Réalité numéro 72 du mercredi 26 novembre 2003 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 72 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
UN PEUPLE BRAS-CASSE
Il existe en journalisme une hiérarchie des rubriques, allant de pair avec une hiérarchie correspondante de l’espace alloué aux articles. Il est par ailleurs communément admis par les lecteurs comme par les rédacteurs que, par exemple, l’éditorial doit aborder un thème d’importance majeure, à même d’incarner les grandes lignes d’un programme politique sérieux, crédible, capable de recueillir le suffrage des (é)lecteurs. Dans cette logique militante, et quitte à s’imposer un retard, il nous avait semblé opportun de complètement coller à l’actualité en réservant cet espace aux réactions qu’aurait normalement dû provoquer de notre part le traditionnel discours du Chef de l’État en cette fête d’Aïd, en son palais ombrageux. Preuve s’il le fallait de l’estime dans laquelle nous tenons sa fonction, donc de notre attachement aux valeurs républicaines.
Las ! Et que le premier discoureur du pays n’en prenne pas ombrage : il n’y avait vraiment rien de sérieux à se mettre sous la dent. Sauf à l’imiter en écrivant du vide à propos d’un bide, la légèreté avec laquelle il a traité des sujets pourtant d’importance cruciale (Éducation Nationale, Santé et Emploi seraient des priorités du régime et justifieraient le déficit budgétaire), n’appelle pratiquement aucune réponse de notre part. tout juste pouvons-nous inviter nos citoyens à se faire leur propre opinion en se reportant aux propos présidentiels, en version originale de préférence.
Quant à nous, ayant plus important à faire que de remplir le vide ou d’occuper à tout prix un espace politique ou médiatique, intéressons-nous aux vrais problèmes et, comme l’y invite non sans humour un courrier des lecteurs (page 8), zappons !
Récemment donc, une connaissance à nous, vieil homme à la retraite de son état, et principalement musulman pratiquant, s’est rendu à l’Hôpital Peltier pour affaire le concernant. Au détour d’un couloir, notre vieil homme assiste, incrédule, à une scène surréaliste, qui en dit long sur les réelles non-priorités gouvernementales et sur l’état de délabrement avancé du service public en général et de l’Hôpital Général Peltier en particulier. Il y avait là un homme débarquant de sa brousse résidentielle, suite à une fracture au bras. Certes, la médecine traditionnelle l’aurait probablement soigné : quelques fractures ont été traitées avec succès depuis qu’Erectus est devenu Sapiens. Seulement voilà, notre broussard est un positiviste inconditionnel :il croit mordicus aux vertus libératrices et humanistes de la Science. Mais seulement revoilà : il en oublie par idéalisme que cette Science est parfois pratiquée par des hommes sans conscience… professionnelle. Et il l’apprit à ses dépens : la pose du plâtre salvateur avait un prix : 2000 FD. Et encore, tarif réduit pour bédouin nécessiteux.
Pléonasme : l’agropastoralisme version RPP ne faisant aucun miracle, un bédouin sans revenu par définition (et inutile de lire Le Capital pour le prouver) est forcément un nécessiteux au regard de ce mode de production capitaliste, même si la référence est passée de mode. Inutile de tourner autour du pot : il n’a pas les deux mille FD que lui impose, pour réparer son bras cassé, le dénuement dans lequel l’irresponsabilité gouvernementale a jeté les services de santé publique. Abrégeons sa douleur, car une fracture, ça fait mal : le voilà sauvé par la compassion humaine, prenant les traits de notre vieux retraité musulman pratiquant : c’est lui qui déboursera les 2000 FD demandés à notre bras cassé par trop perméable aux mirages d’un régime d’artifices. Notre vieil ami a tenu à nous en informer, non pas pour que nous le citions, il n’a pas besoin d’une publicité à si peu de frais. C’est juste pour montrer que comme ce malheureux bédouin, c’est tout le Peuple Djiboutien que ce régime irresponsable a transformé en bras-cassé. Pour combien de temps encore ?
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Brèves nationales
Insalubrité durable :
Arhiba, la cité interdite ?
Si, à l’occasion des fêtes, les services techniques du district de Djibouti paraissent consentir un effort conséquent en assainissement et embellissement de notre Capitale, certains quartiers populaires demeurent désespérément des îlots d’insalubrité durable. Ainsi, la cité d’Arhiba construite à la fin des années 60, reste un triste exemple de la démission des services publics. Ce lotissement particulièrement dégradé, est pratiquement ceinturé par des canalisations d’eaux usées à ciel ouvert, et ce depuis quelques années. La station de refoulement fonctionne très rarement, faute de carburant parait-il. Enfin, le pire danger pour la santé des habitants provient de la montagne d’ordures située au nord de ce quartier, apparemment ignorée par la voirie urbaine.
