Djibouti, le 02 mars 2014
Mise au point: Dangereuse fuite en avant !
Les propos tenus par Mr Arnaoud ce 1er mars ne nous étonnent pas. Il incarne à lui seul la double crise politique dans laquelle se débat notre pays depuis douze ans. Il était membre de la commission » réformes démocratiques » lors des négociations de Paix et membre de l’assemblée nationale qui a violé un Accord de Paix ayant mis fin à dix ans de conflit armé, et donc responsable de la grave situation de ni guerre ni paix qui s’en est suivie et à laquelle ces législatives se proposaient de mettre fin. Il se prétend aujourd’hui, président d’une introuvable assemblée, cause de la crise post-électorale…
Plus surprenant et inadmissible est le discours tenu par le premier ministre.
– Il n’y a pas, jusqu’à l’ exposé d’improbables preuves et la démonstration du contraire, de complot islamiste à Djibouti. Il n’y a aucune référence religieuse dans les statuts déposés par le Model ni aucune justification dans le refus opposé au RADD, vainqueur des Régionales 2012, de se constituer en parti politique. L’A.R.D. n’acceptera jamais que soient pointés du doigt, jetés en prison ou en pâture à la suspicion et la vindicte d’une coalition en guerre contre le terrorisme islamiste, de pacifiques citoyens (hier choyés par le pouvoir pour certains d’entre eux) et devenus terroristes au lendemain d’une déroute électorale de la coalition au pouvoir.
– S’agissant du prisonnier Mohamed Ahmed dit « Jabha », arrêté et torturé depuis l’été 2010, il incarne lui aussi la profondeur de la crise qui secoue Djibouti depuis deux décennies. C’est un citoyen Djiboutien, démobilisé du Frud-armé en juin 2001 à Waddi. C’est une des (plusieurs centaines) victimes de la violation de l’Accord de paix (art 6 : Intégration, réintégration, indemnisation et réinsertion) qui errent désœuvrés, dans les banlieues de la capitale et dans l’arrière-pays. Il est subitement devenu ce 1er mars, « un mercenaire érythréen d’origine éthiopienne » dans un contexte de chasse aux sorcières et de déchéance de nationalité. Rappelons que le refus d’octroi de la nationalité à une principale composante de la communauté nationale a constitué une des causes du conflit armé.
L’Accord de Paix Définitif stipulant pour la traiter en son article 10 : « Les personnes dont l’appartenance à la communauté djiboutienne est vérifiable par tous les moyens peuvent prétendre à la citoyenneté djiboutienne. Pour ce faire, les deux parties s’engagent à mettre en place une commission ad hoc chargée d’accélérer la délivrance des cartes nationales d’identité à ces personnes ».
Tout le reste du discours gouvernemental n’est que mensonge officiel impudent et permanent ainsi que prétextes fallacieux. Constatant que :
-Cette volte-face gouvernementale a eu lieu lors d’une cérémonie officielle devant un parterre de représentants étrangers, au lendemain de la signature d’un accord de défense avec la Chine populaire dont personne ne connait la teneur et à la veille de meetings de l’opposition…
– Rien dans les propos (belliqueux), les manœuvres (dilatoires) et la posture (monologue d’autiste) du gouvernement, ne laisse présager une quelconque disposition à une solution négociée à la crise post-électorale.
Prenant à témoins les communautés nationale et internationale, l’A.R.D. tiendra le gouvernement pour unique responsable du risque d’escalade préjudiciable à la Paix civile que constitue cette fuite en avant.
M.A.A.
Secrétaire à la communication et porte-parole de l’A.R.D.