L’impasse politique à laquelle nous sommes habitués depuis bien longtemps, se conjugue à l’heure actuelle avec un bouleversement régional, entrainant un isolement diplomatique sans précédent du régime de Djibouti, qui ne fait qu’accentuer la crise dans laquelle s’embourbe notre pays.
L’alternance par les urnes s’est avérée impossible, parce que les verdicts des urnes sont bafoués par le Président et son équipe sous les yeux bienveillants des puissances et des organisations internationales.
Les traités de paix signés avec ce régime en 1994 et 2001 ainsi que l’accord politique de 2014 sont restés lettre morte.
De nombreux partis politiques n’ont aucune existence légale, ils ne peuvent mener ni des actions politiques, ni fonctionner, ni participer à un débat public.
Aucune presse indépendante n’est tolérée.
Dans ces conditions, les élections organisées et contrôlées par le régime, ne servent à rien sinon à conforter le pouvoir en place pourtant ultra minoritaire.
L’ensemble des forces pour le changement à Djibouti a constitué la Commission pour la préparation de la plate forme de la transition.
Cette Commission :
+ Prend acte du refus de l’application de cet accord de paix ;
+ Prend acte du refus des verdicts des urnes des élections législatives de 2003 et 2013 ;
+ Prend acte de l’interdiction de fait des partis politiques de l’opposition ;
+ Prend acte de la décision du chef de l’Etat de briguer un 5ème mandat
+ Appelle le peuple de Djibouti à ouvrir une nouvelle page, à soutenir des luttes multiformes pour imposer une transition démocratique. Partout, nous encourageons les femmes et les hommes à se rassembler, à discuter de l’avenir du pays, car cette situation ne peut plus durer, et ne va pas s’améliorer.
En ce qui nous concerne, nous ne nous lasserons jamais de travailler d’arrache pied à rassembler toutes les forces de changement sans exclusive, à préparer un changement radical et démocratique à Djibouti. « Rassemble afin d’aimer » écrivait le poète Paul Eluard.
Sur les brisées de l’Appel de Bourget de l’opposition du 15 septembre 2018, un acte fécond pour l’avenir, nous avons continué à élaborer une charte de transition en y associant d’autres forces et personnalités de la société civiles
Nous demandons à toutes les forces de l’opposition de dépasser les querelles secondaires et de trouver ensemble les moyens d’une dynamique unitaire en tirant les leçons de nos expériences et erreurs passées.
Nous demandons à la société civile de prendre toute sa part dans cette dynamique populaire pour mettre un terme à 44 années de cette dictature.
Nous demandons aux forces qui soutiennent encore ce régime de se ressaisir pour appeler à une transition démocratique.
Nous sommes face à ce que le politologue Camerounais Achille MBembe à défini comme la «sénilité des pouvoirs nègres», qui peut donner lieu à toutes sortes de conséquences.
Mohamed KADAMY
Président du FRUD