est loin d’être effective. Sachant pertinemment que cette application ne passera pas par les urnes, nous ne souhaitons pas qu’elle le soit par les armes.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il reste à espérer que la communauté internationale qui se mobilise aujourd’hui pour imposer la paix en Côte d’Ivoire, se penche sur la situation djiboutienne avant l’irréparable.
Brèves nationales
Les FAD désenclavent le Nord :
Elles terrorisent encore le Sud
Alors qu’elles se vantent de contribuer au développement économique des régions affectées par le conflit civil en participant au désenclavement aérien du district d’Obock, les Forces Armées Djiboutiennes viennent de démentir de façon dramatique la propagande selon laquelle notre pays aurait été débarrassé de toutes les mines antipersonnelles enterrées par les troupes gouvernementales. Ainsi, le 7 septembre dernier, trois fillettes bergères auraient été sérieusement blessées par l’explosion d’une mine antipersonnelle à quelques centaines de mètres de la garnison de Galafi. Il s’agit de : Fatouma Willisa, Arba’i Orbiss et Fatouma Mohamed. Les jeunes bergères, âgées de 9 à 12 ans, auraient été évacuées à bord d’un véhicule militaire vers Dikhil, pour y recevoir des soins vite jugés insuffisants au vu de la gravité de leur état. L’une d’elles, Fatouma Willisa, aurait même perdu un œil, tandis que Fatouma Mohamed aurait quant à elle perdu une main. La troisième fillette aurait pour sa part reçu des éclats sur tout le corps.
Contrairement aux affirmations du régime, qui claironne que Djibouti est « mine safe » (vide de mines), tout laisse malheureusement à penser que ses mines antipersonnelles restent toujours en liberté dans notre pays, mettant en danger la vie de paisibles citoyens des zones rurales. Comme le prouve, après l’avis des spécialistes, le seul fait qu’aucun déminage des envions de cette garnison de Galafi ne soit à l’ordre du jour…
Ambassades djiboutiennes :
Entre annexes RPP et lieux de culte
Après celle de Bruxelles, c’est donc au tour de l’ambassade djiboutienne à Paris de se transformer, le temps d’un rassemblement partisan très peu en conformité avec ses missions diplomatique et consulaires, en une annexe sans gêne du parti au pouvoir du candidat à sa propre succession. Triste spectacle qui n’a certainement pas manqué d’intriguer les observateurs étrangers : un tel usage d’un édifice public à des fins partisanes et au service d’intérêts sectaires, c’est effectivement chose rare depuis la disparition officielle des partis uniques. Entre le personnel diplomatique au grand complet et des réfugiés proches du régime, il y avait du beau monde, naïvement convaincu que cette messe en adoration de celui qui met en danger la concorde nationale influencera le cours des choses ici. Que le régime se mette en scène de façon aussi pitoyable à des milliers de kilomètres de notre réalité nationale, devant laquelle le bon sens qu’impose la certitude d’être illégitime l’incite à beaucoup de discrétion ici, n’en démontre que plus son isolement à l’intérieur.
Investissements à Obock :
Aubaine ou bedaine ?
Selon des informations circulant dans les milieux d’affaires, des investisseurs djiboutiens et étrangers lorgneraient vers le district d’Obock. Ainsi, une société sud-africaine et des privés nationaux projetteraient d’y investir dans le secteur de la pêche, potentiellement riche dans cette région. On parle de l’installation dans la zone de Khor-Angar, au nord d’Obock, d’une ferme aquacole destinée à l’élevage de langoustes et autres crustacés. Ce projet d’un montant de 10 millions de dollars pourrait, dit-on, permettre la création de quelques dizaines d’emplois dans cette région.
Par ailleurs, des privés djiboutiens seraient sur le point d’exploiter un chalutier dans les eaux particulièrement poissonneuses d’Obock, au bénéfice des pêcheurs qui ont dû abandonner leurs activités en raison du coût élevé du carburant et de l’absence de moyens de conservation du poisson sur place.
« Réalité » suivra avec intérêt ces projets et leurs impacts réels sur les conditions de vie des populations oubliées de cette région. En attendant, il est trop tôt pour savoir si ces futurs investissements seront une aubaine pour les citoyens ordinaires du coin ou une nouvelle opportunité pour enfler certaines bedaines du régime.
Décès du fondateur des Emirats Arabes Unis :
Le sanglot du mendiant ?
