Une cinquantaine de Djiboutiens se sont rassemblés le samedi 18 décembre 2021 face à l’ambassade de Djibouti à Paris en commémoration des 30 ans du massacre d’Arhiba perpétré le 18 décembre 1991.
Le rassemblement s’est tenu à l’appel de l’alliance républicaine pour le développement (ARD) et de l’association pour la démocratie et le développement (ADD) rejoints par de nombreux citoyens et amis.
Le 18 décembre 1991 était un mercredi, une colonie de véhicules de gendarmerie et de police avait investi à l’aube le centre du quartier Arhiba à Djibouti-ville et demandé par haut-parleur aux habitants de se regrouper. Objectif : embarquer en fourgons les hommes et les femmes pour une destination inconnue. Soudain, un cri d’alerte était lancé par un gendarme et inclina la foule à refuser de monter à bord des véhicules, ce qui lui vaudra une suite de tirs à balles réelles nourrie occasionnant 59 morts.
30 ans après ce forfait, manifestement crime d’Etat, aucune enquête n’a jamais dit la vérité sur ce qu’il s’était passé réellement. Et 30 ans que dans les quatre coins du monde, les Djiboutiens commémorent.
Djibouti est en réalité devenu un pays de l’impunité en série et de l’assaut contre les civils : massacre de Bouldhoqo le 21 décembre 2015, nouvelle tuerie de 13 civils à Warabalé le 1er et 2 août 2021, autre quartier de Djibouti, et déjà le 27 septembre 1990 la torture de 300 civils à Quartier 5 à Djibouti-ville.
La commémoration du massacre d’Arhiba constitue le front commun du refus citoyen de l’impunité.
A l’occasion du rassemblement, les slogans ont fusé : « Halte aux massacres de civils ! », « Justice et Démocratie à Djibouti !», « Libérez les prisonniers politiques ! », « Libérez Fouad », « Libérez Gabassé ! », « Libérez Barkat ! », « Pas de paix, sans justice ! », « Guelleh tortionnaire à La Haye ! ».
De nombreux djiboutiens ont pris la parole pour exprimer leur sentiment et dire leur solidarité.
Le représentant de l’ARD a rappelé que la commémoration aura toujours lieu aussi longtemps que justice ne sera pas rendue. Il a rappelé qu’un collectif s’était constitué à Djibouti autour des familles des victimes pour porter plainte. La même plainte qui pourra être déposée à l’étranger au titre de la compétence universelle si elle faisait l’objet d’un rejet à Djibouti.
L’activiste Idil Mohamed a rappelé combien la gestion de l’Etat était catastrophique alors que des jeunes diplômés erraient dans le pays et à l’étranger.
Radwan Mohamed, Mohamed Saïd, Youssouf Ali, Abdourahman Idriss, Fayçal Omar, Khadir Abdillahi et Naguib Omar ont tour à tour dénoncé l’absence de l’Etat de droit et rappelé le besoin de rendre justice aux victimes fort nombreuses du régime d’Ismaël Omar Guelleh à Djibouti ou parfois en exil.
En déplacement en France, l’artiste djiboutien Saïd Ali Houmed dit Saïd Hélaf, natif d’Arhiba, a témoigné de sa présence sur les lieux lors du massacre d’Arhiba où il avait aidé à l’enterrement des corps. Saïd Hélaf a expliqué ne pas pouvoir ne pas exprimer sa solidarité avec les familles des victimes et regretter de voir l’état délabré de ce cimetière d’Arhiba.
Kadamy a conclu en rappelant par le détail le contexte du massacre d’Arhiba ainsi que les crimes reprochés à l’Etat djiboutien toujours dans l’attente d’être élucidés par une enquête internationale.
La manifestation s’est achevée vers 16h après quelques minutes de silence à la mémoire de toutes les victimes de Djibouti, décédées, blessées ou retenues prisonnières politiques pour leur opinion.
Maki Houmed-Gaba
Représentant ARD en Europe
Fait à Paris, le 20 décembre 2021