Editions mensuelles en Ligne d’Octobre 2011 |
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Directeur de publication : Mohamed Ali Abdou. Codirecteur : Mahdi Ibrahim A. God. Email : realite_djibouti@yahoo.fr |
S o m m a i r e |
JE SIGNE la pétition pour la libération des prisonniers politiques de Djibouti
05/10/2011 LDDH : manifestation de jeunes étudiants devant la présidence de la république les 4 et 5 octobre
05/10/2011 DDH : grève de la faim des prisonniers politiques à Djibouti
Les dictateurs finissent mal, mon général
La mort de Kadhafi est un exemple de la fin souvent tragique, de tous ceux qui maintiennent leur peuple sous la dictature.
Mouammar Kadhafi couvert de sang, peu avant sa mort, 20 octobre 2011 (images amateur) © Reuters TV/Reuters
Mise à jour du 23 octobre 2011: La Libye entre définitivement dans une ère nouvelle. Le Conseil national de transition (CNT) a proclamé ce dimanche à Benghazi (la ville où a démarré l’insurrection libyenne), une «Libye libre». C’était devant plusieurs milliers de personnes.
A époque troublée, morts troublantes? Après les révolutions relativement policées de Tunisie et d’Egypte, il fallait que le printemps arabe en Afrique du Nord ait sa victime expiatoire. C’est désormais chose faite: le colonelMouammar Kadhafi a payé de sa vie son obstination, et les images de son cadavre ensanglanté et roué de coups ne manqueront pas de devenir les symboles de ces mois de guerre et de violence.
Au-delà des communiqués de victoire et des scènes d’autocongratulation des grands de ce monde, scènes au demeurant dérangeantes (après tout, il n’y a pas si longtemps qu’ils recevaient Kadhafi dans leurs palais), nous ne pouvons nous empêcher de nous dire que la dictature est, en fin de compte, un métier à risque. Une réalité qui n’a pas attendu la bataille de Syrte pour être confirmée.
La loi du Talion
Sans remonter trop loin dans le passé —l’Antiquité et le Moyen-Age ayant eu leur lot de despotes plus ou moins sanglants exécutés par leurs proches ou par une foule en furie— on constate, en survolant rapidement l’histoire récente, que nombreux sont les hommes «à poigne», comme l’a dit Barack Obama dans un discours de menace à peine voilé à l’adresse du président syrien Bachar el-Assad, qui ne sont pas morts paisiblement dans leur lit. Une constante historique qui peut paraître rassurante, dans la logique de «qui a vécu par l’épée périra par l’épée». Comme dans tout scénario hollywoodien qui se respecte, le méchant finit par mordre la poussière, le peuple brimé sort vainqueur de l’affrontement et peut enfin œuvrer à faire chanter les lendemains. Ou presque.
Depuis la chute du communisme, le monde a vu sombrer plus d’un autocrate englouti par l’ire de ses sujets. Le plus célèbre reste peut-être le Roumain Nicolae Ceausescu. Son visage défait, alors qu’il tentait de galvaniser la foule dans un discours et qu’il avait dû s’interrompre sous les huées, est encore dans toutes les mémoires (VIDEO). Le dictateur roumain eut le triste privilège d’être le premier dirigeant à tomber presque en direct sous les caméras. Abandonné, trahi et traqué par le cercle de ses proches, il fut arrêté alors qu’il tentait de fuir. Puis, à l’issue d’une parodie de procès à la va-vite dans une école de province, son épouse et lui furent mitraillés à coups de fusils d’assaut.
Depuis, bien d’autres sont ainsi passés de vie à trépas, le plus souvent sous nos yeux, ou du moins sous ceux des médias. Zviad Gamsakhourdia, premier président de la Géorgie indépendante, despote fantasque pour les uns, héros de la démocratie pour les autres, fut chassé du pouvoir par une guerre civile. Il mourut en 1993 dans des circonstances troubles, pendant une échauffourée avec des partisans de son adversaire, Edouard Chevardnadze. S’est-il suicidé ou est-il mort au combat? Aujourd’hui encore, le doute plane.
De nombreux cas en Afrique
Le continent africain n’a pas été épargnée. Ainsi, en 1990, Samuel Doe, président autoritaire du Liberia, qui se maintint au pouvoir par la violence pendant près de dix ans, fut renversé par les rebelles commandés par Charles Taylor. La chute de Doe fut aussi sanglante que spectaculaire, et il mourut torturé par des rebelles. Son supplice, filmé par ses tortionnaires, fut diffusé ensuite dans toute l’Afrique. Quant à son vainqueur, il est aujourd’hui jugé pour crimes contre l’humanité, s’en tirant ainsi mieux que son prédécesseur.
