Réalité numéro 109 du mercredi 20 octobre 2004 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 109 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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EDITORIAL
FAD S.A.R.L :
OBOCK ENTRE FADAISE ET FOUTAISE
Ce régime est un fervent adepte de la pataphysique qu’Alfred Jarry définissait comme étant « la science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité». Derrière la complexité apparente de cette définition, il y a la banalité d’une gesticulation officielle proposant de fausses solutions pour de vrais problèmes. La réalité quotidiennement vécue par nos concitoyens abonde d’exemples : Il Jano tarie dans une région qui ne manque pourtant pas de potentialités ou le bitumage du front de mer à Tadjourah dans un district attendant vainement la réhabilitation de ses infrastructures de base détruites lors du conflit, pour ne citer que l’actualité de cette semaine. Pourtant, mention spéciale doit être faite d’une mystification dont le caractère placebo risque d’avoir beaucoup d’effet secondaires : c’est la desserte aérienne proposée aux habitants d’Obock par les Forces Armées Nationales.
Les Forces Armées Djiboutiennes n’en sont pas à leur première incursion dans le domaine de l’initiative mercantile. On se souvient que, depuis quelques mois, leurs garages se proposent de réparer, au meilleur prix sur le marché, tous types de véhicules appartenant à des privés. Au grand dam des propriétaires de garages présents dans la Capitale, qui n’ont pas manqué de dénoncer cette concurrence déloyale puisque, par définition, dans le cas d’un garage appartenant à l’Armée, toutes les charges qu’implique une telle activité (main-d’œuvre, électricité, etc.) sont supportées par le contribuable djiboutien. De surcroît, cette intrusion intempestive dans l’économie privée n’est pas la première mission que le citoyen, supportant déjà mal le maintien sous une autre forme de l’impôt patriotique, est en droit d’attendre de l’institution militaire.
Rien n’y fait : sommé, par l’incompétence, d’inventer de fausses solutions pour de réels problèmes, le régime récidive dans l’illégalité profiteuse, cette fois-ci dans le domaine de l’aviation civile. Ainsi, on apprend qu’une initiative caritative a jailli, de ses pénibles séances de broutage peut-être : « dans le but de désenclaver les régions du Nord, les FAD par le biais de la Force Aérienne Djiboutienne viennent de créer des liaisons aériennes, au profit de la population du Nord à des prix exceptionnels ». Tout est dit ou presque. Sauf de rappeler qu’il existait autrefois une compagnie nationale dénommée Air Djibouti qui desservait Obock et Tadjourah deux fois par jour : ce n’est pas Air-France qui est responsable de sa faillite ! Insistons : les responsables de sa faillite sont aujourd’hui au plus haut sommet de l’Etat.
Le problème se situe à trois niveaux, et tout d’abord à celui du véritable pouvoir d’achat de la population si généreusement ciblée : la pauvreté généralisée rend peu probable que l’avion affrété pour la circonstance fasse le plein de voyageurs, même à 2000 FD l’aller simple. Le caractère déloyal de cette concurrence trouvant ainsi ses limites dans le chômage de ceux en âge de travailler et dans la suppression des pensions de retraite de ceux qui ont déjà travaillé.
Second niveau, beaucoup plus grave : quel régime d’assurance s’appliquera à ces voyageurs. Car, pour autant que l’on sache, ce genre de philanthropie n’est pas inclus dans la Convention de Varsovie régissant le trafic commercial aérien. Donc, en cas de perte de bagages (ils en auront certainement un peu) ou par malheur de décès, tout passera par pertes et profits ! Et il y a un précédent. Mais il est bien connu que les nécessiteux sont les moins bien placés pour choisir en toute liberté.
Enfin, dernier sans nom, cette militarisation des liaisons aériennes n’est qu’une étape supplémentaire dans le désengagement de l’Etat : déjà victimes du refus de la réhabilitation et de la reconstruction de leur ville et de leur région, laissées dans un état d’abandon confinant à une incitation à la mendicité, ces populations ne peuvent désormais plus solliciter une quelconque évacuation sanitaire aux frais de la Santé publique. Le manque d’ambulance passe au second plan puisque l’introuvable gasoil est remplacé par le généreux kérosène militaire.
A n’en pas douter, Faustroll devait être un docteur honoris causa, comme le chef suprême des Forces Armées Djiboutiennes. Entre accepter cette Fadaise et dénoncer la foutaise, il n’y a pas à hésiter.
