L’USN France a invité le président de l’USN, Monsieur Ahmed Youssouf, le délégué de l’USN aux relations extérieures, Monsieur Djama Amareh Meidal et l’adjoint au représentant itinérant aux relations extérieures de l’USN à l’étranger, Monsieur Mahdi Ibrahim God, pour une rencontre avec des militants et sympathisants de l’USN en France.
Étaient présents en qualité de coorganisateurs de la rencontre Monsieur Hachin Loita Ahmed, représentant de l’UDJ en France et porte-parole et Monsieur Elmi Diraneh, représentant du RADD en France.
Monsieur Djama Amareh Meidal a introduit la rencontre en présentant la situation générale qui prévaut dans le pays depuis l’accord cadre du 30 décembre 2014 entre l’USN et le gouvernent djiboutien.
Alors que le gouvernement feint de poursuivre le dialogue politique, les exactions n’ont jamais cessé.
« Le gouvernement est malmené de par les coups qu’il reçoit à l’intérieur du pays ou depuis l’extérieur par la diaspora. Nous sommes convaincus d’être à un tournant décisif de l’histoire de notre pays ».
Djibouti n’est pas une République où nous pouvons lutter pour notre droit en toute légalité, mais un pays où nous sommes condamnés à lutter pour la survie même de ce pays, compte tenu de la politique menée par le régime de réduire à néant le peuple djiboutien.
Ismaël Omar Guelleh projette de faire de Djibouti une province éthiopienne, le premier ministre éthiopien ayant déjà déclaré à l’Assemblée nationale qu’il ne restait à accomplir que l’intégration politique à réaliser dans cette perspective. Cela relève typiquement du « après moi le déluge » que nous vivons déjà au quotidien.
S’agissant du dialogue politique, un accord a bien été signé le 30 décembre dernier. Dans la conduite du dialogue, certains points ont pu paraître incompris par certains. Nous comprenons très bien les critiques et les reproches qui nous sont faits. Mais pour porter des jugements pertinents, il est important de disposer de tous les éléments d’information nécessaires.
Nous savons bien qu’IOG veut faire subir à cet accord le même sort qu’aux accords passés. Mais cela n’arrivera pas, puisque nous nous sommes inspirés des leçons du passé. A force d’observation et de consignation de tous les actes accomplis par IOG, nous avons la preuve de l’absence totale de volonté d’appliquer l’accord.
Pour IOG il s’agit d’un jeu pour tirer les ficelles et il avait commencé par renier tout statut légal à l’USN, jusqu’à la signature de l’accord qui engendre la reconnaissance légale de l’USN.
Au lendemain du 22 février 2013, si ce n’était la présence des bases occidentales, IOG aurait été sur le point de demander à la Garde républicaine de raser la ville de Djibouti. Notre conviction est que nous arriverons de toutes les façons à sauver notre pays du plan machiavélique pensé par ce régime.
Et La diaspora a une place à part dans le changement et la préservation de l’existence de notre pays, et nous sommes convaincus qu’elle ne faillira pas à son rôle.
Mahdi Ibrahim God
M. Djama Amareh a brossé le schéma général. Je reviendrai plus particulièrement sur la situation de la diaspora djiboutienne, dont certains membres se trompent de combat en remettant en cause la légitimité de la direction de l’USN à Djibouti. Chaque avancée est toujours accompagnée par des imputations de suspicion de la part d’une certaine diaspora.
La diaspora serait mieux inspirée de s’interroger sur la raison de son exil, chacun ayant ses raisons, mais le point commun demeurant la défaillance constatée dans tel ou tel domaine. C’est pourquoi le combat commun devrait être de dénoncer la situation qui prévaut à Djibouti en fonction des domaines de défaillance vécus ou identifiés.
Soit un appui physique en termes de disponibilité, soit un appui matériel en terme logistique ou financier doit être apporté pour épauler son frère de lutte. Ce sont les deux aspects dont la lutte a grandement besoin. Depuis 2013, à chaque venue du dictateur Guelleh dans un pays d’Europe, il a été accueilli par une dénonciation en règle pilotée par la diaspora. L’euphorie née des élections a mobilisé énormément la diaspora et a permis de chasser et pourchasser le dictateur à chaque déplacement en Europe ou en Amérique.
