Réalité numéro 79 du mercredi 14 janvier 2004 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 79 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
BENNE’S BLUES : LA COMPLAINTE DE L’ÉBOUEUR
Oubli ou mémoire : c’est souvent la dialectique entre ces deux états de la conscience humaine qui articule la confrontation entre des forces politiques données. Elle se met en scène à travers les médias, que les régimes à déficit démocratique accentué instrumentalisent pour rappeler ce qui les intéresse ou occulter ce qui les gêne.
Mais, la Raison ayant ses ruses, et plus spécialement lorsque incompétence et amateurisme se conjuguent à la précipitation médiatique, il arrive que l’effet obtenu soit l’exact contraire de celui de l’encensement recherché. C’est ce qui semble être arrivé lundi dernier au journal gouvernemental « La Nation », obligé de couvrir deux événements qui, mis en présence dans la même édition, donnent toute la mesure des incohérences gouvernementales relativement aux vraies priorités de développement.
On y apprend d’une part que grâce aux efforts financiers et humains des forces américaines stationnées à Djibouti, le centre médical de Tadjourah a bénéficié d’un lifting inespéré, comme si le régime n’avait pas quelques millions de nos francs à investir dans cette action. On y apprend également que, certainement grâce à une providentielle et clairvoyante requête présidentielle en ce sens, la coopération chinoise va énormément contribuer à la salubrité de notre Capitale. A en croire la présentation qui en est faite, il s’agit là d’un don inespéré : 3 bennes tasseuses, 3 bennes basculantes, 2 camions pour conteneur détachable, 1 camion balayeur, 25 conteneurs détachables, 60 bacs à ordures de 1100 litres.
L’énumération s’imposait car tout ce matériel représente la somme « astronomique » de 120 millions FD : même si les finances publiques djiboutiennes sont dans un état de délabrement avancé, il est inimaginable que ce matériel, sans lequel il n’existe aucune Voirie digne de ce nom, ne pouvait être acheté sur fonds nationaux. Que ce régime n’ait même pas pensé à budgétiser le remplacement du matériel de la Voirie, ou même son accroissement consécutif à l’augmentation de la population de la Capitale, en dit long sur une mauvaise gouvernance tellement omniprésente qu’elle en devient banale. A tel point que ce régime ne craint pas le ridicule qu’il y a à médiatiser un don de bennes à ordures ! On le savait : la propreté domestique, au propre comme au figuré, n’est pas vraiment une priorité de ce gouvernement.
Oubli ou mémoire : une des fonctions de l’inflation des images et des commentaires, c’est aussi de contribuer à l’oubli de ce qui s’est passé par la massification du présent : aller de l’avant pour ne pas rappeler ce qu’il y a eu avant. Avant, ce sont par exemple tous ces dons, médiatisés en leur temps, et dont l’on ne sait plus trop bien ce qu’ils sont devenus une fois réceptionnés.
De l’imposant matériel de cuisine offert par l’Espagne à l’Hôpital Général Peltier, sans que l’alimentation des malades n’en soit pour autant assurée, aux motopompes fournies à chaque inondation, sans que la prochaine n’en soit mieux gérée, en passant par le don alimentaire du PAM, officiellement consacré aux cantines scolaires, sans que les élèves des zones rurales n’en soient les premiers bénéficiaires, la liste est longue des bonnes intentions détournées de leurs finalités sociales ou humanitaires. Mais, ce rappel de l’incompétence en action, ce n’est pas des médias publics subordonnés aux impératifs partisans qu’il faut l’attendre. Pour leur part, les éboueurs djiboutiens, bien que satisfaits de voir renforcé leur outil de travail, espèrent au moins deux choses : que la Voirie ne soit pas privatisée et qu’ils reçoivent leurs salaires régulièrement. Ce n’est pas beaucoup et ce n’est pas rien : c’est tout juste le début de la bonne gouvernance. Au boulot !
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Brèves nationales
Pêche miraculeuse :
Entre espadon et requins, les Djiboutiens assurent
Qui a dit que le journal gouvernemental « la Nation » n’avait pas d’humour ? Certainement pas nous : Après son vif intérêt pour la situation des chèvres ruminant sur la voie publique, voici que cette semaine, il s’intéresse au milieu marin et à la pêche au gros. Ainsi dans son édition du lundi dernier notre confrère nous apprend qu’un homme d’affaire djiboutien très coté sur la place aurait battu un record national de pêche sportive en tirant hors de l’eau un espadon de 2,53 m et pesant 42 kg. Cet exploit a été, on s’en doute, homologué comme il se doit par un expert en la matière. « La Nation » en a même l’ivresse des profondeurs. Citons-la en apnée : «Le poisson a été pêché à l’aide d’une ligne de 50 livres. Cet exploit est à mettre à l’actif d’un Djiboutien en l’occurrence M. Abdourahman Boreh. Il lui a fallu beaucoup de dextérité pour ramener sa prise à bord car le fil utilisé est un des moins épais servant dans la pêche sportive… il pouvait à tout moment casser vus la taille et le poids de l’espadon. C’est ce que confirme Maître Martinet, le représentant de l’International Game Fish Association à Djibouti qui parle d’un record local. Quand les djiboutiens s’y mettent, ça mord et des gros… ».