Les pouvoirs publics semblent avoir progressé cette année dans le nettoyage et l’éclairage des principales artères ; ils doivent désormais s’attaquer d’urgence aux immondices qui s’accumulent dangereusement dans les quartiers populaires les plus peuplés et les plus négligés. Il y a là de quoi alimenter l’incinérateur, offert par les Américains, pour très longtemps, à condition que les camions-bennes accèdent à ces endroits oubliés de l’hygiène publique.
Visite présidentielle en Iran :
Coopération ou rééquilibrage diplomatique ?
Selon certaines sources, le Chef de l’État s’apprêterait à effectuer à la fin du mois une visite officielle en Iran, à la tête d’une forte délégation comprenant plusieurs ministres. Puissance politique et économique reconnue, la République Islamique d’Iran s’intéresse particulièrement à l’Afrique depuis plus d’une décennie. Elle apporte ainsi une assistance économique à plusieurs États africains avec lesquels elle entretient une coopération fructueuse. Seulement, les États-unis ayant diabolisé ce pays, peu de Chefs d’État de notre continent effectuent des visites officielles a Téhéran.
Pourtant, ce pays est une grande nation agricole et son industrie pétrochimique est particulièrement développée. Cette visite présidentielle apparaît donc de nature plus politique qu’économique. En plus de l’assistance économique qu’il ne manquera pas de solliciter, le Chef de l’État pourrait nouer à cette occasion des contacts politiques au moment où notre pays apparaît surtout comme une base occidentale, plaque tournante dans la lutte contre le terrorisme international. La coopération Sud-Sud n’est souvent qu’un slogan politique donnant l’illusion de s’affranchir de la pesante tutelle des grandes puissances en recherchant l’effet contraire : mieux se faire courtiser. Peu à l’aise parmi ses pairs arabes, le « numéro un djiboutien » cherche à tisser des liens avec d’autres pays musulmans : Iran, Malaisie et Turquie…
Tadjourah privée de médicaments :
Silence méprisant des autorités politiques
La fermeture de l’unique pharmacie privée de Tadjourah semble s’apparenter à une mesure politique destinée à punir la population frondeuse de la Ville-Blanche. Le régime continue d’ignorer la réprobation générale provoquée par cette décision arbitraire et injustifiée, ne concernant pas les pharmacies privées des autres districts. Certains cercles du pouvoir n’auraient toujours pas digéré leur échec politique dans cette ville et tenteraient de s’imposer maladroitement au moyen de pressions d’un autre âge. Les Tadjouriens n’ont pas la mémoire courte et sauront le moment venu se rappeler au bon souvenir d’une classe politique nuisible, ayant érigé les règlements de compte personnels en méthode de gouvernement.
Dans cette affaire, notre souci est d’affirmer notre solidarité avec les populations victimes de la mauvaise gouvernance et du mépris. Cette attitude déplaira forcément au sommet de l’État, mais nous n’en avons cure. Pendant ce temps, la Présidente de l’UNFD s’apprêterait à effectuer dans les prochains jours une visite à Tadjourah que sa cour prédit historique. Peut-être ne sait-elle rien de la fermeture de la pharmacie, ou ignore-t-elle tout de la pétition adressée par toute cette ville à la Présidence et à la Primature ? Ou, dans la pure ligne démagogique du régime, s’y rendra-t-elle plus prosaïquement pour y distribuer des médicaments…placebo bien sûr ?
Obock :
L’enclavement ne connaît pas la fête
L’Aïd-el-fitr est généralement l’occasion de déplacements et de retrouvailles familiales. Ainsi, les originaires des districts de l’Intérieur résidant dans la Capitale partent dans leurs villages ou campements célébrer la fête au sein de leurs familles restées là-bas. Depuis plusieurs années, les Obockois travaillant à Djibouti-ville n’ont plus cette chance et pour cause: leur district est totalement isolé et l’absence d’un moyen de transport fiable, rapide et régulier se fait cruellement sentir. De fait, il est pratiquement devenu impossible de se rendre dans ce district pour un court séjour : un week-end par exemple. Les transports en commun ne peuvent pas y accéder par route depuis la Capitale. La méchante piste reliant Tadjourah à Obock reste uniquement praticable pour les véhicules 4×4 en bon état. Il se passe parfois plusieurs jours sans qu’aucun véhicule n’emprunte cette voie qui demeure l’une des moins fréquentées de notre pays. Pourtant, le financement pour le bitumage de cet axe existerait depuis plus de deux ans. Le régime attendrait-il l’approche de l’élection présidentielle pour lancer les débuts des travaux ? Après la décentralisation par étapes, ainsi va également la réhabilitation par étapes, fruit de l’imagination du Chef de l’État, mais les Obockois ne sont pas dupes.
