Réalité numéro 84 du mercredi 18 février 2004 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 84 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
LA POSTURE DE L’IMPOSTEUR : LA TRIBU CONTRE L’ÉTAT
En s’affranchissant de la tutelle coloniale, les Djiboutiens ont tout naturellement reconduit un modèle d’organisation politique et spatiale qui a mis des siècles à se mettre en place ailleurs : l’Etat-Nation. Que ce modèle ait été en quelque sorte tropicalisé par l’imposition du Parti Unique n’en rend que plus révélatrices ses deux implications majeures : coexister avec des groupements humains différemment constitués dans leurs traditions historiques d’une part, choisir autrement que par le passé traditionnel et insulaire les nouveaux dirigeants politiques d’autre part. Si l’on confronte ce schéma théorique aux réalités nationales concrètement observables, un constat s’impose, brutal : la coexistence entre les diverses composantes de la communauté nationale est d’autant plus conflictuelle que l’État qui les rassemble ne garantit pas l’intérêt général et que le libre choix des représentants politiques est saboté par la frange dominante du régime. Autrement dit, la Nation se construit d’autant plus difficilement que l’État devient un enjeu de luttes ( inégales du fait que la concurrence est truquée) entre groupes ethniques plutôt qu’entre classes sociales. Cet accaparement de l’Etat (donc des ressources politiques, économiques et coercitives qu’il procure) exige quant à lui d’insurmontables entraves administratives à la compétition électorale, une mise en suspens radicale de la Démocratie, essentiellement réduite à une comédie, un one-man-show (personnalisation du pouvoir oblige) qui ne trompe plus personne.
Ainsi, à défaut d’un électorat conquis sur la base d’un programme politique clairement défini, tout régime assurant sa survie par les fraudes cherche à susciter chez ses concitoyens l’identification la plus primitive : le groupe tribal. Et Djibouti n’échappe pas à cette généralisation du fait ethnique que l’on retrouve dans les États issus de la décolonisation en Afrique. Bien au contraire : alors qu’ailleurs les divers groupes ont connu des siècles de coexistence avant la colonisation, c’est uniquement depuis la création de la ville de Djibouti que les Djiboutiens se côtoient et vivent ensemble sous une même autorité politique et dans un même espace géographique.
Pas de Démocratie donc, mais seulement une imposture d’élites politico-administratives prétendant représenter des groupes tribaux. Pour devenir ce que Malinowski appelait « banquier d’hommes », la posture de l’imposteur est simple : dramatiser la différence en présentant l’Autre comme ennemi irréductible. Et, dans une perspective existentialiste, la rareté créant la violence, surtout lorsque la mauvaise gouvernance et le gaspillage des ressources nationales sont si fortement implantées, l’ennemi devient multitude, voisin. Une fois arrivé au pouvoir de façon illégitime, voire illégale, le discours de ce banquier clanique varie en fonction de sa position (donc celle de ses auditeurs) dans les rapports de force politique.
Aux uns, l’on dira : « l’État, c’est nous », en montrant, par exemple, la différence de traitement entre l’état d’abandon dans lequel sont laissées l’usine d’eau de Tadjourah (offertes à l’appétit des clients) et toute sa région d’une part, et le miracle irrationnel par lequel une nouvelle usine d’eau minérale sort de terre ailleurs. D’ailleurs, renchérira-t-on, l’on ne s’est même pas donné la peine de rendre l’hymne national compréhensible pour tous les citoyens.
Aux autres, l’on dira : « l’État, c’est eux ! Contentons-nous de ce qu’ils veulent bien nous donner. D’ailleurs, leur expliquera-t-on, «eux» n’ont même pas jugé utile de mettre l’hymne national à notre portée. Ou encore, leur dira-t-on, regardez tous ceux d’entre nous qu’«eux» nomment encore Kaar Dameer auxquels la citoyenneté djiboutienne est injustement refusée.
Dans l’Opposition réunie au sein de l’UAD, c’est parce que nous sommes intimement convaincus qu’une autre façon de faire de la politique est possible, que nous investissons sans hésiter dans le bon sens citoyen, la sagesse séculière et la maturité avérée des Djiboutiennes et des Djiboutiens. C’est la seule voie possible pour fonder la Nation djiboutienne et instaurer la Démocratie. Il suffit juste pour cela de démystifier les imposteurs au pouvoir et de croire en notre avenir commun. Nous sommes tous Djiboutiens avant tout et pour toujours !
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Brèves nationales
Cartes d’Identité :
Délivrance ou rétention ?
Depuis que le ministre de l’Intérieur a annoncé la reprise de la délivrance des pièces d’identité nationale, ce sont chaque jour des centaines de Djiboutiens lésés qui se présentent devant les bureaux de la direction de la population. Dès six heures du matin, chaque jour ouvrable, d’interminables files d’attente se forment dans une ambiance de frustration et d’inquiétude. En effet, la plupart de ces demandeurs retournent souvent chez eux sans pouvoir obtenir le précieux document qu’ils ont pourtant payé longtemps à l’avance.
