A Djibouti, c’est le signal de départ pour l’élection présidentielle du 8 avril prochain : la Commission électorale nationale indépendante a été réactivée dimanche et son président élu mardi. Il s’agit d’un point crucial du processus électoral, car la réforme de cet organe fait partie des termes de l’accord signé fin 2014 entre gouvernement et opposition. De son côté, le président Ismaïl Omar Guelleh est entré en campagne. Le climat politique s’annonce particulièrement tendu.
Il reste moins de trois mois avant l’élection présidentielle à Djibouti et trois motifs d’inquiétude pour les observateurs.
D’abord un climat politique crispé autour du dernier accord entre pouvoir et opposition.
Signé fin 2014, il a mis fin à plus de deux années de crise violente après des législatives aux résultats contestés par l’opposition. Regroupée au sein de la coalition de l’Union pour le salut national, elle a obtenu des promesses de démocratisation et d’une réforme de la Céni en une commission paritaire.
Ensuite un climat sécuritaire tendu : 5 jours après une grande manifestation de l’opposition fin novembre, le gouvernement a décrété l’état d’urgence, en réponse aux attentats de Paris et Bamako. Le 21 décembre dernier, des affrontements ont éclaté entre des membres d’une communauté religieuse et les forces de l’ordre qui ont répondu à balles réelles. 9 personnes ont trouvé la mort, selon les autorités, près d’une trentaine selon la FIDH.
Enfin, les ONG dénoncent un climat judiciaire répressif. Suite à ces évènements, de nombreuses arrestations ont eu lieu au sein de l’opposition. Plusieurs membres de l’USN restent incarcérés, de même que certains défenseurs des droits de l’homme.
Toutefois, aucune mention n’a été faite de ces évènements dans le discours d’investiture qu’Ismaïl Omar Guelleh comme candidat de son parti, l’UMP.
Au pouvoir depuis 1999, Ismaïl Omar Guelleh affirmait en 2011 au magazine Jeune Afrique qu’il ne se représenterait pas pour un quatrième mandat. « J’ai pensé que devait sonner l’heure de la retraite » a-t-il déclaré devant ses militants, « mais vous m’avez fait changer d’avis ».