Addis Abeba, 24 avr 2020 (AFP) – – Djibouti a expulsé ces dernières semaines plusieurs milliers de migrants éthiopiens vers leur pays d’origine, dont certains ont ensuite été testés positifs au nouveau coronavirus, ont annoncé vendredi les Nations unies.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que jusque-là en avril « plus de 2.400 migrants » ont été renvoyés en Ethiopie par les autorités djiboutiennes, a indiqué Yvonne Ndege, une porte-parole de l’agence onusienne.
« Mais avec la pandémie encore en cours, c’est une situation qui évolue et les chiffres changent », a-t-elle prévenu.
Déposés à la frontière, ces migrants sont ensuite placés en quarantaine dans la ville éthiopienne de Dire Dawa (est), a rapporté Zewdu Assefa, de l’Institut éthiopien de la Santé publique.
Au moins quatre de ces Éthiopiens rentrés à Dire Dawa ont été testés positifs pour le Covid-19, a précisé M. Zewdu. Les officiels éthiopiens s’inquiètent que ces personnes puissent contribuer à propager la maladie, et disent ne pas savoir si elles sont testées à Djibouti avant leur départ.
« Il y a une inquiétude c’est sûr, et nous faisons de notre mieux pour faire face à la situation », a ajouté M. Zewdu.
Les Éthiopiens qui cherchent à émigrer vers l’Arabie saoudite pour y trouver du travail passent le plus par Djibouti, d’où ils embarquent sur des bateaux pour traverser la mer Rouge.
L’ambassadeur djiboutien en Ethiopie, Mohamed Idriss Farah, a expliqué vendredi que nombre de ces migrants s’étaient retrouvés bloqués à Djibouti par les restrictions imposées sur les moyens de transport dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, et voulaient rentrer chez eux.
Mais M. Zewdu a estimé qu’au moins certains d’entre eux avaient probablement été victimes d’une « déportation forcée ».
Djibouti, un petit pays qui profite de sa situation stratégique à l’entrée de la mer Rouge pour abriter des bases militaires française, américaine et chinoise, a recensé 999 cas de coronavirus.
Avec sa population qui approche le million d’habitants, il a la plus forte prévalence du continent pour le coronavirus, selon le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) de l’Union africaine.
Mais il a mené le même nombre de tests (plus de 11.000) que l’Éthiopie voisine, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec plus de 100 millions d’habitants, qui n’a dénombré que 117 cas.
L’Éthiopie doit aussi faire face au retour de près de 3.000 migrants expulsés d’Arabie saoudite depuis la mi-mars.
La coordinatrice humanitaire des Nations unies pour l’Éthiopie, Catherine Sozi, a appelé la semaine dernière à une pause dans ces « déportations à grande échelle », avertissant qu’elles rendaient « beaucoup plus probable » la propagation du coronavirus.
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