Rappelons citoyennement et modestement qu’un hôtel-restaurant de Tadjourah avait reçu livraison, il y a quelques mois, d’un espadon d’une taille similaire : l’exploit avait été réalisé par un petit pêcheur n’ayant pas l’honneur d’avoir dans son carnet mondain l’adresse d’un avocat internationalement habilité à homologuer son exploit intempestif. Comme quoi, pour ne pas mourir idiots, les espadons ne devraient pas se mettre à la portée de n’importe quel hameçon. Effectivement, comme dirait un avocat internationalement habilité à établir des homologations internationalement reconnues, sans trop tirer sur le fil, à Djibouti ça mord, même dans les profondeurs hypothalassiques, pour les gros… hameçons bien sûr. Honni soit qui manigance…
Lutte contre la contrebande :
La fumée se dissipe.
Ne dit-on pas qu’aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre d’années ? Même injustement qualifiée de République autoproclamée, le Somaliland n’a jamais tergiversé sur la lutte contre la contrebande. Certainement parce qu’il existe là-bas un sens de l’État qui n’existe plus chez nous ; car pour avoir trop souffert de l’injustice, les Somalilandais savent que si chacun commence à favoriser son cousin pour le commerce ou quoi que ce soit d’autre, les vieux démons ressurgiront tôt ou tard et les sacrifices consentis contre la dictature de Siad Barré n’auront servi à rien. C’est pour cela que confiant dans le dynamisme de ses hommes d’affaires et dans l’impartialité de son administration, le Somaliland a toujours combattu la contrebande d’où qu’elle provienne et parfois de Djibouti.
A cet égard, tous nos compatriotes savent que pour avoir osé saisir des marchandises qu’elles considéraient comme illégalement introduites, les autorités du Somaliland avaient vu leur frontière terrestre avec Djibouti brutalement fermée sans aucune explication par un régime djiboutien sacrifiant ses intérêts nationaux sur l’autel de la parentèle et de la clientèle. C’est donc avec satisfaction que nous enregistrons le retour à la raison des autorités djiboutiennes dans ce domaine.
En effet, comme nous l’apprennent généreusement les médias officiels, cette semaine Djibouti aurait finalement accepté de combattre la contrebande transfrontalière de concert avec le Somaliland dont l’expérience, le sérieux et le bien-fondé en ce domaine paraissent enfin reconnus.
Nous ne pouvons qu’encourager le régime dans cette voie, persuadés que les trois catégories bénéficiaires de cette rigueur seront : les consommateurs, la libre entreprise et les fiscalités nationales. N’en déplaise aux requins et autres espadons dûment homologués et nombreux paraît-il dans les mers chaudes bordant les deux pays.
Rappelons pour la sombre histoire que face à cette atteinte intolérable à la libre entreprise, de nombreux opérateurs économiques avaient suite à la fermeture des frontières entre Djibouti et le Somaliland, préféré délocaliser leurs opérations financières et commerciales sur Berbera, Addis-Abeba et les pays du Golfe au grand dam des banques commerciales de la place de Djibouti.
Obock :
Un district à part ?
Triste laboratoire d’expérimentation de toutes les injustices concoctées par ce régime sectaire, le district d’Obock reste à la traîne du développement durable version Chef de l’État. Ainsi la ville oubliée et enclavée d’Obock victime du délabrement pour cause du conflit et de la mauvaise gouvernance n’a même pas le minimum exigé d’une Capitale régionale. Cette semaine, les Obockois se plaignent du manque d’électricité consécutif à l’agonie de leur centrale électrique désuète. Conséquence : les moustiques qui y pullulent en cette saison font des ravages parmi la population. Après le chômage, l’insalubrité et la précarité quotidienne, les Obockois se demandent ce que vient chercher chez eux le Chef de l’État, dont la visite reste programmée. Le chantier de reconstruction des logements détruits lors du conflit n’a toujours pas démarré et l’on assiste même à des querelles entre réels bénéficiaires et ceux imposés par le régime pour de sombres raisons électoralistes. C’est dans ce climat délétère que l’on apprend que des problèmes de circulation des personnes sont apparus au niveau du poste frontalier de Moulhoulé. Si l’on en croit les centaines de Djiboutiens ayant transité depuis quelques semaines par ce check point tenu par l’Armée nationale, d’inadmissibles tracasseries frappent les usagers nationaux de cette voie terrestre entre l’Érythrée et Djibouti.
