Deux mois de prison pour l’opposant belgo-djiboutien Daher Ahmed Farah
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M. Farah, qui était rentré au pays après neuf ans d’exil en Belgique dans la perspective des élections législatives de février dernier, a fait l’objet de plusieurs arrestations avant et après le scrutin. Sa dernière interpellation remonte à la fin du mois de février. Condamné lundi à deux mois de prison ferme, il a été incarcéré mais a fait appel du jugement. Cet appel sera examiné la semaine prochaine. Des centaines d’arrestations ont été rapportées depuis les élections législatives et les affrontements entre opposants et forces de l’ordre ont déjà fait huit morts, selon la FIDH. Les partis d’opposition, qui avaient obtenu 20% des sièges au parlement, ont finalement décidé de ne pas siéger pour dénoncer un « hold-up électoral« .
ACP craint que M. Farah soit emmené dans la prison d’Obock, au nord du pays, pour décourager les manifestants qui organisent quotidiennement des rassemblements devant la prison où il est actuellement incarcéré. L’association déplore également le manque de réaction des autorités belges. « Contrairement à Eric Kikunda, qui est détenu en République démocratique du Congo pour tentative de coup d’Etat et qui reçoit un soutien appuyé de l’ambassade de Belgique sur place, les autorités se désintéressent du sort de Daher Ahmed Farah« , indique le président d’ACP, Dimitri Verdonck. ACP organise vendredi à 16h un rassemblement devant l’ambassade de France pour interpeller l’un des principaux partenaires de Djibouti.
« Nous voulons demander des comptes à la France, dont l’ambassadeur sur place avait étonnamment déclaré à l’issue du scrutin que tout s’était bien passé. L’espoir de changement de situation suscité par l’élection de François Hollande est pour l’instant déçu« , souligne M. Verdonck. L’Association Culture et Progrès a également lancé vendredi un « appel de Bruxelles » pour demander aux chefs d’Etat et de gouvernements partenaires de Djibouti d’exiger la libération de M. Farah, la suspension de toute forme d’aide au gouvernement, ainsi que l’intervention auprès des autorités pour contester les résultats des élections, mettre fin à la répression et garantir la liberté d’expression.
« Les partenaires de Djibouti, au premier rang desquels l’Union européenne, les Etats-Unis et le Japon, doivent reconsidérer l’équilibre entre leurs intérêts et ceux de la population locale« , insiste M. Verdonck. L’appel a déjà été signé par une centaine de personnalités de la société civile et du monde politique belge. L’avocat Marc Uyttendaele a par ailleurs accepté de défendre les intérêts de M. Farah.
Belga