Atteintes aux droits de l’Homme à Djibouti :
Le jeune Sahal Ali Youssouf tué par le sentiment d’impunité de certains policiers
Lundi 10 juin 2013
A Djibouti, le sentiment d’impunité qui habite certains agents des forces de l’ordre et d’autres secteurs de l’administration est tel qu’ils se permettent tout. C’est le cas dans la police où ces éléments viennent de s’illustrer par un crime des plus odieux. Ce meurtre a été perpétré dans la capitale sur la personne du jeune Sahal Ali Youssouf, qui vivait chez ses parents à Balbala Hayabley, dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7 juin 2013.
C’est au Quartier 4 de la capitale, son quartier natal, où la victime venait voir ses copains, que la chasse à sa personne a débuté entre 17 et 18 heures. Il a été traqué par trois individus dont certains en uniforme de police, selon des témoignages recueillis auprès d’habitants du Quartier 4.
Finalement capturé, Sahal Ali Youssouf a été, semble-t-il, soumis à d’atroces actes de torture et laissé pour mort au Quartier 7 bis. C’est là qu’il a été trouvé par des habitants vendredi à 2 heures. Prévenus par l’un de ces habitants, les parents de la victime sont arrivés à son secours et l’ont transporté aux Urgences de l’hôpital général Peltier où le garçon, qui présentait notamment un traumatisme abdominal et un autre au crâne, n’aurait pas été correctement soigné.
Il est décédé vendredi vers 8 heures des suites des blessures subies sous la torture. Révoltés, ses parents ont demandé et obtenu une autopsie avant de l’enterrer dimanche 9 juin 2013 au soir. L’enquête a été confiée à la Gendarmerie puisque la police est mise en cause dans l’assassinat du jeune homme.
Ce meurtre commis de sang-froid, suite à un vol de voiture qui n’a duré que quelques heures une semaine plus tôt, et qui était en cours de règlement à l’amiable entre la famille de la victime et le propriétaire du véhicule, montre à quel point certains membres de la police et leurs supplétifs se croient tout permis et violent régulièrement les droits les plus élémentaires de l’être humain, en l’occurrence le droit à la vie du jeune Sahal Ali Youssouf.
Ce crime soulève la question de la responsabilité des plus hautes autorités en charge des forces de l’ordre, c’est-à-dire de la protection des personnes et des biens. A commencer par le ministre de l’Intérieur, Hassan Omar Mohamed, et ses subordonnés galonnés.
Comment est-il possible que des policiers continuent de se comporter en criminels sans foi ni loi sous les drapeaux de la République, arrêtant illégalement, torturant et assassinant des êtres humains, ceux-là mêmes qu’ils sont censés protéger ?
Comment se fait-il que l’insécurité urbaine, sur fond de trafic de drogue, d’alcool frelaté et de prostitution, perdure dans la capitale en dépit des grands moyens en hommes et en ressources engagés ?
Les forces de l’ordre ne sont-elles là que pour réprimer les démocrates djiboutiens dont les opposants, leurs partisans et leurs électeurs ?
Nous osons espérer que le meurtre du jeune Sahal Ali Youssouf ne restera pas impuni.
A suivre de tout près.