Jeudi dernier, quelques dizaines d’entre eux particulièrement courroucées auraient bruyamment exigé d’être remboursées sans être entendues. Dans une administration particulièrement gangrenée par la corruption, la notion de service public a disparu, laissant place à l’intérêt personnel et aux passe-droits. Qu’attend le ministère de l’Intérieur pour mettre un peu d’ordre dans cette maison en pleine décrépitude ? A ce rythme, la colère qui gronde risque de dégénérer en émeute.
La mauvaise gouvernance ambiante se donne ainsi à voir dans sa plus cynique expression. Un régime aussi peu capable de délivrer des pièces d’identité à ses citoyens a tout simplement démissionné de ses obligations. Lamentable !
Médias partisans :
L’esbroufe ne passe plus !
Selon des sources dignes de foi, le régime en pré-campagne électorale chercherait à étoffer son arsenal de propagande dans le fol espoir de reconquérir un électorat perdu parce que fatigué de l’esbroufe.
Après l’acquisition par la Présidence, il y a quelques temps, d’un studio privé, le pouvoir plancherait actuellement sur le lancement prochain d’un nouveau journal maison destiné, parait-il, à contrer la communication politique de l’opposition. En effet, il se murmure que le grand chef mécontent de leurs contre performances aurait dernièrement tancé les plumitifs partisans incapables selon lui de crédibiliser les points de vue du régime.
Avec un tel passif impossible à occulter le régime ne pourra pas renverser la vapeur, même s’il faisait appel aux cabinets de relations publiques installés aux États-unis. Autant chercher à décrocher la lune. Car comme chacun le sait, la réalité vécue au quotidien est toujours plus éloquente que les meilleurs discours.
Presse nationale :
Inflation des titres
Dans le premier numéro d’Aysenno, journal du FRUD du temps du maquis, nous commentions, en la saluant, la prolifération des journaux d’opposition au lendemain du déclenchement de la lutte armée. Ce retour du refoulé (la presse était libre, indépendante et « plurielle avant l’Indépendance), était dû, nous semblait-il, au sacrifice des combattants du FRUD, toutes tendances confondues. De tous les titres de l’époque, il ne subsiste plus aujourd’hui que notre confrère «Le Renouveau», que nous félicitons pour sa longévité et la constance dans la parution.
L’apparition de « Réalité » dans la presse écrite djiboutienne a, croyons-nous, suscité, sinon des vocations, du moins ouvert les yeux à nombre de nos concitoyens sur l’utilité de communiquer sans passion. Nous constatons et apprécions la floraison des journaux d’opinion ou autres qui faisaient cruellement défaut à notre univers médiatique. Nous ne pensons évidemment pas aux lucioles paraissant le temps d’une campagne de dénigrement ou vendre un projet sans lendemain. C’est la parution récente, et que nous souhaitons durable, des organes de presse du syndicat des travailleurs du Port, du Pôle universitaire, ou encore édités par le CRIPEN, divers bulletins du MENESUP dont « Educ-Info ».Tous nous éclairent et enrichissent tous ceux qui sont curieux de la chose publique.
En attendant que le gouvernement daigne appliquer l’article 14 de l’Accord de Paix du 12 mai 2001, portant sur la liberté de la presse, et agréer la création des radios libres. Encore faut-il pour cela qu’il respecte la Loi relative à la communication et mette en place la commission prévue à cet effet.
LES DEVOIRS DU CITOYEN
La Démocratie n’est pas seulement une amélioration institutionnelle sur le papier : c’est avant tout une prise de conscience agissante de chacune et de chacun. Nous devons tous participer aux grandes étapes qui marquent le développement politique de notre pays. Ces étapes, ce sont bien entendu, les échéances électorales à venir, lors desquelles se déterminera l’avenir de notre pays.
Le changement que toutes les Djiboutiennes et tous les Djiboutiens espèrent ne peut venir que de la mobilisation de toutes et de tous.
Il est donc du devoir de chaque électrice et de chaque électeur de se prémunir contre l’ « abstentionnisme » forcé que représente le défaut de carte d’électeur.
Inscrivez-vous sur les listes électorales de votre circonscription !
Exigez votre carte d’électeur et votre carte d’identité nationale si vous n’en avez pas !
Un électeur qui ne remplit pas son devoir électoral est tout simplement un citoyen qui déserte de ses obligations vis-à-vis de sa Patrie.
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Dockers du Port de Djibouti : malléables, corvéables et bastonnés
Pour avoir osé réclamer leurs droits légitimes à la Direction du Port, des dockers ont été victimes d’une répression policière et judiciaire sans précédent dans notre pays. Travaillant comme journaliers manutentionnaires au terminal à conteneurs depuis des années, voire près de deux décennies pour certains, jusqu’au jour où la Direction de Djebel-Ali, qui gère le Port, leur a proposé de les employer désormais comme salariés à plein temps plutôt que comme journaliers relevant du statut professionnel des dockers. Ces derniers s’en sont félicités et attendent qu’on régularise leurs situations professionnelles sur de nouvelles bases comme promis. Récit d’une violation des droits syndicaux et de la législation sur le travail.
