Épilogue d’une longue bataille diplomatique entre le Kenya et Djibouti, à l’issue d’un second vote, Nairobi a finalement été élu comme membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Un premier scrutin mercredi n’avait pas pu départager les deux pays. Les Kényans siègeront à ce poste influent et prestigieux à partir de janvier en remplacement de l’Afrique du Sud.
Avec nos correspondants à New-York et Nairobi, Carrie Nooten et Sébastien Németh
La situation aurait pu se figer plusieurs jours de suite après la mise en ballotage de Djibouti et du Kenya pour l’élection du siège africain au Conseil de sécurité. Mais le Kenya a activé suffisamment de soutiens lors des quelques heures qui l’ont séparée du deuxième tour pour atteindre le quorum requis, et l’emporter à une voix près. Il faut dire que le pays a plus d’entregent diplomatique que Djibouti: Nairobi est le siège de l’Office des Nations unies en Afrique, et héberge aussi les sièges de deux programmes onusiens.
Le président Uhuru Kenyatta entretient également des relations étroites avec trois membres permanents du Conseil de sécurité, tant avec Donald Trump, qu’Emmanuel Macron ou la Chine de Xi Jinping. Et même si le flou a entouré la nomination du candidat africain, de nombreux diplomates ont retenu que le Kenya était le candidat officiel de l’Union africaine. Pour convaincre les autres pays, il avait mis en avant son rôle stabilisateur dans une Corne de l’Afrique troublée, ainsi que son accueil des réfugiés somaliens et sud-soudanais.
Fair-play de façade
Kenyatta a décrit Djibouti comme un « adversaire valeureux », ajoutant que cette victoire démontrait « le profil grandissant » de Nairobi. Beau joueur, le chef de la diplomatie djiboutienne, Mahmoud Ali Youssouf, a félicité le Kenya et précisé que ce n’était que partie remise.
Malgré le fair-play apparent, cette campagne âpre pourrait laisser des traces. En effet, pour éviter les tensions, les candidatures sont traditionnellement proposées par consensus, avec un soutien préalable de l’Union africaine. Or cette fois-ci, Djibouti a contesté l’appui de l’UA au Kenya, le considérant comme illégal.
Certains experts craignent désormais des conséquences, car même si le vote onusien est à bulletin secret, beaucoup de pays où organisations ont déclaré publiquement leur soutien. La Somalie, qui a un litige frontalier avec le Kenya, a soutenu Djibouti. Pour une raison similaire, l’Érythrée a soutenu le Kenya. Au final, certains craignent un affaiblissement de la diplomatie africaine, voire de l’organisation régionale Igad à laquelle les deux pays appartiennent.
Ce sera la troisième fois que le Kenya siègera au Conseil, après des mandats en 1973-74 et 1997-98.