COMMUNIQUE DE PRESSE
Humiliations et traitements cruels à la gendarmerie
Djibouti, le 4 août 2013
De la Constitution Djiboutienne …
ARTICLE 3 : « La République de Djibouti est composée de l’ensemble des personnes qu’elle reconnaît comme membres et qui en acceptent les devoirs, sans distinction de langue, de race, de sexe ou de religion. (…) »
ARTICLE 11 : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte et d’opinion dans le respect de l’ordre établi par la loi et les règlements. »
Vendredi 2 aout 2013 comme depuis la fin des élections législatives du 22 février 2013 sont organisées des manifestations un peu partout dans la ville après la prière du vendredi. Ce qui s’est passé en cette journée du 2 aout à Balballa Cheikh Moussa constitue la poursuite de la répression aveugle touchant du simple curieux au manifestant actif.
En effet, 25 personnes ont été arrêtées ce vendredi par la gendarmerie nationale et placés en détention à la brigade Nord de Djibouti, dont 21 femmes et 4 hommes. Le samedi 3 aout, ils ont été présentés au parquet de Djibouti. A l’issue de l’audience, toutes les femmes ont été libérées et les 4 hommes dont Mahamoud Elmi Rayaleh, professeur de français et 3 jeunes ont été placés en mandat de dépôt à la prison de Gabode. Parmi les femmes, il y avait Nima Barkad, épouse de Guirreh Meidal, qui a été victime de violences et d’actes humiliants.
Les témoignages recueillis auprès de ces personnes révèlent des conditions de détentions dégradantes et cruelles mais aussi des violences physiques (coups de pieds, gifles, …) des tortures morales et humiliantes (insultes, déchirures des voiles de femmes, …). D’autre part, ces témoignages parlent d’interrogatoire basée sur l’origine tribale et cela au mépris des règles fondamentales de la Constitution (article 3).
Par ailleurs, une gendarmerie républicaine est marquée en général par le sens de l’honneur, la discipline, la disponibilité, le courage et l’abnégation mais aussi la défense l’État de droit en agissant dans le respect des conventions internationales, des lois et des règlements. Elle refuse d’exécuter un ordre manifestement illégal et de nature à compromettre gravement l’intérêt public. Ce qui s’est passé dans les locaux de la gendarmerie dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3 aout 2013 n’honore pas la gendarmerie nationale.
L’ODDH dénonce fermement cette dérive de stigmatisation basée sur l’appartenance tribale qui peut conduire à une guerre civile comme beaucoup de pays africains et dont l’histoire récente et la géographie jouxtant nous renvoie aussitôt à la Somalie.
L’ODDH appelle le gouvernement de Djibouti à veiller sur la garantie de la Convention des Nations Unies contre la torture et les autres instruments internationaux en la matière.
L’ODDH demande au pouvoir public d’ouvrir rapidement une enquête sur toutes les violations de droits de l’homme et de poursuivre en justice les responsables.
L’ODDH recommande au pouvoir de se conformer aux dispositions constitutionnelles relatives à la protection des citoyens, au respect des libertés fondamentales, à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi qu’à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Agir pour la démocratie, la dignité et la justice.
Le Président de l’ODDH
Farah Abdillahi Miguil