La torture, une réalité occultée à Djibouti
Djibouti, le 12 juillet 2013
« Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. » (Article 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme)
« La personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie et à l’intégrité physique et morale de sa personne. Nul ne peut être privé arbitrairement de ce droit. » (Article 4 Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples)
« La personne humaine est sacrée. L’État a l’obligation de la respecter et de la protéger. Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne. (…) Toute personne faisant l’objet d’une mesure privative de liberté a le droit de se faire examiner par un médecin de son choix. » (Article 10 de la Constitution Djiboutienne)
C’est devenu une règle que les opposants politiques, les syndicalistes, les défenseurs des droits humains et les simples citoyens subissent à Djibouti à tout moment des arrestations, des mauvais traitements et des détentions abusives ainsi que des condamnations injustes et arbitraires. Et tout ceci se fait au vu et au su de la Communauté Internationale sans que cela n’émeuve personne.
Malheureusement ce qui nous préoccupe ces derniers temps c’est la banalisation de la torture à Djibouti et surtout le silence religieux des victimes. En dehors de ces dernières, les autres Djiboutiens sont unis par une entente tacite qui trouve sa source dans un fatalisme primaire. C’est la volonté de Dieu !
Personne ne veut témoigner de ce qu’elle a subi durant ces moments de traitements inhumains, dégradants et surtout cruels. La peur. Toujours la peur. Et encore la peur !
Dans les 2 communiqués précédents de l’ODDH nous avons évoqué le cas de Mohamed Daher Robleh, travailleur indépendant engagé socialement, arrêté le jeudi 4 juillet chez lui à 6h30 du matin par la SDS (Service de la Documentation et de la Sécurité). Durant plus de 5 jours aucune nouvelle et aucun contact avec les membres de sa famille. Le mardi 9 juillet vers 21h, il a été relâché avec l’ordre de se présenter le lendemain à 8h dans les locaux de la SDS. Ce n’est qu’hier, jeudi 11 juillet (plus de 7 jours après son arrestation) vers 14 h qu’il a été relâché avec l’obligation de se présenter le samedi 13 juillet à la SDS.
Mohamed Daher Robleh nous a appris qu’il a été soumis à la torture et aux mauvais traitements en violation de la Déclaration Universelle des Droits de L’Homme, de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples et de la Constitution Djiboutienne. Pour le moment nous ne savons pas la gravité des séquelles mais il est indéniable que le traumatisme subi sera difficile à cicatriser.
L’ODDH exprime ses plus vives inquiétudes sur la détention (plus de 7 jours) de Mohamed Daher Robleh dans les locaux de la SDS.
L’ODDH dénonce et condamne ces pratiques inhumaines et cruelles que subissent les citoyens Djiboutiens.
L’ODDH appelle le gouvernement de Djibouti à veiller sur la garantie de la Convention des Nations Unies contre la torture et les autres instruments internationaux en la matière.
L’ODDH demande au pouvoir public d’enquêter sur toutes les violations de droits de l’homme et de poursuivre en justice les responsables.
L’ODDH recommande au pouvoir de se conformer aux dispositions constitutionnelles relatives à la protection des citoyens, au respect des libertés fondamentales, à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi qu’à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Agir pour la démocratie, la dignité et la justice.
Le Président de l’ODDH
Farah Abdillahi Miguil