Les Djiboutiens a appris mercredi dernier le décès survenu mardi 2 novembre du cheik Zayed Ben Sultan Al Nahyane, Président de la Fédération des Emirats Arabes Unis. Le cheik Zayed qui vient de disparaître à l’âge de 86 ans était l’émir d’Abu-Dhabi et Président de cette fédération créée en 1971 avec cinq autres émirats : Dubaï, Ras El Khaimah, Fujaïra, Ajman et Um Al Quwaïn. La Capitale de cet Etat du Golfe est Abu-Dhabi, mais les Djiboutiens connaissent surtout Dubaï, avec lequel notre pays entretient des relations commerciales depuis une vingtaine d’années.
Depuis l’an 2000, cet émirat est cité en modèle à Djibouti, les autorités djiboutiennes ayant concédé à Djebel Ali la gestion du Port, de l’Aéroport, de la nouvelle Zone Franche et du futur Port de Doraleh. C’est, nous semble-t-il, parce que Djebel Ali contrôle une partie de notre économie nationale que notre pays a transféré à Dubaï son ancienne ambassade en Irak, alors que les Emirats n’ont pour leur part aucune réciprocité avec Djibouti. Qu’importe, Djebel Ali vaut bien une prière ou même trois jours de deuil national décrété officiellement à l’occasion de la disparition du cheik Zayed mais, en réalité, pour des raisons hypocritement commerciales.
Ce sanglot d’Etat, qui n’est pas sans rappeler celui du mendiant ayant perdu son bienfaiteur, semblerait plus sincère si notre gouvernement avait honoré comme il se doit, et comme nos compatriotes l’attendaient de sa part, la mémoire du père fondateur de notre République, récemment disparu. Ne peut aimer autrui celui qui n’aime pas les siens.
Pour le reste, nous réitérons notre vive sympathie au Peuple frère Emirati et saluons la mémoire du cheik Zayed Ben Sultan Al Nahyane, fondateur des Emirats Arabes Unis et laisse un des pays les plus stable et le plus prospère du monde arabe.
Comprendre les Afar (2)
UN ALPHABET ORIGINAL
Dans cette dernière partie, nous nous intéresserons à la récente découverte de la Feera (1), alphabet afar. Voici l’exposé qu’y consacre le site Arhotaba.com. Cette découverte pose plus de questions à la science qu’elle n’apporte de réponses, car on ne comprend pas le bouleversement ayant conduit à la rupture de la chaîne de transmission du savoir, conduisant à l’oubli d’une telle avancée.
Vendredi 26 janvier 001, découverte des SEEKA (2), des pierres ovales en forme de tablette sur lesquelles étaient gravées les inscriptions de la FEERA dans le vestige des anciens habitats des nomades dans la région d’AOUSSA au sud de l’ETHIOPIE.
Mardi 13 mars 001, vaste opération de recherche des témoignages de cette écriture cursive à travers les objets, la représentation des astres célestes( les étoiles, le soleil, la lune etc…), les différents types de support autre que les Seeka, d’autres sources d’inspiration dans toute la région afar.
Samedi 21 avril 001, étude des GINNI FIRO (3), les inscriptions gravées sur les pierres en tablette. Recours au même système de déchiffrement de l’écriture hiéroglyphique égyptienne sur les différents signes graphiques inscrits sur les pierres
Jeudi 17 mai 001, mise à jour complète de la FEERA, une écriture phonétique qui constitue la base de l’alphabet afar. Regroupement des lettres au nombre de 22 dont 17 consonnes et 5 voyelles ( a, e, o, i, u).
ETUDE DES DONNEES
LA FORME DE L’ECRITURE
Les pierres en tablette portaient des inscriptions gravées en deux modes d’écriture que les anciens appellent les GINNI FIRO. En effet, la FEERA est constituée à 80% des traits rectilignes représentant des signes à la fois alphabétiques et syllabiques. Les anciens considèrent donc à première vue que cette écriture aurait pour ancêtre le FIRO ou FIIRO qui veut dire littéralement des tracés. Il s’agit de deux écritures juxtaposées l’une après l’autre.
La première est constituée des pictogrammes et la seconde, plus cursive, représente des signes phonétiques. Cette écriture a des ressemblances graphiques, mais aussi phonétiques avec l’écriture hiéroglyphique et hiératique égyptienne. On suppose donc, qu’au vu de ces similitudes et de l’évolution graphique de la FEERA vers une écriture plus simple et plus rapide, cette dernière aurait pour ascendant l’écriture égyptienne. Dés lors, à partir de là, on peut établir un lien de filiation entre ces deux écritures.
