Titre : Renouvellement de la carte nationale d’identité (CNI) et révision des listes électorales : Le Haut-Conseil de l’USN se déplace et constate bien des irrégularités.
Après avoir recueilli de nombreux témoignages de terrain, le Haut-Conseil de l’USN a visité les sous-préfectures et la préfecture de la capitale qui accueille plus de 2/3 de la population djiboutienne mais aussi la direction de la population. Il l’a fait jeudi 10 septembre et mercredi 16 septembre. Jeudi 10 septembre 2015, une délégation du Haut-Conseil s’est rendue à la 1ere sous-préfecture et à la préfecture de la capitale ainsi qu’à la direction de la population. Le sous-préfet de la première circonscription a tout simplement refusé de recevoir la délégation et de répondre à ses questions sur les listes électorales, violant ainsi ses obligations professionnelles. En effet, le décret n°93-0023/PRE du 19 mars 1993 fixant les modalités d’établissement des listes électorales ainsi que les conditions de délivrance et de validité des cartes d’électeurs précise en son article 12 : ‘’Tout électeur, tout candidat et tout parti politique régulièrement constitué peut prendre communication et copie des listes électorales’’. Le sous-préfet a renvoyé la délégation au préfet. Or, le préfet s’est porté absent en dépit du rendez-vous donné la veille au député USN Adan Mohamed Abdou et la nouvelle demande de rendez-vous formulée le jour même par les dirigeants de l’USN n’a point obtenu de suite à ce jour. La même situation s’est reproduite à la direction de la population où le directeur s’est absenté de son bureau. Même demande de rendez-vous par les dirigeants et, à ce jour, même silence radio que le préfet de Djibouti.
Mercredi 16 septembre 2015, la délégation du Haut-Conseil s’est rendue aux sous-préfectures 2, 3, 4 et 5 de la capitale. Le chef de la 4eme sous-préfecture s’est enfermé dans son bureau, celui de la troisième sous-préfecture, alors absent du bureau, a donné rendez-vous aux dirigeants de l’USN pour samedi 19 septembre 2015, tandis que les deux autres les ont reçus. Finalement, la délégation de l’USN n’a pas pu rencontrer le sous-préfet de la troisième circonscription de la capitale qui n’a pas honoré le rendez-vous fixé au 19 septembre 2015.
Tout au long de ses visites, la délégation a constaté la présence de nombreux administrés aux sous-préfectures, à la préfecture et à la direction de la population. Elle a pris langue avec eux. Mais, à aucun moment, les dirigeants de l’USN n’ont pu consulter les listes électorales ni en obtenir copie. Cela leur a été refusé par la préfecture et les sous-préfectures.
De ces rencontres comme de ces non-rencontres non moins significatives de la délégation avec les sous-préfets, le préfet et le directeur de la population, de ses contacts avec les administrés présents dans tous les lieux visités, mais aussi et surtout des recoupements de leurs témoignages avec les autres multiples sources de terrain de l’USN, y compris sur les régions de province, il ressort que les listes électorales sont trop souvent gérées de manière irrégulière. Beaucoup de jeunes devenus majeurs sont repoussés lorsqu’ils viennent demander à être inscrits sur les listes électorales, les adultes absents du pays lors de la prétendue refonte électorale de 2008 ne sont pas toujours réinscrits s’ils le demandent et ceux qui déménagent dans une autre circonscription ne voient pas leur demande de transfert sur la liste électorale de leur nouveau lieu de résidence acceptée par la plupart des sous-préfectures. De même, comme signalé plus haut, l’accès aux listes électorales reste de fait interdit à l’opposition. Du reste, cela n’étonne point l’USN pour laquelle la mise en place d’une véritable CENI paritaire est une réforme urgente, comme le prévoit l’accord-cadre du 30 décembre 2014.
Concernant le renouvellement de la carte nationale d’identité (CNI), il est entouré d’une telle opacité qu’il jette de graves doutes sur sa régularité et sa sincérité. Outre les lenteurs et les goulots d’étranglement liés à la conception de l’opération et à la faiblesse de ses moyens humains et techniques, outre la mauvaise qualité technique de la nouvelle CNI et la destination inconnue des frais perçus de 2000 francs Djibouti par carte renouvelée, nous relevons les irrégularités suivantes :
-un grand nombre de personnes attendent depuis des mois le renouvellement de leur CNI pourtant régulièrement déposée,
-un grand nombre de non-Djiboutiens obtiennent la nouvelle CNI par l’intermédiaire du parti au pouvoir, le Rassemblement populaire pour le progrès (RPP), dont les annexes deviennent de véritables antennes administratives, soit autant d’électeurs irrégulièrement créés à son profit par le pouvoir,
-l’immense majorité des Djiboutiens n’ont pas encore renouvelé leur carte nationale d’identité, ce qui ne permet point de tenir la date limite du 31 décembre 2015 pour l’achèvement du renouvellement,
Tous ces constats confirment les doutes et craintes que l’USN a exprimés dans son appel à la suspension du renouvellement de la CNI en date du 18 octobre 2014 et rendent encore plus impérieuse la création d’une commission ad hoc présidée par un haut magistrat respecté, comprenant des représentants de l’administration, de la société civile ainsi que des partis politiques et s’appuyant sur des experts confirmés.
De la même manière, les irrégularités constatées dans la gestion des listes électorales rappellent l’urgence d’une véritable Commission électorale nationale indépendante (CENI) paritaire.
La balle est plus que jamais dans le camp du régime. Le déni et le tout répressif ne sont pas la solution. Bien au contraire. La solution réside dans le respect des engagements pris par le gouvernement dans l’accord-cadre du 30 décembre 2014.
Près de quarante ans après l’Indépendance du 27 juin 1977, les Djiboutiens veulent avec détermination être respectés comme un peuple adulte, entré avec le Monde dans le XXIème siècle. C’est le moindre de leurs droits de peuple souverain. Cela commande plus que jamais l’exercice de la raison et du sens de la responsabilité.
Le président par intérim de l’USN
Omar Elmi Khaireh