Ali-Sabieh :
Avant l’eau minérale, l’eau plate…
La ville d’Ali-Sabieh a souvent connu par le passé des pénuries d’eau potable : ces dernières années, l’approvisionnement s’est amélioré mais les problèmes resurgissent chaque été. Devant cette situation, les Assajogs restent prudents et sceptiques quant à la capacité des nouveaux forages à produire une eau potable suffisante à la consommation de la ville ainsi qu’à la commercialisation sous forme d’eau minérale. Quoi qu’il en soit, le régime semble décidé coûte que coûte à produire une eau minérale made in Ali-Sabieh et aurait déjà pour ce faire acquis la technologie nécessaire. Espérons que la future unité industrielle verra vraiment le jour tout comme nous espérons qu’elle profitera réellement à la population de ce district sans disparaître sous les griffes des oligarques rapaces de ce régime.
Djib-Télécom :
Vers une privatisation-maison ?
L’opérateur public Djib-Télécom a récemment changé de direction. Une nouvelle équipe composée de deux cadres expatriés est désormais à la tête de cet établissement public demeuré, malgré des hauts et des bas, un des fleurons de l’économie nationale. Les pouvoirs publics, laissent entendre à présent que les experts étrangers ont pour mission de redresser l’entreprise en vue d’une privatisation, programmée semble-t-il. Il y a quelques années, Djib-Télécom avait déjà privatisé certains de ses services comme le système de facturation informatisée concédé, parait-il, à un oligarque très, très proche du régime mais résidant dans la lointaine Amérique. Miracle de la mondialisation et d’Internet !
De là à prévoir que la suite de la privatisation intéressera au premier chef les milieux affairistes du pouvoir, il n’y a qu’un pas que le citoyen ordinaire ne manque pas de franchir. En effet, il y a bien longtemps que la notion d’intérêt public a pratiquement disparu de nos cieux, laissant place à la politique du ventre. Se servir d’abord, et surtout la part du lion…jusqu’à l’inévitable et dangereuse indigestion.
Saluons au moins le Directeur sortant, pour une gestion dont personne n’a contesté la rigueur. De même qu’il convient de saluer l’excellent travail de tous ses collaborateurs que le régime, en prétendant faire appel à des expatriés pour un redressement, semble accuser de mauvais rendement. Ingrat !
Djibouti-Mogadiscio :
A tout saigneur, tout honneur ?
Le Chef de l’État djiboutien et son homologue nommé à la conférence d’Arta se seraient-ils résolus à la real politique ? Dans leur gestion désastreuse du dossier de la réconciliation somalienne, ces deux compères ne sont pas à une contradiction près. Ainsi, notre médiateur régional aurait reçu la semaine dernière en sa résidence une importante délégation dirigée par Abdilkassim Salat Hassan, président du Gouvernement de transition, dont le mandat a théoriquement expiré depuis le mois d’août dernier. La visite du Président somalien ne constitue pas en soi un événement, puisqu’il réside périodiquement dans notre Capitale. Par contre, la présence dans sa délégation de ses nouveaux alliés du Conseil National du Salut Somalien est intéressante à plus d’un titre. Cette structure composée en effet de quelques grandes factions belligérantes, est présidée par Moussa Soudi Yalahow, un des plus puissants chefs de guerre, régnant sur plusieurs quartiers de Mogadiscio, et sur d’autres villes, dont Balad et Johar. Il y a deux ans, ses forces s’étaient illustrées en pilonnant à la roquette un hôtel de Mogadiscio où résidaient des membres du gouvernement, manquant de peu le premier ministre de l’époque, Ali Khalif Galleyd.
Pour sa part, le « numéro un djiboutien » ne manque pas de toupet : cynisme ou pragmatisme, quelques semaines après une tonitruante interview accordée à l’agence IRIN dans laquelle il disait tout le mal possible des seigneurs de guerre, le voilà revenu à de meilleurs sentiments, qui s’entretient cordialement de la paix et de la réconciliation avec leurs représentants. Enfin reconnus par celui-là même qui, du haut de la tribune des Nations Unies en septembre 1999, demandait leur traduction devant le Tribunal Pénal International, les « saigneurs » de guerre ainsi courtisés cesseront-ils désormais de faire couler le sang du Peuple somalien meurtri par toutes ces années de guerre civile ?
Puisse cette réconciliation en trompe-l’œil devenir réellement durable et s’étendre à tous les protagonistes du drame somalien.