Ces signes, dans un premier temps, sont figuratifs ; un pictogramme désigne l’objet qu’il représente dans sa forme plus ou moins réelle et originale. Une écriture figurative ne peut pas en soi exprimer des abstractions, c’est pourquoi donc les anciens ont eu avec le temps l’ingéniosité de la transcrire en signes sons pour pouvoir mettre à l’écrit les sentiments, les émotions, mais surtout les convictions religieuses.
Pour cela, les Kaatib ont utilisé délibérément sur les Seeka des redondances des signes sons parallèlement aux pictogrammes, c’est à dire, on procédant à une transcription plus ou moins directe des signes images aux signes sons. C’est ce qui a rendu facile aux chercheurs la tache du déchiffrement.
LES ETAPES DU DECHIFFREMENT
Pour pouvoir procéder au déchiffrement, on a établi d’abord une liste de correspondances entre les hiéroglyphes égyptiens et les inscriptions gravées sur les pierres en tablette. Cependant, il n’y avait pas véritablement une réelle correspondance entre les signes relevés sur les pierres et les hiéroglyphes égyptiens.
Les objets, les astres ou les êtres vivants figurant sur les Seeka ne sont pas tous répertoriés dans les hiéroglyphes égyptiens ou ils sont représentés différemment. Néanmoins, il s’agit à la base d’un même procédé d’écriture, c’est-à-dire, à la fois des pictogrammes, des idéogrammes et des signes sons. Les premiers signes sont constitués des pictogrammes. Ces signes sont linéarisés :
La première ligne commence par 3 traits verticaux juxtaposés les uns après les autres. Ensuite, 2 signes représentants 2 étoiles, un signe représentant un croissant de lune et un cercle représentant le soleil. La suite des signes inscrits sur ce même ligne correspond à une écriture phonétique. Il n’y a pas un blanc d’espacement entre ces deux écritures. La seconde écriture correspond à une évolution graphique des pictogrammes ou des idéogrammes vers une écriture à la fois alphabétique et syllabique.
Il s’agit donc d’une redondance voulue volontairement par les « kaatib » pour pouvoir les lire dans deux formes d’écriture. C’est pourquoi, la volonté de transcrire dans deux formes d’écriture différentes graphiquement s’explique nécessairement par le contexte historique, politique, économique et social de la région.
La seconde ligne est beaucoup plus significative. Elle commence par un signe représentant une « OULLA», la parturiente. Dans la coutume afar, une femme qui a accouché n’a pas le même statut social que les autres. Elle bénéficie de tous les privilèges et est comblée des toutes les affections matérielles et morales.
Ce signe se rapproche de la représentation d’un être humain en hiéroglyphes égyptiens. Le second signe est asymétrique au précédent, mais sa taille est beaucoup plus petite. Il s’agit donc de la représentation pictographique d’un enfant ; ce qui laisse supposer que le sexe ou l’age d’un enfant est représenté par un même signe sans distinction graphique. Le troisième signe représente un dromadaire avec sa monture et enfin le dernier signe représente un homme avec un bâton sur les épaules qui doit être éventuellement le chamelier.
SIGNIFICATIONS ET TRADUCTIONS DES SIGNES
La première ligne constitue un système de datation de cette époque. Les trois traits verticaux représentent le chiffre 3 et il s’écrit en écriture phonétique « SIDAHNA » ou « SIDACNA » qui signifie littéralement le troisième jour de la semaine, c’est à dire le MARDI (4) du calendrier latin. Ensuite, les deux étoiles signifient que l’enfant est né entre l’intermittence de deux étoiles. Les anciens nomades afars lisaient dans les étoiles les présages pour les nouveaux nés afin de prédire leurs positions et leurs rangs au sein de la société. Il en va de même pour le bien être de la tribu, le cheptel, les saisons de pluie etc.… Aussi, les étoiles sont des points de repaires pour les nomades qui sont constamment confrontés au déplacement saisonnier des campements. Leurs transcriptions sont reprises en écriture phonétique « LAMMA ( fana ) HOUTOUKA» ou « LAMMA ( fana ) CUTUUKA » (5).