Il semble qu’en l’absence d’une police des frontières à Moulhoulé, les responsables des forces armées nationales de ce secteur exigent le laissez-passer Érythréen pour les Djiboutiens en provenance d’Érythrée. Quant aux nationaux se rendant en Érythrée, il leur serait demandé de présenter également des pièces d’identité érythréenne pour pouvoir aller en Érythrée. Ces tracasseries que les populations n’ont jamais connu du temps de l’administration française, ni ces deux dernières décennies, démontrent le mépris des autorités djiboutiennes pour tous les accords signés avec ce pays voisin et relatives à la libre circulation des biens et des personnes. Rappelons que pour sa part l’Armée nationale n’hésite pas, à l’occasion, à s’approvisionner en eau potable en Érythrée, à Rahaïta précisément. Alors, un peu de pudeur et de respect vis-à-vis des personnes arrivant d’Érythrée ou s’y rendant surtout lorsqu’elles sont djiboutiennes…
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Les incohérences du Budget (1)
Pour irrationnels que puissent paraître les choix budgétaires de nos gouvernants finalement avalisés dans le budget prévisionnel 2004 par les mal-élus (malgré quelques palabres et interpellations savamment et sélectivement diffusées par la RTD, pour donner l’illusion d’un débat démocratique) ils n’en obéissent pas moins à une rationalité politique et plus précisément démagogique pour rester polis. Se contentant de commenter le cadre général, les lignes qui suivent introduisent une série d’articles qui feront un « Gros plan » comportant critiques, suggestions et questions sur les domaines qui vous préoccupent.
Davantage que notre posture d’observateurs vigilants de toutes les anomalies dans la gestion du bien public, c’est les confiance et responsabilité détournées (c’est une seconde nature chez nos dirigeants) que vous nous avez accordées au soir du 10 janvier 2003 qui nous commandent de jouer le rôle qui est le nôtre aujourd’hui.
Relevons pour commencer et à titre purement anecdotique, une curiosité constatée à l’examen des comptes définitifs du budget pour l’exercice 2001. La ligne budgétaire 30.10.10.1 (Présidence de la République-fourniture de bureau et entretien des locaux) est passée de 13.422.000 FD dans le budget pourtant rectifié à 471.559.957 FD dans les réalisations 2001, soit un dépassement de près d’un demi milliard de nos francs, c’est-à-dire 3600% d’augmentation. La Présidence aurait-elle démultiplié ses locaux durant cet exercice budgétaire ?
Nous ne le pensons pas ! D’abord parce que personne ne l’a constaté, ensuite parce que le budget 2004 ne prévoit pour la même ligne budgétaire qu’une enveloppe de 19.200.000 FD, soit une augmentation plus ou moins défendable en 3 ans, de l’ordre de 45% « seulement», si l’on ose parler ainsi.
Ce qui nous autorise à avancer qu’il s’agit vraisemblablement d’un subterfuge, qui nous dispense de critiquer et nous étaler sur la transparence qui serait à en croire le Chef de l’État, un souci gouvernemental…
Pour en terminer avec le chapitre anecdotique, observons qu’une ligne du budget de la Présidence, 001.62.2.4 intitulée « entretien et réparation du matériel de transport » est dotée d’une enveloppe de 164.000.000 FD, c’est-à-dire davantage que les budgets prévisionnels « Dépenses de matériel » des ministères de l’équipement et des transports ou celui de l’agriculture, sans doute pour entretenir les capricieux parc automobile et Boeing privé : on n’arrête pas la transhumance !
Restons-en là, concernant les anecdotes même si elles en disent à elles seules plus long que les promesses électorales, les discours et engagements officiels non suivis d’actes…
Nous apprenons à la page 2 de la présentation du budget prévisionnel 2004 que « … dans le domaine budgétaire, sur la base des projections établies à partir des neufs premiers mois, le déficit budgétaire prévisible en 2003 s’élèvera à 542 millions FD contre 3.7 milliards FD en 2002, soit une réduction du déficit public de 85%… ».
Quand on sait que les comptes définitifs de l’exercice 2002, n’ont toujours pas été adoptés par les mal-élus, nous sommes en droit de rester dubitatifs concernant ces projections qui nous semblent fantaisistes et contradictoires par rapport aux chiffres avancés par le n° 52 de « La Nation » du Lundi 30 Juin 2003 qui affirmait qu’ « à la lumière de tous ces éléments d’information, on se rend aisément compte que la hausse de 2% des recettes totales ne peut compenser la progression de 37% des dépenses totales d’où le déficit budgétaire de 2,203 milliards FD au 31 mars 2003.
A la même période en 2002, on ne parlait pas de déficit mais plutôt d’excédent budgétaire si minime soit-il, de 53 millions de FD… ». Le journaliste n’ayant fait que commenter les chiffres fournis par le ministère des finances, nous sommes sûrs que les experts de ce ministère s’empresseront de nous expliquer par quel miracle le déficit budgétaire prévisible pour 2003 s’élèvera à 542 millions de FD
Cette présentation nous append également que « le trafic portuaire a ainsi connu une forte augmentation de 39% et 37%, respectivement aux 1er et 2ème trimestres. Ces augmentations résultent principalement de l’accroissement des activités de transbordement liées à l’arrivée de nouveaux armateurs. Le transport aérien a pour sa part enregistré des hausses de 106% et 137% sur les 2 premiers trimestres de l’année 2003, comparé à la même période en 2002. Cette progression s’explique par les mesures de réformes initiées par le gouvernement avec la politique de «ciel ouvert» ainsi qu’au nouveau contrat de gestion privée de l’aéroport… ».