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La main droite confisque ici, la main gauche offre là-bas
A propos d’un « don présidentiel » au Somaliland
La fleur qui a poussé dans un dépotoir : ainsi pourrait-on qualifier le récent don de générateurs électriques dont, subitement, le Chef de l’État djiboutien a personnellement estimé vital et urgent de doter notre voisin somalilandais. En d’autres circonstances, nous nous serions félicités de ce qui aurait été la reconnaissance de facto d’un pays qui a largement démontré sa stabilité politique et son dynamisme économique. Mais, connaissant la nature profonde du régime djiboutien, et au vu de sa pratique gouvernementale caractérisée par le refus des règles de droit et par la spoliation des citoyens, ce don nous semble doublement stigmatisé puisqu’il prétend donner à un voisin non reconnu des biens qu’il confisque à ses propres citoyens.
Même si, pour des raisons bien compréhensibles, les médias gouvernementaux, sont restés discrets sur le sujet, le « don » de la République de Djibouti au Somaliland est d’une extrême importance : il s’agit de deux unités électrogènes d’une capacité totale de trois mégawatts. Le généreux « donateur » ? le Chef de l’État en personne, à en croire le journal gouvernemental La Nation qui n’hésite pas à parler tout simplement de générateurs « offerts par le Président de la République » : pourquoi feindre la modestie quand il n’y a aucune limite à la fanfaronnade ?
La seule nouveauté du geste mérite donc, à maints égards, que l’on s’y attarde. Pas seulement sur le fait que de principal bailleur de fonds national (agropastoralisme, santé, etc.), le « numéro un » djiboutien s’investisse aujourd’hui dans la coopération internationale. La destination de ce don (Le Somaliland envers lequel Djibouti a surtout manifesté beaucoup d’animosité), la qualité du généreux donateur (le Chef de l’État dont on ne sait s’il agit à titre personnel) ainsi que sa nature (deux unités électrogènes au coût exorbitant) justifient les quelques considérations qui suivent.
Le journal gouvernemental La Nation prétend restituer ce geste dans le contexte qui serait celui de notre voisin bénéficiaire : « Dans ce domaine, le secteur privé du Somaliland est peu étoffé. Du côté des pouvoirs publics, seul un générateur de 2,5 mégawatts est en service ». Même si l’on ne saisit pas très bien la référence au secteur privé du Somaliland, tous les observateurs s’accordent à reconnaître que ce dernier est nettement plus dynamique et florissant qu’à Djibouti.
Non seulement du fait de l’existence d’une importante diaspora d’affaires vivant dans les pays du Golfe, mais aussi parce que la corruption généralisée ne rackette pas les entrepreneurs privés du Somaliland. Toutefois, parce qu’il est parfaitement compréhensible qu’un pays n’ayant pratiquement aucune relation, a fortiori de coopération, avec le reste du monde, manifeste de réels besoins, le problème doit être abordé d’un point de vue diplomatique. Car, lorsque le journal gouvernemental La Nation s’autorise à écrire que « Ce don du Président s’inscrit dans le cadre du soutien de la République de Djibouti au Somaliland », on touche, en négatif, au fond du problème : ce dont le Somaliland a le plus besoin, c’est non pas d’un groupe électrogène quelle que soit son utilité, mais avant tout d’une reconnaissance internationale, à commencer celle des États voisins au premier rang desquels, pour d’évidentes raisons historiques, se trouve la République de Djibouti. Surtout que, au vu de sa remarquable stabilité, de nombreuses puissances seraient disposés à rapidement reconnaître le Somaliland… si ses voisins immédiats s’engageaient préalablement dans cette direction.
Or, au prétexte hypocrite de ne pas entériner la partition de l’ancienne République Démocratique de Somalie, Djibouti est le plus hostile État à toute reconnaissance du Somaliland sur la scène internationale : c’est pratiquement une sorte de « veto par proximité ». récemment encore, le Chef de l’État djiboutien parlait même d’une insécurité au Somaliland qui serait due selon lui à un intégrisme religieux que cette région n’a jamais connu de son histoire. Si cette reconnaissance internationale venait à se concrétiser, le Somaliland recevrait bien plus qu’un générateur électrique. Il mérite donc mieux que ce soudain « don électro-présidentiel ».
Lequel ne trompe personne sur sa réelle nature démagogique et électoraliste quand on sait que pour d’obscures raisons tenant à la défense d’intérêts commerciaux privés, le régime djiboutien avait sérieusement entravé la libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays, chose que même la colonisation française, au plus fort de la lutte indépendantiste en 1976, n’avait pas osé !
En second lieu, l’on veut nous faire croire qu’il s’agit d’un don du Chef de l’État Djiboutien. Concédons-lui au moins une chose : le déséquilibre entre les pouvoirs Exécutif, Législatif et Judiciaire, comme au sein de l’Exécutif, qu’il n’a pas vraiment contribué à atténuer, fait qu’effectivement, ce don relève de la seule initiative du seul responsable politique habilité à prendre des initiatives. A ce stade, il serait peut-être plus judicieux de parler de l’institutionnalisation des caprices présidentiels.
