Réalité numéro 85 du mercredi 25 février 2004 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 85 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
AUX MARCHANDS D’ILLUSION, ALI-SABIEH DIT NON !
Il y a, schématiquement, deux façons de faire du journalisme politique. La première consiste à religieusement boire les propos des dirigeants et à fidèlement les servir aux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, invités à se recueillir sur la profondeur des vues et le miracle toujours recommencé de la vénération. C’est la posture fétichiste. La seconde cherche pour sa part à rapporter le texte à son contexte, à comparer la pluralité des points de vue et à confronter les mots et les actes, en donnant aussi la parole à ceux qui en sont le plus souvent dépossédés. C’est la posture militante, citoyenne et démystificatrice que nous pensons être la nôtre. Le passage à Ali-Sabieh du Chef de l’État la semaine dernière, au prétexte d’y inaugurer une usine de dessalement d’eau (il s’agissait en fait du lancement prématuré de la campagne électorale pour la présidentielle de l’année prochaine, on se demande bien pourquoi une telle précipitation d’ailleurs, puisque la machine à frauder est déjà mise en place) et surtout la distance incommensurable entre le tam-tam officiel et la modestie des notables de cette ville, fournissent une illustration exemplaire de ce que nous avancions : la maturité populaire est en train de mettre en échec la politique de division tribale que le régime pensait infaillible, ou à tout le moins rentable.
« Ce que vous avez fait pour Ali-Sabieh, vous devez le faire pour Obock, Tadjourah et Dikhil : ces districts ont les mêmes besoins que le nôtre » : ainsi s’adressa au Président de la République un vénérable notable plein de sagesse et d’expérience. Un Chef d’État doit traiter tous ses concitoyens sur le même pied d’égalité : tel était le message et c’est à se demander si son illustre auditeur ne l’avait pas quelque peu oublié. Lui qui, en tout cas, est pris en flagrant délit : celui de faire durer, quatre ans après l’Accord-cadre de Paris, les souffrances de tous les Djiboutiens avides de Démocratie en général et des habitants des zones affectées par le conflit civil en particulier, en leur refusant indemnisations de leurs biens détruits et pillés par les troupes gouvernementales et réhabilitation des infrastructures publiques.
Ce malgré toutes les dispositions internationales à financer tous ces programmes, au rang desquelles il convient de citer les Nations Unies et l’Union Européenne. Mal élu, donc potentiellement porteur de troubles, donc générateur de conflit, le discours du Président de l’Assemblée Nationale djiboutienne plaidant pour la prévention des conflits devant les ACP/UE n’en est que plus ridicule ! Par la voie de ses notables, Ali-Sabieh a donc résolument refusé les sirènes du favoritisme, incarnées par tous les marchands itinérants d’illusions tribales. Ces vieux sages se souviennent parfaitement de toutes les provocations intercommunautaires, fomentées par une administration coloniale submergée par la vague indépendantiste : ceux qui veulent détruire le pays plutôt que de perdre le pouvoir se ressemblent, par-delà la couleur de la domination.
La couleur locale se prétend caméléon, mais elle est tout aussi facile à identifier. C’est donc bien piteux que l’illustre inaugurateur s’est senti obligé de rectifier le tir, pour le moment, en utilisant de façon simpliste une métaphore anatomique comparant le pays à un corps dont un membre invalide (district ou groupe) mettrait en danger l’équilibre de l’ensemble. C’es vraiment à se demander s’il s’entend parler, car il y a bien longtemps que notre pays est plongé dans une invalidité totale : dire que nous stagnons est encore optimiste, tant les indicateurs multiformes de la récession sont patents.
Si les « miraculés » habitants du Day ne doivent leur précieuse eau qu’au seul programme-caprice présidentiel d’acclimatation de khat et de café dans un ranch adjacent, les nombreuses arrières-pensées de l’usine d’Ali-Sabieh (elle aussi absolument pas budgétisée, ni a fortiori planifiée dans tous ses aspects à long terme, pour vitale qu’elle soit) ne s’en dévoilent que plus cruellement. Comme leur incontestable échec, aussi fulgurant que la campagne pour la présidentielle est prématurée.
Le diagnostic de la maladie qui ronge ce régime ayant été si lucidement posé par les sages d’Ali-Sabieh, il reste à espérer que le grand malade RPP acceptera le remède qui lui est proposé : une bonne dose d’égalité entre ses concitoyens. Pour cela, nous disons merci ! aux notables et à la population d’Ali-Sabieh : c’est une véritable leçon de maturité politique et de citoyenneté agissante qu’ils viennent de donner. Au reste du pays de les accompagner dans cette voie d’avenir, la seule réellement viable.
Brèves nationales
District de Dikhil :
Alerte à l’hyène tueuse !
