Les Djiboutiens élisent leurs députés, l’opposition unie face au pouvoir
Vendredi, 22 Février 2013 09:37 AEM
NAIROBI, 22 fév 2013 (AFP) – Les électeurs de Djibouti ont voté vendredi pour des législatives, pour lesquelles l’opposition, qui avait boycotté le précédent scrutin, a présenté un rare front uni face à la toute-puissante coalition soutenant le président Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999.
« Le vote a commencé tôt dans la matinée et se déroule de façon calme et paisible. Nous n’avons pas entendu parler de troubles », a déclaré à l’AFP Fowsi Abokar, un habitant et homme d’affaires de Djibouti-Ville, joint en fin de matinée par téléphone depuis Nairobi.
Les téléphones portables et les lignes fixes n’étaient cependant plus joignables depuis à Djibouti, a constaté l’AFP depuis Nairobi et aucune information de source directe n’était plus disponible.
« Ils ont coupé les réseaux téléphoniques », a affirmé à l’AFP Ahmed Hachin-Loita, porte-parole en Europe de l’Union pour la démocratie et la Justice (UDJ, opposition), expliquant n’avoir pu contacter depuis Paris aucun interlocuteur à Djibouti-Ville, qui abrite les trois-quarts de la population du pays.
L’UDJ fait partie de l’Union pour le Salut national (USN), coalition au sein de laquelle se sont récemment regroupés les principaux partis d’opposition du pays.
Un léger et bref incident, au cours duquel des pierres ont été lancées, a été rapidement maîtrisé, a indiqué sur twitter l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), coalition soutenant le président Guelleh.
M. Hachin-Loita a lui indiqué avoir été informé d’une série de fraudes, sans qu’il soit possible de vérifier ces allégations de manière indépendante sur place dans l’immédiat.
Djibouti, petit pays d’environ 800.000 habitants, jouit d’une position très stratégique à l’entrée de la mer Rouge et abrite la plus importante base militaire française d’Afrique (environ 2.000 hommes) et la seule base militaire américaine du continent.
L’USN représente la plus sérieuse menace depuis dix ans pour l’UMP et le gouvernement du président Guelleh. L’UMP détient la totalité des 65 sièges du Parlement monocaméral depuis les législatives de 2008, boycottées par l’opposition qui avait dénoncé l’inéquité du mode de scrutin de liste à un tour.
L’élection de vendredi introduit pour la première fois une dose de 20% de proportionnelle.
Le président Guelleh – le deuxième seulement de l’histoire du pays depuis son indépendance en 1977 – a mis tout son poids dans la campagne, faisant valoir « qu’un président, pour exécuter son programme, avait besoin d’une majorité significative » au Parlement.
Dans un message télévisé vendredi, le chef de l’Etat a appelé ses concitoyens à voter pour l’UMP, qui mène selon lui Djibouti vers « la paix et la prospérité ».
M. Guelleh, 65 ans, réélu pour cinq ans en avril 2011 pour un troisième mandat, lors d’une présidentielle aussi boycottée par l’opposition, a promis que ce mandat, obtenu après une révision de la Constitution, serait son dernier.