A tel point, l’on s’en souvient avec amusement, qu’un ministre dithyrambique ne s’est pas gêné pour présenter le don libyen d’une foreuse comme un cadeau personnel du Président Kadhafi à son homologue djiboutien. Quoi qu’il en soit, il nous semble impossible de prétendre qu’il s’agit bien d’un don présidentiel : la fiche de paye du supposé donateur privé n’expliquerait pas une telle générosité débordante. Car, selon nos estimations, le coût total de ces deux générateurs s’élèverait à environ 500 millions FD ! Tout tendrait plutôt à montrer, au contraire, qu’il s’agit bel et bien d’une partie de notre patrimoine commun dont le Chef de l’État a disposé sans aucune considération pour le fonctionnement normal d’un État de droit ni pour les rapports normaux entre dirigeants et citoyens.
D’une part, parce qu’une réelle coopération présuppose une reconnaissance mutuelle et relève ensuite du travail routinier des Affaires Étrangères, bénéficiant pour cela d’un budget lui-même préalablement soumis à l’appréciation souveraine de l’Assemblée Nationale. Il est permis de rêver en évoquant le circuit normal de toute démocratie digne de ce nom. D’autre part, s’il s’agit d’une acquisition nouvelle opérée pour la circonstance, il existe certainement d’autres priorités nationales en quête d’un tel financement de 500 millions FD. Somme qui correspond, les salariés du secteur public le savent douloureusement, à environ un mois d’arriérés de salaire de tous les fonctionnaires, conventionnés, militaires et policiers de la République de Djibouti.
Et si, c’est l’hypothèse la plus probable, il s’agit d’un matériel dont notre pays disposerait en surplus, toujours grâce à une générosité internationale accrue en ces temps de lutte antiterroriste, il aurait très bien pu trouver acquéreur sur les marchés internationaux et le recettes de sa vente auraient pu être affectés au financement de réelles priorités nationales. De la Santé publique à l’Éducation, en passant par l’agro pastoralisme et le développement des ressources en eau potable, du Nord au Sud, les urgences en manque de financement sont nombreuses.
Surtout quand l’on se souvient, par exemple, que pour financer l’achat d’un petit groupe électrogène au profit d’une zone affectée par le conflit comme Yoboki ou Randa, le régime a fait appel à la générosité internationale. Tandis qu’aucun groupe électrogène digne de ce nom n’est pour le moment installé dans une capitale régionale comme Obock, dont le coût serait nettement inférieur au plus petit véhicule 4×4 immatriculé A ou B.
L’Islam réprouve deux choses : le reniement de la parole donnée et l’utilisation de la main gauche pour certaines actions quotidiennes essentielles. Ce don présidentiel a malheureusement le tort de cumuler ces deux péchés. Car s’autoriser sur un simple caprice à faire un don aussi important au détriment de ses propres urgences nationales, c’est prétendre offrir de la main gauche ce qu’a confisqué la main droite.
En effet, la générosité internationale, même entre voisins que lient d’aussi importantes relations historiques, ne peut être crédible que si et seulement si les besoins nationaux ont été préalablement, identifiés, budgétisés (sur plusieurs années s’il le faut) et que des programmes visant à leur réalisation aient été mis en œuvre dans la plus grande transparence. 500 millions FD investis, sous quelque forme que ce soit, dans la générosité internationale, alors que les besoins primordiaux sont si patents et que l’aide extérieure des pays industrialisés ou pétroliers, ainsi que du système des Nations Unies est si souvent sollicitée dans les domaines aussi vitaux que la Santé ou l’Éducation, ce sont toujours 500 millions FD confisqués au Peuple djiboutien par un régime démagogique n’hésitant pas à brader les intérêts nationaux sur l’autel de sa pérennité.
Quand le riz généreusement offert par l’Inde est détourné aussi impunément, spoliant du même coup, surtout en période de Ramadan, tous les Djiboutiens nécessiteux, le don de ces générateurs, qui auraient certainement pu trouver un usage domestique, ne convainc vraiment personne quant à sa sincérité ou à son opportunité. Affecter ainsi à l’externe une portion aussi importante de notre patrimoine national au détriment des priorités internes, cela revient, d’un point de vue moral sinon religieux, à confisquer de la main droite. Double faute car, confisquer est mauvais et le faire de la main droite l’est encore plus. Dans le contexte d’une telle disqualification, auquel la pratique courante de ce régime de corruption généralisée n’apporte aucune circonstance atténuante, tout donne lieu d’estimer que c’est une main gauche qui a procédé à ce don. En Islam, il est interdit de tendre la main gauche.