Si l’on ne peut que se réjouir de l’augmentation des trafics portuaires et aéroportuaires, cette augmentation doit davantage au contexte politique régional qu’au savoir faire émirati que personne ne remet en cause. D’autre part, nous continuons de penser que la gestion de ces établissements publics à caractère industriel et commercial aurait tout aussi bien pu être confiée à la Chambre de Commerce de Djibouti qui n’a rien à envier à qui que ce soit en matière de gestion, comme cela est courant à travers le monde.
Cette concession au capital privé étranger s’est faite au prix d’un humiliant aveu officiel de notre prétendue incapacité à gérer nous même nos instruments de développement économique.
Enfin, nous ne cesserons pas d’exiger que soit rendue publique la part en pourcentage que le concessionnaire doit annuellement verser à l’autre (heureux) contractant.
Le Ministre de l’Emploi et de la Solidarité Nationale affirmait il y a peu dans une interview accordée à la RTD que le Centre de Formation Professionnelle des Adulte (CFPA) ne répondait plus aux exigences modernes. Ah bon ?
Pourtant, à la page 4 du projet de Budget prévisionnel pour l’exercice 2004, il est explicitement écrit qu’ « outre les formations vers l’enseignement dit classique, les efforts du budget vont aussi à l’enseignement professionnel avec le renforcement du CFPA afin de doubler les effectifs formés en 2004 et en 2005 (le calendrier étant de passer de 200 adultes formés par an à 400 en 2004 et 800 en 2005). Le but étant de fournir aux jeunes de 18 à 30 ans n’ayant pas pu poursuivre leur scolarité, un bagage afin de les insérer dans le circuit économique. A travers ce programme, le gouvernement s’attaque à l’épineux problème du chômage des jeunes sans qualification dont le profil a été étudié dans le cadre des enquêtes et études réalisées du DSRP ». C’est à se demander s’il y a vraiment un timonier sur ce bateau : accordez au moins vos violons, messieurs les décideurs !
En tout état de cause, concernant ce volet formation, accordons au moins aux rédacteurs des lignes suscitées une présomption de bonne foi, puisque le budget prévisionnel du CFPA augmenté de 8.045.000 FD (huit millions quarante-cinq mille) pour les dépenses de personnel et de 10.000.000 FD (dix millions) pour les dépenses en matériel (pour l’acquisition de matériel technique). Si l’intention est louable l’enveloppe y affectée est insignifiante.
Quant au LIC, son budget se résumant à une peau de chagrin au regard de sa mission, reste égal.
Ceci nous amène à brièvement commenter le SNA (Service National Adapté). En attendant que nos décideurs politiques daignent figurer dans le Budget national l’incidence budgétaire de sa création, contentons-nous d’observer qu’il fait double emploi avec les structures déjà existantes normalement chargées de cette mission. D’autre part, le SNA est chargé de former en 3 ou 6 mois ou 1 an des « techniciens volontaires » dans des domaines aussi variés que la Santé (infirmiers), le BTP (maçons) etc. auxquels sont confiées leurs formations. Est-ce bien raisonnable ?
N’eût-il pas été plus rationnel de renforcer en moyens humains et matériels, les ministères depuis toujours chargés de cette mission ? Surtout qu’ils grincent des dents : comment former en si peu de temps avec si peu de moyens autant de « techniciens volontaires » ? Nous avons déjà eu l’occasion d’y consacrer un article, et cette trouvaille à un an de l’élection présidentielle prétend répondre, tout le monde l’a bien compris, à un souci électoraliste sans lendemain, maladroitement et hâtivement concocté pour être efficient.
Chiffres contradictoires, dépassements budgétaires bizarres, opacités,… décidément la Chambre des Comptes et de la Discipline Budgétaire à du pain sur la planche. Tout en vous éclairant sur les anomalies (restons polis ) des chiffres, nous invitons, faute de pouvoir la saisir, la Chambre de Compte et de Discipline Budgétaire à suggérer au Chef de l’Etat, seul destinataire de ses comptes rendus, des budgétaires plus rationnels et des comptes plus transparents.
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La jeunesse de notre pays, qui représente la majorité de la population est en mauvaise posture face aux défis de notre siècle. L’avenir de cette jeunesse devait être le souci permanent de nos gouvernants en matière de formation et d’éducation se trouve dans une situation de précarité pour des raisons dues particulièrement aux dysfonctionnements de l’enseignement djiboutien. Aujourd’hui plus qu’hier, une incertitude pèse sur la destinée cette catégorie sociale à cause de l’incapacité et au manque de volonté des pouvoirs publics en matière d’Éducation Nationale. Pourquoi cet état de fait, surtout après la tenue d’États Généraux au cours desquels les professionnels avaient clairement identifié les maux et proposé les remèdes ?