Une nouvelle donne pointe son nez. Il n’est plus tout d’un coup question à la Direction du port de recruter ces dockers mais de les remplacer par des nouvelles recrues. Dès lors, des interventions fusent de tous les horizons pour essayer de placer les leurs. Aussi pour justifier cette spoliation en règle d’un droit acquis depuis tant d’années par ces pauvres dockers, qui eux n’ont personne pouvant valablement intervenir en leur faveur afin qu’ils puissent conserver leur emploi, la Direction du Port sollicite le concours du tristement célèbre Chef de Service du Bureau de la Main-d’œuvre (BMDO), pour les dissuader.
Ce dernier propose à ces dockers d’autres affectations de travail, de nature douteuse, d’ailleurs jamais concrétisées par la suite, en les invitant à ne plus prétendre à ce qui leur avait été promis, au motif fallacieux qu’ils n’y ont pas droit. Pourquoi ? Allez savoir !!! Les dockers ne comprenant plus, refusent d’être bernés de la sorte : ils exigent de continuer à travailler au terminal à container et à exercer le travail pour lequel ils sont depuis longtemps qualifiés et expérimentés. Employés du Port ou pas, ils veulent garder leur emploi.
Alors d’autres chefs de service se mêlent également et de nouveaux arguments et prétextes sont invoqués pour les décourager d’y postuler : tels que les problèmes d’âge, de niveaux scolaires, de pièces d’identité. Ce qui ne les convainc pas davantage. Enfin, après moult tentatives de négociations, les unes après les autres avortées, le spécialiste des dockers qui s’avère être le sémillant Chef de Service du BMOD, trouve enfin une formule d’arrangement en guise de palliatif. « Vous serez indemnisés par le port pour tant d’années de service effectués au terminal à container et vous serez affectés en tant que dockers vers d’autres lieux de travail que le terminal lui-même » leur aurait-il suggéré en fin de compte.
Et pour ceux qui après cette proposition « alléchante » continuent à camper encore sur leur position, comme cela se fait couramment au BMOD pour mettre au pas des dockers vindicatifs : retrait définitif de la carte de docker. Ainsi, du jour au lendemain, plusieurs dockers perdent leur statut d’employés et sont condamnés à l’indigence forcée, sans aucune possibilité d’exercer au Port. Aussi, devant une telle mesure de dissuasion, qu’ils redoutent pour en avoir déjà été plusieurs fois victimes pour certains, la majorité d’entre eux cède et accepte la solution imposée du chef du BMDO, bien que pas du tout convaincante. Nouvelle période d’attente et pas de signe, ni de nouvelles de ces indemnisations promises. Ils reprennent donc l’offensive et revendiquent la concrétisation de cette énième promesse. Mais en vain. On ne daigne même plus les recevoir.
Ulcérés, ils décident alors de réclamer collectivement leurs droits en se présentant devant le bureau du Directeur Général. Mal leur en prit. Les forces de l’ordre les dispersent brutalement, les enjoignant de déléguer quelques uns (en tout sept dockers furent désignés par leurs pairs) pour faire valoir leurs droits. Et dans la foulée, la police interpelle quelques dizaines d’autres dockers qu’elle incarcère sans autre forme de procès afin de les intimider, au centre de détention de Nagad. Quant aux sept représentants désignés dont l’un serait depuis porté disparu, ils se sont vu transférés manu militari à la Brigade Criminelle de la FNP où ils subissent un interrogatoire musclé sans discontinuer du 26 au 28 janvier dernier). Après cette garde à vue, ils ont été déférés au Parquet qui, aussitôt, les expédie à la prison civile de Gabode en dépôt. Cette détention durera jusqu’au 15 février, date à laquelle ils seront condamnés à six mois de prison avec sursis par le Tribunal de Première Instance, comme de vulgaires délinquants. Entre temps, ceux qui avaient été mis en détention préventive à Nagad ont été relâchés quelques jours après.
Mais, la veille de leur procès, Gabode a été le théâtre d’une hystérie répressive. En effet, dans la journée du 14 février, un lieutenant de la Brigade Criminelle de la FNP, un certain Mohamed Ismaël arrive à Gabode et pénètre dans la cellule où sont détenus les dockers, en leur intimant l’ordre de lui signer un document. Ils refusent de se plier à ses exigences, malgré les menaces et les empoignades pour les impressionner. Devant leur refus, il en extrait un de la cellule et le traîne par force jusqu’à un endroit isolé de la prison centrale : un bureau mis à sa disposition à cet effet. De nouveau il présente le document à signer au détenu qui n’est autre que Cheikh Mohamed Walo. Il lui aurait présenté un document dans lequel il est stipulé que « les dockers renoncent définitivement aux prétendus droits qu’ils réclament à la Direction du Port » sic et resic !!!
