A Djibouti, l’élection présidentielle du 8 avril prochain se prépare dans un climat tendu : le pays vit sous l’état d’urgence depuis fin novembre. Le président Ismaïl Omar Guelleh, qui est revenu sur ses déclarations de 2011 pour briguer un quatrième mandat, a été intronisé comme candidat de son parti la semaine dernière. Mais l’opposition se prépare plutôt à un boycott du scrutin. En cause : le non-respect de l’accord-cadre signé avec le pouvoir et qui prévoyait une réforme de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
En décembre 2014, l’accord-cadre signé entre pouvoir et opposition prévoyait une réforme de la Céni en un organe paritaire, un accord majeur puisqu’il a mis fin à deux années de crise politique violente suite aux résultats contestés des élections législatives de 2013. La coalition d’opposition l’Union pour le salut national (USN), qui estimait avoir remporté le scrutin, a accepté de taire ses revendications en échange d’une promesse de démocratisation, dont la réforme de la Céni.
La Céni qui a été réactivée cette semaine, mais sans aucune modification puisqu’elle est toujours régie par un décret de 2010. Ses membres sont désignés par le gouvernement, le Parlement, la magistrature et incluent des représentants du parti et de la société civile.Dans ces conditions, l’USN refuse de participer à l’élection présidentielle, comme le confirme Daher Ahmed Farah, son porte-parole : « Notre position reste la même : pas de Céni, pas d’élections. Ce sont en fait sous des casquettes différentes des gens fidèles au régime. En fait, la Céni, c’est juste une espèce de caution, une espèce de machin qui est là et qui sert d’alibi. C’est tout ».
Selon Maître Assoweh, qui a été président de la Céni, lors de la dernière élection présidentielle. La réforme de la Céni « n’était pas une question centrale ». « Il faut que l’opposition comprenne que ce qui compte, c’est la stabilité ». Une stabilité que le président a appelée à défendre contre « les individus malveillants » qui « officient depuis l’étranger » pour diviser le pays. Mais il n’est pas certain que cette stabilité tienne si l’opposition en appelle à la rue.