Des meutes d’hyènes tueuses sèment la désolation dans tout l’arrière-pays dikhilois, et ce depuis trois mois, sans que les autorités administratives de ce district ne daignent prendre une quelconque mesure à l’encontre de ces prédateurs déchaînés. Ainsi, dans le triangle Goba’ad-Hanlé-Gagadé, les éleveurs nomades s’estiment littéralement sinistrés et nous ont fait parvenir (à nous et pas à La Nation, ce qui est significatif) une liste détaillée de leurs pertes respectives.
En premier lieu, pour la zone de Goba’ad, les campements touchés sont au nombre de 10 et le total des animaux domestiques tués par les hyènes s’élève à 319 ; chiffre comprenant vaches, chèvres, ânes, moutons et dromadaires.
La plaine de Hanlé a pour sa part recensé 276 animaux domestiques dévorés par les meutes d’hyènes dans 7 villages et campements.
Dans la région de Gagadé enfin, ce sont pas moins de 41 bêtes qui auraient été englouties par ces prédateurs dans 6 campements différents. Ce qui porte à 636 le total des animaux domestiques sacrifiés à l’appétit des hyènes.
Rappelons que les populations rurales du Sud-Ouest sont parmi les plus démunies de notre pays et vivent essentiellement de l’élevage extensif. A ce rythme, d’ici l’été prochain, ce sont des dizaines de familles nomades qui risquent de se retrouver sans moyens de subsistance. Nous lançons donc un appel pressant aux autorités compétentes afin qu’elles mettent tout en œuvre pour arrêter ce carnage. Il en va de la survie de milliers de citoyens. A suivre…
Semi-marathon de Djibouti :
Que le meilleur perde ?
Au début des années 80, l’athlétisme djiboutien s’était hissé au niveau international et même mondial avec la consécration de l’athlète Ahmed Salah : Champion du monde militaire, Champion du monde et médaillé olympique. A cette époque l’Etat djiboutien fournissait des efforts conséquents afin de permettre à nos athlètes de concourir dans les meilleurs conditions. Depuis l’instauration de la mauvaise gouvernance et son corollaire la prédation, la régression tous azimuts touche également le domaine sportif.
Ainsi, de l’avis général, nos athlètes partaient lourdement handicapés cette année parce que n’ayant pas bénéficié d’une préparation technique suffisante. Quarante huit heures avant le début de la compétition, les organisateurs avouaient en toute humilité les difficultés financières rencontrées dans la préparation de l’évènement sportif de l’année. Dans ces conditions la contre-performance de nos sportifs était prévisible.
Ces dernières années nos athlètes n’ont remporté aucune compétition internationale mais réussissaient tout de même à limiter les dégâts lors du semi-marathon de Djibouti. Cette année la bérézina constatée est imputable à ce régime de mauvaise gouvernance qui préfère investir des millions de nos francs en Khat plutôt que pour le sport national. Pour preuve, le jour de l’inauguration du projet d’eau minérale d’Ali-Sabieh, le khat a été acheté pour plusieurs millions de nos francs à Diré-Dawa (Ethiopie) et directement convoyé sur Ali-Sabieh. Dans l’après-midi du jour suivant, nos athlètes privés de moyens ne pouvaient faire que pâle figure devant des athlètes régionaux autrement mieux préparés. Quelle honte que de voir les meilleurs perdre à cause du gâchis institué par ce régime inconscient et insouciant.
Démocratie indirecte ?
Quand un juge installe un syndicat
Comme chacun le sait, la coexistence est impossible entre un vrai syndicat dont les dirigeants sont librement élus par la base, et les clones imposés par le régime, sans aucune légitimité. Dernière preuve en date de ces difficultés d’un syndicalisme-maison : l’intervention miraculeuse du Palais de Justice. En effet, par une ordonnance n°29/04 du 7 février 2004, le Président du tribunal de première instance de Djibouti a décidé de proroger le mandat du Président du syndicat des dockers du Port de Djibouti.
Ci-dessous le texte de cette ordonnance :
Prolongation de mandat
Nous, Mohamed Moussa Iyeh, président du tribunal de première instance de Djibouti,
Vu la requête en date du 29 décembre 2003,
Vu l’avis du ministère public,
Vu le jugement n°450/02 du 17 septembre 2002.
Vu l’arrêt n°121/03 du 10 novembre 2003.
Disons que le mandat du président du syndicat des dockers du PAID commencent effectivement à compter de 10 novembre 2003 pour une période de deux ans selon les statuts du syndicat.
Disons que cette ordonnance sera exécutoire.
Disons qu’il nous sera référé en cas de difficultés.
Fait à notre cabinet le 7 février 2004.
Ayant été incapables d’organiser, conformément aux Statuts, un congrès pour désigner de nouveaux responsables ou reconduire ceux en place, les syndicalistes sponsorisés par le régime ont trouvé une formule inédite dans le monde : un coup d’état légal perpétré par une décision de Justice en bonne et due forme. Nous livrons ainsi à la méditation de nos lecteurs l’avancée de l’Etat de droit version RPP.