Nous devons continuer à nous mobiliser et à ne pas faillir dans cette mobilisation. Un soutien financier et un soutien physique sont nécessaires pour faire vivre les comités de soutien de l’USN à l’étranger. En France notamment où beaucoup de Djiboutiens résident et qui doit constitue un point pivot.
Nous souhaitons que vous mettiez en place votre comité de soutien France pour vous retrouver et dégager une plate forme ainsi qu’une équipe pour le diriger. S’il y a anarchie ici, l’USN à Djibouti n’aura pas d’interlocuteurs fiables avec qui travailler. De l’Amérique à l’Europe, on doit pouvoir réussir la mise en place de cette diaspora.
Ahmed Youssouf Houmed
Aujourd’hui, au-delà de la lutte pour la démocratie, c’est la lutte pour la survie de Djibouti et de l’avenir des Djiboutiens qui est en cause. En tant Djiboutiens, vous connaissez suffisamment la situation malgré votre éloignement géographique. Si Djibouti existe encore aujourd’hui, la gravité est telle qu’on se demande sérieusement si demain, en tant qu’État et même en tant qu’entité nationale, nous existerons.
Économiquement, nous sommes absorbés par la Chine qui achète à grands frais les infrastructures de Djibouti comme le port qui passe désormais de Doubaï à la Chine.
Dès l’arrivée de l’actuel président Guelleh, le chemin de fer a été abandonné et remplacé par la route de Galafi empruntée par des camions souvent propriétés des amis de ce président.
Nous avons la conscience d’exister encore, mais des accords secrets semblent avoir fait que l’eau et l’électricité nous viennent de l’Éthiopie dont Djibouti est présenté comme un prolongement naturel.
La base militaire française a permis de préserver l’intégrité de la république de Djibouti face aux velléités de l’Éthiopie et de la Somalie lors de l’accession à l’indépendance. De nouveau, l’existence de Djibouti en tant qu’entité indépendante de l’Éthiopie est aujourd’hui en jeu.
La politique de l’USN consiste à sauver Djibouti de sa dissolution dans l’Éthiopie. Il est urgent que le pays soit préservé de cette intégration alors que le pouvoir en place travaille à brader le territoire et ses infrastructures pour un intérêt privé et tente de même de se débarrasse des Djiboutiens en les harcelant et en les poussant à fuir le pays.
La création de l’USN a été une grande surprise pour le pouvoir tout comme sa participation aux élections législatives de février 2013. Le régime n’a pas accepté de reconnaitre sa défaite aux élections et pour punir l’USN de cette participation, la caution des députés USN n’a été remboursée que tout dernièrement.
Depuis l’avènement de l’USN, nous avons essayé de rétablir les règles du jeu. Auparavant, M. Guelleh avait l’habitude de gagner avec 70% à 80 % des voix. Deux jours avant les élections de 2013, celui-ci ne reconnaissait même pas l’USN et disait ne leur accorder que 10% de siège. Or nous avons rassemblé 80 % des votes grâce au ras le bol de la population, et cela fut le début de la mort du régime.
Une mobilisation importante s’en est suivie, que vous connaissez, certains l’ayant payé de leurs vies, d’autres ayant été emprisonnés, nous avons été traités de terroristes ; puis une grave crise politique est née de cette situation faisant suite à la belle lutte menée par tous les Djiboutiens.
C’est pourquoi le régime a fini par accepter l’ouverture d’un dialogue sur proposition de l’USN. Le régime avait exigé au préalable que pour dialoguer il fallait intégrer les 10 sièges de l’Assemblée, chose inacceptable pour la population. Le président proposait alors en contrepartie de prendre l’engagement de veiller à l’application de cet accord, mais il n’en sera rien.
Aujourd’hui nous sommes plus forts que lors des élections de 2013 et ce dialogue ne nous a pas été imposé. Nous l’avons voulu pour sauver le pays et nous avons toujours voulu l’application de l’accord dans la paix et l’unité. C’est le cheval de bataille de l’USN. Les Djiboutiens ont suffisamment souffert, on ne peut pas leur imposer d’autres luttes. Si on sait où cela commence, on ne sait pas où cela s’arrêtera.
Nous prenons à témoins les Djiboutiens et les membres de la communauté internationale présents à Djibouti. Nous voulons réussir ce dialogue dans la paix et l’unité. Djibouti est une plate forme pour la paix dans le monde. Nous demandons une compréhension de la part de nos concitoyens pour orienter leurs actions dans le sens de l’unité et l’action pacifique, et d’agir en responsables pour la survie de notre pays.
