Assalaamu Calaykum wa rahmatoulahou wa barakatahou, où que vous soyez dans le monde.
Tout d’abord en cette période de grande pandémie Covid-19, je tiens à adresser mes sincères condoléances à celles et ceux emportés par cette terrible maladie planétaire.
Cette infection d’un autre genre restera parmi nous pour longtemps encore. Nous devons faire preuve de vigilance et de respecter les directives de nos médecins et infirmiers lourdement débordés et à qui je rends un grand hommage et une sincère compassion pour leur dévouement dans une situation sanitaire sans commune mesure.
La hantise de la dictature s’exprime dans tous les foyers et dans tous les lieux de rencontre à Djibouti et cela depuis 43 ans. La misère, l’extrême misère touchent toutes les composantes de notre pays. Sans oublier la cherté de la vie comme les prix des produits de premières nécessités, les prix exorbitants de l’électricité et de l’eau mal assurés par un service public défaillant, par une injustice présente à tous les coins de rue…
Bref, le mal vivre est constant dans le pays.
Le monologue d’un Ismail Omar Guelleh fermé à tout débat face à nous est compris par vous tous. Toute voix discordante finie à Gabode comme beaucoup de nos compatriotes ou meurt sans raison aucune, juste pour avoir critiqué le régime pour une raison simple relevant souvent de sa propre vie et de son état de travailleur malheureux.
La tectonique sociale est présente à Djibouti en raison de la disparité des revenus une conséquence de la corruption exorbitante du système autorisé par la classe malhonnête au pouvoir.
Oui mes chers compatriotes les solutions à vos maux existent. La pauvreté n’est pas une calamité éternelle contrairement à celle que vous supportez depuis pratiquement près d’un demi-siècle sous un seul régime, celui du Rpp.
Quand nous vous disons un seul régime ici, c’est pour vous dire de bien comprendre que nous combattons les oppresseurs coupables ou complices d’un système auquel participent toutes les entités tribales ou ethniques sous les directives criminelles d’une seule et même famille.
Par conséquent, il nous appartient de prendre à bras le corps pour réaliser ce sursaut unitaire et national. Une action digne pour sauver la République et son peuple dans une région troublée.
Un changement s’impose à nous avec des propositions. A commencer par là où le mal réside. A savoir l’origine de l’absolutisme du pouvoir et du mal Djiboutien. ++*+
A ) De la constitution et des pouvoirs:
Nous ne voulons pas ici retracer notre opposition dès début 1992 à la 1ère Constitution nationale. Tout était fait pour une permanence surtout forte de la dictature, incarnée par Gouled.
Si, certains avaient cru que les négociations de 1994 étaient peut-être une clé pour dénouer la situation, le résultat a démontré que la Constitution de Djibouti était non seulement anti-démocratique mais aussi dangereuse pour l’avenir du pays en ce sens qu’elle imposait un absolutisme total.
Par la concentration de tous les pouvoirs dans les mains d’une seule personne, tous les abus sont ainsi permis pour un pouvoir exécutif fort en la seule personne du président de la république.
C’est pour cette raison que nous affirmons que la Constitution de 1992 est totalement contraire à tout esprit et essence de la démocratie puisqu’il y a une totale absence de contrepouvoirs.
Le législatif comme la Justice sont ainsi rendus impuissants et aux ordres d’un seul homme.
Il en est de même pour toutes les institutions du pays comme de l’administration voire du secteur privé, ce qui condamne l’ensemble du peuple à ne pas pouvoir exprimer leurs droits mais à être soumis directement aux doléances auprès de ceux et celles qui ont la faveur du régime. Une situation de déprédation, de clientélisme et je sais quoi d’autres…
Dans un tel contexte d’absolutisme total et de répressions de tout genre, existent des solutions qui puissent permettre une réelle adhésion de la population dans la conduite d’un état réellement démocratique et garant de son choix.
Pour ce faire, une proposition d’une nouvelle constitution pour une seconde république mature et capable de répondre aux vœux du peuple djiboutien s’impose.
Cette nouvelle constitution diamétralement opposée à celle qui a instauré la dictature depuis plus de 43 ans doit non seulement garantir une réelle stabilité du pays, mais aussi une indispensable séparation des pouvoirs de l’Exécutif, du Législatif et du Judiciaire.
Ces différents pouvoirs doivent non seulement être équilibrés mais se doivent de prendre à bras le corps leur rôle dans leur autonomie pour pouvoir remplir pleinement leur mission qui consiste surtout à mettre fin à la concentration des pouvoirs de la présidence de la république. Une concentration encore plus accentuée depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel locataire en 1999.
Cette nouvelle constitution qui régira le pays doit être en mesure de mettre fin à tous les abus du pouvoir y compris, permettre la poursuite du président de la république pour des délits caractérisés dans l’exercice de ses fonctions.