Prochaine étape : étant donné que, selon la version officielle, plus de 50% de citoyens inciviques et apolitiques n’auraient pas daigné retirer leurs cartes d’électeur lors des dernières élections législatives du 10 janvier 2003, certains trouveraient normal que le mandat présidentiel soit tout simplement reconduit par une décision des juges! Ce qui s’appellerait le gouvernement des experts en… bonne gouvernance. A quelque chose malheur est bon : la caution financière déposée par le candidat de l’opposition se serait pas confisquée par le régime prédateur.
L’UAD discute avec l’Union européenne
Une mission parlementaire européenne, en séjour d’étude dans notre pays, a bien voulu rencontrer des personnalités de l’opposition djiboutienne, afin de diversifier ses sources d’information pour mieux juger des avancées démocratiques ainsi que du renforcement de la Paix. Contrairement au régime djiboutien, l’Union Européenne n’a pas oublié que nous sortons d’un douloureux conflit civil d’une décennie et la paix se doit d’être quotidiennement consolidée en en éliminant les causes et soignant les conséquences. Toutes exigences que la démagogie RPP ignore allègrement en violant toutes les dispositions de l’Accord de Paix du 12 mai 2001. Mais ceci n’est pas nouveau. Ce qui l’est par contre, c’est que, dorénavant, l’intérêt que l’Union Européenne porte à la stabilité de notre pays n’est plus la somme des intérêts nationaux des Etats européens présents sur notre territoire. Ce qui revient à dire, pour le plus grand bonheur de nos concitoyens, que la République de Djibouti n’est plus principalement une base militaire avancée de l’Occident, dont la permanence vaudrait bien quelques complaisances à l’égard d’un régime qui offre ce morceau de désert au plus offrant. Cette opportunité historique, une délégation unitaire de l’UAD l’a saisie, pour s’être entretenue lundi dernier, avec les membres de cette mission parlementaire de l’Union Européenne.
C’est donc lundi dans l’après-midi, à 16 heures que le Comité de Direction de l’UAD a rencontré la Mission parlementaire Européenne composée de sept députés et présidée par Mme Karin Junker, d’origine allemande. Mme Junker a précisé que, comme cela l’avait été expressément notifié à la partie gouvernementale, il était hors de question que sa mission quitte Djibouti sans avoir rencontré les dirigeants de l’opposition. On comprend donc pourquoi la RTD n’a pas jugé utile de citer cet événement : la voix de son maître ne pouvait accepter un constat qui s’impose même à Bruxelles, à savoir l’existence d’une opposition nationale responsable, ayant son mot à dire.
La discussion avait pour base le rapport que l’UAD avait remis à cette délégation de haut niveau ( voir pages 4 et 5) et les points suivants ont été abordés :
– L’Accord de paix du 12 mai 2001,
– Les élections législatives du 10 janvier 2003 et ses résultats,
– La situation de l’Opposition à Djibouti,
– L’état réel de l’économie et de la société djiboutiennes,
– Les attentes populaires et
– Les perspectives politiques d’avenir…
Par courtoisie pour nos interlocuteurs, nous ne citerons ici aucun de leurs propos relatifs à leur appréciation de la situation nationale. Le seul fait que l’Europe regarde enfin notre pays, pour ainsi dire, par-dessus l’épaule de la France, dont la diplomatie reste essentiellement militaire et soumise à de très lourds impératifs tenant uniquement à sa base, est en soi un tournant capital que, contrairement aux médias gouvernementaux qui n’en traitent que l’aspect onction internationale, nous apprécions à sa juste valeur.
Prenant tour à tour la parole, les présidents des quatre formations qui composent l’UAD ont mis en lumière la persistance d’une dictature face aux changements souhaités et confirmée par le dernier scrutin législatif. M. Ismael Guedi a tenu à rappeler que malgré certaines dérives, il existait un minimum de sens de l’Etat avant 1995 : les salaires étaient versés à terme, l’avancement et le traitement des fonctionnaires n’étaient pas gelés, la Santé et l’Education pour tous étaient une réalité tangible, tandis que la corruption et l’affairisme n’étaient pas aussi généralisés et surtout ne s’exhibaient pas avec autant d’impunité et d’indécence.
Quant à M Ahmed Youssouf, notre vice-président, il a tout simplement appelé un chat un chat : qui paye le plus peut le moins ! Autrement dit, c’est grâce à la générosité de l’Europe et des autres partenaires bilatéraux que ce régime d’injustice se perpétue. Aux donateurs d’imposer que les règles de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance soient effectivement respectées. Le refus d’abandonner les reflèxes de parti unique conduit à l’impasse politique.
Avant qu’il ne soit trop tard : les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’aggravation de l’arbitraire, conjuguée à la dégradation des conditions d’existence, c’est une situation insurrectionnelle qui est en train de s’amplifier.