Cela signifie que l’enfant est né entre l’intermittence des deux étoiles. La lune est un astre sacré chez les Afars. Elle est à la fois vénérée pour ses vertus guérisseurs et redoutée parce qu’elle est considérée, dans les us et coutumes locales, qu’elle est à l’origine de certaines maladies psychosomatiques et autres. Le pictogramme sur les Seeka représente un croissant de lune et on peut considérer dans un premier temps qu’elle soit gravée pour des raisons des croyances pour éloigner du nouveau-né ses effets négatifs.
Cependant, sa véritable signification ne peut être, si l’on raisonne au sens de la logique et de la cohérence par rapport aux signes précédents, qu’un moyen de datation de la naissance de l’enfant parmi tant d’autres signes. En ce sens, la lune ou ses différentes phases représentent le «mois » de l’année. Elle se lit en écriture phonétique « ALSA ( k ) BILO » qui signifie le premier jour du mois. Cependant, tous les enfants qui sont nés pendant cette période du croissant de lune sont réputés être nés le même jour et cela se perpétue jusqu’aujourd’hui dans la coutume afar.
Enfin, le soleil est représenté par un cercle rond. La valeur de l’année est limitée chez les afars en fonction de la saison de pluie. Une année ne représente pas forcement 12 mois et donc son appréciation est relative selon la régularité des saisons de pluie. Sa transcription directe en Feera se lit « AYRO ( oy ) LIGGIDA » qui signifie littéralement le « soleil et l’année ». Le terme AYRO, par extension, désigne aussi le jour et les Kaatib ont rajouté le mot LIGGIDA pour désigner l’année afin d’écarter toute incertitude.
Les signes de la ligne suivante représentent des scènes de la vie quotidienne, mais sa signification est symbolique pour ne pas dire sacrée.
Le terme « OULLA» est une désignation sociale portée par les femmes qui ont accouchées pour les distinguer des autres femmes dans la société. Elle est représentée par un signe figuratif reprenant plus ou moins le trait d’un être humain et les signes phonétiques se lisent « OULLA» ou « ULLA ».
Ensuite, l’enfant est représenté par le même signe, mais de taille beaucoup plus petite que ce dernier. Les signes phonétiques représentant l’enfant se lisent « BADA » ou « BAXA ».
Il est, en outre, difficile de faire une réelle distinction par l’écriture entre un « garçon » et une « fille » qui s’écrivent tous avec les mêmes signes phonétiques ; les nuances n’étant perceptibles qu’au niveau des sons émis, la confusion reste à ce jour non résolue au niveau de l’écriture. Le pictogramme suivant représente un dromadaire avec sa monture en forme de X que les afars appellent communément « Anabo » ou « Qanaabo».
Sa représentation fait allusion par extension aux marchandises, désignées en écriture symbolique par le mot « ARI » ou « QARI » suivi par l’auxiliaire avoir «LEW ». Enfin, l’homme avec le bâton sur les épaules représente le chamelier ; sa désignation n’est pas transcrite en écriture symbolique, mais il s’agit d’un idéogramme conçu pour désigner le tout, c’est à dire, la caravane « ARHO ».
Ces signes sont symboliques car ils constituent à la base une formule d’une expression très populaire perpétuée par l’oral dans la coutume afare pendant les évènements, les cérémonies religieuses etc.…et ce c’est qui a d’ailleurs facilité aux chercheurs la tâche du déchiffrement en contribution avec les signes sons. On note dans la première partie « ULLA », « BAXA » et dans la seconde « QARI », « LEW », « ARHO ».
On constate qu’il existe un agencement logique entre ces signes qui donne à la formule un sens précis qui se situe dans le cadre d’un événement précis et dans des circonstances précises. Ainsi, les anciens ont restitué le morceau manquant du puzzle de la célèbre expression. Les signes sons qui ont été déchiffrés auparavant ont contribué largement à sa lecture. Elle avait une connotation religieuse :
“ ULLA ( H ) BAXA ( I ) ( YASALAMAY )”
“ QARI ( LEW ) ARHO ( TASALAMAY )”
« QUE L’ENFANT NAISSE SAIN ET SAUF »
« QUE LA CARAVANE RENTRE SAINE ET SAUVE DE SON VOYAGE »
Cependant, la version ancienne de cette expression au passé millénaire est la suivante :
« BOUDA ( L ) OULLA [ TASALAMAY ] »
« GITA ( L ) ARHO [ TASALAMAY ] »
« QUE LA FEMME ENCEINTE ACCOUCHE SAINE ET SAUVE »
« QUE LA CARAVANE RENTRE SAINE ET SAUVE DE SON VOYAGE »
AUTRES SOURCES DE DECOUVERTES SUR LA PEAU HUMAINE :
Les spécialistes de l’écriture ont relevé, dans le cadre de la recherche, des signes apparentés à la FEERA comme ceux inscrits sur les Seeka, tatouées sur la joue, le front, les cils, les bras, la poitrine, le ventre et le dos des nomades afars.