On l’entend souvent, l’Éducation Nationale reste officiellement une priorité de l’action gouvernementale et bénéficie pour ce faire d’un budget qui est passé de 3,2 milliards de nos francs en 2001 à plus de 7 milliards en 2003 (cf. loi rectificative 2003). Ce qui représente environ 25% du budget total de l’année écoulée auxquels il faut ajouter les différentes dotations multiformes (manuels, matériels, formations, financements, etc. ), ce secteur rentrant dans la catégorie définie comme cible et prioritaire par les pays riches dans leur politique de lutte contre la pauvreté au niveau planétaire. L’Éducation étant ainsi en charge de la lutte contre l’analphabétisme.
Aussi, pour l’année qui vient de commencer, le gouvernement table sur des investissements sur fonds extérieurs de 2,2 milliards FD auxquels s’ajouteraient 364 millions FD (contrepartie nationale des projets d’investissements programmés) et 304 millions d’investissements sur financement intérieur. Cette enveloppe programmée représenterait en fait plus du double des contributions supplémentaires de l’année qui vient de s’achever. Il est bien clair ici que cette somme ne tient pas compte des frais supportés par les milliers de parents d’élèves à chaque rentrée scolaire tant pour les manuels scolaires que pour des activités autres.
Nous livrons ici ces quelques chiffres surtout pour permettre au lecteur de situer la richesse de ce ministère qui ne correspond pas à son rendement, ses résultats restent médiocres par rapport aux dotations budgétaires dégagées par les contribuables djiboutiens et l’aide étrangère.
Mais d’ou provient donc cet important décalage ? En décryptant, les défaillances de notre système éducatif,il semble bien que sa médiocrité s’explique essentiellement par les pratiques politiques passées et présentes de l’État, lesquelles ont gravement détérioré les fondements de base de ce département ministériel considéré partout dans le monde comme sensible et fondamental, donc à protéger des enjeux politiciens et conjoncturels..
En effet, les Djiboutiens conviennent de la rigueur et de la qualité de l’Éducation et de la formation des Jeunes dans les établissements publics dans les années 1980. Vérité que confirment le professionnalisme et la compétence de nombres de jeunes cadres de ces années-là, travaillant dans l’Enseignement. Or, la désagrégation des conditions de travail, disent certains, aurait commencé au lendemain de la démission du gouvernement de deux ministres qui avaient fait la preuve de leur compétence dans ce département, en lui donnant toutes ses valeurs morales, matériels et techniques ; responsables, enseignants, élèves et parents assumant chacun sa part de responsabilité.
Ces départs motivés, par le refus de la logique de guerre du régime et de ses multiples conséquences sur la population civile, ne constituent pas une explication convaincante de l’état actuel de l’Éducation Nationale : il faut donc chercher dans l’état d’esprit du régime au début des années 1990.
La décennie écoulée avait été marquée par les revendications démocratiques. Le régime djiboutien, comme d’autres pairs du continent étant opposé à tout changement politique, ne pouvait tolérer les revendications des enseignants qu’il considérait comme « un affront » et plaçait, par conséquent, dans le même chapitre, le combat politique de l’opposition et les demandes des droits légitimement exigés par les enseignants, désormais organisés en syndicats, instances pourtant reconnues par la nouvelle Constitution de septembre 1992.
Résultat : l’Éducation a été sciemment cassée pour la simple raison que les revendications des enseignants tombant en pleine période de guerre civile, le régime considérait ces actions syndicales comme relevant plutôt d’un soutien politique à l’opposition armée et qu’il fallait réprimer.
Aussi, les élèves et les parents allaient en connaître les effets négatifs directs et immédiats de cette situation sur la structure et l’architecture de l’enseignement. Les pressions, répressions, arrestations et emprisonnements des enseignants, élèves et parents de ce département forment l’élément catalyseur de la «casse » politique de l’éducation nationale le régime ayant entrepris le remplacement des grévistes et autres sanctionnés de l’enseignement par des volontaires, communément appelés «mobilisés de l’éducation ». Loin de répondre aux profils exigés par ce métier, les postulants venant de divers horizons choquaient et démotivaient les élèves. A ce mercenariat local s’était ajouté celui des étrangers issus de plusieurs pays, venus combler le déficit en personnel enseignant généré par une politique agressive et irresponsable.
De telles conditions de travail ont ainsi provoqué l’abaissement de la qualité de notre enseignement, à quoi est venu s’ajouter la remise en cause des avantages acquis et des salaires des maîtres et professeurs. En plus de cette saignée financière l’impôt patriotique prélevé au profit de la guerre gouvernementale à contribué à la démoraliser les formateurs de nos progénitures, du fait qu’il obérait drastiquement le pouvoir d’achat d’une catégorie sociale culturellement prédisposée à une certaine forme de consommation.