« Le plus grave, ce n’était pas qu’il mentait, nous le savions : c’est qu’il savait que nous savions qu’il mentait ». Ainsi résumait un diplomate étranger, il y a quelque temps, une séance de travail entre sa délégation et le sommet de l’Etat djiboutien. Les membres de la mission parlementaire européenne en visite de travail à Djibouti ne viendront peut-être pas au même constat lucide.
Par contre, à comparer les points de vue du régime avec ceux de l’Opposition sur tous les sujets primordiaux tels que l’application de l’Accord de Paix du 12 mai 2001 ou la pertinence des avancées démocratiques depuis 2002, ils se poseront certainement une question, brutale : du régime ou de l’opposition, quelle est la partie qui ment ?
Car c’était bien de cela qu’il s’agissait, ce qui étant déjà peu glorieux pour le régime, aura surtout montré que la démocratie n’est encore qu’un slogan vide de réalité à Djibouti.
L’UAD écrit à l’Union européenne
Voici le bref tableau de la situation nationale dressé par l’UAD et qui a servi de cadre de discussion avec les membres de la mission parlementaire européenne. Peu de choses inconnues du citoyen djiboutien : devant l’aggravation des conditions d’existence de nos concitoyens et le recours constant aux méthodes de barbouzes de la part du régime, un débordement n’est pas à exclure : dernier exemple en date, Haïti est là pour rappeler qu’il est impossible de durablement gouverner contre la volonté populaire. N’attendons pas cette dramatique issue pour faire changer les choses dans le bon sens.
UNION POUR L’ALTERNANCE DEMOCRATIQUE
(ARD, UDJ, MRD, PDD)
Note d’information
à la mission parlementaire européenne
en visite en République de Djibouti
Les dirigeants des quatre partis politiques opposés à la dictature en place, l’Alliance Républicaine pour le Développement (ARD), l’Union pour la Démocratie et la Justice (UDJ), le Mouvement pour le Renouveau Démocratique (MRD) et le Parti Djiboutien pour le Développement (PDD), regroupés sous le sigle UAD (Union pour l’Alternance Démocratique, saluent l’heureuse initiative du Parlement européen d’envoyer à Djibouti une importante délégation.
Nous nous réjouissons d’une telle opportunité et souhaitons le meilleur séjour dans notre pays aux membres de cette mission parlementaire. Opportunité dont nous saisissons à sa juste valeur la portée historique car nul n’ignore que le gouvernement djiboutien écarte systématiquement les responsables des partis d’opposition de tout contact et de tout dialogue avec les visiteurs extérieurs.
La République de Djibouti, petit pays de 23.000 km2, indépendant depuis le 27 juin 1977, vit sous la férule d’une dictature féroce, issue en 1999 d’une élection présidentielle entachée de fraudes massives. Ce fut une véritable mascarade, sans aucun observateur international crédible. Le chef de l’Exécutif, un ancien policier, décide selon son bon vouloir, selon son humeur du moment. Ce gouvernement illégitime ne respecte rien, car il émane du RPP (Rassemblement Populaire pour le Progrès) ancien parti unique habitué à décider seul, sans beaucoup de considération pour les aspirations populaires et sans aucun respect pour l’opposant politique.
Comme vous le démontreront les documents annexés à la présente note d’information, il n’existe aucune élection libre et transparente en République de Djibouti. Ainsi, des fraudes massives et généralisées à l’ensemble des cinq circonscriptions que compte le pays, ont entaché les dernières législatives du 10 janvier 2003. Malgré une politique et une gestion désastreuses, le pouvoir en place s’est autoproclamé victorieux, par différents procédés tels que la manipulation des fichiers électoraux, la rétention et le camouflage dans la distribution des cartes d’électeur ou encore le bourrage des urnes, le refus de publier et d’afficher les listes électorales ainsi que la désignation unilatérale et partisane des membres de la Commission Electorale Nationale Indépendante.
Aussi, l’Assemblée Nationale monocolore est surtout une chambre d’enregistrement sans réel pouvoir de contrôle : par exemple, le Budget de l’Etat y est adopté en une seule matinée ! Le scrutin majoritaire à un seul tour, institué du temps du parti unique, est toujours en vigueur puisque reconduit par la Constitution du 15 septembre 1992.
A Djibouti, la Justice ne jouit d’aucune indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif. Bien au contraire, Face au manque d’une Justice indépendante consciente de sa mission, les Djiboutiens risquent de se faire eux-mêmes justice; ce qui risque de provoquer d’abord l’anarchie, puis la guerre civile. Rappelons enfin, à ce chapitre, que le principe constitutionnellement garanti de l’inamovibilité des magistrats du siège est remis en cause par le récent statut de la magistrature.
Par ailleurs, 80% du Budget de l’Etat provient de la prestation de services. Depuis l’arrivée au pouvoir de l’actuel Président de la République, l’opacité la plus extrême est instituée, malgré la mise en place d’une Chambre de Compte et de Discipline Budgétaire, aux pouvoirs très limités et dont les conclusions restent confidentielles, puisque seul le Chef de l’Etat en prend connaissance. Il n’y a donc ni gestion ni autorité.