Et devant son refus, il l’aurait battu et torturé en présence d’un témoin (le Lieutenant Moussa de la prison de Gabode) qui serait au moins coupable de complicité passive dans cette affaire. Résultat : le prisonnier s’est retrouvé avec la main gauche brisée au niveau du coude (fracture ouverte) et la poitrine défoncée. Suite à cela, le prévenu n’a même pas eu droit aux soins d’urgence, bien qu’on l’ait transporté aux Urgences de l’Hôpital Peltier et que son nom ait été consigné à cet effet sur le registre. Malgré son état, il a été déféré souffrant au Tribunal le 15 février , avec ses co-détenus.
A l’heure où des experts en Droits de l’Homme peinent à enseigner à nos policiers le respect des droits humains, à Djibouti-même, dans le cadre de leur métier, le zèle de certains policiers à les piétiner dans l’exercice de leur fonction, est un contraste assez révélateur de l’image de ce régime de non droit. Aux dernières nouvelles, le docker torturé aurait déposé une plainte contre son bourreau.
Mais reste à savoir si la Justice djiboutienne fera convenablement son boulot en poursuivant des tortionnaires patentés du régime
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Tous les budgets de l’État depuis 2000 nous répètent que l’Éducation Nationale constitue une priorité gouvernementale. La loi n°96 du 10 août 2000 portant orientation du système éducatif proclamait pompeusement : L’École obligatoire pour tous jusqu’à seize ans ! Répétitions et slogans ne sont pas démonstration. Comme chacun pourra le constater dans les lignes qui suivent, la pratique gouvernementale en la matière démontre le contraire.
Prenant le Ministre à son mot écrit dans la lettre du Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement supérieur, parue dans le n°1 d’’ « Educ-Info » de janvier 2004, le propos de ces lignes, avec le minimum de commentaires de notre part consiste à comparer les incantations gouvernementales aux faits sacrés et incontestables, et chiffres officiels. Le Ministre écrit dans sa lettre : « Tous les responsables de mon département, de même que les usagers de l’école, ainsi que tous nos partenaires. Tout le monde aura droit à la parole… C’est donc dans cet esprit que je vous adresserai, tous les 15 jours cette lettre dans l’attente, comme il est d’usage, de recevoir des réponses. J’attendrai donc vos réactions, qui seront d’ailleurs reflétées dans « Educ-Info »…. » Voici nos réactions :
Première remarque significative, les usagers de l’école, des parents d’élèves, nous ont réservé la primeur de leur réaction et continuent de faire le siège de notre rédaction nous faisant part de leur désarroi et surtout de leur colère. Toutes couches sociales confondues, leurs doléances portaient sur les points suivants :
– Photocopies des cartes nationales d’identités des deux parents : quand on sait avec le Ministre de l’Intérieur que « des notables inscrits sur les listes électorales ne disposaient pas de C.N.I », pourquoi conditionner l’inscription de leurs progénitures à la fourniture par les deux parents de ces pièces là ?
– Certificats de Résidence : Relevons avec notre confrère « le Renouveau », que le « fonctionnement chaotique des arrondissements et autres districts n’est pas de nature à faciliter la délivrance des certificats de résidence ».
– Enfin, la dernière condition imposée aux élèves et leurs parents est censitaire : Une facture de l’EDD ou de l’ONED.
Ulcéré, un parent d’élève nous disait : « Si on les laisse faire c’est un abonnement à Djibnet qu’ils exigeront demain ! ». Rappelons à Monsieur le Ministre que ses exigences ne peuvent être remplies à Djibouti que par les usagers de la Nativité….et du Lycée Guelleh Batal, pour ne citer au hasard que ceux-là. Si nous insistons sur ce sujet, c’est parce que le Ministre « attache beaucoup d’importance à l’application scrupuleuse de ces consignes».
Si, qu’à Allah ne plaise, elles étaient scrupuleusement appliquées, elles conduiront à exclure du système éducatif les plus démunis d’entre nous. Cette marginalisation est en totale contradiction avec le discours du Premier Ministre le jour de l’Aîd el Adha qui affirmait en toute bonne foi : « Il est de notre responsabilité d’aller vers les plus démunis!». C’est d’autant plus aberrant que beaucoup d’établissements scolaires ne sont pas alimentés en eau et électricité dans les zones rurales et certains ne le sont qu’en partie dans la capitale ( P.K 12). Cela relève même de la tragi-comédie quand « La Nation » se fait impudemment l’écho, photos à l’appui, de la réfection d’une cantine scolaire par l’Armée Française ici, ou la remise en état d’une école par l’U.S. Army, là.
Tout récemment à Gabode la participation financière des parents d’élèves aurait été sollicité pour la réfection de la toiture et des toilettes d’une école ; alors qu’ils contribuent systématiquement aux frais de gardiennage qui, normalement, ne relèvent nullement de leurs portefeuilles. Si, dans ces conditions, l’Éducation Nationale est une priorité gouvernementale, qu’en est-il des autres postes budgétaires ? Sur la base de ces chiffres de l’année scolaire 2001-2002, nous avons tenté de calculer l’impact négatif de ces nouvelles mesures du MENESUP préconisées pour la rentrée prochaine. Par conséquent, en respectant très scrupuleusement les consignes du Ministre, ses vœux affecteraient plus de 4.000 enfants de la Capitale.
