Communiqué de presse de l’ODDH (Observatoire djiboutien pour la promotion de la démocratie et des droits de l’homme)
Djibouti, le 29 mars 2013
Gabode est la triste célèbre prison centrale de la république de Djibouti. Construite par les Français à l’époque coloniale, elle est toujours en service. Cet héritage témoigne de notre incapacité à … après 36 ans d’indépendance. Un lieu de surpopulation où le respect des droits des prisonniers et de la dignité humaine reste absent des vocabulaires. Les conditions de détentions sont inhumaines : proximité, absence de sanitaire digne de ce nom, isolément, …, violences.
La contestation de la publication des premiers résultats des élections législatives du 22 février 2013 par l’opposition a déclenché une vague de répressions sans précédent du pouvoir public. Intimidations, harcèlements, arrestations, détentions, placements en mandat de dépôt, condamnations sont devenus le quotidien des opposants, des députés élus de l’opposition, des hommes de foi, des défenseurs des droits humains… ainsi que des simples citoyens. Et aujourd’hui toute forme de protestation ou de manifestation même lorsqu’elle s’inscrit dans un cadre constitutionnel conduit inéluctablement à cette triste célèbre prison de Gabode.
C’est ainsi que les cheiks Barkat, Bachir et Meidal dont 2 d’entre eux sont des membres fondateurs du MoDeL (formation affiliée à l’USN) ont été condamnés à 2 ans de prison dont 18 mois fermes et 5 ans de privations des droits civiques. De même Daher Ahmed Farah dit DAF, président du MRD et porte-parole de l’USN (Coalition de l’opposition) a été condamné à 2 mois de prison fermes. Même ceux que les juges ont fait une relaxe sont toujours détenus à Gabode après appel parait-il du procureur. C’est le cas de Maydane Abdallah, membre du MRD mais aussi de Dirir Said, Idriss Aden et de Moussa Houssein, 3 candidats sur la liste de la députation de l’USN qui sont en mandat depuis presque 1 mois et 1 semaine.
Aujourd’hui, nous sommes toujours dans l’impossibilité de dire le nombre exact et l’identité des personnes détenues à Gabode. Toutefois, nous savons que parmi les enseignants détenus figurent Ali Mohamed Arras, Yacin Ibrahim, Abdillahi Bileh, Farhan,…
Malheureusement, nous constatons que jour après jour la situation politique de notre pays s’achemine vers une impasse. C’est pour cela que nous pensons qu’il est temps de mettre en place un cadre de dialogue et de concertation pour faire évoluer les choses dans une disposition où les compromis politiques l’emporteront sur l’imposition d’une vision. Nous savons tous que l’on soit du pouvoir ou de l’opposition que tout citoyen djiboutien a la certitude que notre pays n’est démocratique que sur le papier. Partant de là, nous pouvons concevoir avec un minimum d’intelligence politique et en se ressourçant sur nos références culturelles un modèle démocratique « où tout le monde pourrait vivre librement et fraternellement ».
L’ODDH appelle au pouvoir public à trouver des voies et moyens pour sortir de l’impasse politique actuelle.
Agir pour la démocratie, la dignité et la justice.
Le Président de l’ODDH
Farah Abdillahi Migui