Ce qui était autrefois une administration sérieuse n’existe plus, la corruption n’épargne aucun secteur ni aucune niveau hiérarchique. Détournement des deniers publics, pillage des richesses et concussion sont monnaie courante. Ce qui affecte le bon fonctionnement de l’entreprise privée soumise au trafic d’influence et à la chasse aux commissions. A tous ces auteurs et complices de corruption, l’impunité la plus totale est assurée : aucune poursuite n’est engagée contre eux. En cas de poursuite, comme ce fut le cas il y a deux ans contre un présumé faux-monnayeur pris en flagrant délit, c’est le non-lieu sans aucun procès. La transparence dans la gestion des affaires publiques et la bonne gouvernance n’ont donc plus cours ici. Le gouvernement est en train de détruire ce qui existait en prétendant créer à prix d’or de nouvelles institutions, comme la Garde Présidentielle ou le Service National Adapté. Au lieu de démobiliser ses soldats en vue d’améliorer les conditions d’existence des Djiboutiens par des investissements productifs, le régime est en train de recruter 1200 jeunes au sein de l’Armée, pour les utiliser lors de la prochaine campagne présidentielle de 2005 et éventuellement dans la fraude.
Bien que cela soit explicitement prévu par la Constitution, le pouvoir en place a beaucoup de mal à admettre une quelconque opposition, surtout si elle est, nationale, sérieuse et active. Non seulement l’accès aux médias publics lui est totalement interdit, mais il lui arrive souvent de la pourchasser par de multiples tracasseries quotidiennes, allant jusqu’à la suspension du salaire ou de la pension de retraite de ces opposants.
Plus grave, la caution de 32.500.000 FD (Trente-deux millions cinq cent mille Francs Djibouti) versée par les 65 candidats UAD lors des législatives du 10 janvier 2003 n’a toujours pas été restituée à ce jour, en dépit des 45% des suffrages exprimés qui nous a officiellement été « attribuée » à l’issue de la fraude. La Justice, saisie de ce déni de droit, n’a pas statué jusqu’à présent, prétextant son incompétence, alors qu’un précédent existe à la matière : le Trésor a remboursé la caution à la liste du parti politique dénommé PRD Parti du Renouveau Démocratique) lors des législatives de décembre 1992. Le gouvernement maintient l’opacité à tous les niveaux de la vie nationale, entretenant le flou et le brouillard : aucune statistique fiable n’est disponible quant à l’évolution démographique de la société djiboutienne. Indice éloquent : à part Son directeur, le service chargé des enquêtes statistiques (DINAS) n’emploie aucun djiboutien !
Tout aussi gravement, le régime djiboutien n’a absolument pas respecté ses engagements souscrits dans le cadre de l’Accord de paix du 12 mai 2001, signé avec le FRUD-armé de M. Ahmed Dini, actuellement président de l’ARD. Accord unanimement salué par tous les citoyens djiboutiens et les observateurs extérieurs (dont l’Union Européenne, qui a financé le programme de démobilisation des rebelles) qui, bien qu’ayant mis fin à une décennie de conflit civil, cherche encore un début d’application dans tous ses différents volets, au rang desquels il convient de citer la réhabilitation des zones affectées par le conflit et la réinsertion des anciens maquisards.
Les droits de l’homme ne sont guère mieux lotis. La liberté de la presse et d’opinion, bien que constitutionnellement garantie, est considérée par le régime comme une atteinte à sa pérennité. Ceux qui postulent à l’exercice de cette liberté perdent souvent leur emploi, sont poursuivis et parfois jetés dans la prison de Gabode.
En érigeant tous les obstacles possibles et imaginables à l’exercice d’un syndicalisme libre (les atteintes au libre exercice du droit syndical dont le régime djiboutien se rend coupable sont bien connus au Bureau International du Travail), c’est la vie citoyenne qui est tout simplement mise en berne. Le régime a poussé jusqu’à l’extrême sa volonté de faire table rase du syndicalisme libre et indépendant : les deux centrales syndicales authentiques (l’UDT et l’UGTD) ont été remplacées du jour au lendemain le 15 juillet 1999 par deux clones contrôlés par le pouvoir. Les véritables syndicalistes légalement choisis par les travailleurs ont été licenciés et ne sont toujours par réintégrés, malgré les engagements officiels en ce sens. Il est donc illusoire de parler de pluralisme ou de démocratie à Djibouti : les chances de réel développement s’en trouvent d’autant réduites.
Du fait de la mauvaise gouvernance, de l’insouciance du régime ne se sentant pas menacé par le verdict des urnes, de la corruption généralisée et du non-respect de la légalité, nos concitoyens souffrent. Les Djiboutiens en sont réduits à la dégradation continue de leurs conditions d’existence, à la famine, à la misère et à la mendicité, tandis que la classe dirigeante étale son luxe et sa richesse. Près de 80% des jeunes sont au chômage. Et, à part l’exil en Europe, aux Etats-Unis ou au Canada, ils ne voient aucune perspective locale, aucun horizon national pour sortir de la dramatique situation dans laquelle ils sont condamnés à végéter. Les gouvernants n’ont rien à leur offrir, sinon des discours-fleuves et de vagues promesses jamais tenues.
