24 AOÛ 2016
Le 9 août 2016, Kadar Abdi Ibrahim (قادر عبدي إبراهيم), co-directeur de publication du journal ‘l’Aurore ‘, a été arrêté et détenu arbitrairement pour avoir couvert l’interdiction de quitter le territoire par les autorités djiboutiennes de l’ancien ministre Hamoud Abdi Soulman. Libéré le 11 août 2016, Kadar avait déjà été victime par le passé de harcèlement par les autorités en raison de ses activités de journaliste dans un contexte de répression croissante contre toute personne qui critiquerait le gouvernement. Particulièrement préoccupée par ces événements, Alkarama a saisi le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression (RS LIBX ) du cas de Kadar, pour rappeler aux autorités leurs engagements pris en matière de droits fondamentaux.
M. Kadar s’était rendu à l’aéroport international de Djibouti pour documenter l’interdiction de voyager émise par les autorités contre l’ancien ministre des Affaires Musulmanes et des Biens Waqfs, Hamoud Abdi Soulman. Le journaliste a été interdit d’entrée à l’aéroport avant d’être arrêté sans aucun mandat et sans que les raisons de cette arrestation ne lui soient notifiées par des agents de la gendarmerie nationale alors qu’il interviewait l’ancien ministre et prenait des photos. Placé en garde à vue à la brigade de l’aéroport puis au « Service de recherche et de documentation » de Djibouti-ville, il a été interrogé pendant plusieurs heures au sujet de ses activités de journaliste. On lui a aussi confisqué son Ipad qu’on lui a rendu le 24 Aout 2016 après avoir effacé toutes les photos. il affirme avoir subi de fortes pressions psychologiques pour fournir ses codes d’accès. De plus, pendant ses trois jours de détention, on lui a refusé l’accès à un avocat et à sa famille et il a été privé d’eau et de nourriture.
Ce harcèlement des autorités djiboutiennes à l’encontre de Kadar Abdi Ibrahim n’est pas nouveau : en janvier 2016, Alkarama avait déjà été saisie de son cas suite à la diffusion, dans son édition numéro cin q du journal l’Aurore’, d’une photo d’une fillette de sept ans tuée lors de la violente dispersion d’une cérémonie religieuse par les forces de police et l’armée djiboutienne le 21 décembre 2015 et qui avait entraîné la mort de dizaines de personnes et de très nombreux blessés.
« Les autorités djiboutiennes ont encore une fois montré qu’elles ne tolèrent pas les opinions critiques de journalistes, et cela en violation des engagements que Djibouti a pris en matière de droits fondamentaux, notamment en ratifiant le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) », a observé Simone Di Stefano , responsable juridique de la région Nil à Alkarama. « Ces violations répétées des droits à la liberté d’opinion et d’expression nous inquiètent et constituent désormais un phénomène récurrent, comme le cas récent d’Abdi Aden Cheik Ali le démontre ».
Cette répression systématique de toute voix critique et de la presse constitue une grave violation des droits et libertés fondamentales. Afin de permettre que tout citoyen puisse s’exprimer librement dans le pays, Alkarama a saisi le Rapporteur Spécial de l’ONU sur la Liberté d’Opinion et d’Expression (RS LIBX ) lui demandant d’appeler les autorités djiboutiennes à garantir que tout individu puisse librement, et par le moyen de communication de son choix, exprimer ses opinions sans crainte d’être intimidé ou poursuivi.
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