A ce chiffre s’ajoutent, en ne tenant pas compte du taux de progression des inscriptions de 2001 de l’ordre de 4%, environ 1.176 enfants en âge de scolarisation en Classe d’Initiation ne seraient pas accueillis à la prochaine rentrée, pour la simple raison qu’ils habitent dans une zone qui n’est pas desservie par l’EDD et l’ONED. Il est également important de relever que, sur les 178 classes de CI que compte le pays, au moins 41 seraient affectées par ces mesures aussi révoltantes que discriminatoires. Ce qui représente un taux de 23%, soit environ ¼ de l’ensemble. Quant aux effectifs touchés, ils sont de l’ordre de 12%, variable aussi importante qui ne tient pas compte du nombre élevé de foyers de la Capitale touchés par les nouvelles consignes du Ministre de l’Éducation Nationale.
En définitive, il s’avère que plus de 5.000 nos enfants en âge d’être scolarisés seront ipso facto écartés en septembre prochain, chiffre qui se situe à plus de 50% des inscriptions de l’année 2001 (Districts de l’Intérieur et y compris Djibouti-rural) de 10.358, pour la simple raison que les parents n’ont, soit pas les moyens financiers pour se payer le luxe des branchements à l’EDD et à l’ONED, soit installés dans une zone géographique non desservie par ces deux services chers au Ministre de l’Éducation.
L’article 17 de l’Accord de Paix du 12 mai 2001 prévoyait un « soutien scolaire renforcé aux enfants des zones affectées par le conflit armé ». Or, à la page 46 de l’agenda officiel 2004, destiné comme les autres à la consommation extérieure, l’on peut lire : «la scolarisation progresse dans toutes les régions du pays, mais demeure particulièrement faible au niveau des quatre districts où le taux brut de scolarisation varie entre 20,6% et 30,5%. Il apparaît aussi que de profondes disparités d’accès à l’éducation primaire existent entre le milieu urbain (52,9%) et le milieu rural (12,4%)». CQFD, sans commentaire.
L’Education nationale, la Santé sont partout dans le monde des postes ministériels exposés, c’est pourquoi nous avons toujours ménagé nos critiques ( sauf flagrante bêtise ) envers leurs responsables car l’exercice de ces responsabilités est il vrai très difficile.. Nous respectons tous ceux qui ont en charge l’avenir de nos enfants.
Que M. Le Ministre agrée donc l’expression de nos critiques constructives.
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Sociographie des officiers djiboutiens
La réalité est incontournable
Nous n’avons cessé d’avancer que les institutions civiles et militaires de la République de Djibouti devaient absolument refléter, dans leurs effectifs, la diversité des composantes de la communauté djiboutienne. A l’appui de cette représentativité équitable, nous partons d’un postulat aussi simple qu’inébranlable : l’intelligence est la chose la mieux partagée au monde. C’est ce refus d’un peuple élu supérieur aux autres qui est au fondement de l’article 15 de l’Accord de Paix du 12 mai 2001, stipulant en son point b : « Les institutions civiles et militaires de la République de Djibouti refléteront équitablement, dans le respect des qualifications requises, par leur effectif, encadrement et hiérarchie, la pluralité des communautés composant le Peuple Djiboutien ». Dans le numéro de la semaine dernière, nous avions proposé à nos lecteurs un tableau des 174 officiers supérieurs et subalternes de l’Armée Nationale Djiboutienne, classés par grade et groupe tribal, en reportant la solution au présent numéro. Mais, convaincus avec la sagesse chinoise, qu’ «il vaut mieux enseigner à pêcher que de donner un poisson à manger», voici encore mieux que de dire qui est quoi : la liste nominative complète de ces 174 officiers, classés par grade au 27 juin 2000. Djibouti étant un microcosme, à chacun d’établir la représentation de chaque groupe. Proposition citoyenne : que nos lecteurs/militants se regroupent de façon pluriethnique et contradictoire. C’est le plus sûr moyen pour approcher la réalité.
Avant de laisser le lecteur face à son jugement critique, quelques précisions s’imposent, que ce tableau ne dévoile pas forcément.