Dans ces conditions, que demande l’opposition ?
– La stricte application de toutes les clauses contenues dans l’Accord de paix du 12 mai 2001, signé entre le gouvernement et le FRUD-armé. La paix est le préalable indispensable pour réconcilier la Nation djiboutienne avec elle-même. La réhabilitation des zones affectées par le conflit doit se faire de concert, conformément à l’article 24 de l’Accord de paix du 12 mai 2001. Enfin, ne pas traiter les causes du conflit hypothèque gravement toute stabilité ultérieure. Des pressions multiformes devraient obliger le régime à respecter ses engagements souscrits dans le cadre de cet Accord de paix.
– Des élections libres et transparentes avec des observateurs internationaux en nombre suffisant pour si possible couvrir tous les bureaux de vote, originaires de pays à longue tradition démocratique. Seules des confrontations électorales justes et libres nous semblent être la plus sûre voie assurant le développement durable et le progrès social. Le sous-développement politique est un des ferments du sous-développement économique : un régime ne craignant pas le verdict des urnes n’aura aucune raison de bien gouverner en assurant à ses concitoyens un cadre de vie décent. L’opposition djiboutienne souhaite donc que les citoyens aient le droit de librement choisir leurs représentants et de les sanctionner le cas échéant.
Nous, opposition djiboutienne composée de femmes et d’hommes responsables, agissons dans le cadre pacifique et légal fixé par les textes en vigueur. Jusqu’à ce jour, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir afin de préserver la paix, car nous sommes convaincus que la paix est le bien le plus précieux, en particulier pour les ressortissants d’un aussi fragile pays sortant à peine d’une décennie de conflit civil.
Malheureusement, en dépit de tous nos efforts, et devant l’aggravation des difficultés que rencontrent nos concitoyens pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, essentiellement due à la mauvaise gouvernance et à l’étouffement des libertés, la stabilité intérieure de notre minuscule pays est gravement mise en danger : nous risquons de connaître le même sort que notre voisin somalien.
Car, à trop perdurer, cette situation de non-droit aboutira tôt ou tard et inéluctablement à une explosion aux conséquences incalculables.
Nous lançons donc un appel solennel à la communauté internationale d’une manière générale et à l’Union Européenne en particulier, pour venir en aide au Peuple Djiboutien, en péril.
Nous souhaiterions vivement que l’Union Européenne fasse pression sur le gouvernement djiboutien afin que ce dernier applique l’Accord de paix du 12 mai 2001, respecte les droits de l’homme et s’engage résolument dans la pacification et la démocratisation de la vie politique nationale.
Si aucune pression extérieure n’apporte un correctif aux actuelles dérives du régime djiboutien, la situation, intérieure ne pourra que se dégrader et l’inévitable explosion sociale ne sera alors qu’une triste mais simple question de temps.
Pour sa part, l’opposition djiboutienne solidaire au sein de l’UAD, continuera dans la voie pacifique et légale qui est la sienne, sachant que les aspirations populaires au changement ne peuvent être durablement étouffées.
Note de la LDDH : Halte au gangstérisme d’État
La Ligue Djiboutienne des Droits Humains a publié la note ci-dessous reproduite, relative à la délinquance financière du régime en place, qui persiste dans ses violations des règles de droit les plus élémentaires. Ainsi en est-il du sort réservé à la caution financière de 32.500.000 FD que la liste de l’UAD (Union pour l’Alternance Démocratique) avait déposée auprès du Trésor Public, pour participer aux dernières législatives du 10 janvier 2003. Partout ailleurs dans le monde, caution implique remboursement, quelles qu’en soient les modalités. Sauf à Djibouti : il était impossible qu’une telle somme n’attirât pas l’appétit insatiable du pouvoir en place. Et si cela permettait en même temps de porter atteinte aux ressources financières de l’opposition, surtout qu’une échéance capitale arrive, pourquoi ne pas joindre l’utile affaiblissement des adversaires à l’agréable confiscation des biens d’autrui auquel ce régime d’abus est autorisé par une administration, dans ce cas en tout cas, au service de l’intérêt partisan, et une Justice dont la balance est si peu fiable pour le citoyen ordinaire désemparé contre cet arbitraire quotidien ?
LDDH, Le Président
NOTE D’INFORMATION DU 18 FEVRIER 2004
LE DERNIER COUP D’ÉTAT ÉLECTORAL
EST ENCORE SUIVI PAR UN GANGSTÉRISME D’ÉTAT
IMPOSE A L’ENCONTRE DE
L’UNION POUR L’ALTERNANCE DEMOCRATIQUE( UAD )
Le gangstérisme d’Etat a plusieurs formes et certaines de ces formes sont malheureusement réelles en République de Djibouti ; pays au peuple fondamentalement pacifique.