Car ces hommes et femmes subissaient par ailleurs la disparition de diverses primes de leur bulletin de paie. Ce qui naturellement affectait lourdement leur niveau de vie, mais avaient eu aussi des effets graves sur leur état psychologique que n’arrangeaient pas les multiples humiliations quotidiennes de certains établissements publics tels que l’ONED et l’EDD qui pourtant ne pouvaient la situation financière de cette catégorie sociale sujette en plus à plusieurs mois d’arriérés de salaires.
Malheureusement pour notre Éducation Nationale, ces pratiques répressives et anti-sociales allaient produire des effets dévastateurs en cette année 1995. De nombreux enseignants de qualité ont émigré à l’étranger notamment en Europe et au Canada, ceux ou celles d’entre eux encore en fonction sont rongés par le découragement qui mine désormais le métier . Dans un tel contexte, l’enseignement est devenu la proie de certaines pratiques illicites, à chaque début et fin d’année scolaire, on voit des parents d’élèves consternés par les manières parfois osées dont leurs enfants ont été lésés au profit d’autres… mieux lotis.
Par ailleurs, l’inadéquation entre enseignement dispensé d’une part, le niveau et l’objectif attendus d’autre part, générée par la mise au placard de caution académique française à l’ensemble du système éducatif a énormément contribué à l’affaiblissement de la qualité de notre baccalauréat, condition sine qua non d’accès aux études supérieures. Les multiples accords bilatéraux passés avec un certain nombre de pays à formations et enseignements divers et divergents ne servent qu’à colmater l’énorme brèche laissée par une politique irresponsable.
C’est ainsi que sans une programmation cohérente en matière de formation scolaire ou universitaire basée sur les besoins réels du marché de l’emploi du pays, le régime se fourvoie à désengorger coûte que coûte et quel que soit le prix, un système éducatif désuet à travers des accords de coopération hétéroclites expédiant nos progénitures pour des études en Malaisie, Égypte, Yémen, Soudan, Libye, France, Indonésie, Inde, Pakistan, Madagascar, etc.
Ce mixage d’une autre dimension indispose le capital humain, moteur de tout développement, n’est certainement pas la solution à moyen et à long terme. Les États Généraux de l’Éducation tenus dans les conditions que l’on sait, contrairement à ce qui était recherché par les parents et les enseignants, n’arrivent toujours pas à atteindre les objectifs qu’ils s’étaient assignés. Les multiples problèmes élucidés lors de ces assises qu’ils soient d’ordre conjoncturel ou structurel, demeurent pour la plupart sans réalité pratique, à une année du fameux Plan d’Action de 2001/2005.
La médiocrité de l’enseignement, les échecs scolaires, les disparités de la formation, les déficits en manuels et autres matériels pédagogiques, le faible niveau des élèves en fin du cursus primaire, la disparité de l’enseignement entre les régions du pays, etc… obèrent toute possibilité d’amélioration en ce domaine. En effet, de par l’inefficacité de leurs conclusions, ces États Généraux ressemblent fort à aux illusions d’un professeur d’université qui fait une expérience sur une puce: Celui-ci pose la petite bête sur une table et lui ordonne de sauter ce qu’elle fit. Il lui arracha une à une les pattes et lui demanda de sauter. Constatant qu’elle restait immobile il conclut: « Extraordinaire, quand la puce n’a plus de pattes elle devient sourde ».
Dans ces conditions, il s’avère aujourd’hui que l’enseignement privé est en marche et sert de roue de secours à un système éducatif public en perte de vitesse. Cependant, nombreuses sont les familles qui ne peuvent se permettre ce luxe et qui sont contraints de « garder leur enfant à la maison ».
A ce chapitre des injustices en matière d’enseignement public nous ne pouvons passer sous silence l’inqualifiable atteinte à la scolarité des élèves originaires des zones affectées par le conflit. En effet, au mépris des accords de paix de 1994 et 2001, le régime à criminellement décidé d’ignorer la situation de ces scolaires en refusant d’appliquer la clause de rattrapage scolaire pourtant explicitement contenue dans lesdits accords de paix.
Conséquence de ce mépris, des centaines d’élèves du Nord et Sud-ouest de notre pays sont condamnés à la vie active et constituent donc le gros des chômeurs mineurs sans formation professionnelle abandonnés au khat et à la délinquance, proies faciles du pseudo programme de réinsertion des jeunes cyniquement baptisé Service National Adapté.
Quel gâchis encore !
Insécurité présidentielle
Quand la Police politique sabote la Paix
La comparaison est connue : le minuscule staff de l’UNFD (Union Nationale des Femmes Djiboutiennes) est nettement plus efficace que la gigantesque administration présidentielle. Si son cabinet civil attire parfois l’attention sur lui pour des raisons pas nécessairement grandioses, le cabinet militaire, s’occupant des aspects sécuritaires et fonctionnant dans une opacité très peu démocratique, n’en est pas moins contreproductif pour le développement économique et social. A tel point que, lorsqu’il prétend appliquer à sa manière certaines dispositions de l’Accord de Paix du 12 mai 2001, l’autre partie signataire que nous sommes est en droit de parler d’une véritable insécurité présidentielle, nuisant dangereusement aux fragiles acquis d’une concorde civile récemment retrouvée. Et qui gagnerait plus à être consolidée que sabotée par des manipulations électoralistes.
