ALLIANCE REPUBLICAINE POUR LE DEVELOPPEMENT
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Djibouti, le 8 avril 2012
INTERVIEW DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ARD,
M. KASSIM ALI
Les nouvelles sont rares ces temps-ci depuis Djibouti.
Ce qui alimente toutes sortes de rumeurs. Réalité en ligne a donc sollicité une interview du secrétaire général de l’ARD, Kassim Ali Dini pour y voir un peu plus clair.
Réalité : Depuis les commémorations du 20e anniversaire du massacre d’Arhiba le 18 décembre dernier et celle du 18 février 2012 suivie de la tournée dans le nord du pays il ya un mois, les dirigeants de l’ARD en général et vous-même en particulier semblez avoir disparu des écrans radars, que se passe t-il ?
Kassim Ali Dini : S’agissant de ma petite personne, je n’ai jamais cherché à crever quelque écran que ce soit, radar, cathodique ou médiatique. A l’ARD, il n’y a ni one man show ni encore moins vedettariat : chaque responsable, quel qu’il soit s’exprime en toute autorité sur quelque sujet que ce soit et engage ce faisant tout le parti. En clair, nous sommes un parti démocratique où tout se discute. De part mes fonctions, mon devoir premier est d’œuvrer au bon fonctionnement et renforcement du parti sur le terrain du concret. Car la dictature que nous combattons utilise l’argent public pour monopoliser les médias à l’intérieur et contrôler beaucoup d’autres à l’extérieur : chaînes radio-tv, et même certains sites internet commençant par DJIB… polluant également Twitter et Facebook.
Réalité : Face à ce régime totalitaire, comment se présente l’élargissement et le renforcement de l’opposition ?
KAD : Nous y travaillons avec tout le sérieux qu’exige une telle entreprise ; et conformément à nos principes, nous allons travailler avec ceux que chaque composante de la communauté nationale à a offrir de meilleur en termes de convictions, de détermination et de légitimité. Pour nous la recomposition de l’opposition nationale suit son cours de façon irréversible. Des démarches concrètes verront bientôt le jour. A notre avis, tout le monde s’accorde sur la nécessité de mettre en place un cadre de lutte mieux adapté. C’est-à-dire, trouver la bonne synergie entre l’évidence nécessité du travail de terrain et l’incontournable partenariat des forces vives de la diaspora. Ce qui manque jusqu’à présent. C’est donc à cette lacune que nous avons le devoir de remédier tous ensemble dans un esprit de responsabilité.
Soyons encore plus clairs. Nous voulons instaurer la démocratie d’abord au sein de l’opposition. Donc de notre point de vue, chaque partie désireuse de jouer un rôle constructif dans cette reconfiguration a parfaitement le droit de proposer un projet de charte constitutive étant bien entendu que la charte finale sera entérinée lors d’une rencontre plénière et dans un cadre approprié.
Réalité : Mais tout ça semble prendre du retard, et la crainte d’un blocage se profile…
KAD : Je ne pense pas qu’il y’ait une quelconque intention de blocage de la part de qui que ce soit. Car tout véritable démocrate sait qu’il n’ya qu’un seul adversaire : ce régime dictatorial à l’agonie qui bafoue la citoyenneté en refusant des cartes d’identité nationale à de véritables citoyens, et qui dans le même temps se permet d’offrir des passeports Djiboutiens à des individus peu recommandables … Alors qu’il retire ou refuse de renouveler ces passeports à d’éminents dirigeants de l’ARD. Ce régime qui gouverne par la famine, impose à notre peuple d’effroyables conditions de vie en tuant la Santé, en rendant l’Education analphabète, en condamnant nos compatriotes sans distinction à la mendicité, l’indigence, bref à l’indignité. Le seul combat dont un démocrate digne de ce nom doit se préoccuper, c’est comment rendre l’opposition la plus efficace possible pour en finir avec cette caricature bête et méchante d’Etat néocolonial. Pour avoir sacrifié de longues années de ma vie dans le maquis, permettez-moi de rappeler une réalité que certains (à commencer par le régime) cherchent vainement à occulter : notre pays a connu de 1991à 2001 un douloureux conflit civil dont ni les causes ni les conséquences n’ont été traitées. Or une paix durable ne peut ne peut exister quand s’aggravent chaque jour la ségrégation, l’arbitraire, l’injustice, en un mot, le déni de Djiboutianité.
Réalité : Merci d’avoir rappelé certaines vérités, mais pendant ce temps le régime ne chôme pas dans l’espoir de perdurer et semble pour cela encourager la création de nouveaux partis qui ne s’occuperont que de problèmes sociaux et religieux dans la perspective des législatives de 2013 et…
KAD : Restons sérieux ! Les problèmes sociaux sont avant tout des problèmes politiques, parce que ce sont des politiques de développement mal pensés, conçus sur des bases sectaires et alimentant la corruption généralisée qui expliquent la situation actuelle de faillite de l’Etat djiboutien. Mais vous avez tout à fait raison de dire que comme lors des pseudo-consultations régionales du début de cette année, le régime cherche à mettre en place une nouvelle classe politique plus docile pour mystifier la communauté internationale et noyer le message de la véritable opposition. Mais personne n’est dupe. Et c’est pour cela que la véritable opposition démocratique reste incontournable car elle seule pose les vraies questions et propose les vraies solutions.
Propos recueillis par Maki Houmedgaba