De tout temps, la chute et la mort d’un chef de guerre impitoyable ont eu valeur de conte moral, même si la moralité n’a rien à voir dans une telle affaire. Dans la vaste tragicomédie qu’est l’histoire de l’humanité, il peut paraître juste qu’un homme qui a gouverné par le fer et par le feu meure sous les coups de son peuple enfin libéré. Toutefois, tous ne succombent pas de la sorte. Si Doe a effectivement été exécuté par des Libériens, et Ceausescu par des Roumains, pour en neutraliser certains autres, il a fallu l’intervention de forces extérieures. C’est d’ailleurs dans cette catégorie qu’il faut sans doute ranger le colonel Kadhafi et les siens.
L’Afghanistan, en 1979, en est un parfait exemple. Hafizullah Amin, président du pays pendant 104 jours, voulut se détacher de l’influence soviétique. Mal lui en prit: il provoqua l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge. Le 27 décembre 1979, son palais, défendu par sa garde, fut pris d’assaut par les spetsnaz, les troupes d’élite soviétique. Ce fut un carnage, Hafizullah Amin étant abattu avec quelque deux cents de ses soldats. Depuis, Kaboul a vu passer et repasser des armées et des clans, et en 1996, un autre ancien président afghan, Mohammed Najibullah, fut assassiné dans des conditions atroces par les talibans.
Les signes avant-coureurs
Les périodes de troubles et de révolution sont évidemment propices à ce genre de conclusion sanglante. Il arrive aussi parfois que le dictateur en poste commette l’erreur de se lancer dans une guerre qui finit par lui coûter le pouvoir. On a pu croire que Saddam Hussein avait commis cette erreur en envahissant le Koweït en 1990, et Kadhafi lui-même avait déjà joué avec le feu en intervenant au Tchad dans les années 80. Mais dans les deux cas, les forces adverses avaient préféré ne pas aller jusqu’au bout, pour des raisons tant logistiques que pratiques: mieux valait probablement un mal connu qu’un mal inconnu. Les deux dictateurs restèrent peut-être en place parce que leurs ennemis les préféraient encore à leurs éventuels remplacements du moment. Aujourd’hui, l’un et l’autre sont morts, chacun dans des circonstances peu reluisantes, et chacun après intervention de forces armées étrangères sur son territoire.
Parmi les dictateurs qui virent leur monde s’écrouler sur eux pour avoir voulu semer la terreur chez leurs voisins, Adolf Hitler est évidemment le plus connu. Nous ne reviendrons pas sur sa fin ici. Il mourut dans les conditions que l’on sait, se suicidant dans son bunker tandis que sa capitale en flammes était conquise de haute lutte par les armées ennemies. Une conclusion hautement symbolique, digne du crépuscule des dieux dont rêvait le régime nazi.
Francisco Solano Lopez, deuxième président du Paraguay, est moins célèbre, mais son destin n’en est pas moins édifiant (là encore, les avis divergent: Lopez était un dictateur pour certains, mais un héros pour d’autres). En 1864, il provoqua le Brésil dans une affaire concernant l’Uruguay. Lopez soutenait un camp politique en Uruguay, le Brésil en appuyant un autre. Souhaitant envoyer des troupes à Montevideo, il exigea de l’Argentine qu’elle laisse passer ses forces. Quand Buenos Aires refusa, il lui déclara la guerre, déclenchant du même coup ce qui est resté dans l’histoire sous le nom de guerre de la Triple alliance. Le petit Paraguay se retrouva opposé au Brésil, à l’Argentine et à l’Uruguay. Le conflit dura jusqu’en 1870, et se termina par la mort au combat du président Lopez. Le Paraguay en sortit ruiné, dépeuplé et diminué.
Kadhafi, un cas atypique
La fin de Kadhafi semble un curieux mélange de toutes ces possibilités. Assiégé dans son fief de Syrte, entouré d’un dernier carré de fidèles, il a résisté avec acharnement jusqu’à ce qu’il tente de s’enfuir à bord d’un convoi. Les rebelles étaient en train de lancer leur énième assaut final contre la ville comme le souligne le Telegraph de Londres:
«Il semblerait que des Tornado de la RAF aient été en patrouille au-dessus de Syrte au moment de la tentative d’évasion […]. Kadhafi avait été placé sous surveillance par les forces de l’Otan depuis une semaine, de nouveaux renseignements leur ayant permis de le localiser. Un drone américain et une flottille d’appareils de surveillance de l’Otan se concentraient sur son bastion de Syrte pour veiller à ce qu’il ne puisse s’échapper.»
Le 20 octobre, vers 8 H 30, la ville étant sur le point de tomber, Kadhafi et son entourage auraient décidé de tenter le tout pour le tout. Leur convoi, repéré par des drones américains et français, aurait été intercepté parce que «les forces de l’ancien dirigeant libyen ont commencé à tirer sur des civils». Jusqu’au bout, il aura fallu accuser Kadhafi d’avoir cherché à massacrer des civils sans défense. Dans une ville en proie aux combats et au désordre, un«convoi de cent véhicules» s’efforce de se faufiler, pendant que le ciel est sillonné de drones et d’appareils de combat. Dans la confusion, bien malin qui sait qui tirait sur qui. Il serait peut-être plus honnête de reconnaître que l’Otan savait que Kadhafi se trouvait à bord du convoi, et qu’il fallait le stopper net pour éviter qu’il ne rejoigne les Touaregs au Sud.