On a observé des similitudes entre le « HADDA» (6) ou le « HAXXA » que portent généralement les femmes sur les joues et la lettre M, sur le front les lettres B ou I, la lettre X sur le menton ( Debne Hadda ), les lettres Y, W, D sur le dos et la poitrine.
LES AUTRES SUPPORTS :
La lettre N reproduit dans sa configuration l’image d’un bâton symbolique porté par une catégorie des gens, MAKABAN, qui détiennent le pouvoir dans une société régie par des lois traditionnelles, le MADAA ou MADQA. On trouve aussi dans les jeux individuels ou collectifs comme le KOULA HABE la reproduction des certains signes figuratifs et la représentation des objets tels qu’ils sont gravés sur les Seeka.
Il existe aussi d’autres figures sur les objets de ménage: le AYNI, KORA, FIDIMA etc.. En revanche, la plupart des autres signes se rapprochent au niveau de la graphie de l’écriture hiératique égyptienne, même si ces signes ne correspondent pas forcement aux même sons. Il en est ainsi pour les lettres E, G, H. La lettre X est une représentation d’un tombeau en forme conique afar, le WAYDAL qui correspond à la configuration géométrique d’une pyramide nubienne ou égyptienne. Les femmes portent des colliers et des boucles d’oreilles en forme pyramidale.
LEXIQUE
(1) Feera signifie le « doigt » de la main. Par extension, le doigt fait allusion à l’écriture dans la langue afar.
(2) Seeka veut dire littéralement les « saints » en afar. Ces sont des pierres en tablettes que les anciens, dont la vie sociale et religieuse était teintée des croyances animistes, adoraient et les enduisaient du beurre en signe de vénération.
(3) Ginni Firo signifie les « tracés du diable ». Les Afars croyaient que les scènes rupestres, les gravures sur les rochers etc…étaient l’œuvre du diable.
(4) « SIDAHNA » ou « SIDACNA » correspond à MARDI. On peut donc établir à partir de là les noms des jours de toute la semaine : SIDACNA, FERA, KONA, LIHA, MALCINU, ENEKNA, LAMAXA qui correspondent respectivement à MARDI, MERCREDI, JEUDI, VENDREDI, SAMEDI, DIMANCHE et LUNDI.
(5) Les mots en majuscules mis entre guillemets se prononcent d’abords en phonétique latine, ensuite en phonétique afar : « LAMMA ( fana ) HOUTOUKA » se prononce en phonétique latine et « LAMMA ( fana) CUTUUKA » en phonétique afar.
(6) Hadda sont des signes et des figures géométriques tatoués sur les corps des hommes et des femmes afars.
Sans-papiers chez eux
Alors que le Ministre de l’Intérieur invite ses compatriotes à s’inscrire sur les listes électorales, nous soumettons à sa sage réflexion l’épineux problème de la nationalité, qu’aucun accord de paix n’a encore réussi à régler pour cause de violation. Sans manquer de l’inviter à faire un petit sondage pour savoir combien sont tous ceux qui, Djiboutiens depuis 1977, ont eu autant de mal à obtenir une citoyenneté que son régime refuse à d’autres.
La question de la nationalité a en tout temps été cruciale à Djibouti. Maintes fois, « Réalité » a traité ce problème d’une importance majeure en mettant en exergue les dangers qui revêtait cette situation pour des milliers de familles apatrides dans leur propre pays. Cet état de non droit obéit à une décision volontaire du régime connu pour sa politique sectaire. Son refus obstiné d’accorder ce droit inaliénable à des milliers de nos concitoyens relève d’une politique aussi inique qu’insensée, laquelle est basée sur l’attribution sélective et inégalitaire de la citoyenneté aux communautés nationales.