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Brèves nationales
Ecole ou nourriture :
Pourquoi choisir ?
La rétention des informations relatives aux réelles conditions de vie de ses concitoyen est le propre de tout régime fondé sur la fraude et par conséquent non astreint au rendement. A Djibouti, on frôle même le désastre, comme le confirme dans son dernier numéro, la version papier des Nouvelles d’Addis.
On y apprend en effet que, « selon Famine Early Warning Systems Network (FEWS), les prix à la consommation à Djibouti auraient grimpé de 25 à 30% depuis août 2003. l’organisation estime que de nombreux Djiboutiens devront faire des choix entre nourriture et école et même réduire leur consommation de nourriture. Elle préconise l’extension de la distribution de repas à l’école et la réduction des taxes sur les produits alimentaires et le kérosène, de même que la diminution des frais de scolarisation. Fews s’inquiète également de la pénurie d’eau dans certains quartiers de la capitale et craint que les incendies ne dégénèrent en catastrophes ».
Les choix budgétaires irresponsables, marqués par un taux d’imposition trop élevé ont souvent été évoqués dans notre journal. Pour ce qui est des cantines scolaires, inutile de rappeler qu’elles n’existent le plus souvent que sur le papier. Pourtant, des milliers de tonnes d’aide alimentaire, offerte par le Programme Alimentaire Mondial et officiellement destinée à ces cantines scolaires, surtout en milieu rural, avaient récemment été réceptionnés par le sous-ministre chargé de la Coopération internationale.
Les écoliers de Dalley, par exemple, n’ont rien reçu de tel, puisqu’ils doivent faire quotidiennement à pied les kilomètres séparant l’école de leur domicile : pas de cantine ni de ramassage scolaires. Le régime estime peut-être qu’ils n’en ont pas besoin : c’est connu, le bédouin marche beaucoup et mange peu !
Affaire à suivre…
Le paradis introuvable :
Il Jano, huit mois après…
La publicité mensongère fait partie intégrante de la mauvaise gouvernance. Pendant que les Assajogs voient s’éloigner les promesses de développement industriel et avec elles les créations d’emplois annoncées, le consommateur djiboutien cherche toujours l’eau miraculeuse embouteillée au pied du mont Arrey. Pourtant, les abonnés au téléphone ne manquent pas de tomber, en consultant leur annuaire 2004, sur de pleines pages de publicité achetée par la fantomatique société industrielle des eaux minérales d’Ali-Sabieh.
En l’absence dans notre pays d’un Bureau de Vérification de la Publicité (BVP), organisme chargé de traquer les publicités mensongères, nous sommons les autorités d’apporter au public les informations relatives aux difficultés techniques empêchant la commercialisation de cette eau minérale, ainsi qu’à l’état d’avancement du projet de cimenterie et d’usine de marbre d’Ali-Sabieh. Une campagne digne de ce nom débute par l’information du citoyen.
Tadjourah :
Campagne d’embellissement ?
La route du front de mer à Tadjourah, longue de quelques centaines de mètres, semble ces derniers temps promise à une modernisation précipitée. On se souvient que le Premier ministre avait promis de goudronner cette voie pour embellir la ville et c’est la raison pour laquelle les engins des Travaux Publics sont miraculeusement de retour dans ce district : rouleau compresseur en tête. Pourtant, à y regarder de plus près, il apparaît évident que le régime cherche à baliser la voie vers de futures fraudes électorales.
Cette pseudo-campagne d’embellissement paraîtrait plus sérieuse si les pouvoirs publics s’attaquaient en priorité à la réhabilitation de la route Tadjourah-Randa, autrefois goudronnée et aujourd’hui dans un piteux état, au grand désespoir des usagers et des touristes. Les habitants de la Ville-Blanche ont d’autres préoccupations, bien éloignées des gesticulations électoralistes des usurpateurs.
Il y a plus urgent dans cette ville et dans ce district que bitumer quelques centaines de mètres de route destinées avant tout à accueillir les 4xkhat du cortège présidentiel en campagne.
