C’est la première fois que les forces de l’ordre tentaient d’interdire, arguant de la proclamation de l’Etat d’urgence, cette réunion traditionnelle d’hommage au fondateur de l’une des tribues djiboutienne. Face aux protestations des participants, les policiers, mobilisés en masse pour bouclé ce quartier de ont ouvert le feu, tuant une vingtaine de leurs concitoyens.
L’Union pour le salut national (USN), une coalition de sept partis djiboutiens d’opposition, tente de dénoncer ces massacres qui traduisent l’extrême tension qui règne actuellement dans le pays.
Le vice-président de l’USN, Omar Elmi Khaireh explique que les forces spéciales du président Ismail Omar Guelleh ont pris d’assaut la maison privée de Me Djama Amereh Meidal où le Haut-Conseil de l’USN était en réunion de crise à propos de la tuerie de Buldhuquo. Durant cette attaque des tirs à balles réelles et les lacrymogènes de policiers cagoulés ont fait plusieurs « blessés graves » parmi ses membres, dont son président Ahmed Youssouf Houmed, sérieusement touché. Le secrétaire général de l’USN, Abdourahman Mohamed Guelleh a été roué de coups de crosses avant d’être emmené vers un lieu inconnu.
Pour sa part, le ministre djiboutien de l’Intérieur, Hassan Omar Mohamed, a indiqué dans un communiqué reçu mardi que les forces envoyées à Buldhoqo pour interdire la céré avaient été attaquées et il a dénoncé des violences destinées « à déstabiliser notre nation et à semer les divisions au sein de la communauté nationale », orchestrées « par des individus malintentionnés recevant des instructions de la part de parrains qui agissent depuis l’étranger ». Il fait référence à l’homme d’affaire franco-djiboutien Abdourahman Charles Boreh, en exil après sa rupture avec le président Guelleh, qui lui avait confié la quasi totalité des juteux contrats de constructions d’infrastructures, notamment portuaires, à Djibouti.
Cette répression meurtrière intervient à 4 mois des élections présidentielles (prévues en avril 2016) qui verront le président Ismaël Omar Guelleh, à la tête du pays de puis 1999, briguer un quatrième mandat. Dans cette perspective, après avoir amendé la Constitution, 2010, pour qu’elle ne limite plus le nombre de mandats présidentiels, il a instauré l’Etat d’urgence à Djibouti depuis un mois. Ce petit pays de la Corne de l’Afrique, à l’entrée de la mer Rouge et du Golfe d’Aden dispose d’une position stratégique dans la région entre le continent africain et la péninsule arabique. Il accueille la plus grande base militaire française du monde, qui abonde notamment un contingent de soldats à la force africaine en Somalie (Amisom), pour combattre les islamistes Shebab.
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Source : Humanité.fr