Le député de l’opposition et secrétaire permanent de l’USN Ismaël Ahmed Assoweh a été l’invité de la rupture de jeûne à Paris organisée par les membres de l’USN France ce samedi 27 juin 2015 pour célébrer le 38e anniversaire de l’indépendance de la république de Djibouti.
Le secrétaire permanent un présenté la situation qui prévaut à Djibouti. L’absence de tout progrès dans l’application de l’accord-cadre et la réaction de l’USN ont été les points essentiels présentés par l’élu de la coalition.
En fonction des questions soulevées par l’assistance, plusieurs thèmes ont pu être abordés.
L’USN est tout à fait consciente du jeu trouble du chef de l’Etat qui paralyse le dialogue sur l’accord-cadre mais qui envoie ses troupes dans le pays chanter ses louanges pour 4e mandat.
L’opposition observe cet état de fait et plusieurs mouvements de la société civile ont déjà organisé des manifestations contre le 4e mandat, pour une CENI souveraine ou encore pour un arbitrage du dialogue par une tierce partie.
L’USN aurait-elle été piégée par l’accord-cadre du 30 décembre 2014 puisque le président Ismaël Omar Guelleh ne veut pas l’appliquer et se prépare aux élections présidentielles de 2016 pour remporter un nouveau mandat ? Non, puisqu’en réalité le régime est bien connu de tous pour sa propension à mentir. L’USN ne s’était jamais persuadé et à aucun moment que le régime aurait honoré l’accord signé.
A ce sujet, il faut remonter au meeting qui s’est tenu le 1er janvier 2015, donc au surlendemain de la signature de l’accord-cadre. Le Haut-conseil de l’USN a clairement exprimé devant ces citoyens l’inquiétude totale qui était de mise quant à l’application de l’accord-cadre bien qu’il venait d’être signé. Et que connaissant ce régime, seul un rapport de forces basé sur une mobilisation citoyenne serait une garantie pour une application de l’accord. Si l’USN a proposé et signé cet accord, elle a cherché à éviter que le pays ne tombe dans le chaos, tout en ne lâchant rien sur l’essentiel à chaque fois.
Une nouvelle interrogation sur l’accord-cadre, demandait pourquoi le Haut conseil n’avait jamais menacé de suspendre le dialogue, alors que les questions immédiates n’étaient pas été appliquées dans les 8 jours ni les autres points dans les 30 jours comme cela était prévu, et alors que d’autre part la population de Djibouti à l’intérieur comme à l’extérieur du pays attendaient des actes et pas uniquement des paroles de promesse. A chaque courrier adressé au chef de l’Etat, c’est le premier ministre qui répondait. Quant au président, il n’a répondu qu’une seule fois dans Jeune Afrique pour dire que la CENI n’était pas pour chez lui.
Monsieur le député a rappelé qu’en effet, l’USN a remarqué dès le premier moment que le point numéro un sur les questions immédiates avait été faussé. L’USN pouvait alors très bien choisir la suspension ou le retrait du dialogue, mais elle risquait alors d’être considéré par la population que par la communauté internationale comme une opposition qui n’est pas capable de maturité, de patience ni d’envisager différents paramètres, qui se fâcherait sur le premier élément qui achoppe.
L’USN a enduré, patienté, et fait le choix de noter tous les éléments qui étaient faits de travers afin d’arriver, à terme, avec un bilan bien argumenté. Monsieur le député a expliqué récemment à Londres de quelle façon le président de la république a concrètement et systématiquement paralysé le travail de l’opposition parlementaire qui était destiné à établir le projet de loi sur la CENI. Lorsque le chef de l’Etat a parlé dans Jeune Afrique en affirmant qu’il ne connaissait pas de concept de CENI souveraine à Djibouti, la discussion sur la CENI était en réalité bien avancée à l’assemblée, et il a tout paralysé. L’USN a fait preuve de responsabilité.
Aujourd’hui, quand on dessine un bilan de cet accord-cadre, qui a pris une durée sur laquelle on peut l’évaluer, un bilan détaillé est disponible sur les manquements, ce qui n’aurait pas été le cas si l’USN était partie en claquant la porte.
Pour les partisans du changement dans le pays, il n’est pas trop tard, c’est même le moment opportun, parce qu’entre les élections de 2016 et aujourd’hui, il reste encore quelques mois. Et les manifestations ont déjà commencé à Djibouti, le plus souvent les lundis et les jeudis.
A une question sur la liberté d’association punie de peine de prison à Djibouti, Monsieur Ismaël A. Assoweh a invité les citoyens à persévérer dans leur volonté d’agir et de s’organiser, que la détention ne devait pas décourager les aspirations, mais qu’elle apporterait au contraire une reconnaissance par les concitoyens.
Aujourd’hui la mentalité a connu une importante évolution, les Djiboutiens ont pris clairement conscience de la nécessité d’agir pour vaincre la peur de la dictature.
A une question sur les mouvements d’opposition qui ne s’inscriraient pas directement dans le cadre de l’USN, tels que Djibouti 2016 ou MJO, le député a appelé l’ensemble des citoyens djiboutiens de l’opposition à agir dans le cadre qui les inspire le mieux et dans le respect les uns des autres. Surtout ne pas se paralyser, mais continuer de travailler afin de trouver une solution permettant à chaque entité de pouvoir mener la lutte sur le terrain, en tant qu’organe libre et indépendant. Sachant que la porte de l’USN restera toujours grande ouverte.
A une dernière question sur la participation de l’USN aux élections présidentielles de 2016, Monsieur Ismaël Ahmed a rappelé qu’avant de parler d’élections, il convenait de rappeler les conditions dans lesquelles les élections devaient se dérouler. En l’absence de quoi, il n’y avait aucune raison ne serait-ce que de parler d’élections en 2016 à Djibouti. Si le 4e mandat venait à passer, alors le 5e, le 6e ou le 7e passeraient de la même façon. C’est pourquoi il est primordial de rester éveillé pour faire barrage à ce 4e mandat qui veut étouffer dans l’œuf la lutte en cours pour la démocratie à Djibouti.
Fait à Paris, le 28 juin 2015
Pour l’USN France
Le Représentant de l’USN
Maki Houmed-Gaba