Les faits :
Rappelant que le 10 janvier 2003, lors des élections législatives, les différents Partis de l’Opposition Djiboutienne avaient déposé une liste unique de candidats sous la coordination de l’Union pour l’Alternance Démocratique (UAD).
Rappelant que la caution exigée pour les 65 candidats de l’UAD fut déposée au Trésor Public par un versement de trente deux millions cinq cent mille francs Djibouti (32.500.000 FD).
Rappelant que le résultat des élections législatives, malgré le Coup d’Etat Electoral dans les régions du Nord et de l’Ouest de la République de Djibouti, s’est soldé, dans l’ensemble, avec le score de près de 45% pour l’UAD.
Rappelant que cette caution devrait être remboursée à l’UAD dès la proclamation officielle.
Convaincus que les Partis Politiques de l’Opposition ont effectué et ont démontré, dans la légalité, leur Volonté et leur Droit au remboursement de cette caution.
Constatant qu’aucun Texte juridique, aucune Jurisprudence, encore moins un semblant de comparaisons ne peut permettre au Trésorier National de disposer soit pour le compte du Budget de l’Etat, soit encore moins, peut-être, pour une tierce partie.
Par définition: toute caution est normalement remboursable. Il est bon de rappeler que, la Loi Organique de 1992 relative aux élections fait un tout, et que dans le contexte actuel, les Législateurs ont encore affirmé l’obligation du remboursement de la caution dans le cadre de la Loi sur la Régionalisation.
Affirmant que l’esprit de la législation de notre pays est constant, même s’il existe d’autres incompréhensions prises par un Haut Décideur de l’Administration, ses décisions restent, de fait, illégales avec les risques d’être probablement teintées par des colorations purement politiques.
La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) est sidérée par le refus arbitraire du Trésorier Payeur National; elle lance un Appel au Chef du Gouvernement d’accorder une attention très particulière à cette affaire de caution encore nQ’lremboursée par le Trésor National ;
La LDDH demande aux membres du Conseil Constitutionnel ainsi qu’à son Président de se saisir de cette affaire de « refus de rembourser la caution à l’UAD » et ce conformément à l’article 75 de la Constitution;
La LDDH demande au Ministre de la Justice d’accorder ses violons avec ceux du Chef de l’Etat pour que rapidement le Conseil du Contentieux Administratif mis sous embargo depuis 1996 soit opérationnel et surtout totalement indépendant sans aucune fragilisation aucune.
Courrier des lecteurs : les FFDJ et nous
COURRIER DES LECTEURS
COMMENTAIRES
Chacun s’en sera douté, Guirreh Houmed Saleh est un pseudonyme : précisément celui d’un haut fonctionnaire, peu suspect de militantisme opposant. Si nous publions son courrier, c’est pour quatre raisons au moins : 1) il nous a personnellement remis ce courrier ; 2) étant donné sa fonction, il sait de quoi il parle ; 3) ce délicat sujet de services rendus concerne tous les citoyens à la recherche d’emploi ou de marché, indépendamment des colorations politiques et 4) tout citoyen, djiboutien ou français, est en droit d’exiger la plus grande transparence sur ce commerce tout aussi fructueux qu’opaque.
On l’aura compris, la stabilité d’une base militaire passe essentiellement par quelques courbettes devant les prédateurs affiliés au régime, quand ils n’en sont tout simplement pas l’émanation financière.
Après le scandale, révélé par notre confrère Le Canard Enchaîné, relatif au réseau des filles de joie (et parfois des fillettes) mises à la disposition des légionnaires, ce favoritisme ne nous étonne guère. Ce qui implique néanmoins un bémol pour les Djiboutiens que nous sommes : nettoyons d’abord devant nos portes et exigeons la transparence dans la gestion des affaires publiques nationales.
Le reste suivra.
Cher Éditorialiste
Notre confrère « La Nation » a, dans son éditorial du jeudi 19 février 2004, accusé la presse d’opposition d’une manière générale et notre journal en particulier, de « dérive médiatique » et d « intox » sans apporter aucune preuve. C’est son droit ! Nous usons du nôtre en vous prenant à témoins ainsi que ses rares lecteurs afin que, quelles que soient vos préférences politiques, vous vous fassiez votre propre opinion, à travers ces lignes adressées au journal gouvernemental.
Nous comprenons sans mal qu’habitués à monopoliser le discours officiel, légalisé et orthodoxe, et depuis peu confrontés à la contradiction, vous considériez toute voix discordante comme diffamante. Toute réplique, même et surtout courtoise, sensée et constructive vous dérange, ainsi que les médias officiels qui détenaient ou s’imaginent encore détenir le monopole du verbe légitime. Vous nous en voyez sincèrement compatissants !
