On se complète
Par Abdourahman Barkat God
Cinq continents voire six avec l’Antarctique. Chacun situé à un point du globe terrestre. A chacun sa superficie : grande ou moyenne. Son climat : continental, océanique, équatorial, tropical. Son histoire : douloureuse ou glorieuse. Sa culture : Plurielle ou singulière. Sa civilisation : ancienne ou récente. Exclusivement, chacun s’approprie des richesses ailleurs en pénurie. Ce qu’on manque ici est là-bas en abondance. Et vice versa. Avec les mers et les océans, l’addition de six se nomme le monde.
Cinq océans cernent la terre ferme de toutes parts. A chacun son immensité. Ses entrailles. Ses eaux. Ses dangers. Ses secrets. Des trésors y gisent. Chacun recèle un essaim d’espèces. Grâce aux pêcheurs, on déguste tous les fruits des mers. Le saumon, pourtant atlantique, finit par atterrir sur nos assiettes. Le mérou de la mer Rouge fait sans doute le menu d’un restaurant européen.
Les masses continentales couvrent 36% de la terre. Elles contiennent d’une façon inégalitaire des réserves végétales et animalières. Nos médicaments proviennent des plantes asiatiques. Ou africaines. Américaines ou européennes peuvent être nos vestes. Ou nos chaussures. Asiatiques, nos vêtements. La vie s’interfère. Le besoin transgresse les bornes géographiques.
Sept milliards et quelques millions d’individus peuplent les terres émergées. Disséminés entre elles, Ils diffèrent de couleur, de langue, de culture, d’histoire et de civilisation. Pourtant, par des mouvements incessants, ils s’entremêlent, cohabitent, partagent leur expérience, se complètent et bâtissent ensemble une citoyenneté. Ils deviennent tous indispensables.
Ici, nous sommes plus ou moins un million de personnes. Les talents se connaissent. Sans coup férir, les atouts s’affichent. Personne n’est de trop. Dans un milieu libre, chacun est en mesure d’assurer la responsabilité qui lui incombe. La faible démographie que nous bénéficions peut jouer en notre faveur. Hélas, à force d’être dénigré, on finit par perdre son intégrité. On a eu toujours tendance à faire émerger un avis.
A quoi sert donc la pluralité géographique ? Maritime ? Humaine ? Imaginons un monde d’un seul continent. D’un seul océan. D’un seul climat. D’un seul peuple. D’un seul homme. A mon avis, ce serait de passer de la richesse à la pauvreté. De la complémentaire à l’individualisme. Du rejet de la volonté divine à l’instauration de la volonté humaine.