Un spectacle dégoûtant :
Le régime se mire dans les eaux stagnantes
Apparemment sommé en haut lieu de jeter quelques pierres dans la mare, le journal gouvernemental La Nation a consacré la semaine dernière une pleine page à l’une des plaies béantes de la mauvaise gouvernance : les dangereuses mares d’eaux stagnantes visibles un peu partout dans les quartiers populaires de la Capitale. Malheureusement, comme tous les reportages « autorisés », cet article sur «l’assainissement» se contente de dresser un constat alarmant, sans trop rappeler la démission des pouvoirs publics.
Nous le ferons donc à sa place car « beaucoup de nos concitoyens sont acculés à vivre dans la merde (sic !). L’absence de moyens ne peut constituer un prétexte pour expliquer le manque d’entretien », surtout que l’on sait que des fonds colossaux sont utilisés par le candidat en campagne pour acheter la conscience des citoyens condamnés à patauger dans les eaux stagnantes.
Un régime lui-même malsain ne peut rien assainir véritablement !
Désenclavement d’Obock :
AIR FAD vole bas
Ainsi, on a appris le week-end dernier que l’enclavement d’Obock, qui perdure depuis de longues années, ne serait plus qu’un mauvais souvenir. Une miraculeuse liaison aérienne bi-hebdomadaire entre la Capitale et ce chef-lieu de district aurait été établie grâce au concours humanitaire d’une nouvelle «compagnie aérienne»: AIR FAD.
En fait, il s’agit d’un petit avion de quelques places appartenant aux FAD (Forces Armées Djiboutiennes) et destiné avant tout aux déplacements des dignitaires en campagne et de leurs ballots de khat.
Tout le monde l’aura compris : le désenclavement social (pour la modique somme de 2000 FD) d’une capitale régionale en cette période électorale paraît bien l’œuvre du candidat à sa propre succession, Son Excellence El Hadj, Docteur…, Chef Suprême des Armées et d’AIR FAD également. Qui donc à part lui aurait pu imaginer et concevoir une solution aussi rapide au casse-tête de l’enclavement ?
En attendant, le régime continue à voler de ses propres ailes… plombées. Ne se sentant pas concernés par ce voltige aérien électoraliste au-dessus de leurs têtes, les malheureux Obockois attendent pour leur part un véritable désenclavement routier et maritime durable.
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M. Mohamed Daoud clarifie sa position
Parti Djiboutien pour le Développement
Boîte Postale : 892 Tél : 35.32.43
République de Djibouti
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Djibouti, le 18 octobre 2004
COMMUNIQUE DE PRESSE
Suite à la parution, dans plusieurs journaux internationaux, de l’annonce de ma candidature à l’élection présidentielle de 2005, j’ai l’honneur de porter à la connaissance des trois autres partis de l’Union pour l’Alternance Démocratique (UAD) qu’une telle décision ne sera prise que conformément aux us et coutumes de la Coordination, c’est-à-dire de façon collégiale.
En conséquence, j’affirme que le PDD fait toujours partie de l’UAD. Une division en son sein ne profiterait qu’au régime de parti unique qui malmène le pays.
Le Président du PDD
Mohamed Daoud Chehem
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Comprendre la Somalie (1)
CULTURE |
En cette sainte période de Ramadan propice au recueillement et à la tolérance, il nous a semblé opportun d’ouvrir une rubrique Culture, afin de modestement contribuer à la compréhension mutuelle entre les peuples de la région. N’est-il pas dit dans le Saint Coran : « et Nous avons fait de vous des nations et des tribus pour que vous vous entreconnaissiez, car le plus noble d’entre vous auprès d’Allah sera le plus pieux » (Sourate 49 Verset 13) ? Cette semaine, nous commençons la première partie du volet consacré à la Somalie, ou plutôt aux Somalies avec une introduction à l’histoire, au peuplement et à la répartition régionale.
Une récente actualité, faite d’espoir et de crainte, a remis la Somalie sur le devant de l’actualité internationale. Espoir de voir enfin ce Peuple retrouver une stabilité intérieure qu’il a perdue depuis si longtemps. Crainte que, même sincère, un volontarisme mal éclairé cherchant à précipiter sa réunification, ne provoque des tensions avec le voisin somalilandais.
Peuplement
Même si toute la région côtière était connue durant l’Antiquité sous l’appellation égyptienne de « Terre de Pount », rien ne permet, en l’état actuel des connaissances scientifiques, de la rattacher au peuplement contemporain d’aire géographique Somali. Plus près de nous, la seule Capitale Mogadiscio doit son nom au toponyme persan signifiant « Trône du Shah ».