Le Somaliland a besoin de beaucoup plus qu’un générateur électrique : il s’agit de reconnaître l’importance des liens historiques qui lient notre Peuple au sien. Ce n’est pas en creusant un trou que l’on bouche un autre trou : ce n’est pas en confisquant au Peuple Djiboutien que ce régime démagogique prétendra aider le Peuple Somalilandais. C’est lorsque l’on a balayé devant sa propre porte que l’on peut prétendre aider le voisin de palier : eu égard à l’intensité des liens historiques qui nous lient, la position de notre pays vis-à-vis du Somaliland mérite un réel débat national dépassionné, tenant compte des intérêts supérieurs de la Nation djiboutienne.
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Courrier des lecteurs
PRIÈRE DE L’AÏD-EL-FITR : pourquoi j’ai zappé la secte présidentielle
En cette sainte occasion, le sermon de l’imam était vraiment historique. Imaginez : devant le Chef de l’État, ce saint homme martelait toutes les vertus de la Paix, au plan régional comme au niveau du village planétaire qu’est devenu le monde contemporain. Les oreilles d’un régime qui viole allègrement chaque accord de paix ont dû terriblement siffler en ce jour où le mensonge et l’hypocrisie ont la vie pénible. Mais le problème n’est pas là : je n’étais pas sur les lieux de ces saintes paroles, et c’est justement la raison pour laquelle je me permets de vous adresser ce petit courrier, en espérant que, malgré les délais de fabrication, vous aurez l’amabilité de l’insérer dans le numéro de demain.
Voilà, il se trouve que les actions barbares de quelques illuminés ont fâcheusement terni l’image de notre religion, à tel point que le commun des mortels croit à tort qu’il convient de s’inquiéter d’une islamisation de la politique. Tout au contraire, il me semble qu’il conviendrait plutôt de parler d’une dangereuse politisation de l’Islam, instrumentalisé par ceux qui veulent accéder au pouvoir ou le garder. Certes, notre religion n’a jamais établi la moindre distinction entre le politique et le religieux : les deux dimensions sont inextricablement liées dans la vie de la collectivité humaine.
De nos jours encore, en dépit des prétentions « laïcisantes » des prétendues démocraties, le Chef de l’Etat dans tous les régimes arabo-islamiques fait également office de « Commandeur des Croyants». La preuve, c’est justement qu’aucune prière de l’Aïd n’est concevable sans que ce dernier ne s’invite au premier rang des prieurs télévisés, et le contraire choquerait plutôt le commun de ses concitoyens.
Avec le Chef de l’Etat-Commandeur des Croyants, c’est aussi toute sa cour, sa secte qui s’invite au premier rang : toute l’équipe dirigeante et ses obligés prennent alors de facto la position du premier cercle des adeptes du Prophète (PSL). Et c’est justement ce qui me gêne dans le fait de prier en une telle compagnie. Je ne parle même pas de l’imposant dispositif militaire déployé pour assurer la sécurité de ces importants : il est bien loin le temps où l’ancien Chef de l’État allait remplir son devoir de l’Aïd en toute simplicité ! Il est en effet désagréable d’être sévèrement fouillé au corps et de prier avec un fusil dans le dos, victime potentielle d’une bavure : une fois, pour le principe, oui ; une deuxième fois par mimétisme mondain, cela deviendrait suicidaire ! Mais j’approuve totalement le retour à l’orthodoxie de la pratique du Prophète (PSL) qui consiste à prier en plein air à l’occasion des deux Aïd. Ce que je n’admets pas, c’est d’être obligé de prier derrière des gens passablement responsables des difficultés quotidiennes de mon existence ordinaire.
En effet, en ma qualité de citoyen, je suis condamné à subir leurs pratiques frauduleuses au terme desquelles les responsables politiques que j’ai choisis, comme la majorité des Djiboutiens, sont remplacés par des usurpateurs cooptés. En ma qualité de fonctionnaire souffrant de plusieurs mois d’arriérés de salaire à cause de la mauvaise gouvernance instaurée par ceux qui veulent m’obliger à prier avec et derrière eux, je ne peux même pas saisir le tribunal du contentieux administratif : « ils » en ont également bloqué le fonctionnement. En ma qualité de père de famille, j’assiste impuissant à la dégradation de notre système éducatif obérant dangereusement l’avenir de nos enfants. Enfin, mais la litanie n’est pas exhaustive, en ma qualité, de contribuable, j’aurais également beaucoup à dire et à redire à propos de l’affectation irrationnelle de l’argent que l’on me ponctionne, s’il y avait un minimum de transparence sur son parcours.
Tout cela, je l’accepte tant que mes compatriotes l’acceptent. Par contre, j’estime qu’il est de mon droit, le plus inaliénable, de choisir en compagnie de qui j’entends me prosterner devant Allah en cette sainte occasion. Et c’est pour cela que je parcours plusieurs kilomètres, afin de prier parmi le Peuple, loin de l’hypocrisie et du mensonge.
