La propagande officielle dépasse les limites du tolérable lorsque’ elle insinue et accuse les démocrates en recherchant des boucs émissaires aux conséquences des méfaits et fuites en avant du gouvernement. Dans son discours de politique budgétaire lors de la rentrée parlementaire de septembre 2016, le premier ministre se dit scandalisé par « les attaques sanglantes organisées avec le soutien de milices étrangères… qui sont vouées à l’échec…
Le peuple Djiboutien tout entier se dressera contre ces mercenaires qui n’hésitent pas à faire couler le sang de Djiboutiens innocents pour tenter de semer le trouble.. .S’attaquer à des objectifs civils ou à des biens appartenant à la population démontre parfaitement la nature terroriste de cette organisation…Je saisis cette occasion pour condamner une fois de plus ces actions lâches et criminelles et reste désorienté par le silence des responsables de l’opposition qui pourrait correspondre à une complicité tacite. » Le premier ministre a raison. Le silence des responsables de l’opposition pourrait en effet désormais s’apparenter à une complicité…avec la propagande officielle. Maintenant que le voilà rompu, posons-nous la bonne question que doit se poser tout observateur sensé : à qui profite l’insécurité ? Certainement pas à ceux qui, ayant mené une lutte armée chevaleresque ont définitivement opté pour le combat démocratique !
LESQUELS ROMPENT AUJOURD’HUI LE SILENCE, EN ACCUSANT LE GOUVERNEMENT D’ETRE LE PREMIER RESPONSABLE ET PREMIER BENEFICIAIRE DE CETTE INSECURITE !
Un acte d’accusation se basant sur des faits réels, indéniables et accablants pour le gouvernement :
1/ En violant l’Accord de Paix du 12 mai 2001, le gouvernement a délibérément crée cette intenable situation de ni guerre ni paix préjudiciable au développement dans le nord.
2/ Le chef de l’état a en personne reporté sine die un généreux programme de réhabilitation qui prévoyait la reconstruction des zones et habitations dévastées par le conflit.
3/ En reconduisant et aggravant les causes du conflit, le gouvernement s’acharne en vain(les mêmes causes produisant les mêmes effets) à créer les conditions d’un renouvellement de ce conflit.
4/ Depuis l’Accord de Paix et sa violation, le budget de la Sécurité Militaire et Intérieure a connu une croissance constante et vertigineuse pour un pays qui se proclame en paix. Il se chiffre cette année pour le seul nord de la République sous administration militaire à plus d’un milliard de nos francs ! En comparaison, Budget de reconstruction ? walou. Celui du Conseil Régional ? Une aumône de cinquante millions qui ne couvre même pas le budget de fonctionnement…
5/ Mais cette Insécurité ne fait pas seulement le bonheur de charançons en uniformes et en col blanc dans le nord…elle fait aussi les affaires d’anciens et nouveaux actionnaires du port de Doraleh…qui garde le monopole de l’approvisionnement de notre principal partenaire commercial.
6/ C’est l’insécurité qui est aussi invoquée pour justifier l’injustifiable retard des projets du port de Tadjourah et de la route Randa / Balho. Projets voulus et initiés au forceps par le défunt Premier Ministre Ethiopien et censés désenclaver leTigray et accélérer l’intégration régionale…ce qui fait les affaires des actionnaires du port de Doraleh!
– 7/ L’Insécurité ainsi crée et entretenue dans le nord risque d’avoir aussi malheureusement des conséquences économiques et sociales dans la capitale : les termes inacceptables de la concession du port de Doraleh à la Chine prévoient que soient exclus des activités de manutention (principale activité portuaire génératrice de revenus), les opérateurs économiques nationaux et régionaux (MTS) à partir de 2017. La désormais première puissance économique du monde n’a pas besoin de s’enrichir au détriment des riverains de la mer rouge. Si soucieux de ses intérêts lorsqu’il s’agit de la mer de Chine, notre partenaire comprendra aisément que soient contestés les termes d’une concession qui lèse les intérêts vitaux des opérateurs nationaux et régionaux !
– Depuis des années, chaque acte de vandalisme est, sitôt accompli, aussitot revendiqué …par le ministère de l’intérieur qui le médiatise à outrance en lançant des accusations que personne ne prend au sérieux. Au micro cette semaine de la R.T.D le ministre de l’intérieur affirme que les auteurs dont il cite les noms sont « connus des services de renseignements »… » « ken naxigeh ! » en langue afare. Nous le croyons sur parole! “Ken lem siinik tan tet” parce qu’ils ne sont ni encartés ni recrutés dans nos annexes, ils ne sont ni nos militants ni nos sympathisants!
– En 2007, le chef d’état-major général des armées américain est en visite de travail à Djibouti et est reçu en personne par le chef de l’Etat. Convaincus à juste titre, que la stratégie sécuritaire ne peut être viable si elle se fonde uniquement sur l’aspect militaire, les Etats-Unis venaient d’adopter l’African Growth and Oppportunities Act ( AGOA). C’est dans le cadre de ce programme que le général expose au chef de l’état un projet détaillé d’un port à Obock qui créerait à terme des milliers d’emplois directs et indirects. Le chef de l’Etat approuve et le pentagone est satisfait d’un pied à terre exceptionnel avec vue sur le golfe d’Aden et le bab-el mendeb ! Le lendemain ce n’est pas l’armée nationale ni la gendarmerie ni les commandos encagoulés de la police nationale qui sèment ces derniers temps la terreur à Djibouti-ville, qui se rendent à Obock, mais une forte artillerie commandée par le chef d’état-major particulier de… la Présidence, le général Abdo Dembil qui part en excursion à Obock bombardant à l’aveuglette les mablas pendant quarante huit heures et retournant à Djibouti avec comme trophées de guerre une dizaines de civils dont des notables venus assister à un mariage traditionnel et présentés à la presse et à la justice comme étant les complices de « mercenaires étrangers » . Ils sont vite relâchés et innocentés devant le tollé général suscité par l’invraisemblance de telles accusations. Mais le mal était fait et bien fait. Les autorités Djiboutiennes expliquant aux américains qu’elles ne pouvaient donner suite à leur projet pour des raisons d’…Insécurité ! Exit le Growth opportunity pour Obock et sa population paupérisée. Exit les Etats-Unis. Un quinquennat plus tard c’est la Chine qui se voit octroyée ce même site mais militaire sans créations d’emplois civils dans le cadre d’un Accord de Défense dont personne ne connait la teneur… On pourrait indéfiniment citer d’autres exemples. Restons-en là.
En espérant avoir aidé le premier ministre qui se dit « désorienté » par notre silence, à retrouver le nord dans cette affaire, c’est le chef de tous les gouvernements depuis trois quinquennats qui doit répondre en personne de ces accusations. Pas en nous jurant une main sur le cœur et l’autre sur le Coran de sa bonne foi( ça ne passe plus !). Pas en nous égrenant un chapelet de projets jamais achevés qu’il a initié ou qu’il inaugure à la veille de chaque mascarade électorale. Pas en tentant vainement de semer la discorde au sein de l’opposition historique qu’aucune entourloupe gouvernementale ne détournera de ses objectifs mais par des actes concrets pouvant le disculper aux yeux de notre peuple…faute de quoi fatalement c’est, comme le dirait le premier ministre, le peuple tout entier qui se dressera bientôt contre ce gouvernement et son chef pour mettre fin à cette intenable situation !