De fait, c’est avec l’arrivée des Arabes, commerçants et missionnaires musulmans qu’apparaissent les premières attestations de ce peuple. Précisément lorsqu’un puissant pouvoir musulman, connu sous le nom de Sultanat Adal se met en place, recouvrant un vaste espace et facteur d’un brassage culturel déterminant.
C’est vraisemblablement à partir de son déclin au 16ème siècle, suite à une intervention militaire, commandée par le fils de Vasco de Gama, venue en aide à l’empire chrétien éthiopien, qu’un mouvement de dispersion a eu lieu, amenant les populations de pasteurs-nomades somali et afar à conquérir de nouveaux espaces territoriaux, le plus souvent au détriment d’autres peuples, oromo ou bantou.
C’est pour cela que, fait peu connu ici, il existe un important îlot afar au centre et au sud-ouest de l’actuelle Somalie, alors qu’il aurait été plus plausible que cette composante se retrouve au nord de ce pays. C’est essentiellement dans la province de Bay (région de Baydabo) que cette population est implantée.
Il existe également un résidus des groupes bantous originels, à Afgoye et Kismayo. Quant aux Arabes, principalement venus du Yémen, ils sont uniquement installés dans la Capitale. Notons enfin un apport portugais et indo-pakistanais à Merca et Barawa.
Histoire contemporaine En 1887, la Grande-Bretagne établit un protectorat et définit les limites territoriales de l’actuel Somaliland. Quant à l’Italie, c’est suite à plusieurs traités qu’elle prend possession du reste de la Somalie, qu’elle rattache en 1936 à l’Erythrée et à l’Ethiopie pour former l’Africa Orientale Italiana. Le 26 juin 1960, le Somaliland accède à l’Indépendance, suivi le 1er juillet par la Somalia, entité avec laquelle il fusionne immédiatement pour créer la République de Somalie et Aden Abdallah Osman en devint le premier Président. Arrivé au pouvoir grâce au coup d’état du 21 octobre 1969, le Général Siad Barré place le pays dans l’orbite socialiste et opte pour une puissante affirmation identitaire, concrétisée par une campagne d’alphabétisation en langue maternelle et le pansomalisme. Lequel l’a conduit, en 1977, à s’engager plus activement dans le conflit de l’Ogaden. Ce n’est qu’avec le soutien de l’URSS, de Cuba et du Yémen du sud, que l’Ethiopie de Mengistu a réussi à repousser les rebelles indépendantistes de l’Ogaden et les troupes somaliennes. Alors commence le déclin de la République Démocratique de Somalie, aboutissant à la chute du dictateur, à la séparation du Somaliland, officialisée en 1992 sous la conduite du SNM et à une interminable guerre civile dans l’ancienne Somalie italienne.
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S’autorisant du droit international relatif aux frontières héritées de la colonisation, et connaissant une stabilité intérieure que certains voisins, dont Djibouti, lui envient, le Somaliland est toujours à la recherche d’une reconnaissance internationale. Alors que la Somalie, après treize conférences de réconciliation nationale ratées, dont deux organisées à Djibouti, a enfin à sa tête un Président intérimaire réellement représentatif, Abdillahi Youssouf, ex-président du Puntland, désigné à Nairobi dimanche 10 octobre 2004.
Avenir
Du coup, la réunification est vivement espérée par la communauté internationale : il y a un peu plus d’une décennie que les deux Yémen ont choisi cette voie, alors pourquoi pas les deux Somalie ?
Mais il y a encore beaucoup d’obstacles à franchir avant cela, la première étant évidemment que le Somaliland l’accepte.
