Le règne de l’injustice à Djibouti
Les djiboutiens(nes)vivent au sein d’un leurre magistral, d’une République disparue que le régime autocratique s’acharne à ne pas reconnaître telle, et que ses politiques artificielles prétendent perpétuer. Cette dictature qui broit des centaines de milliers djiboutiens repose sur une effroyable « machine de mort », en large partie secrète :escadrons de la mort, torture systématique, enlèvements et disparitions, manipulation de la violence des opposants, désinformation et « action psychologique ». . .
La pratique généralisée de la torture, « banalisée » par la milice politique(SDS)depuis 1977, est en quelque sorte au fondement de la folie meurtrière qui se déchaînera plus tard, caractérisée par le mépris absolu de la vie humaine et du corps des adversaires supposés . Ce peuple affamé, anéanti au vu et au su de tous pour « la très juste cause » et les intérêts de l’ex-puissance colonisatrice.
Un peuple livré à lui-même, mais nous posons toujours les mêmes questions fantômes auxquelles, beaucoup le savent, rien ne répondra, sinon le désastre des vies que ce silence ravage et dont on oublie qu’elles représentent chacune un destin. Ces malfrats ont transformé Djibouti en une immense tombe: vivants, nous sommes morts – des morts vivants -.
Mais le cynisme porte tout pouvoir à retourner contre ceux qu’il opprime le ressentiment. Leurs discours survolent les vrais problèmes ou les faussent, des discours qui sans fin ressassent les mêmes promesses intenables, ces discours-là sont passéistes et remuent sans fin des nostalgies qu’ils sauront toujours utiliser pour mieux mentir davantage.
La remise en cause des fausses questions posées, le rétablissement de celles évitées, la dénonciation de celles escamotées : dénoncerait sans doute la duplicité du pouvoir autoritaire, ou plutôt des ioguistes, et leur intérêt à ce que la société djiboutienne demeure inféodée au système périmé, fondé sur la culture de bassesse, de l’avilissement. Le régime ioguiste utilise alors le système quasi parfait de la double pensée que Georges Orwell avait inventé en 1949, un an avant sa mort, pour . . . son célèbre 1984! :<< il fallait oublier un critère devenu inopportun, mais aller le rechercher quant il redevenait nécessaire, aussi longtemps qu’il le fallait. >>
Cette réalité, qui ne souffre aucune controverse chez les gens de bonne foi, définit la différence fondamentale du climat électoral: dans cette république (Djibouti) soumise à la terreur d’une machine à tuer devenue folle, soutenue ou dirigée par la France, les conditions de n’importe quel scrutin sont compromises à l’avance. Le silence n’est pas un mot que l’on peut utiliser pour décrire le régime détestable djiboutien. Ouf! Djibouti ou plus exactement la République De Djibouti est une démocratie.
Djibouti ressemble pour nous à un interminable crépuscule, ou au mieux à une aurore immobile. La soldatesque du dictateur IOG, aura commis les pires exactions contre les citoyens djiboutiens suspectés d’être opposants. Des armes payées par les contribuables djiboutiens pour assurer leur sécurité, non; les forces de l’ordre ont plutôt tourné ses armes contre de paisibles citoyens. C’est une chose monstrueuse, dans cette cacophonie, les premières victimes de ces atrocités sont les femmes et les enfants.
Certaines images à Djibouti, restent indéfectiblement attachés à tels mots, à tels mystères, à telles vertus. Qui dit rpp , par exemple, dit pauvreté ; qui dit assemblée nationale, dit corruption ; qui dit IOG, dit despote et tyran. Que de drames nous sont cachés.
Et lorsque l’événement a lieu l’extradition de Mohamed Daher Robleh (15/02/2014),notre intérêt diminue avec la distance. Que reste-t-il aux citoyens responsables pour que le droit redevienne la référence de régulation entre les personnes et les biens, pour que l’Etat retrouve son indépendance et soit cette instance de défense et de préservation du bien commun ?
Je dois dire que cette méthode de l’humiliation personnelle est une méthode déplorable, même quand elle est utilisée contre des éléments politiques qui méritent d’être durement combattus. Nous sommes blasés, gavés d’informations. Nous acceptons le cynisme, l’égoïsme comme des marques regrettables mais inévitables de notre époque.Je me demande souvent si nous ne devenons pas, comme beaucoup de nos compatriotes, indifférents et découragés !
N’est-ce pas le rôle du musulman d’aider autrui ? Et lorsque ce sont des proches, c’est un devoir. Je le dis et redis aucun commentaire sur la nature du régime tribalocratique .Mais Sheikh Abdillahi Nuh peut-il dénoncer les crimes crapuleux, les coups bas, les détournements de fonds, la situation catastrophique du régime du part-État, la frustation des hommes dont le dictateur IOG a abusé de leurs femmes ? Qui peut mieux nous informer que MDR?
Cet intellectuel qui était destiné au sacerdoce a fait preuve de courage de bonne volonté dans ce pays où la critique sur le régime est sacrilège de sa majesté. L’histoire est parfois cruelle, un odieux être! IOG qui a toujours ignoré l’apport dans l’économie et la stabilité politique, du débat contradictoire, du brassage des énergies et des intelligences. Cette dictature a jeté sur le chemin de l’exil plus d’un millier de Djiboutiens, l’exil, la douleur, l’humiliation, la souffrance; la situation est inhumaine, scandaleuse.
C’est votre droit Sheikh Abdillahi Nuh de soutenir cette dictature mais l’exercice d’un métier soit-il par conviction ou par passion ne doit en aucun occulter la souffrance quotidienne de la famille de MDR qui n’a que trop souffert. C’est à cela que j’aimerais que vous répondiez de façon claire et sans essayer de déplacer le débat. Aucun mot de compassion du responsable des FM pour les victimes de ce système barbare règnant à Djibouti.
Et à qui le mal parut-il jamais plus repoussant, plus détestable? Ah ! qu’il s’ouvre donc bien large cet asile à tous nos compatriotes coupables! Faisons-leur sentir que si nous haïssons leurs forfaits, nous avons pitié de leurs âmes et voulons en guérir les plaies. J’aimerais que ce mot assez inusité de nos jours enivre votre intelligence, brûle votre cœur, vous donne un élan que rien ne peut arrêter. Où en êtes-vous du pardon? Ah! Ce mot de compassion qui rend l’humain beau comme un ange : quel trésor !
Ce dont l’existence ne gêne point, c’est vraiment pour rien qu’on souffre de l’attendre! Beaucoup de gens pourtant fuient la mort, soit en tant que plus grands des malheurs, soit en tant que point final des choses de la vie. La question mérite de toute façon d’être posée et elle ne peut pas être tranchée à grand coup d’arguments psychologiques.
Mohamed Qayaad