La séance de questions et réponses a suivi les trois interventions.
Les Djiboutiens présents ont soulevé des questions relatives aux thèmes de l’unité d’action de l’USN, de la situation actuelle du déroulement du dialogue, du projet de participation aux élections présidentielles d’avril 2016, ou encore de la forme de lutte à mener sur le terrain dans le temps à venir.
En réponse, il a été rappelé que l’unité d’action de l’USN devrait être préservée en priorité, car il s’agit du moyen unique d’agir avec efficacité pour gagner contre cette dictature. On ne peut se permettre le luxe de combattre dans le désordre sans tomber dans le jeu du régime.
Le dialogue est dans une impasse depuis plusieurs semaines mais la pression intérieure cumulée avec celle de la communauté internationale sont en passe de produire des résultats, pour preuve le communiqué d’IOG du 27 juillet dernier appelant à la reprise du dialogue au lendemain de sa rencontre avec le ministre français de la Défense Le Drian.
Une question consistait à interroger sur la réalité du 4e mandat pour IOG. La pression sur le régime est telle qu’aujourd’hui, si un 4e mandat devait être envisagé par IOG, il ne pourra le faire sans signer l’accord sur la CENI, faute de quoi il serait confronté à un soulèvement refusant toute mise en place de l’élection présidentielle elle-même.
IOG pourra-t-il utiliser une marionnette pour son 4e mandat ? C’est non, il n’y aura pas plus de place pour la marionnette que pour IOG lui-même. Puisque si « Pas de CENI », alors « Pas d’élection ».
Pour parvenir à mettre fin à ce régime, une mobilisation populaire pacifique par la rue est absolument nécessaire.
Parmi les réflexions avancées, le président du FRUD Monsieur Mohamed Kadami a rendu hommage à l’effort déployé par l’USN depuis février 2013, accompagné d’un hommage appuyé au président de l’USN Ahmed Youssouf qui est dans la lutte politique depuis les années 1970 et à l’activisme et à la constance de Monsieur Ismaël Guedi Hared aujourd’hui en convalescence.
« Il faut tenir compte des luttes des autres, l’USN est une avancé considérable. Il faut préserver cet outil, même si on peut critiquer l’accord cadre du 30 décembre qui est un accord du fort au faible, ce qui fait qu’il ne comporte pas de garantie ».
Monsieur Kadami s’est dit solidaire de l’USN, « même si les actions de l’USN sont limitées et c’est pourquoi certains luttent les armes à la main ». « Une offensive militaire est en cours dans le nord du district pour pourchasser des combattants. » « Toutes les formes de lutte sont nécessaires pour empêcher le 4e mandat. »
Monsieur Kadami a rappelé enfin que le plus vieux prisonnier politique de Djibouti, Mohamed Ahmed dit Jabha, croupit toujours à la prison de Gabode depuis le 1er mai 2010, sans jugement et sans accès aux soins.
Le président de l’USN de rappeler, qu’on ne pourra jamais étaler le mérite de Monsieur Mohamed Kadami qui a consacré toute sa vie à défendre Djibouti et le peuple de Djibouti. « Nous ne sommes pas loin du dénuement de cette lutte pour tous les citoyens ».
A une question sur une éventuelle évolution de la forme de la lutte de l’USN vers l’action armée, le choix de la lutte pacifique par l’USN a été clairement rappelé, en ajoutant que l’USN n’aurait aucun moyen de s’opposer au peuple djiboutien si celui-ci faisait un jour le choix de la lutte armée.
A une question sur la reprise des manifestations, la direction a rappelé que les Djiboutiens avaient déjà repris le chemin des manifestations de rue et que cela n’ira qu’en s’amplifiant si le dialogue politique n’avançait pas.
Djibouti est un pays fragile, ne serait-ce que par ses maisons en planche où un incendie peut prendre des proportions dramatiques. Cela justifiant pourquoi l’USN appelle instamment à une lutte pacifique qui ne détruise pas ce qui tient encore debout à Djibouti.
Une conférence de presse sera organisée prochainement à Paris pour un point d’étape décisif sur le dialogue politique.
Fait à Paris, le 12/08/2015
Pour l’USN France
Le Représentant de l’USN
Maki Houmed-Gaba