Au nom de la liberté, une mobilisation exceptionnelle a lieu à Djibouti !
Le lundi 25 février, jour de meeting d’information à Djibouti à l’appel de l’Union pour le salut national (USN), les Djiboutiens ont répondu présents.
Alors que tout l’attirail répressif du gouvernement d’Ismaël Omar Guelleh se mettait en place, notamment réseau Internet et téléphone mobile des opposants coupés ou perturbés, arrestations de plusieurs dirigeants de l’USN et de près de 300 manifestants, matraquage et bombe lacrymo à tour de bras par les forces de police.
Le meeting programmé le lundi 25 février à 14 heures a été déclaré ‘interdit’ par le ministre de l’intérieur à la RTD, mais cela n’a pas empêché des dizaines de milliers de citoyens libérés de la peur de converger de l’ensemble des quartiers et des cités de la capitale dès 16 heures.
Des barrages de police dressés autour des cités populaires de Balbala, Arhiba, Quartier 6, 7 et 7 bis, Ambouli, PK 12 n’ont pas réussi à arrêter le flot de plus de 5000 jeunes et moins jeunes affluer en masse vers les abords de l’avenue Nasser pour en découdre définitivement avec la dictature et le déni de droit.
Une situation chaotique a fait fuir les forces de police devant les manifestants.
Les clashes entre manifestants et forces de police ont retenti sur la ville toute la journée du lundi. Au moins une dizaine de véhicules de police et des pneus incendiés par centaines jonchaient les rues, dégageant une fumée épaisse dans la capitale. A la charge de la police par les matraques et les grenades faisaient face les jets de pierre et les cocktails molotov des plus jeunes manifestants.
Les services de sécurités ont réussi pour leur part à capturer certains dirigeants de l’opposition tels que Sougueh Ahmed, président du Model, emprisonné, Guireh Meidal, Abdourahman God, battu par la police, blessé par un éclat de grenade lacrymogène et emprisonné au commissariat du Port, Abdourahman Bachir, battu et blessé grièvement à la tête, emprisonné à la brigade nord de la gendarmerie, Ali Arass, responsable de l’annexe de l’ARD à Balbala.
Quant aux dirigeants de l’USN, Ahmed Youssouf, le président, Daher Ahmed Farah, le porte parole, et Ismaël Guedi, la tête de liste pour Djibouti-ville, les trois ont été assignés à résidence toute la journée du lundi 25 février.
Les autres responsables politiques de l’USN pouvaient difficilement quitter leur domicile avec des véhicules de police postés aux abords de leur résidence et des véhicules banalisés du SDS prêts à les suivre dans tous leurs déplacements.
Le mardi 26 a connu le même soulèvement avec l’entrée en scène des lycéens et étudiants qui ont fait le siège du palais de justice de Djibouti au cri de Libérez les prisonniers ! Vive l’USN !
Des policiers réservistes ont été appelés pour combler le débordement total des forces de l’ordre face à une révolte qui n’avait pas montré cette ampleur depuis le grand jour du 18 février 2011.
Une véritable scène de début d’insurrection prend progressivement le pas sur le rassemblement pacifique auquel avait initialement appelé l’USN pour un meeting d’information relatif aux élections législatives du vendredi 22 février.
Le bilan humain est pour l’instant de 300 personnes arrêtées, 3 à 5 blessées par balles dont on ignore l’état exact, ainsi que de nombreux disparus.
La Rédaction, le 26/02/13