S’il est facile de déterminer qui appartient à quel groupe, il est fondamental de remettre les chiffres dans leur contexte historique. Ainsi, des 174 officiers de l’AND rescapés du destin au 27 juin 2000 (certains sont morts, quelques uns sont partis à la retraite et d’autres ont été radiés pour cause de « coup d’état » ou de rébellion), il s’agit de savoir qui a été recruté à quelle époque. A l’examen de cette variable chronologique, il apparaît que pour moitié (88 sur 174), ces officiers sont de la promotion 1977. Ceci mérite explication. En effet, les officiers recrutés à cette époque au sein de l’AND provient de deux origines : les transvasés de l’armée coloniale et les cadres du FLCS. Ce serait donc faire injure à l’Histoire que de prétendre que l’intolérance s’est installée dès le 27 juin 1977 : les tentatives visant à assurer un certain équilibre ethnique au sein de l’Armée, de la Police et de la Gendarmerie se sont heurtées à la politique de la chaise vide prônée par le MPL, qui estimait impossible de coexister ainsi avec les autres composantes de la communauté djiboutienne et accusait la LPAI de vouloir sournoisement « somaliser » le pays. La sanction de l’Histoire est sans pitié pour les erreurs politiques de cette envergure : que les adeptes de cet ostracisme se retrouvent être aujourd’hui les plus solides piliers d’une intolérance qui s’est renforcée depuis 1999 en dit long sur l’immaturité de ses adeptes et les retrouvailles des extrêmes
Profitant de cette fuite sans issue, le régime issu de la décolonisation a cherché à consolider ses bases armées. en contrôlant l’Armée, la Police et la Gendarmerie, relevant dans les faits du chef de cabinet de la Présidence. Pour assurer cette mainmise, des postes ont même été créés : Directeur de la Gendarmerie puis Secrétaire Général du ministère de la Défense. Postes à l’époque occupés, ceci explique cela, par l’actuel Président du Conseil Constitutionnel et qui ont disparu depuis.
Ce qui explique, enfin, que l’actuel régime, héritier de cette ségrégation, n’ait absolument pas cherché à réduire ces inégalités, bien au contraire : dans l’administration comme dans la Gendarmerie ou l’AND, les citoyens ne sont pas égaux. On s’en doutait.
NOM001. FATHI AHMED HOUSSEIN
002. ZAKARIA CHEIK IBRAHIM 003. ALI SOUBANEH CHIRDON 004. HASSAN AIL KAMIL 005. HOUSSEIN DJAMA IBRAHIM 006. MOHAMED DOUALEH SED 007. OMAR BOUH GOUDADDE 008. OSMAN NOUR SOUBACKLEH 009. YACOUB HASSAN SAID 010. YOUSSOUF KAYAD GUELLEH 011. ABDOURAHMAN ABDI DEMBIL 012. ABDOURAHMAN ADEN CHER 013. ADEN ALI AHMED 014. AHMED HASSAN BOULALEH 015. DAHER ADEN ABRAR 016. HAISSAMA MOHAMED HOUMED 017. MADIAN MOHAMED SAID 018. MOHAMED OUTEH ROBLEH 019. MOUSTAPHA ALI HANDOULEH 020. ABDOULGABAR IBRAHIM HASSAN 021. ABDOUL-ILAH AHMAD ABDI 022. ABDOULKADER ALI ABANEH 023. ABDOULKADER MOUSSA HELEM 024. ADEN OKIEH BOUH 025. AHMED YOUSSOUF BALAH 026. ALI ABDILLAHI IFTIN 027. AMIN ATTEYEH ABDI 028. ELMI FARAH ABANEH 029 HASSAN DJAMA FARAH 030.IBRAHIM ABDILLAHI GUELLEH 031. MOHAMED AHMED FARAH 032. MOHAMED ALI FARAH 033. MOHAMED ALI OBSIEH 034. MOHAMED ELMI HABANEH 035. MOHAMED IBRAHIM MOUSSA 036. MOHAMED KAYAD GUELLEH 037. MOUSSA HAMADOU GOUNDOUS 038. NACHAT FATHI AHMED 039. NASSER ADEN GUIRREH 040. OSMAN ADEN AMAREH 041. OSMAN DOUBAD SOUGOULEH 042. OSMAN HASSAN MOUSSA 43. SAID ALI OMAR 044. YOUSSOUF HOUSEIN LOH 045. ABDILLAHI OMAR HOCHE 046. ABDOUL-WASAH MOHAMED 047. ABDOURAHMAN MOUSSA ROBLEH 048. ABOUBAKER SADIK ABDILLAHI 049. ADEN FOUAD DAHER 050. ADEN MIGUIL DIRANEH 051. AHMED ABIDID BILEH 052. AHMED ALI BOUH 053. AHMED ALI ROBLEH 054. ALI ADEN HOUMED 055. ALI DIRIEH EGAL 056. ALI HAMID HASSAN 057. ALI HASSAN FARAH 058. DAHER MERANEH ARREH 059. DJAMA ALI FARAH 060. FOUAD ELMI WAISS 061. FOUAD MOHAMED ALI 062. HOUSSEIN ASSOWEH KIDAR 063. IDRISS OMAR ELEYEH 064. ISMAEL ABSIEH SAMATAR 065. MAHISSO MOUSSA ARAÏTA 066. MOHAHED BARKAT ADEN 067. MOHAMED ELMI MOUSSA 068. MOHAMED IBRAHIM ADJEB 069. MOHAMED YOUSOUF MAHAMADE 070. NAGUEYEH SAID GUELLEH 071. OMAR SAID KHAIREH 072. SAID AWALEH DOUALEH 073. TAHER ALI MOHAMED 074. WAHIB MOUSSA KALINLEH 075. YACIN