Djibouti: une opposition enfin unie
Le régime du président Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, va être confronté
à sa plus sérieuse menace depuis dix ans, lors des élections législatives demain.
Les législatives de demain à Djibouti représentent le premier scrutin auquel les mouvements d’opposition ont décidé de participer, unis sous la bannière d’une «Union pour le salut national» (USN), depuis les législatives de 2003.
Depuis ce scrutin au cours duquel elle avait mis en difficulté le pouvoir, l’opposition avait refusé de participer aux élections, ou alors en ordre très dispersé, estimant les conditions d’équité non réunies.
Le président Guelleh – le deuxième seulement de l’histoire du pays depuis son indépendance en 1977 – a été réélu pour cinq ans en avril 2011, pour un troisième mandat obtenu au prix d’une révision de la Constitution par un Parlement entièrement acquis à sa cause. Il a promis que ce troisième mandat – obtenu avec 80% des voix face à 20% pour un candidat indépendant, lors d’un scrutin boycotté par l’opposition – serait son dernier.
Le chef d’Etat de 65 ans a néanmoins jeté son poids personnel derrière son mouvement, «l’Union pour la majorité présidentielle» (UMP), pour la bataille des législatives. Estimant avoir présidé à un développement sans précédent des infrastructures de ce pays aride et parmi les plus chauds de la planète, I. Guelleh a fait valoir «qu’un président, pour exécuter son programme, avait besoin d’une majorité significative» au Parlement.
L’UMP dispose aujourd’hui de la totalité des 65 sièges du Parlement, qui doivent être renouvelés lors du scrutin de demain, auquel sont appelés à participer 173.900 électeurs. Mais le parti majoritaire a vécu comme un coup de semonce sa défaite inattendue aux municipales de janvier 2012 à Djibouti-ville – de loin la principale des six circonscriptions du pays – face à une liste indépendante, celle du RADD (Rassemblement pour l’action de développement et la démocratie), et en dépit du boycott, à nouveau, de ce scrutin par l’opposition.