Il est à souligner que ce genre de pratiques provient des cumuls des mandats et des responsabilités en ce sens que le président de la république croule sous un chapelet de pouvoirs notamment celui de président de la république, chef de gouvernement, chef des armées, chef du Rpp et de l’Ump et nous en passons. Vous conviendrez chers compatriotes que nous vivons dans un système de type monarchique et non républicain.
Nous vous disons clairement que c’est un leurre. Cette situation perdure depuis l’indépendance et cela est désormais inadmissible. Nous devons mettre fin à ce système destructeur de la nation. Sa continuité sera encore plus grave puisque à la fin de son mandat le président de la république passera la main à ses proches et c’est ce que nous tous ensemble devons-nous y opposer solidairement et tous unis pour le changement auquel nous aspirons.
Le gouvernement de la seconde république que nous proposons doit être responsable devant une Assemblée nationale qui doit disposer de toutes les prérogatives nécessaires et indispensables pour un contrôle effectif des actions de ceux qui dirigent le pays.
Une Assemblée nationale libre de toute pression et responsable devant son peuple pour pouvoir être l’organe catalyseur de la vie politique et porteur d’une éthique compatible tel que l’exige une vraie Démocratie.
Il en est de même du Judiciaire qui doit garantir sans pression quelconque les Libertés individuelles et collectives du peuple djiboutien et de ceux et celles qui vivent parmi nous.
Cependant, pour une refonte totale du bon fonctionnement de nos institutions répondant aux normes d’un vrai système démocratique, plusieurs étapes et non des moindres se présentent à nous tellement l’enjeu est d’une complexité telle, qu’il faut une remise à plat de ce système hors norme qui nous dirige depuis l’accession à notre souveraineté nationale.
1. De la nationalité et du système électoral :
Le problème le plus crucial à Djibouti est celui de la nationalité. Des bancs entiers de la population de notre pays sont sciemment mis au placard et non aucun droit du sol, ni droit de sang dans leur propre nation puisqu’un refus administratif et politique forge ce mur du silence depuis l’indépendance.
Nous disons cela parce que nous avons non seulement enquêté mais aussi constaté cette folie du régime de ne pas vouloir reconnaître à ces citoyens leur droit le plus élémentaire, celui d’appartenir à cette Nation.
Ces personnes sont de deux ordres :
• Celles de la Capitale et de ces environs proches qui, avant l’indépendance ont été obligés de prendre la carte de résident dit en terme local « kaar dameer » et qui d’ailleurs ont voté lors du référendum pour l’indépendance.
• La seconde catégorie est dans sa majorité des citoyens des districts ou régions de l’intérieur lesquels n’ont jamais obtenu les pièces nationales depuis l’indépendance et à ce jour ignorés.
Lors des élections 2003, avec le Président actuel de mon parti Adan Mohamed Abdou, nous avions entrepris une tournée dans les régions de l’intérieur. Lors de cette mission nous avions rencontré les responsables notamment certains préfets qui nous ont affirmé qu’ils ne disposaient pas de moyens suffisants et qu’il y avait dans ces régions une absence totale de volonté de la part du pouvoir central pour corriger ce problème d’attribution des pièces d’identité. Bref, qu’ils étaient dans l’impossibilité de satisfaire les demandes de cette population loin de la Capitale devenue apatride dans leur propre pays.
Donc, il s’agit bien d’une politique délibérée du pouvoir unique qui a sciemment exclu une partie de la population de son droit le plus inaliénable. Pour ce faire, le régime a adopté les décrets n°82-113/PR du 28 Octobre 1982 et le n°90-0107/PR/NT relatifs à la délivrance de certificat de nationalité.
Cette loi si l’on peut dire ainsi, qui intervient un peu plus de quatre ans après l’indépendance du pays, est discriminatoire en ce sens qu’elle met hors circuit une très large population avec des conséquences néfastes pour des milliers de famille, surtout des jeunes, apatrides sur leur propre sol. L’Etat Djiboutien ne veut pas les considérer, jusqu’à ce jour, comme des Djiboutiens à part entière.
Pire, cette loi a été adoptée, pratiquement sans débat, dans un contexte intérieur où la police politique commençait à prendre une ampleur insoutenable surtout dans la capitale, et donnait à certains étrangers avoisinants, les moyens juridiques de devenir Djiboutiens par le simple fait d’appartenir à un clan, une tribu, pourvu « qu’ils soient circonvoisins » (la distance du rayon du cercle de circonvoisin n’est pas déterminée par la loi ; mais elle saute aux yeux), chacun et chacune pouvant la consulter si le besoin se présente.
Je ne peux que vous dire aussi qu’elle met en place des raisons très controversées sur l’acquisition de la Nationalité Djiboutienne et des motifs très relatifs voire imprécis quant aux conditions sur la perte ou déchéance éventuelle de la Nationalité.
Ses deux derniers titres ayant été destinés, à notre sens, à réprimer juridiquement par l’exclusion à la nationalité de certaines communautés nationales, vivant encore aujourd’hui dans une situation d’étrangers dans leur propre pays.