En ce sens, coexistent aujourd’hui différents citoyens apatrides présentant différents cas d’injustice. Des « kaar dameer » à l’époux ou épouse étrangère, en passant par l’enfant de père ou de mère inconnue, ces familles de « sans papiers », sans aucun droit, survivent depuis trois générations pour certains d’entre eux sans espoir, dans l’angoisse et la détresse. Cette triste réalité, conséquence d’une programmation politique consciente, n’empêche tout de même pas les coupables animés par une « naturelle » arrogance de séduire ces populations marginalisées à l’approche de chaque consultation électorale.
L’arme de la « citoyenneté » permet au pouvoir de combler son déficit de légitimité en cette courte période, en procédant à l’enregistrement de ses victimes « sans papiers » qui deviennent ainsi des électeurs par ordonnances. Toutefois, ces pratiques aussi ponctuelles que conjoncturelles ne permettent pas de corriger la situation de ces apatrides mais bien au contraire aggravent souvent leur cas en raison d’une part d’un manque de suivi de leurs dossiers, et d’autre part des multiples obstacles posés par la méconnaissance des textes. C’est donc l’échec par le découragement qui réduit encore ces sous-citoyens parce que spoliés de leurs droits.
Alors, n’importe qui ne passe à travers les mailles tressées par une administration corrompue et sectaire, mais nombreux sont pourtant les étrangers des régions voisines qui, par des moyens autres que la légalité, arrivent à obtenir la citoyenneté djiboutienne. En général, cette catégorie de nouveaux élus à la nationalité émigrent à l’étranger, choix que seules peuvent faciliter les pièces d’identité djiboutienne par rapport à celles de leur pays d’origine dans la région.
En effet, moyennant finances ces postulants à la nationalité de notre pays se déplacent dans les districts du sud ou la connivence avec les services du ministère de l’intérieur chargés des pièces d’identité leur permet de disposer en un laps de temps record « les papiers ».
Plus chanceux sont encore ceux qui de la manière la plus occulte disposent des pièces d’identité de personnes décédées et non-déclarées. Pratique très courante jadis entre membres d’une même famille, sous le colonialisme. C’est d’ailleurs cette technique qui a permis à nombres de nos concitoyens issus du circonvoisinage immédiat de disposer de la nationalité djiboutienne jusqu’à occuper des hautes responsabilités dans l’appareil de l’Etat, sous un nom d’emprunt évidemment.
Depuis peu, une nouvelle méthode plus dangereuse que les précédentes tend à grossir les rangs des « sans papiers » de la manière la plus ignoble. Celle-ci a pris forme depuis que la grogne des victimes de l’arme de la « citoyenneté » s’est fait entendre.
Les personnes concernées, dans leur majorité nécessiteuse et surtout analphabètes, se voient illégalement « déchues » de leur nationalité par des irresponsables de certaines administrations. En effet, et c’est le dossier que nous traitons ci-dessous, ces personnes qui remplissent toutes les conditions nécessaires pour être djiboutiens se voient refuser l’attribution de leurs pièces d’identité et contraints administrativement à opter pour une naturalisation. Le cas ci-dessous n’est qu’un exemple parmi des centaines.
Madame Kadidja Houmed Abdo est née en 1972 à Kouta-Bouya et domiciliée à Djibouti-ville. Mariée depuis 1988 (cf.doc 1) elle est aujourd’hui mère de sept enfants qui disposent eux de leur acte de naissance. A la fin de l’année écoulée, elle entreprend les démarches nécessaires pour obtenir sa carte d’identité nationale. Son entreprise se voit bloquée par l’administration chargée de la délivrance des pièces d’identité qui juge que n’étant pas djiboutienne elle doit solliciter une naturalisation.
Or, alors qu’elle relevait de l’article 5 de la loi n° 200/AN/81 portant code la nationalité djiboutienne qui stipule : «Est djiboutien, ainsi que ses enfants mineurs, l’individu majeur, au 27 juin 1977, qui par suite de sa naissance en République de Djibouti était français au sens des lois encore en vigueur sur le territoire », voilà que du coup, Madame Kadidja mineure à l’indépendance de notre pays, a été contraint de demander la nationalité djiboutienne par naturalisation et tombe du coup sous l’article 14 de la même loi qui dit ceci : « La nationalité djiboutienne peut s’acquérir par décision de l’autorité publique. Elle résulte d’une naturalisation accordée par décret et sur demande de l’intéressé ».
