John Kerry est attendu le 5 mai à Djibouti. C’est la première fois qu’un responsable de la diplomatie des États-Unis se rend dans ce pays confetti, également porte-avions français, qui accueille la seule base militaire américaine du continent africain. Le sort des opposants sera certainement passé sous silence tant Paris et Washington ferment les yeux sur les exactions du dictateur Ismaïl Omar Guelleh.
Depuis le début du mois d’avril, les troupes gouvernementales ont lancé des offensives dans les Mablas et à Obock dans le Nord, ayant même recours à des bombardements dans les zones de Maskae ou de Mele, le 19 avril. Les affrontements se sont multipliés avec les combattants du Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (Frud). Selon Mohamed Kadami, l’un des dirigeants de ce mouvement politico-militaire qui se bat pour « un État démocratique, intégrant toutes les composantes nationales », l’objectif des opérations militaires de ces dernières semaines est d’étouffer la résistance du Frud. « Le président veut briguer un quatrième mandat en 2016. Il pense que le Frud peut être un obstacle. D’où l’idée d’affaiblir cette force, en lui portant des coups », explique Mohamed Kadami. Début avril, une rencontre à Tadjourah entre le gouvernement, les officiers de l’armée et les notables de la région a fini en clash, après que ces derniers ont enjoint les autorités de trouver une solution avec le Frud.
Pour l’heure, les principales victimes sont des civils. On dénombre près d’une trentaine d’arrestations arbitraires ces derniers jours. « Une vingtaine de personnes sont portées disparues car l’on ignore où elles sont détenues », dénonce Omar Ali Ewado, le président de La Ligue djiboutienne des droits humains (qui précise que « les militaires abandonnent les cheptels (…) pour appauvrir d’une façon irréversible les nomades du Nord qui vivent depuis 1991 sous un embargo économique et sanitaire ».
Source : L’Humanité.fr