Nous verrons la semaine prochaine certaines de ces difficultés, à travers une importante étude menée par un Djiboutien, au terme d’un long séjour dans tous les pays de région. A suivre…
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Communiqué de l’UAD
UNION POUR L’ALTERNANCE DEMOCRATIQUE
(ARD, UDJ, MRD, PDD)
Djibouti, le 19 octobre 2004
COMMUNIQUE DE PRESSE
Aucune amélioration de la situation politique du pays n’est perceptible. Les partis politiques comme les syndicats libres, traversent la période la plus sombre de leur histoire. Le parti au pouvoir depuis plus de 25 ans vient de tenir un congrès extraordinaire pour désigner son candidat à la présidentielle de 2005. Ces assises n’avaient d’autres objectifs que la pérennisation d’un régime antidémocratique. Par conséquent, l’Union pour l’Alternance Démocratique réunie en sa séance ordinaire de la rentrée :
Constate que :
1) Conformément aux dispositions légales en vigueur, l’UAD n’a pas manqué de jouer son rôle dans les règles qu’impose toute démocratie ;
2) Pour ce faire, elle a saisi avant et après les élections législatives toutes les instances dirigeantes du pays et en dernier ressort le Président de la République et Chef de gouvernement tant sur l’énorme décalage existant entre la démocratisation affichée et la pratique. Exemples : non remboursement de la caution de 32,5 millions FD déposée lors des législatives du 10 janvier 2003 par les candidats, conformément à la loi relative aux élections, et notre dernier courrier du 21 mai 2004 portant sur les conditions de la démocratisation de la vie politique, resté toujours sans réponse ;
3) La loi sur les élections régionales, votée par l’Assemblée Nationale et promulguée par le Président de la République en 2002, n’est toujours pas entrée en vigueur malgré les nombreuses promesses gouvernementales.
Considère que :
Toute tentative pour le déblocage de ce verrouillage politique par l’ancien parti unique repose sur la réalisation des modalités suivantes :
1) La refonte des listes électorales qui doivent refléter la réalité du corps électoral tel qu’il est actuellement;
2) L’établissement des listes par bureau de vote dans les régions de l’Intérieur;
3) La publication de toutes les listes électorales et leur mise à la disposition de tous les partis politiques;
4) La mise en place d’une véritable Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), composée à parité de représentants de l’Opposition et de représentants des partis au pouvoir, sous la présidence d’une personnalité indépendante acceptée par les deux parties ;
5) L’élaboration conjointe (Opposition/Gouvernement) du Statut Spécial de la Capitale ;
6) La modification de la Loi relative aux élections dans ses articles 27 et 54, portant sur la proclamation des résultats et la remise des Procès-Verbaux, consécutives au dépouillement du résultat des scrutins. Désormais, pour une réelle transparence des élections, chaque parti doit disposer de son exemplaire de PV et les résultats proclamés par la CENI;
7) L’abandon pur et simple des pratiques de l’ancien système du parti unique dans la désignation des assesseurs par le pouvoir. Ces assesseurs doivent représenter les partis en compétition;
8) L’accès libre et équitable des partis politiques aux médias publics (radio, TV, journaux, etc.);
9) L’amendement et l’application effective de la loi de 1992 sur la communication qui autorise l’ouverture de radios et de télévisions libres.
En conséquence :
– soucieuse de l’intérêt général, l’UAD craint que la non-réalisation de ces modalités fassent que les élections à venir ne soient, comme d’habitude, entachées de fraudes massives et ne puissent aucunement garantir un concours franc et crédible.
– L’UAD demande au Peuple Djiboutien, et à ses militants, de rester vigilants face aux manœuvres du régime.
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L’UAD avait écrit
Voici, pour rappel, la lettre que l’UAD avait adressée au Président de la République et à laquelle le communiqué du 19 octobre fait référence.
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UNION POUR L’ALTERNANCE DEMOCRATIQUE
(ARD, UDJ, MRD, PDD)
A
Monsieur le Président de la République
Chef de Gouvernement, Palais Présidentiel Djibouti
Objet : Conditions pour la Démocratisation de la vie politique.
Djibouti, le 21 mai 2004
Monsieur le Président de la République,
Depuis l’instauration du multipartisme intégral consécutif aux accords de paix définitive du 12 mai 2001, nous n’avons à aucun moment manqué de nous conformer aux dispositions légales en vigueur afin de respecter pleinement les règles qu’impose toute démocratie. Nous nous permettons de vous rappeler que nous vous avions saisi, en votre qualité de Président de la République et Chef de Gouvernement, avant et après les élections législatives, sur l’énorme décalage entre la démocratisation affichée et les dispositions de la loi relatives aux élections. A cet effet, c’est par souci de transparence électorale, que nous vous avions d’ailleurs écrit le 9 novembre 2002, sur l’impérieuse nécessité d’une modification du décret n° 2002/198/PR/MID du 30 septembre de la même année relatif à la composition et au fonctionnement de la Commission Electorale Nationale Indépendante en vous y exposant nos observations et nos propositions afin que ladite commission puisse disposer de toutes les attributions et compétences nécessaires pour bénéficier de l’indispensable indépendance que requiert sa mission, seule garantie pour l’organisation d’élections libres et transparentes.
