Djibouti: l’opposition dénonce les arrestations arbitraires et le blocage du dialogue
Paris (France) 11 octobre 2013 14:13 AFP
Le président de la coalition de l’opposition à Djibouti a dénoncé vendredi à Paris le blocage du dialogue avec le gouvernement ainsi que le « harcèlement » et les « arrestations arbitraires » d’opposants dont celle du porte-parole de la coalition, Daher Ahmed Farah, dans la foulée des législatives controversées de février.
Daher Ahmed Farah, rentré à Djibouti peu avant les élections de février après un exil de huit ans, a été arrêté le 2 octobre après une manifestation de l’opposition, le 30 septembre, a déclaré dans un entretien à l’AFP à Paris, Ahmed Youssouf Houmed, président de l’Union pour le salut national (USN). Cette coalition de sept partis d’opposition s’est constituée avant les élections du 22 février 2013.
A l’issue de ces élections, l’USN s’est vue attribuer dix sièges sur les 65 du Parlement, un chiffre qu’elle conteste. « Nous n’avons jamais pu obtenir les résultats définitifs, bureau par bureau, pour l’ensemble du territoire. Nous n’avons ces résultats que pour la capitale où la population a voté pour nous à 80% », affirme M. Houmed selon lequel l’opposition peut prétendre à 52 sièges sur 65. Il dénonce « les fraudes, bourrages d’urnes et manipulations ». Auparavant, le parti au pouvoir disposait de la totalité des 65 sièges du Parlement sortant.
La publication des résultats par bureau de vote a été réclamée en vain par l’Union européenne (UE), ce qui a conduit le Parlement européen à nourrir des « soupçons de fraude » et à lancer un appel en juillet aux autorités djiboutiennes à mettre fin à la répression des opposants.
« L’UE et les Etats-Unis ont exercé des pressions sur le gouvernement pour que s’engage un dialogue politique avec l’opposition. Celui-ci a débuté mi-août mais après quatre rencontres, le gouvernement a annoncé mi-septembre qu’un accord avait été conclu aux termes duquel nous acceptions les dix sièges au Parlement, ce qui est faux. », a déclaré M. Houmed.
L’USN exige la libération de tous les détenus politiques,au nombre d’une dizaine, une loi d’amnistie générale pour permettre le retour des exilés politiques, le rétablissement dans leurs mandats d’élus locaux ayant rejoint l’USN, tels que le maire de Djibouti et ses adjoints, ainsi qu’un « règlement acceptable » du contentieux électoral.
« Plus de 60% de la population djiboutienne a moins de 25 ans, il y a un ras-le-bol général après 36 ans de dictature », souligne M. Houmed. L’opposant, 74 ans, et qui a fait l’objet d’une brève arrestation fin juin, a été reçu jeudi au Quai d’Orsay. Il s’apprête à regagner Djibouti fin octobre après deux mois en France.
cr/prh/jpc
Catherine RAMA
Journaliste – Quai d’Orsay
Agence France-Presse