« Quand l’ombre du Pygmée s’étire, c’est que le soleil est près de se coucher » dit un proverbe d’Afrique de l’Ouest. L’importance démesurée que certains services de défense et de sécurité prennent dans la vie politique d’une Nation est révélatrice du degré d’instauration de l’État de droit et du respect des libertés publiques ou privées. Le rôle, pas vraiment constructif, joué par la sécurité présidentielle relativement à l’application sectaire des dispositions de l’Accord de Paix du 12 mai 2001, notamment en ce qui concerne l’incorporation des combattants du FRUD-armé au sein de l’AND, de la FNP et de la Gendarmerie ou pour tout ce qui a trait à l’indemnisation des anciens soldats, policiers et gendarmes, est inquiétant. Car, autant que l’irrespect par rapport à un engagement solennel, il montre une bien triste conception du pouvoir : nuire à son prochain, instrumentaliser la misère pour mieux manipuler la conscience et orienter le vote.
Discrimination partisane à l’indemnisation : telle semble être la tactique adoptée par les responsables de cette Sécurité présidentielle qui aurait abusivement et unilatéralement restreint le nombre des ayants droit tel qu’arrêté par les deux parties au sein de la Commission Paix Civile et Sécurité et consigné dans ledit Accord.
C’est-à-dire 130 candidats arbitrairement choisis selon des critères faciles à imaginer en cette période de frénésie électorale, alors que près de 250 anciens soldats, policiers et gendarmes avaient été normalement recensés, sous réserve de complément d’enquête que les différents corps devaient engager à leur niveau pour identifier tous ceux qui, au moment du conflit, s’étaient par principe placés dans la catégorie de « déserteurs ». Que ce soit en politique, en syndicalisme ou dans tout autre domaine impliquant de discuter avec des représentants, le problème, c’est que le régime préfère les clones et les usurpateurs : il ne veut ni ne peut faire face à la légitimité de ceux qui ont des principes à défendre.
Aux dernières nouvelles, ces postulants à l’indemnisation, regroupés au sein d’une association de défense de leurs intérêts, envisageraient de descendre dans la rue pour manifester leur mécontentement face à ces manipulations mesquines. Nous ne pouvons que les en dissuader, surtout aux abords du Palais Présidentiel : sa Garde manque parfois de sang-froid et va jusqu’à tirer sur d’anciens soldats, aujourd’hui handicapés de guerre ; comme si leurs chaises roulantes allaient se transformer en chars d’assaut.
Discrimination à l’incorporation : nous avons déjà eu l’occasion de porter cette affaire sur la place publique car il est inconcevable que les 295 incorporés du FRUD-armé soient encore victimes de ségrégation, comme s’ils n’étaient pas des citoyens à part entière. En premier lieu, c’est à se demander à qui appartient la Gendarmerie, tant son chef semble n’en faire qu’à sa tête, au mépris de l’État de droit et des engagements souscrits dans le cadre d’un accord de paix : il refuse catégoriquement de normaliser la situation de ceux qui ont été incorporés dans la force qu’il commande, les maintenant dans une position de « mobilisés » anachronique et un salaire de misère y correspondant.
Suprême provocation, il s’apprêterait même à en démobiliser quelques uns : nous le mettons solennellement en garde contre une aventure aussi hasardeuse. Quoique que meilleure au sein de l’Armée et de la Police, la situation des incorporés n’y est pas totalement stabilisée, uniquement par un manque de volonté politique trahissant, dans toute son étendue, l’absence des règles de droit, la prédominance du favoritisme et du caprice partisans, bref la transformation en milices privées des forces de défense et de sécurité censées normalement témoigner du plus grand respect pour les valeurs républicaines.
Tant que la primauté de cette règle de droit ne sera pas unanimement admise par l’ensemble du corps social, dirigeants comme administrés, militaires comme civils, il est illusoire d’espérer une pacification des mœurs politiques. Tout comme il est malheureusement normal que certains secteurs opaques prennent une importance aussi démesurée, au péril de la concorde civile.
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Dyarchie de la première pierre
Rééquilibrage institutionnel ?
Faut-il y voir une première application concrète de la promesse présidentielle d’un rééquilibrage des pouvoirs politiques annoncés à l’occasion du nouvel an 2004 ? C’est que laisse à penser la frénésie de la primature relative aux poses des premières pierres. Hier à Dikhil demain à Tadjourah, après demain à Khor-Angar ? C’est qu’en effet le Premier Ministre ces derniers temps très occupé à poser des premières pierres. Même si la constitution le confine à inaugurer des chrysanthèmes, cette surcharge de travail est remarquable et nous nous devions de le relever. Car, pour les Djiboutiens, le spécialiste incontesté de la pose de la première pierre (sans lendemain), c’est le Chef de l’État en personne.