AHMED SOUGUEH 076. YOUSSOUF ABDALLAH ALI 077. YOUSSOUF ABDO HACHIM 078. ABDOURACHID MOHAMED KAYAD 079. ABDOURAHMAN RAYALED HARED 080. ADEN DOUALEH WARSAMA 081. ADEN HASSAN GALAB 082. AHMED DJAMA GUELLEH 083. AHMED KALINLEH ABDI 084. AHMED SAID GUEDI 085. AHMED WAIS EGAL 086. ALI BOULALEH YABEH 087. ALI NOUHO ABDOUL 088. BOGOREH SAID ALI 089. CHAKIB ALI MOHAMED 090. GUEDID BAHDON FARAH 091. HASSAN ABDILLAHI MOUSSA 092. HASSAN MOHAMED HASSAN 093.HASSAN MOUSSA OFLEH 094. HOUMED MOHAMED ALI 095. HOUSSEIN MOUSSA HASSAN 096. IBRAHIM ALI FARAH 097. ISMAEL HOUSSEIN ABOUBAKER 098. MAHAMED HERSI OMAR 099. MAHAMOUD ABDI AHMED 100. MOHAMED AWALEH HASSAN 101. MOHAMED FARAH DAHER 102. MOHAMED GADITTO MOHAMED 103. MOHAMED WAIS ABANEH 104. MOUSSA ALI ABSIEH 105. MOUSSA MOHAMED MOUSSA 106. NAGUEYEH RAGUEH ACHKIR 107. OMAR ALI GUEDI 108. OMAR IBRAHIM HALASSE 109. OMAR MERANEH ASKAR 110. OMAR MOHAMED ALI 111. OSMAN GUEDI DJAMA 112. RADWAN DJAMA ABDI 113. RAMZI MAHAMOUD SOULEIMAN 114. ROBLEH DJAMA ROBLEH 115. SAMIREH ADEN AHMED 116. YOUSSOUF IBRAHIM HASSAN 117. ABDI ALI GOD 118. ABDILLAHI MOUSSA OMAR 119. ABDOULKADER MOHAMED ARREH 120. ABDOURACHID MOUSSA ISMAEL 121. ABDOURAHMAN HARED BOUH 122. ABDOURAHMAN HASSAN IBRAHIM 123. ADEN AWALEH MEAD 124. AHMED ILTIREH WAIS 125. AHMED MOHAMED BADRI 126. ALI ABDILLAHI BOUH 127. ALI BOUH GUELLEH 128. ALI HOUSSEIN ABDI 129. ALI ISMAEL EGAL 130. AMER ABDOULAZIZ HASSAN 131. ARAÏTA HOUMED EBILE 132. DJIBRIL KAYAD DARAR 133. ELMI ALI WAIS 134. HAMED HASSAN MOHAMED 135. HASSAN OBAKAR IBRAHIM 136. MAHAMOUD ADAWEH ROBLEH 137. MAKTAL MAHAMOUD HASSAN 138. MOHAMED AHMED OMAR 139. MOHAMED DJAMA DJILAL 140. MOHAMED ISMAEL DOUBAD 141. MOHAMED MEAD OSMAN 142. MOHAMED OMAR ASSOWEH 143. MOHAMOUD ABDI AMER 144. MOUSSA ALI DARAR 145. MOUSSA BOULALEH WABERI 146. MOUSSA MOHAMED MOUSSA 147. SAID MOHAMED BOUKA 148. SAMIR ADEN CHEIK 149. WAGDI DJAMA MOUSSA 150. WAIS OMAR BOGOREH 151. ABDOULRACHID ALI ROBLEH 152. ARAFAT YOUSSOUF HOUSSEIN 153. ELMI BILAH ALAMGAN 154. HASSAN ELMI HOUDON 155. HOUSSEIN GAMAYE ASSOWEH 156. NOUR AWALEH BODEH 157. ABDI ATTEYEH WAIS 158. MOHAMED IBIRO MOHAMED 159. ELMI HERSI DJAMA 160. SAID DAHER WABERI 161. ABDIGANI MOHAMED ISMAEL 162. AHMED DAHER DJAMA 163. BOUH ABDI KHAREH 164. DAHIR HASSAN ABADID 165. ELMI ROBLEH OMAR 166. HASSAN ABDOURAHMAN ADEN 167. HASSAN WARSAMA MIREH 168. MAHAMOUD MOMIN ABDI 169. MOHAMED ATTEYEH ABDI 170. MOHAMED KAYAD NADJI 171. MOHAMED SAID SALEM 172. NIDAL GHALEB MOKBEL 173 OSMAN OBSIEH HOCHE 174. SAID WABERI HAROUR |
GRADE GENERAL GENERAL COLONEL COLONEL COLONEL COLONEL COLONEL COLONEL COLONEL COLONEL LT-COLONEL LT-COLONEL LT-COLONEL LT-COLONEL LT-COLONEL LT-COLONEL LT-COLONEL LT-COLONEL LT-COLONEL COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT COMMANDANT CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE CAPITAINE LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT S-LIEUTENANT ASPIRANT ASPIRANT ASPIRANT ASPIRANT ASPIRANT ASPIRANT ASPIRANT ASPIRANT ASPIRANT ASPIRANT ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER ELEVE-OFFICIER |
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Armée djiboutienne contre médecins égyptiens à Peltier
Sans même remonter jusqu’à la reine Hatshepsout, chacun peut mesurer à son inestimable valeur la portée des liens historiques qui nous lient à l’Égypte. Ainsi, dès les premiers mois de notre Indépendance, avec la visite effectuée à Djibouti par Hosni Moubarak, alors vice-Président, la République Arabe d’Egypte a mis en place une coopération multiforme au profit de notre pays, peut-être sans égale dans la Ligue des Etats Arabes et ceci dans les domaines les plus vitaux tels que la Santé ou l’Éducation. Malheureusement, certains agents de l’État, civils et militaires, très peu respectueux du sens de l’État et apparemment assurés d’une impunité qui ne peut que discréditer nos institutions, ont physiquement mis à mal cette assistance technique, en s’en prenant d’une façon inadmissible à un médecin égyptien en service à Peltier. Agression qui ne peut manquer d’inquiéter l’ensemble des coopérants affectés en République de Djibouti.