En ce jour saint de l’Aïd-el-fitr 2003, l’imam a été tout à fait inspiré en demandant aux fidèles de prier pour le Chef de l’État : une intervention divine est vraiment la bienvenue pour arracher notre pays aux griffes des rapaces en place. Mais, je l’ai déjà dit, je n’étais pas sur les lieux. Peut-être parce que, contrairement à certaines âmes pieuses comme l’imam ou Martin Luther King, je suis trop désabusé pour faire certains rêves de rédemption spontanée.
A.M.H
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L’Aïd el Fitr de l’Opposition
La fête du Peuple pour le Peuple
Comme à son habitude, l’Union pour l’Alternance Démocratique a tenu à célébrer l’Aïd-el-fitr à la jonction des grands quartiers populaires, devant le siège de l’Union pour la Démocratie et la Justice (UDJ), à l’Avenue Nasser. Dans une ambiance festive et militante, les dirigeants de l’UAD ont souhaité une bonne et heureuse fête à la population djiboutienne, tout en abordant les principaux thèmes politiques de l’heure. De l’avis de tous les participants, cette journée fut un franc succès.
Venus de tous les coins de la Capitale, des milliers de militants de l’opposition ont convergé dès 8 heures du matin vers le lieu du meeting à l’Avenue Nasser, pour écouter les vœux de fête et les messages politiques de l’UAD. Arrivée vers 9h 30, la direction de l’UAD a aussitôt pris place à la tribune d’honneur, sous les vivats d’une foule enthousiaste. Après les traditionnels messages de vœux au Peuple Djiboutien, les interventions ont pris un tour éminemment politique. Plusieurs orateurs se sont succédé au micro, chacun fustigeant à sa manière la politique néfaste de ce régime et ses désastreuses conséquences sur les conditions de vie des citoyens. Égrenant la liste des méfaits et gâchis imputables à l’actuel mandat présidentiel, tous ont exhorté la population à se mobiliser en vue de défaire ce pouvoir sectaire et corrompu.
Les dirigeants de l’UAD ont particulièrement insisté, exemples à l’appui, sur l’absence d’un véritable État de droit, et la poursuite insensée de l’arbitraire et de la corruption, principales causes de la pauvreté dans laquelle se débattent les couches populaires. Évoquant les perspectives de lutte qui s’offrent à l’opposition, les intervenants n’ont pas caché qu’à l’avenir, les combats populaires devront s’intensifier pour venir à bout de ce pouvoir malfaisant et irresponsable. La récente affaire de contrebande de riz impliquant l’administration présidentielle est la meilleure preuve du mépris de l’intérêt général dans les hautes sphères du pouvoir. Ce détournement d’une aide alimentaire internationale destinée au Peuple Djiboutien est révélateur du climat de corruption entretenu par la classe dirigeante actuelle, se nourrissant de la prédation.
Dans ces conditions, aucun développement durable ne peut être mis en œuvre sous l’égide de ce pouvoir sans foi ni loi et incapable de s’amender.
Luttant résolument pour une alternance responsable, pour sauver notre pays, l’UAD a un programme politique alternatif proposant des solutions réalistes aux maux qui accablent notre Nation. Ce dernier point a été particulièrement développé par le Président pat intérim de l’UAD, M. Ismael Guedi Hared, Président de l’UDJ et parfait connaisseur des rouages de l’Etat. Après avoir dénoncé les multiples violations de l’accord de paix du 12 mai 2001 et le refus présidentiel de l’appliquer intégralement et honnêtement, le Président Guedi, dernier orateur a conclu en ces termes : « L’UAD dispose d’un programme de développement du pays. Ce programme que nous vous soumettrons très prochainement lorsque toutes les personnalités de l’UAD se rencontreront, ne contient aucune promesse irréalisable, mais il est établi sur la base des réalités nationales. Nous sommes persuadés que nos différentes propositions permettront de sortir notre pays de la léthargie, la corruption et d’autres maux essentiellement générés par l’incapacité et la nature irresponsable du régime RPP. »
A la fin du meeting, les dirigeants de l’UAD se sont rendus tous ensemble au domicile du Président Moussa Ahmed Idriss, afin de souhaiter bonne fête à cet éminent dirigeant de l’opposition, en ce jour béni de l’Aïd-el-Fitr. Manière affectueuse de rendre hommage à l’action politique d’un dirigeant politique qui reste un des plus grands hommes de notre pays.
Ainsi se terminait cette mémorable journée de retrouvailles, la première depuis les derniers grands meetings de l’UAD tenus au même endroit. C’était le 12 mai 2003, à l’occasion de la commémoration du second anniversaire de la paix définitive, journée au cours de laquelle l’opposition unie avait également vivement exigé la libération du Président Daher Ahmed Farah, qui était injustement incarcéré à ce moment-là. Si depuis lors, DAF a été libéré, notre exigence de l’application intégrale de l’accord de paix du 12 mai 2001 reste plus que jamais d’actualité.