De l’annonce des résultats du scrutin du 10 janvier 2003 à ce jour, nous avions entrepris et épuisé toutes les démarches légales, pour le remboursement de la caution de 32,5 millions FD déposée au Trésor Public par les 65 candidats de notre liste aux dernières élections. Du Trésorier payeur, en passant par le Ministre de l’Intérieur, du Tribunal Civil et Commercial, du Tribunal du Contentieux Administratif enfin du Ministre de la Justice chargé des Droits de l’Homme, nos doléances sont restées sans réponse. Notre dernière tentative, avec pour objectif le déblocage de la situation politique de notre pays, fut notre entrevue du 24 mars dernier avec votre Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation. Cette rencontre devait permettre la concrétisation effective, puisque légale, des engagements relatifs à la démocratisation de la vie politique, tant pour les consultations nationales que régionales.
A ce sujet, nous n’avions pas manqué de faire remarquer au Ministre en charge de la Décentralisation, que la loi n° 174/AN/02/4ème L portant décentralisation et statut des régions du 7 juillet 2002 promulguée par vous-mêmes et publiée au journal Officiel du 15 juillet 2002, a été tout simplement violée au regard de son article 5 alinéa 2, lequel stipule :
« dans les trois mois qui suivront la promulgation de la présente loi, un décret précisera un calendrier pour l’installation et la mise en place effective des collectivités régionales élues ainsi que les transferts de compétences qui leur sont dévolus par la loi ».
Par conséquent, cette réunion n’ayant débouché sur aucune conclusion honorable et considérant qu’à défaut d’une issue responsable pour notre pays, nous, Union pour l’Alternance Démocratique regroupant les quatre partis de l’opposition, toujours soucieuse de l’intérêt général, réitérons avant toute consultation électorale nos exigences légales et légitimes pour :
– La refonte des listes électorales qui doivent refléter la réalité du corps électoral tel qu’il est actuellement. Sur ce point, votre Ministre de l’Intérieur avait reconnu en présence des observateurs internationaux lors des dernières législatives que les listes électorales étaient décalées de la réalité du corps électoral national
– L’établissement de ces listes par bureau de vote dans les régions de l’Intérieur ;
– La mise en place d’une véritable Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), composée à parité de représentants de l’Opposition et de représentants des partis au pouvoir, sous la présidence d’une personnalité indépendante acceptée par les deux parties ;
– L’élaboration conjointe (Opposition/Gouvernement) du Statut Spécial de la Capitale Djibouti ;
– La modification de la Loi relative aux élections dans ses articles 27 et 54, portant sur la proclamation des résultats et la remise des Procès-Verbaux, consécutives au dépouillement du résultat des scrutins. Désormais, nous considérons que pour une transparence réelle des élections, chaque liste doit disposer de son exemplaire de PV et les résultats proclamés par la CENI ;
– L’abandon pur et simple des pratiques de l’ancien système du parti unique dans la désignation des assesseurs par le pouvoir. Ces assesseurs doivent désormais représenter les listes en compétition ;
– L’accès libre et équitable des partis politiques aux médias publics;
– L’amendement et l’application effective de la loi de 1992 sur la communication qui autorise l’ouverture de radios et de télévisions libres.
Monsieur le Président de la République, la légitimité du pouvoir, la transparence et la stabilité résident dans la loyale application des points ci-dessus. Dans le cas contraire, nous prenons à témoins l’opinion nationale et internationale sur les dangers que fait courir votre gouvernement à la fragile stabilité que nous avons su préserver jusqu’à ce jour.
Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à l’assurance de notre haute considération.
Le régime a mauvaise mine
Au terme d’une véritable restauration de la paix, après tout conflit armé, c’est bien au droit de pouvoir fouler leur sol national en toute sécurité que les citoyens aspirent. Or, comme le démontre l’article ci-dessous reproduit, tiré des Nouvelles d’Addis, le régime djiboutien, en laissant encore enfouies des centaines de mines antipersonnel, donc interdites par le droit de la guerre, agit comme si le conflit perdurait. Mettant ainsi dangereusement en péril la vie de paisibles concitoyens des zones rurales, affectées par le conflit ou pas.