Jeudi 12 février, aux alentours de 11 heures, le docteur Tarek Razek, médecin égyptien en service à l’Hôpital Général Peltier, s’apprête à pratiquer une césarienne sur une parturiente en difficulté. Pour cela, il demande l’assistance du médecin-anesthésiste, le docteur Madian Mohamed Saïd, qui se trouve être de surcroît officier de l’Armée Nationale Djiboutienne. D’après nos informations recueillies dans le milieu médical, ce dernier, prétextant l’heure tardive, aurait refusé l’opération et ordonné au médecin égyptien de ne rien entreprendre, malgré l’état physique de la femme sur le point d’accoucher. Devant l’insistance du coopérant égyptien, le médecin djiboutien a fait appel à des soldats de l’AND dans le but avoué d’empêcher l’opération.
Ceux-ci arrivent immédiatement sur les lieux et six de ces militaires djiboutiens se mettent alors à battre furieusement le gynécologue égyptien dans le bloc opératoire. Agression physique dont les soins ont nécessité, entre autres, dix points de suture sur le crâne de la victime. Sur ces entrefaites, son collègue le docteur Sahfaan, lui aussi égyptien, travaillant à Peltier en qualité de contractuel, s’empresse d’évacuer le blessé sur l’ambassade égyptienne, dont le personnel se précipite à l’Hôpital Peltier pour exactement comprendre les raisons d’une telle agression, si raisons il y a.
Mais la machine de l’absurde ne s’arrête pas là : le docteur Sahfaan est suspendu par l’administration de Peltier le jour même et ordre lui est intimé d’évacuer sur-le-champ son logement de fonction. Pratique dont la banalité n’a d’égale que la fréquence, son salaire a également été suspendu en un temps record. Voilà pour les faits : inutile de dire que nous condamnons avec fermeté cette agression gratuite et demandons que toute la lumière soit faite sur cette malheureuse affaire. Ceux qui se sont rendus à Mogadiscio savent que du temps de sa gloire au milieu des années 70, le régime de Siad Barré emprisonnait systématiquement tout somalien se rendant coupable d’agression contre un étranger, à plus forte raison lorsqu’il s’agissait d’un coopérant : serait-ce trop demander à ce régime d’impunité de ne tolérer aucun écart de la sorte de la part de ses agents ?
Pour avoir été les seuls à révéler le scandale qui l’entourait, nous rappelons que c’est surtout grâce à la vigilance de cette coopération qu’une clinique se prétendant égyptienne et travaillant dans des conditions très peu orthodoxes a été fermée, évitant certainement ainsi quelques désillusions et effets secondaires aux patients djiboutiens imprudemment et avidement jetés en pâture par le ministère djiboutien de la Santé.
Autant que dans les différents secteurs de la Santé publique, la coopération égyptienne se distingue dans les domaines tels que l’Enseignement, l’administration, la Police ou l’Armée. Des dizaines d’étudiants djiboutiens poursuivent leurs études en Égypte grâce à des bourses octroyées par Le Caire. De même, de nombreux officiers militaires ont été et sont encore formés dans les meilleures académies égyptiennes. Enfin, des malades djiboutiens sont soignés chaque année au Caire aux frais du gouvernement égyptien. Qu’en guise de remerciement, le régime djiboutien pousse l’ingratitude jusqu’à tolérer qu’un médecin égyptien coopérant soit sauvagement agressé par des militaires, puis l’empêcher d’être soigné à Peltier et à en refuser l’accès à un chirurgien apprécié de tous pour avoir sauvé des centaines de vies humaines, nous ne pouvons ni le comprendre ni le tolérer.
Déjà que la coopération française a été drastiquement réduite dans le domaine de la Santé, pour de nombreuses raisons, telles que la détérioration des conditions de travail, tenant à la mauvaise gouvernance, il serait hautement dommageable pour le citoyen djiboutien qu’à son tour, la coopération multiforme et généreuse de la République sœur d’Égypte fasse les frais d’une telle irresponsabilité.
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