Nous vous informons aussi que le paradoxe de cette situation humiliante pour toutes ces familles est, que ces « citoyens spéciaux » forment un électorat de taille. Les détenteurs du pouvoir et leurs hommes de main s’en servent, moyennant finances et promesses, pour un vote en leur faveur à chaque élection (législative et présidentielle).
La catégorie C.I.R (Kaar Dameer), aussi nombreuse que la seconde, inscrite depuis l’indépendance sur les listes électorales du Ministère de l’Intérieur, elle est, lors de chaque scrutin, victimes de mêmes promesses non-tenues par le régime et ses représentants, à savoir :
1) le remplacement de la C.I.R par la Carte d’identité Nationale – C.I.N, et naturellement, l’acquisition de la Nationalité Djiboutienne pour tous les enfants et suivants issus, de cette première catégorie.
2) l’attribution de la C.I.N à celui des deux conjoints étrangers, ainsi qu’aux enfants et petits-enfants.
Une telle situation d’exploitation des faiblesses de cette catégorie de citoyens ne peut certainement pas déroger à la règle fixée depuis l’indépendance par la dictature, et en l’absence d’une réelle démocratie avec des élections transparentes, ces électeurs otages voteront de gré ou de force en faveur du régime en place, soit avec des ordonnances, sinon avec des cartes électorales renouvelées sur simple présentation de l’ancienne carte électorale.
Alors que les conditions de cette catégorie de citoyens n’étaient guère meilleures sous Gouled (entre autre précurseur des C.I.R – Kaar Dameer), l’arrivée au pouvoir de son neveu IOG n’a fait que rendre plus difficile les possibilités offertes par les lois antérieures sur la délivrance du certificat de nationalité.
En effet, ce décret n°99/0150/PR/MI qui abroge et remplace les précédents et publié dans le Journal Officiel du 13 Septembre 1999, n’apporte aucune avancée pour soulager ces victimes suscitées, et pire, introduit en son article 3, que désormais, le Juge de nationalité est soumis à l’avis sinon à la décision du Directeur de la Population pour l’attribution ou non du Certificat de Nationalité. Le Juge de nationalité perd ici toute sa substance et sa raison d’être. Quelle faillite morale dirions-nous…
Cet état de fait contraire au droit de la personne humaine a été dénoncé à maintes reprises par le regretté ami Jean-Paul ABDI NOËL et par moi-même. Nous avions travaillé sur un dossier complet que le Président de la LDDH avait soumis aux instances internationales notamment lors de la semaine sur la Discrimination raciale tenue à Durban du 31 aout au 7 septembre 2001.
A ce jour le statu quo persiste et le régime n’en a cure de cette population. Pourtant les solutions et les finances existent pour remédier à cette situation et faire de Djibouti un état de droit pour tous.
A défaut de volonté responsable pour financer et corriger ce manquement gravissime, les instances internationales disposent de fonds destinés à remédier à une telle situation pour les pays qui en demandent. Et il nous semble, qu’avec force de volonté ces instances pourraient couvrir les frais pour un recensement de la population d’une part et aussi corriger ce manquement sur ces catégories de personnes.
Après cette première opération de recensement sur l’ensemble du territoire nationale. Il nous parait obligatoire de rétablir ces personnes dans leur droit aux pièces d’identité pour les insérer définitivement dans la communauté nationale.
Ce n’est qu’à l’issue de ces travaux que peut intervenir la partie fondamentale pour la mise en place de l’avancement vers l’état de droit et la démocratie réelle.
Il s’agit de la refonte de la liste électorale et de son assainissement par la mise à jour effective et inconditionnelle au moins une fois par an. Ce qui permettrait aussi aux jeunes générations en âge de voter d’être enregistrés.
Nous savions que depuis l’indépendance les morts et les absents faisaient partis des électeurs du régime RPP.
Au moins la, nous aurons ainsi un fichier électoral fiable et transparent, encore mieux si les conditions sont réunies pour que ce nouveau dispositif soit numérisé pour plus de crédibilité de notre État Civil.
Enfin, ce n’est qu’à travers cet ensemble de travaux préalables que peuvent avoir lieu des élections crédibles, honnêtes et transparentes. Ce qui inaugure un changement de taille et un réel processus d’alternance puisque ce nouveau dispositif ouvrira aussi d’autres perspectives dans les modes d’élections notamment sur la base d’un mode de scrutin totalement proportionnel donc équitable traduisant parfaitement le désir des citoyens dans son ensemble.
Dans l’immédiat, mon parti ARD comme la coalition à laquelle nous participons, appelons clairement au rejet total du 5ème mandat du dictateur en place, et pour une seconde république.
Je suis tout aussi engagé que mes compatriotes pour que les choses changent et bougent pour une fin du système liberticide et destructeur de la Nation.
Ayez confiance en vous…
MAHDI IBRAHIM GOD