Quoi qu’il en soit, un «drone Predator, décollé de Sicile et piloté par satellite depuis une base près de Las Vegas, a frappé le convoi avec plusieurs missiles antichars Hellfire. Quelques instants plus tard, des avions français, vraisemblablement des Rafales, ont surgi et largué des bombes de 250 kilos […] sur les véhicules».En cela, le sort de Kadhafi rappelle vaguement celui du général paraguayen Lopez, abattu par des forces étrangères (des soldats brésiliens) en 1870. Puis les rebelles ont submergé les vestiges du convoi, et le colonel, semble-t-il blessé, a alors subi le même destin sans gloire que Samuel Doe ou Mohammed Najibullah. Exécuté sans pitié par des soldats rebelles.
«Sic transit», est-on tenté d’ajouter en guise d’épitaphe. Quant à savoir si sa mort signifiera effectivement la fin de la guerre civile en Libye, ce n’était pas le but de notre chronique, mais nous craignons fort que l’actualité ne nous donne l’occasion d’y revenir d’ici peu.
Roman Rijka
Le Président |
NOTE D’INFORMATION: DU 5 OCTOBRE 2011Une centaine de jeunes étudiants ont manifesté le 4 octobre devant la présidence de la République |
Hier 4 octobre 2011, manifestation devant la présidence de la République d’une centaines des jeunes étudiants en majorité, ceux qui ont réussi leur licence de la dernière année de l’Université de Djibouti, car le diplôme de la maîtrise et du 3ème cycle n’existe pas à Djibouti et tout le monde n’a pas les moyens (comme la fille d’Ismaël Omar Guelleh) ni des bourses gratuites (comme les enfants des personnalités politiques, administratives ou militaires, bref des personnalités bien placées).
Immédiatement les Forces d’intervention de la Police sont intervenues.
Les étudiants ont tout de suite chanté l’hymne nationale, puis ils ont demandé à la police de les laisser monter dans les camions. Tous en même temps, ils ont crié : « Le dictateur a affamé le peuple et nous préfèront aller en prison car nous n’avons rien à manger à la maison ni à boire avec les pannes d’eau à répétition »
Huit camions ont embarqués une partie des manifestants vers Nagad. Les autres sont partis à pieds, entourés par les troupes d’intervention armes aux poings. Cela nous rappelle les arrestations par la Gestapo et les soldats SS, qui encadraient les résistants des Forces Françaises Libres, capturés durant la seconde guerre mondiale.
Aujourd’hui 5 octobre 2011, plus d’une centaine d’étudiants manifestent actuellement devant la présidence de la République et d’anciens étudiants toujours au chômage ont rejoint la manifestation en criant : « nous avons faim et nous voulons tout de suite avoir du travail ».
La Police vient juste de tirer des grenades lacrymogènes contre les manifestants pacifiques.
Demain, est-ce que ce sera au tour des parents de manifester ?
Trop de répressions comme à Mogadiscio risquent de nous entraîner dans le cycle infernal «Répressions-Violences ».
Il est temps que nos Forces armées cessent d’apporter un soutien inconditionnel au régime dictatorial qui se considère impuni et qui dévalise, sans vergogne, les Fonds de l’Etat.
La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) est très préoccupée par la situation explosive qui risque de nous projeter vers le gouffre de l’anarchie comme à Mogadiscio.
NOEL ABDI Jean-Paul
Le Président |
NOTE D’INFORMATION: Les prisonniers politiques et d’opinion continuent la grève de la faim et d’autres se joignent à leur protestation |
La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) a, à plusieurs reprises, par lettre ouverte, saisi l’actuel ministre de la Justice et des Affaires pénitentiaires pour lui exprimer la vive inquiétude des défenseurs des droits de l’Homme sur la situation carcérale en République de Djibouti.
Jusqu’à présent et à notre connaissance le Ministre de la Justice n’a pris aucune décision pour la libération immédiate de tous les détenus politiques, syndicaux ou d’opinion en Détention arbitraire, ou condamnés suite à des procès mascarades sur ordre du Premier Magistrat afin d’entretenir sa politique consistant à régner par la peur et la terreur.
Mais depuis le Coup d’Etat militaro-électoral la mobilisation populaire et la décadence d’un régime moribond encourage la jeunesse djiboutienne à dénoncer les répressions sauvages. Bientôt des plaintes déposées devant les juridictions nationales et internationales contre le régime dictatorial seront une dure réalité pour ceux qui s’estiment protéger par l’impunité.
La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) lance un Appel pressant à tous les défenseurs des Organisations Internationales, de l’Organisation Mondiale Contre la Torture, et les Médecins Sans Frontières d’envoyer une Mission d’Enquête en République de Djibouti.
NOEL ABDI Jean-Paul
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