Notre voix se veut effectivement dissonante, c’est tout à notre honneur, en ce qu’elle cherche ouvertement et sans passion à renverser pacifiquement un désordre établi par 17 années de dictature de parti unique (1977-1992) et 10 années d’un quadripartisme dégradant (1992-2002) pour pouvoir rééquilibrer les institutions de l’Etat. En imposant le multipartisme intégral, nous cherchions à sortir notre pays du sous-développement politique. Les libertés syndicales, la liberté de la presse (malgré les multiples entraves et obstacles dressés par le RPP et ses alliés à son perfectionnement) doivent à notre persévérance leur enracinement dans les mœurs politiques.
Nous ne relèverons qu’incidemment l’hommage circonstancié que vous rendez à M. Phillipe Leymarie. Après avoir tant insulté RFI, ce n’est que justice de votre part de reconnaître un peu de sérieux à un de ses journalistes qui, au cours du récent colloque à Paris, aurait contredit un opposant accusant le régime djiboutien d’opacité dans le volume et de détournement dans l’affectation des sommes astrnomiques générées par la location des différentes bases militaires. Quoique ledit journaliste n’ait nullement apporté le bien-fondé de ses « doutes ». contrairement à une mission sénatoriale française qui a, le plus officiellement du monde, reconnu que cette manne financière ne se traduisait pour le moment par aucune amélioration tangible des conditions de vie des Djiboutiens. Ceci Expliquant cela ?
Vous écrivez encore, parlant de l’opposition : « celle-ci reste toujours égale à elle-même dans ses dérives politico-médiatiques, ne serait-ce qu’à travers la couverture de cet événement tant l’absence d’objectivité des feuilles de choux comme le Renouveau et Réalité reflète cruellement les errements et le manque de vision politique de ses actuels leaders ». Sans commenter le jugement porté sur ces leaders, rappelons seulement que le chou est comestible ; bien assaisonné, il est même délicieux !
Vous fustigez ensuite une légèreté dans le traitement de l’information et une « confusion systématique entre vie privée et affaire publique ». Consultez vos archives, nous vous mettons au défi d’apporter le début d’une preuve d’atteinte à la vie privée de qui que ce soit de la part de Réalité !
Plus gravement, vous ajoutez : « nul besoin de vous préciser que les manœuvres politiciennes tendant à placer toute une sensibilité de l’opinion publique sous l’inspiration d’un journal risquent d’avoir des conséquences fâcheuses tant elles peuvent aggraver les tensions sociales par le biais des discours fanatiques à l’image de Radio Mille Collines au Rwanda et peuvent du même coup fragiliser le fonctionnement des institutions républicaines ». Si c’est à nos deux derniers numéros que vous faites allusion, tout le monde a compris que nous n’avons fait que toucher du doigt des maux qui étaient directement à l’origine du conflit civil qui a ensanglanté notre pays une décennie durant. En y mettant fin, les accords de paix de février 2000 et de mai 2001 affirmaient sentencieusement en « soigner les causes et prévenir le renouvellement ». La partie gouvernementale s’obstine (multiples violations desdits accords de paix) à les appliquer partiellement. Partiellement parce qu’unilatéralement, c’est elle et elle seule qui « fragilise le fonctionnement collectif de tout système politique » comme vous dites.
Institutions Républicaines avez-vous dit ? Quand l’Armée, la Gendarmerie et la Garde Présidentielle sont toutes trois commandées par trois proches cousins, sans même évoquer leur composition subalterne, cela constitue une aberration statistique qui en font des milices privées. Rien ne justifie cet accaparement, sinon la volonté maladive de prétendre régner par la force. Tout comme il est absolument anormal qu’un ministère soit saturé par les proches du ministre. Encore plus gravement, ceux qui ont eu le privilège de se rendre à la Présidence ont certainement eu l’occasion de mesurer physiquement à quel point notre République est inégalitaire : il suffit de se promener dans les coulisses du pouvoir pour voir qui est le décideur et qui est le courtisan qui quémande ou mendie !
Pour ce qui est des discours fanatiques, permettez-nous de vous rafraîchir la mémoire que vous avez sélective en vous rappelant que c’est votre journal qui traitait il y a peu toute une frange de la communauté nationale de « Juifs de la Corne de l’Afrique » au prétexte d’un banal incident commercial.
Tandis que tel autre pamphlet gouvernemental invoquait le « Bon Dieu » pour justifier rafles et reconductions massives à la frontière d’étrangers en situation irrégulière, surtout imputable au seul laxisme gouvernemental.
Pour ce qui nous concerne nous continuerons, ne vous en déplaise à démystifier ce régime irresponsable et n’abdiquerons jamais notre faculté d’indignation face aux criantes injustices dont sont victimes tous nos concitoyens, sans aucune distinction. Pour finir, nous vous lançons un amical défi, en vous conviant à un débat public à la radio, télévisé ou épistolaire. Nous vous laissons le choix des armes, du moment qu’elles respectent la bienséance.
Confraternellement !
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