A première vue, l’observateur mal avisé peut légitimement penser qu’il s’agit là d’une délégation de pouvoir allant dans le sens d’un rééquilibrage des pouvoirs au sommet de l’État : Faut bien commencer quelque part, et quoi de mieux indiqué que les fondations, même d’un stade ?
Quelques observateurs avisés, malins impertinents et fidèles lecteurs de « Réalité » voient une autre raison de ce transfert de compétences. En effet, les perspicaces n’oublient pas que notre journal s’est fait l’écho d’une lassitude populaire : à force de le voir monopoliser urbi et orbi la pose de la première pierre, le citoyen lambda avait décerné au Chef de l’Etat le titre de « spécialiste de la première pierre ». Car, concrètement à ces pierres-là, le Chef de l’État en campagne de réélection ne veut pas que ses actions de marketing politique restent sans lendemain. Comme une certaine première pierre d’un dispensaire à Khor-Angar, c’était en février 2002, on connaît la suite…
Aux dernières nouvelles, cette pierre s’ennuie mortellement. Mais, peut-être qu’en homme de culture (lui qui a tant officié en ce domaine au bureau politique du Rpp) il n’aimerait pas que Corto Maltesse soit dépaysé par la modernité des lieux, s’il devait un jour revenir dans cette région, au charme sauvage, mais désolée du nord d’Obock. Le héros de la bande dessinée d’Hugo Pratt connaît bien cette contrée puisque, dans les années trente, il avait été profondément marqué par une « conversation mondaine à Moulhoulé ».
En attendant, les malheureux ruraux de Khor-Angar sont privés de soins, tandis que le Premier Ministre pose à son tour des premières pierres… qui ont quelques chances de grandir, car ces projets sont financés par la coopération chinoise. En fait, en ces temps difficiles pour le régime, la pose de la première pierre est un exercice facile, permettant à des dirigeants impopulaires de parader dans des lieux où ils ne sont plus en odeur de sainteté. Géniale trouvaille politique que ces cérémonies des premières pierres : grâce à elles, les populations mécontentes sont aisément mobilisables au prétexte d’apporter leur bénédiction reconnaissante à un projet de développement, qui plus est destiné à la Jeunesse.
A cette occasion, ministres, mal élus et autres fonctionnaires courtisans font le déplacement en compagnie bien sûr des bailleurs de fonds étrangers, chaleureusement reçus sur place à coups de chants et de danses traditionnels organisés à leurs intention et outrageusement récupérés dans un but propagandiste. Par ailleurs, ces futurs chantiers financés par la générosité extérieure permettent au régime de créer quelques emplois à travers des embauches sélectives, comme cela est actuellement le cas pour les recrutements électoralistes du service national adapté.
Pour le Premier ministre, le déplacement de demain à Tadjourah constitue la réalisation d’un ancien vœu: retrouver sa ville natale à l’occasion d’un heureux événement. Grâce à la Chine populaire, sa ville aura un stade omnisport que son gouvernement n’a pas été capable de lui offrir. Malheureusement pour lui, les Jeunes de la Ville-Blanche savent que leur illustre concitoyen n’a pas été en mesure (malgré sa bonne volonté) de concrétiser une seule des pompeuses promesses faites lors de son dernier séjour sur place, c’était le 1er mai 2003. « Rendez-vous dans trois mois pour récolter les premiers fruits » leur avait-il alors lancé en installant à la hâte un pseudo comité de suivi, uniquement composé de ses rares partisans.
Huit mois après cet engagement solennel, aucun fruit n’a été récolté, parce qu’aucune graine sérieuse n’a été semée. Et le voilà qui revient cette fois-ci avec son éternel sourire, porteur d’un vrai cadeau : une installation sportive entièrement financée par un pays ami. La ruse est de taille, mais l’appât est trop gros et l’hameçon mal noué. A cette pêche politique au gros, les prises risquent d’être réduites au menu fretin. En politique, il est parfois plus judicieux de battre en retraite plutôt que de partir à l’assaut sans y être préparé. Si le catalogue des promesses mensongères de ce régime semble inépuisable, la patience des populations précipitées dans la précarité a ses limites. Ignorant cela, le mimétisme partisan pousse à copier des gestes symboliques autrefois dévolues au Chef de l’État.
Cela ne signifie nullement que l’influence du nouveau poseur de première pierre tend à s’accroître. Bien au contraire, une telle délégation des pouvoirs ne doit-elle pas plutôt donner à penser que la pose de la première pierre n’est plus une action si rentable que cela ? En effet, tout indique que le spécialiste de la première pierre a compris tout le risque politique des multiples premières pierres en souffrance de concrétisation depuis avril 1999, à Obock, Damerjog, Khor-Angar ou ailleurs. Il apparaît ainsi que la dyarchie observable dans la pose de la première pierre est l’œuvre machiavélique de celui qui prétend reculer pour mieux sauter. Car, c’est bien connu, reculer est plus facile et prudent que sauter, surtout lorsque des premières pierres inachevées jonchent la voie… présidentielle.
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