Biens mal acquis : une enquête ouverte en France visant l’entourage du président de Djibouti
L’ONG Sherpa et le collectif européen de la diaspora djiboutienne (CEDD) ont déposé une plainte, notamment pour « abus de biens sociaux » et « détournement de fonds publics ».
L’ONG et le CEDD avaient « déposé une plainte le 16 octobre 2018 pour abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, abus de confiance et corruption d’agents publics étrangers contre des membres de l’entourage du président de Djibouti », a indiqué Sherpa dans un communiqué. L’enquête préliminaire a été confiée à l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), a confirmé une source policière. Contacté par l’AFP, le parquet national financier s’est abstenu de tout commentaire.
Biens immobiliers à Paris
La plainte se concentre sur des biens immobiliers, situés dans les 8e, 16e et 17e arrondissements de Paris, appartenant à des membres de la famille du chef de l’Etat djiboutien, au pouvoir depuis dix-sept ans. Il s’agit notamment de son épouse, Kadra Haid, et de son gendre, Tommy Tayoro Nyckoss.
« Personne ne peut croire sérieusement que ces biens immobiliers, dont la valeur est aujourd’hui pour certains d’entre eux de l’ordre de plusieurs millions d’euros, ont pu être acquis par le seul fruit du salaire des membres de la famille d’Ismaïl Omar Guelleh et de ses proches », est-il écrit dans la plainte que l’AFP a pu consulter. En particulier, M. Nyckoss « semble être une personnalité pivot, centrale, dans la mise en œuvre des opérations effectuées depuis des années par la famille d’Ismaïl Omar Guelleh aux fins de détournement d’avoirs publics », est-il souligné dans le document.
Plusieurs procédures sont déjà en cours en France dans des dossiers dits de « biens mal acquis ». En 2017, le vice-président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang, avait été condamné à Paris à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende, également avec sursis, pour s’être bâti frauduleusement un patrimoine en France.
L’enquête avait mis au jour l’ampleur du patrimoine de Teodorin Obiang, qui a fait appel du jugement : objets d’art, voitures de luxe, ou hôtel particulier de 101 pièces, avec hammam et discothèque… Il était le premier dignitaire à être jugé dans le cadre de ces procédures, lancées en 2010 en France. La justice française enquête également sur les patrimoines amassés en France par les proches de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville), du défunt Omar Bongo (Gabon) ou encore du président centrafricain déchu François Bozizé.
Source : Le Monde