Interview de Kassim Ali Dini du 18 août 2010 réactualisée (10/11/13)
Introduction
L’ARD est la transformation en parti politique de l’ex FRUD-armé. Ce mouvement national fondé par le père de l’indépendance Ahmed DINI,a grandement contribué à la légalisation des partis d’opposition autrefois regroupés sous la bannière UAD. L’ARD est également à la base de la création de la nouvelle et formidable coalition nationale élargie: USN. A ce titre elle reste résolument ancrée à l’USN victorieuse des législatives de février 2013.
Visite du Secrétaire général de l’ARD à la rédaction de Réalité
De passage à Paris, le secrétaire général de l’Alliance Républicaine pour le Développement (ARD), Kassim Ali Dini, a bien voulu faire avec nous le point de la situation au sujet de la mobilisation programmée après l’Aid- el- Fitr.
Membre fondateur de l’ARD, Kassim Ali Dini est le secrétaire général de notre parti depuis décembre 2006. Il a été un des principaux dirigeants du FRUD de 1992 à 2001 et membre du comité de rédaction de « Réalité » de 2002 à 2005.
« …l’ARD est aujourd’hui le porte-drapeau
de l’opposition nationale. »
« La mobilisation générale est plus que jamais d’actualité ! »
Réalité : Bonjour monsieur Kassim Ali, bienvenue en France et merci de répondre à nos questions . Pouvez-vous nous faire un bref bilan des activités du parti depuis que vous en êtes le secrétaire Général ?
Kassim Ali Dini : C’est moi qui vous remercie . C’est difficile de le faire en quelques mots. Le bilan détaillé est consigné dans le rapport moral que j’ai adressé aux congressistes le 25 février 2010. J’ai été élu à ce poste à l’issue des assises des 1ers et 2 décembre 2006 en remplacement de Adan Mohamed Abdou, élu vice-président, à qui je tiens à rendre hommage. Sa connaissance du milieu socio- politique et culturel djiboutien nous a été précieuse pour bâtir un parti structuré et démocratique.
L’ARD a surfé de sa création en Octobre 2002 jusqu’à 2005, sur une déferlante crée par la dynamique de l’Accord de Paix qu’elle venait de signer, entendait appliquer et sa participation historique aux Législatives 2003. Déferlante qui a culminé lors du boycott des Présidentielles de 2005. Mais en décembre 2006, les congressistes ont décidé de poursuivre la lutte politique sans participer aux mascarades électorales du pouvoir…
Lorsqu’on voit que nos concitoyens ne se mobilisent que lors des campagnes électorales, la tâche qui m’était confiée relevait de la quadrature du cercle . Mon expérience de dirigeant de la résistance armée dont j’ai aussi vécu les hauts et les bas et que je partage avec quelques anciens cadres du maquis, m’a servi pour d’abord conserver l’acquis et ensuite renforcer le parti.
Si l’ARD a effectivement connu, comme tous les partis d’opposition, la dépolitisation résignée du citoyen consécutive à la violation de l’Accord de Paix et aux hold-up électoraux, les cellules que nous avons crées dans nos fédérations au lendemain du congrès pour entretenir la flamme de la désobéissance civique, le patient travail d’explication, de persuasion du bien-fondé de notre démarche ont porté leurs fruits comme le démontrent la mobilisation estivale des Djiboutiens et les récentes ramifications du parti à l’étranger .
Notre parti a survécu en huit ans d’existence, aux départs vers un monde meilleur de son fondateur et des poids lourds du parti comme les regrettés Ali Mahamadé , Ahmed Hassan, de sages de notre annexe d’Arhiba et de quelques cadres de valeur partis en éxil. Malgré la répression politique du pouvoir, le parti a pu se renforcer en militants, cadres et dirigeants crédibles à Djibouti comme à l’étranger, au point que l’ARD reste aujourd’hui encore le porte- drapeau de l’opposition nationale malgré le peu de moyens financiers que comblent un usage optimal de l’outil communication et une symbiose avec le peuple .
Réalité : 2011 se profile à l’horizon et plusieurs candidats se sont déjà déclarés. Quelle est la position du parti ?
KAD : Notre position reste cohérente depuis le congrès de 2006 . Les conditions pour une compétition électorale loyale n’étant pas réunies, nous avons choisi de boycotter les élections depuis 2005. Pour l’ARD, la priorité est de sauver la paix civile gravement menacée et le règlement urgent des problèmes politiques. Une compétition pour le pouvoir en l’état actuel des choses nous semble inconcevable. l’ARD considère que sans paix civile il ne peut y avoir ni élections ni développement.
Réalité : Comment se présente la situation politique à la veille de la reprise de la Mobilisation Générale après l’Aïd ?
KAD : La situation s’aggrave chaque jour . Le mouvement de contestation pacifique se propage actuellement de la capitale aux régions de l’intérieur les plus durement touchées par la crise politique, économique et sociale. Le démontrent les récentes protestations des jeunes à Ali-Sabieh brutalement réprimées par les forces de l’ordre ou encore le siège de la mairie d’Obock par les notables de la région exigeant l’arrêt des exactions contre les civils dans le nord, tandis que la situation reste tendue dans le port où aux légitimes revendications des dockers, le pouvoir répond par des arrestations massives et leur remplacement par des journaliers clandestins. Il est évident que cette réponse n’est pas acceptable et que la situation va empirer . Après les grèves à la santé qui se poursuivent, c’est le secteur de l’éducation qui prévoit de donner de la voix à la rentrée au sujet des multiples revendications ignorées du corps enseignant et des étudiants. Par qui le pouvoir compte t-il les remplacer ?
Sur le plan politique, contrairement à la propagande du pouvoir, l’Accord signé avec le gouvernement américain n’est pas un satisfecit des U.S.A. à la « démocratie » version RPP. Bien au contraire . Il faut rappeler que ce projet qui date de 2008 a été volontairement retardé par la Présidence pour auparavant, modifier la constitution et mettre le peuple et nos partenaires devant le fait accompli. Mais la teneur de ce projet démontre s’il en était besoin, le grave déficit de Djibouti en la matière et la nécessité d’y mettre fin comme cela avait fait l’objet d’un volet entier de l’Accord de Paix de 2001 violé par le gouvernement. L’ARD entend peser de tout son poids pour la réussite de ce projet qui ne sera vraisemblablement pas concrétisé pour les prochaines échéances électorales. C’est la raison pour laquelle la mobilisation générale reste plus que jamais d’actualité .
Réalité : Où en êtes-vous actuellement dans les préparatifs ?
KAD : A l’ARD, nous sommes déjà prêts . Les cellules de coordination de l’UAD mises en place l’hiver dernier sont réactivées et travailleront durant toutes les nuits du Ramadan pour donner dans les mois à venir à cette mobilisation générale, le caractère de sursaut national salvateur que nous appelons de nos vœux .
Propos recueillis par Maki Houmedgaba