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Djibouti: pas si déminé que ça…
Les autorités djiboutiennes ont déclaré le pays « mine free ». Pourtant, selon les informations recueillies par Les nouvelles d’Addis, Djibouti ne serait « pas si déminé que cela ». Par exemple, une mission d’évaluation du centre Minex, en octobre 2003, à la Douda, a évalué à 700 engins environ la menace des mines dans ce seul secteur. Témoignage d’un spécialiste.
ALBAN GOUBET
Juillet 2004. – Malgré les affirmations des autorités djiboutiennes, qui ont déclaré le territoire de Djibouti exempt de mines (mine free), devant les États partis de la Convention d’Ottawa réunis à Genève en janvier dernier, il semblerait bien que certaines se « baladent » encore dans des sites connus ou inconnus.
Je me suis laissé dire que les démineurs de l’armée nationale djiboutienne, appuyés par la compagnie privée américaine Ronco, découvrent de nouvelles mines chaque mois. Autre exemple, et j’en atteste personnellement (1 ).
L’armée française avait un dépôt de munitions à Ladouda, site qui se trouve à quelques kilomètres du centre-ville de Djibouti. Ce dépôt était protégé par des mines antipersonnel.
Mais des inondations dans les années 80 et 90 ont déplacé ces engins hors du marquage de barbelés encadrant le champ de mines. Cela n’a tué que quelques pauvres bougres et autres chèvres et dromadaires. Pas de quoi fouetter un chat pour les autorités des deux pays.
Sauf que les Américains ont décidé de construire un camp à cet endroit, et qu’ils y ont trouvé des mines dès les premiers coups de pelleteuse.
La France a dépêché une mission d’évaluation du centre Minex de l’ESAG (2), en octobre dernier Ils ont évalué à 700 engins environ la menace des mines dans ce secteur.
Cette pollution pose de nombreux problèmes car les mines utilisées comportent une rondelle métallique de détectabilité amovible, d’où leur nom : Mine APDV59 (Mine Antipersonnel Détectable à Volonté, année de conception 1959). Or, des rondelles seules ont été retrouvées, donc des mines sont désormais indétectables. . . On ignore où en sont les opérations de déminage et de recherche de ces engins devenus indétectables – à moins de marcher dessus. Mais affirmer que Djibouti est le premier pays africain « mine free » paraît un peu précipité.
D’autant que selon d’autres sources, durant la guerre contre le Frud, l’armée djiboutienne aurait également disséminé des engins explosifs dans certaines zones qu’elle serait bien en peine de définir avec précision aujourd’hui. Là encore, des pauvres bougres et leurs troupeaux seront les futurs démineurs du premier pays africain « mine free » – AG
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(1) Notre correspondant est conseiller technique en matière de lutte antimines.
(2) ESAG . École supérieure d’application du génie.
COMMENTAIRES |
L’incompétence ne peut à elle seule expliquer que des zones entières des nos brousses demeurent de vastes champ de mines. La légèreté qui a conduit l’Etat-major djiboutien à ne garder aucune archive précise des lieux où ces mines antipersonnel ont été enterrées semble bien avoir la même motivation qui l’a poussé à autoriser le pillage des biens civils, ou encore à ne pas sanctionner massacres ou exactions à l’encontre des innocents.
C’est celle, irresponsable et contraire à l’unité nationale, qui consiste à ne pas considérer ces populations, leurs biens et leurs zones d’habitat comme partie intégrante de la République de Djibouti.
Par ailleurs, le rapport 2003 du Landmine Monitor nous apprend que » l’échéance fixée par le Traité pour que Djibouti ait terminé la destruction de ses stocks était le 1er mars 2003. A la réunion du Comité Permanent du 6 février 2003, le représentant de Djibouti a pour la première fois fait rapport sur le plan de destruction des stocks de son pays. Il a indiqué que la destruction avait été planifiée initialement pour le début de 2003, mais qu’elle avait été différée à cause de la campagne électorale ». Surtout qu’elle a été spoliée de sa victoire, l’UAD aurait certainement accepté un report des élections si cela pouvait assurer la consolidation de la paix civile.
Devant un tel constat, de mise en danger de la vie d’autrui, un tel régime aurait normalement été puni par n’importe quel tribunal. Sauf que, en la circonstance, c’est uniquement au Peuple Djiboutien de s’ériger en tribunal populaire !
La Rédaction.
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