IOG: Le symbole du vide politique
La servitude n’est ni moins haïssable ni moins condamnable quand elle se dit ou se croit volontaire. Je suis véhément, j’ai la rage au cœur et je n’arrive pas à comprendre qu’IOG qualifie l’USN “ des associés du diable” ,“des terroristes”, “des menteurs” dans son dernier discours du 04 Mars 2014.
Mais ce qui était étrange et décourageant, c’est que, passé la frayeur initiale, cette première proclamation solennelle d’une détermination meurtrière nouvelle déchaîna dans toute la république de Djibouti une vague de discussions et de débats non pas sur la question de l’USN, mais sur le « MoDeL».
Un truc que les Umpistes ont employé depuis avec succès dans nombre d’autres questions: en menaçant de mort un pays, un peuple, un groupe humain, ils ont fait en sorte que son droit à l’existence, et non le leur, fût soudain discuté par tous – autrement dit, mis en question.
N’insistons pas! Les Rppistes se laissaient séduire par le discours fallacieux et sans preuves, les jeux de langage vides de sens, mais qui captaient par l’émotion. Là encore, nous sommes dans l’anathème : nous avons affaire à une accusation gratuite, sans que soit apporté le moindre élément à charge. Lorsqu’on accuse quelqu’un de mentir, a fortiori de mentir » souvent « , il est préférable de citer les propos jugés mensongers, et d’apporter les éléments qui prouvent qu’ils sont mensongers. L’argument fait sourire, certes.
Au moins essaie-t-il, même maladroitement, de ne pas nier cet aspect incontestable des indices. Ah! Ce mépris du djiboutien, à qui on raconte des sornettes qu’on ne prend surtout pas le temps de vérifier! Par ce rapprochement, quelle idée a-t-il voulu transmettre ? Un dogmatisme aveugle en a décidé autrement. La démonstration de cette fameuse similitude thématique tourne à l’insupportable pêle-mêle quand, elle désinforme délibérément.
Notre mythomane en est l’illustration parfaite. La manipulation est plus subtile, elle tient dans la description d’une réalité volontairement tronquée et parcellaire qui nie singulièrement l’information. Il use de méthodes inadmissibles à l’encontre de tous ceux qui critiquent un tant soit peu ses thèses.
Mais j’ai beau avoir du mal à comprendre ce que l’USN peut bien avoir à faire dans la mouvance présidentielle, l’entreprise de diabolisation dont elle fait l’objet me soulève le cœur, car elle surfe sur les fantasmes d’invasion les plus malsains et les plus délirants .Car, pour démontrer sa thèse, tous les moyens sont bons, y compris la mauvaise foi, la calomnie et l’approximation, qu’il est en passe d’élever au rang des beaux-arts. Le grand philosophe Kant avait noté en son temps, déjà, que le respect supposait la reconnaissance de l’autre, surtout lorsqu’il vous est très différent.
Mais qu’importe : la cause est entendue. Il faut bien constater que, de plus en plus, pour les agitateurs enragés de l’épouvantail ethnico-tribal, la vérité et les faits n’ont strictement aucune importance. Son discours pullule des adjectifs » haineux » et des expressions à faire frémir , à faire froid dans le dos, à glacer le sang. Par sa virulence, une telle déclaration choque et consterne. Sont-ce là les mots d’un homme nourri d’une volonté de pacification ?
Au lieu de cela, son discours, par ses thèses grossièrement alarmistes, par les préjugés et l’ignorance qu’il traduit, ne fait qu’alimenter activement le ressentiment justifié de ladite opposition – alimenter, donc, ce qu’il prétend combattre. Bref, ces propos inconsidérés sont une claire incitation à la violence. Ce sensationnalisme digne des pires feuilles de chou populistes ne répugne pas, à l’occasion, à utiliser le vocabulaire caractéristique de toutes les bonnes vieilles théories du complot.
Ne cherche-t-il pas à designer l’USN à la vindicte des Djiboutiens ? En vain! Mais il y a plus grave. L’art véhiculant nettement les idéologies racistes est ainsi banalisé dans sa confrontation avec tout le reste. Que décider? Le spectateur non averti est incapable de trancher. Tour de passe-passe qui, en mélangeant les situations historiques différentes, aboutit à estomper toute l’action mortifère de la propagande ioguiste!
Ainsi s’ajoute à l’idée nauséabonde à la base de son projet une audace remarquable qui se vautre avec délectation dans la démesure et l’outrance aussi bien par sa forme que son fond. Les jolis cœurs adeptes du langage châtié de Shakespeare deviennent des psychopathes, nymphomanes, zombies, tueurs sanguinaires.
Un tel paradoxe n’émeut guère IOG : « Faîtes ce que je dis, pas ce que je fais », voilà qui résume son attitude. IOG a ainsi mis en application sa tactique révolutionnaire du mensonge systématique. Cette tactique consiste à faire toutes les promesses qu’attendent les djiboutiens sans jamais avoir eu l’intention de les tenir. Affirmer une chose tout en faisant le contraire était chez lui une habitude, voire une manière de vivre. Les djiboutiens ne savaient pas qu’ils avaient donné le pouvoir à un fanfaron.
C’est qu’ils ne pouvaient pas imaginer qu’un homme puisse mentir avec autant d’aplomb dans absolument tout ce qu’il disait. Quelle cause peut-elle servir? Quelle vérité
fait-elle avancer? Quel mensonge dénonce-t-elle? Quelle injustice répare-t-elle? Où est le dialogue? Quel est le problème soulevé, aux rppistes ? Si ce n’est de bien illustrer l’ensemble des clichés véhiculés à l’encontre de l’USN: terrorisme, misogynie, obscurantisme, fanatisme.
Il y a ici une mise en place habituelle d’un flou malsain et empoisonneur. On provoque un brouillard chaotique cherchant à embrouiller, à paralyser la réflexion, à instaurer la confusion jusqu’au délire, occultant ainsi -consciemment ou inconsciemment- les conséquences ravageuses des négociations par la minorité mafieuse djiboutienne. IOG reste souvent flou, incertain, et comme bien souvent dans le vocabulaire politique, utilisé à des fins diverses et contradictoires.
Mais la mobilisation est particulièrement forte lorsque la société se trouve dans une situation de trouble ou de ce que Durkheim appelait l’anomie. Dans les situations de crise, lorsque les individus perdent leurs repères, lorsqu’ils se sentent menacés, lorsqu’ils sont confrontés à l’incertitude, la question sécuritaire devient non seulement mobilisatrice, mais porteuse de toutes leurs angoisses et des possibilités de la gérer.
Aussi voit-on, malheureusement, l’USN stigmatisé au quotidien : un jour on dénonce le MRD, un autre jour les 3 Sheikhs , puis le MoDeL qu’on assimile à une catégorie de la population djiboutienne définie en termes religieux. Cette stigmatisation au quotidien, qui est nécessairement voulue, s’installe dans la conscience et la perception des djiboutiens(nnes), puis elle tend à faire dans l’espace djiboutien, d’une opposition un ennemi global, dans des proportions que même le Moyen Age n’avait pas connues.
Mohamed Qayaad