Une conférence de l’opposition tenue à l’initiative de l’ARD, l’Alliance républicaine pour le développement, a rassemblé une demi-centaine de participants autour d’une dizaine d’intervenants de la société civile et des formations de l’opposition.
La rencontre s’est tenue le dimanche 18 février 2018 dans l’après-midi dans les locaux de la Fédération des Clubs Unesco de Paris, 173, rue de Charenton.
Les intervenants présents ont été Mahdi Ibrahim, vice-président de l’ARD, Ismaël Ahmed Assoweh, Député USN, Maki Houmed-gaba, représentant de l’ARD en Europe, Hassan Abdillahi, président du MJO Europe, Abdi Nour, Secrétaire général de la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH), Régis Marzin, Journaliste indépendant et chercheur spécialiste des élections en Afrique, Raymondo Ela, président de la Cored, formation politique de la Guinée Equatoriale, Rigobert Komlan Missinhoun, représentant de la Plateforme panafricaine et de la diaspora béninoise en France.
Le 18 février est un jour unique dans l’histoire de la mobilisation citoyenne à Djibouti que la diaspora d’Europe ne pouvait laisser passer inaperçu : en effet, le vendredi 18 février 2011 a rassemblé 30.000 Djiboutiens bravant interdits et matraques, érigeant sit-in géants et marches populaires destinées à dénoncer le tripatouillage de la constitution de la république permettant à Ismaël Omar Guelleh de supprimer la limitation de mandat présidentiel.
Une vidéo inédite a été visionnée en introduction de la conférence pour rappeler le contexte et le degré de mobilisation du vendredi 18 février 2011 mais aussi pour rappeler les paroles de dénigrement du président Ismaël Omar Guelleh et de son ministre de la communication Abdi Houssein interrogés par Jeune Afrique à se prononcer sur cette journée de soulèvement. L’assistance a pu visionner la marée humaine suivie du commentaire gouvernemental acerbe.
Le vice-président de l’ARD Mahdi Ibrahim God a planté la situation générale qui prévaut au pays des braves rassemblés pour l’occasion dans les locaux du Club Unesco à Paris. Il a dévoilé les ressorts profonds des détournements tous azimuts qui caractérisent l’Etat à Djibouti, notamment le vote pour l’UMP avec les cartes d’électeurs de personnes décédées depuis des décennies alors que des personnes vivantes et dans la force de l’âge ne peuvent obtenir leur carte d’électeur pour voter.
Le représentant de l’ARD en Europe Maki Houmed-Gaba a rappelé les termes de la répression politique spécifique de Djibouti, nommé le clonage des formations politiques, arme de destruction de l’opposition inventée par la dictature de Djibouti.
Le député USN Ismaël Ahmed Assoweh a décrit le système de la démocratie à la djiboutienne qui lui a interdit totalement de pouvoir effectuer le moindre travail de terrain dans l’exercice de son mandat de député entre 2014 et 2017. Ses déplacements étaient simplement interdits par la police entre Arta, Wea et Djibouti-ville comme lui ont été interdit d’animer une permanence parlementaire.
Le représentant de la LDDH Abdi Nour Houssein a rappelé que l’indépendance de Djibouti a été confisquée dès sa naissance en 1977 par le même pouvoir clanique qui continue de confisquer aujourd’hui la démocratie et la liberté. L’ancien président Hassan Gouled a été le véritable mentor du système des privations continué par son neveu Ismaël Omar Guelleh.
Le journaliste indépendant et chercheur Régis Marzin a développé une thématique de description des processus électoraux tels qu’ils sont déroulés à Djibouti en ouvrant une comparaison avec une réalité similaire dans d’autres pays d’Afrique. Régis Marzin a élaboré un classement des pays sur une échelle de démocratisation et non démocratisation dans laquelle Djibouti se situe dans les pays à « dictature stable ».
Le président du MJO Europe, Mouvement des jeunes de l’opposition, Hassan Abdillahi, a présenté le besoin de relève que doit assurer la jeunesse djiboutienne pour développer et renouveler le cadre de la lutte pour la démocratie à Djibouti. Seule une implication de la jeunesse peut permettre à ce combat de longue haleine de demeurer et de se renouveler.
Le représentant de la Plateforme Panafricaine et de la diaspora béninoise en France Rigobert Komlan Missinhoun a rappelé le besoin de solidarité qui doit prévaloir entre les diasporas des pays africains comme seul et unique moyen de mutualiser nos énergies et d’imposer ensemble un saut vers la démocratie et le respect des libertés publiques.
Le président de la CORED, formation de l’opposition politique de la Guinée Equatoriale, Raymondo Ela, a présenté une comparaison entre les deux petits stratégiques Djibouti et Guinée Equatoriale. L’une pour sa position sur la route maritime et l’autre pour ses ressources pétrolifères. Les citoyens des deux pays font face l’un et l’autre à une ignorance totale de la communauté internationale intéressée à préserver ses seuls intérêts sécuritaire ou pétrolier.
La conférence de l’opposition a eu l’honneur de recevoir la visite du président du Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (FRUD) en la personne de Mohamed Kadami, lequel n’a pas manqué de délivrer un message d’encouragement à une rencontre-débat nécessaires entre les citoyens de Djibouti, seule solution de reconstruire un jour ce pays.
La conférence s’est clôturée par un échange d’idées sur un mode de brain storming visant à faire émerger des idées nouvelles pour la poursuite d’actions concertées de la société civile et de l’opposition djiboutienne dans le projet de faire aboutir la démocratie et le développement.
Plusieurs idées ont circulé dans cette perspective parmi lesquelles l’idée centrale retenue est d’instaurer un rythme de réunions régulières à Paris afin d’identifier un lieu de rencontre permettant de fédérer progressivement les Djiboutiens de la diaspora, idée appuyée notamment par Patrick Falcou et le militant de l’opposition Abdo Aden Djama.
Les nombreuses idées novatrices évoquées ne pourront s’épanouir et se développer qu’à l’occasion d’un tel lieu de rencontre à fixer impérativement.
Maki HOUMED-GABA
Représentant de l’ARD en Europe
Paris le 19 février 2018