C’est le début du parcours du combattant que va devoir entamer Madame Kadidja pourtant djiboutienne. Cette démarche ne sera pas sans préjudice pour cette dame, mère de sept enfants et mariée à un djiboutien, la demande de la naturalisation lui enlevant désormais son droit à la nationalité par naissance. C’est ainsi que cet article qui engendre un ensemble de dispositions dissuasives citées par les articles 18 et suivants de cette loi de 1981 oblige cette épouse à faire une requête auprès du Directeur de la Population en février 2004, en lui fournissant un jeu de documents exigés. Notre administration n’ayant jamais fait l’effort d’adapter les méthodes d’enquête et leurs supports issus du colonialisme à la réalité de notre pays depuis 1977, parmi ces documents figurent un procès-verbal d’assimilation au contenu ahurissant (cf doc. 2), un certificat de vie commune, alors que notre religion et notre coutume autorise certainement la polygamie mais surtout pas une vie commune en dehors du mariage (cf doc. 3), et bien d’autres aussi insensés que choquants.
Selon la loi, le cas de cette femme dépendra dans un premier temps de la décision d’une commission présidée par un magistrat désigné par le Président de la République chargée de donner un avis préalable à toutes demandes de naturalisation. Quoi qu’il en soit, la contradiction réside dans les textes suivants qui soutiennent dans l’article 19 d’une part que « …la naturalisation ne peut être accordée qu’à l’étranger justifiant d’une résidence habituelle en République de Djibouti pendant au moins 10 ans qui précèdent le dépôt de sa demande », d’autre part l’article 21 : « L’étranger ou l’apatride qui contracte mariage avec un conjoint de nationalité djiboutienne ne peut solliciter la nationalité djiboutienne qu’après deux ans de vie commune. En cas de naturalisation les enfants mineurs issus du mariage sont de droit djiboutiens ».
Ce cas d’espèce ne peut s’appliquer à cette dame qui est née à Djibouti, mère de sept enfants issus d’un mariage avec un djiboutien. La situation de madame Kadidja n’est pas unique dans notre pays ou de la manière la plus illégale notre gouvernement bafoue les droits de ses propres citoyens au profit de nombreux étrangers qui, pour le cas de la naturalisation, bénéficient de la largesse du pouvoir en leur octroyant la nationalité sur la base de l’article 22 qui stipule que : « …Peut être naturalisé sans condition de délai, l’étranger dont la naturalisation présente pour la République de Djibouti un intérêt exceptionnel » . Cette loi relevant du pouvoir discrétionnaire du Président de la République a fait de citoyens djiboutiens un nombre non négligeable de personnes originaires des pays voisins Yémen, Ethiopie, et ces dernières années d’anciens militaires et autres agents de sécurité de la défunte dictature de Siad Barré.
Combien de temps croit pouvoir tenir un régime qui préfère massivement djiboutianiser des étrangers et au compte-gouttes naturaliser des nationaux.?
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Ayatollah : Bush… Kerry… Quelle différence ?
Al Qaïda : Zut ! Encore un indécis
Un savant américain avait un jour décrété « la fin de l’Histoire » : avec la faillite du communisme, toute source de contradiction avait pour lui disparu. Celle qui est en train de s’écrire actuellement aux Etats-Unis d’Amérique, par une plume trempée dans le sang de leurs soldats tombés en Irak ou des innocentes victimes des attentats aveugles, le contredit dramatiquement : le terrorisme semble y être devenu le nouveau moteur d’une Histoire à reculons.
Parce que leur pouvoir d’achat est affaibli par une inflation importée consécutive à la baisse du dollar, elle-même imputable aux choix économiques et budgétaires de la Maison-Blanche, nos compatriotes avaient très majoritairement fait le voeu d’une alternance politique lors de la présidentielle américaine du 2 novembre dernier. Comme beaucoup d’autres de par le vaste monde, ils sont restés pour ainsi dire « Bush bée » devant l’issue du scrutin. Avec plus de 3,5 millions de voix d’avance sur son concurrent démocrate, il fallait bien se rendre à l’aveuglante évidence : la personnalité et les priorités du candidat à sa propre succession correspondaient mieux aux attentes de l’électorat américain. Pour lequel l’assurance guerrière et la détermination quasi-mystique de George W. Bush sont donc les meilleures assurances en ces temps troublés, conforté qu’il fut dans cette analyse par le coup de pouce très peu désintéressé du chef d’Al-Qaïda.
