Abdourahman Barkat God
Laisser l’USN au temps
Le régime pense que le temps arrange la situation actuelle. Il prolonge le temps mort. Le silence. Parfois le statut quo. De fois, la supercherie. En général, ça marche. D’ailleurs, ça a toujours marché pour lui. Et pourquoi changer de technique ? Surtout, lorsqu’elle fait ses preuves.
Laisser l’USN accepter la résolution des questions immédiates une à une, avec parcimonie. Jusqu’à lui faire croire qu’elle a gagné. Dès lors, pour la coalition, arracher une revendication se traduit par un exploit. Et cela démobilise la troupe. Le régime, lui, amplifie le moindre lest qu’il lâche. Il le passe en boucle. A la radio et la télévision. Il cherche à obtenir un démenti contre ceux qui disent la réalité.
Même procédé quant à la CENI. Laisser le temps « déboulonner » l’USN. Jusqu’à lui faire avaler une commission sans compétence réelle. Selon la dictature, « cette culture (CENI) nous est étrangère. Elle n’est pas francophone. Elle est anglo saxonne ». Bizarre ! L’indépendance n’est ni française ni anglaise. Elle est plutôt innée. Humaine. Universelle. On ne demande qu’un droit. Inaliénable.
Laisser le temps défaire l’USN s’avère aujourd’hui comme un échec.Tous ceux qui la composent partagent une position. Ils soulignent la nécessité d’arracher un accord définitif qui enterre le retour d’une dictature aux commandes du pays. La CENI, c’est une rupture avec une époque où les Djiboutiens ont connu une seule manière de voir la gestion de la cité.
La CENI, c’est l’alternance. L’idée d’un éternel Sauveur a montré ses limites. Il y a deux décennies, l’heure du communisme a volé en éclats. Consulter librement le peuple répond naturellement à ses préoccupations. On ne peut pas voir pour l’autre. Ni décider pour lui. Ni réfléchir à sa place. Contre son gré, on ne peut pas représenter sa volonté.
S’emparer du pouvoir sans l’aval du peuple est un coup d’état d’une extrême violence. Les séquelles qui en résultent sont traumatisantes pour toute la population. Elle s’étonne d’être gouvernée par des hommes qui n’ont jamais incarné leurs soucis. Elle s’étonne d’être représentée dans le monde par ceux-là qu’elle qualifie d’illégitimes.
Pour une fois, le peuple demande fortement d’être écouté à travers les urnes. Installons à la CENI des hommes et des femmes qui respectent le choix de tous. Que chacun s’exprime comme il l’entend. Et que chacun voie sa voix prise en considération.