L’ambassade de Djibouti refuse toujours le débat contradictoire programmé depuis une semaine avec l’opposition représentée à Paris.
En effet, comment expliquer le bilan d’Ismaël Omar Guelleh ?
Comment expliquer par exemple un mercredi 8 mars, journée mondiale des femmes, les viols des femmes dans le nord du pays, devant les caméras et les journalistes d’Africa24 ?
Comment expliquer une démocratie interdite, des formations politiques et des syndicats clonés ?
Comment expliquer des élections impossibles et des résultats bureau par bureau refusés aux partenaires du processus électoral ?
Comment expliquer des prisonniers politiques détenus sans jugement dont Mohamed Ahmed Jabha, le plus vieux prisonnier politique de Djibouti arrêté en mai 2010, détenu illégalement contre l’avis du tribunal ?
Comment expliquer la réception en catimini de Guelleh à l’Elysée sans communiqué officiel et sans publicité ?
Comment expliquer les crimes d’Etats qui ont frappé opposants djiboutiens et coopérants français ?
Comment expliquer un Etat privatisé par le même clan au pouvoir depuis l’indépendance le 27 juin 1977 ?
Comment expliquer pauvreté absolue et chômage endémique au petit pays des redevances annuelles issues de multiples bases militaires et de ports commerciaux ?
Comment expliquer des accords politiques violés et des conventions internationales jamais appliquées ?
Comment expliquer une corruption irrépressible dénoncée en vain par Transparency international ?
Comment expliquer des tueries de civils dans les quartiers et des charniers dans l’arrière-pays ?
Comment expliquer 40 ans de parti unique avec un pluralisme de façade ?
Comment expliquer un surrendettement à 80 % du PIB ?
Comment expliquer les fausses preuves de corruption contre l’opposant Abdourahman Boreh dénoncées par la justice britannique ?
Comment expliquer encore l’interpellation de blogueurs, dernièrement Idriss Hassan Kamil toujours détenu, et le procès intenté contre Facebook ?
Forcément. L’ambassadeur ne viendra pas débattre sur Africa24 !
Maki Houmed-Gaba
ARD, USN
Paris, le 8 mars 2017