Mais parler d’ « analyse » serait à maints égards inadéquat pour tenter d’expliquer les déterminants de ce vote historique, et tous les observateurs ont à juste titre mis l’accent sur la place prépondérante prise par le facteur irrationnel dans le choix des électeurs républicains. De toute évidence, cette élection étant la première à se dérouler dans un contexte de guerre (celle contre un ennemi déterritorialisé, consécutive aux attentats du 11 septembre provoquant la peur d’être attaqué sur son propre territoire, et même celle du Vietnam, impliquant les troupes américaines à l’extérieur), c’est un sentiment de légitime défense qui a déterminé le verdict des urnes. Ainsi, alors que certaines puissances engagées en Irak, officiellement à la recherche d’armes de destruction massive, regrettaient que l’ingérence meurtrière des réseaux terroristes affiliés à Ben Laden dans la campagne électorale espagnole ait conduit le nouveau gouvernement socialiste de Zapatero à retirer ses troupes, force est de constater que ce même terrorisme international a véritablement pollué le débat au sein de la première démocratie du monde, à tel point que la médiocrité qu’il a imposée aux Etats-Unis inquiète plus d’un observateur.
Médiocrité tout d’abord au niveau de l’individu américain, car il est bien connu que la peur n’a jamais été la meilleure conseillère de l’être humain. Que les Américains vivant dans le Middle West aient préféré Bush alors qu’ils ont statistiquement beaucoup moins de risque d’être victimes d’un attentat que ceux qui habitent à New York ou à Los Angeles, ayant pour leur part voté Kerry, n’en démontre que plus la psychose ambiante née des attentats aveugles. C’est l’un des piliers de l’american way of life qui est ébranlé : plus personne ne se sent en sécurité nulle part sur le territoire américain et c’est cette crainte pour leur vie qui a conduit par exemple ceux qui, massivement chômeurs dans l’Ohio à cause de la politique économique des Républicains, à voter contre leurs intérêts matériels immédiats et évidents, en reconduisant la cause de leurs difficultés.
Médiocrité en second lieu des arguments électoraux de cette équipe républicaine: à juste titre persuadée que la lutte antiterroriste constitue un filon inépuisable (il n’y a rien à négocier avec Al Qaïda), elle a sciemment et méthodiquement alimenté et entretenu cette psychose des attentats, à travers notamment la complaisance peu déontologique de certaines chaînes de télévision, dont les écarts dans le traitement de l’actualité irakienne sont restés célèbres par leur patriotisme. Le candidat républicain, profitant d’une visite surprise du chef d’Al Qaïda au travers d’une vidéo qui ne pouvait mieux tomber pour lui, a rajouté son grain de sel en affirmant, lors d’une dernière réunion électorale dans le Michigan que “Les Américains se rendent aux urnes dans une période de guerre et de menaces persistantes comme nous n’en avons jamais connues auparavant (…) Les terroristes qui ont tué des milliers d’innocents sont toujours dangereux et ils sont déterminés”. Ce qui n’était qu’un argument supplémentaire pour tous les déjà convertis qui lui apportent leur soutien, dont une droite ultraconservatrice croyant trouver son salut dans la restauration de ses valeurs morales fondatrices. Médiocrité enfin dans les alliances que cette croisade antiterroriste impose aux Etats-Unis : à Djibouti, pour ne prendre que l’exemple qui nous concerne directement, nous en savons quelque chose. De fait, on les voit mal plaider ailleurs en faveur de droits de l’homme qui sont manifestement mis en suspens chez eux. Mais ceci est une autre histoire. . .
Le principal étant que la volonté populaire américaine ait été respectée, rendons hommage aux uns et aux autres. Saluons donc le courage des électeurs démocrates qui, sensibles à l’image de leur pays à l’étranger, ont remis en cause leurs certitudes les plus profondes, héritées de la conquête de l’Ouest, et qui ont exprimé leur désir de changer d’équipage en pleine tempête, persuadés qu’une grande partie des problèmes de leur navire venait de l’incompétence du capitaine. Saluons aussi et surtout la fierté des électeurs républicains qui, s’estimant seuls maîtres de leur destin, ont reconduit leur héros en dépit de l’image que le reste de la planète pouvait avoir de lui.
C’est peut-être la leçon principale que nous autres Djiboutiens devons tirer de cette histoire: notre destin national ne sera pas décidé par quelque chancellerie ou opinion publique étrangère. Tout comme, malheureusement, il ne sera pas déterminé au sortir d’une urne prochaine.
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