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Démence meurtrière
« Ce qui est incompréhensible, c’est que tout est compréhensible » disait Einstein. Pourtant, les récents attentats meurtriers à Ryad et Istanbul, non seulement heurtent notre conscience, mais échappent à notre entendement d’êtres humains.
Il ne suffit pas de condamner : aucun être humain sain d’esprit ne peut rester indifférent face à ces tueries aveugles et délibérées de civils innocents que le Pape a parfaitement raison de considérer comme un crime contre l’humanité. Bien sûr, il faut le combattre ! Parce que les actes de tout homme normal obéissent à la raison, à une raison, nous, et tout le monde, cherchons en vain une quelconque rationalité à ces comportements criminels qui ne font que desservir la « cause » qu’ils prétendent servir.
Face à ce que l’on considère être une agression caractérisée et injuste contre son pays, ou tout simplement son humanité, il est parfaitement compréhensible,même si ce n’est pas justifiable, que les membres d’organisations clandestines aient, faute d’autres moyens, recours à cette forme de résistance non conventionnelle communément appelée terrorisme, en s’attaquant sans discernement aux intérêts de l’agresseur.
C’est le cas en Palestine : aux territoires occupés depuis 1967 (Israël est né en 1948) et suite aux différentes guerres qui l’ont opposé à ses voisins arabes, s’ajoutent de manière continue, les colonies de peuplement d’immigrants venus de tous les coins du monde, les dénis de justice que sont les veto systématiques américains opposés aux condamnations d’Israël par le Conseil de Sécurité et aujourd’hui, comble de l’injustice, l’édification d’un mur séparant les Palestiniens des Palestiniens… au prétexte fallacieux de raisons sécuritaires.
Inutile de se voiler la face : nous l’avons dit et répété, la question palestinienne empoisonne les relations internationales car tous les conflits récurrents au Proche et au Moyen-Orient y plongent leurs racines. En effet, parce que suspectés par Israël de soutenir la résistance libanaise au Sud du Liban que l’État sioniste occupait pour sécuriser sa frontière Nord et y poursuivre les résistants… palestiniens, la Syrie et l’Iran figuraient et figurent toujours sur la liste des régimes à abattre par Tel-Aviv. Tant qu’il n’y sera pas trouvé une solution courageuse et honorable pour les deux parties, le reste du monde se trouvera d’une manière ou d’une autre impliqué dans les conflits qui déchirent cette région.
D’autre part, que certains Irakiens (avec ou sans le soutien de groupuscules transnationaux) s’attaquent en Irak et comme ils le peuvent à ceux qu’ils considèrent être les représentants des puissances occupantes, c’est banal et ce n’est pas un précédent ! Les États-unis d’Amérique (et leurs alliés) affirment d’ailleurs vouloir se retirer de l’Irak à très court terme, après avoir cédé le pouvoir (et la gestion des problèmes nés de cette occupation) à des démocrates irakiens. C’est une décision raisonnable, même si ce n’était pas le but, encore moins la justification de leur invasion (qui aura été la plus irréfléchie des expéditions militaires, au regard des coûts humain et financier par rapport à l’objectif à atteindre).
Par contre, ce qui est incompréhensible, insensé, injustifiable et doit être dénoncé et combattu comme telle, c’est cette démence qui revendique la tuerie d’innocents civils dans des pays stables. Le choix de ces pays ne doit rien au hasard : l’Arabie Saoudite est le plus ancien et le plus riche allié des Américains dans la région. A cheval entre l’Europe et l’Asie, la Turquie est membre de l’OTAN. Tous deux sont donc des alliés stratégiques de l’Occident. Et alors ? Si la nébuleuse terroriste cherche à déstabiliser tous les pays musulmans alliés ou proches de l’Occident, elle a du pain sur la planche et ne ferait que multiplier ses ennemis ! Qu’y gagnerait alors sa cause, si tant est qu’elle en ait une ?
Mais c’est surtout le choix des cibles qui en dit davantage sur la démence des commanditaires et exécutants de ces tueries : d’innocents civils toutes confessions confondues, et des synagogues. Toutes cibles pourtant explicitement considérées comme sacrées et inviolables par le Coran et l’Islam, dont ils prétendent lever l’étendard. Toutefois, cette démence n’étant pas née ex nihilo, nous restons persuadés que le meilleur moyen de la combattre et de s’en prémunir, c’est encore sa prévention par un traitement politique adéquat et juste des profondes injustices en cours au Proche et Moyen-Orient, en Tchétchénie ou ailleurs.
Si elles ne sont pas à l’origine de cette démence, elles constituent la justification de ceux qui revendiquent cette folie meurtrière.
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