Réalité numéro 96 du mercredi 12 mai 2004 |
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Sommaire
NUMÉRO GRATUIT
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 96 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
NUMÉRO GRATUIT
MESSAGE
12 MAI 2001 :
UN COUP DE PAIX DANS L’EAU ?
A chacun ses préoccupations, en fonction de ses priorités : prétendant changer le monde en en changeant la représentation, le Chef de l’Etat s’est offert une débauche d’encre et de papier pour fêter le cinquième anniversaire de son mandat. Libre à lui de se glorifier, s’il estime que le 8 mai 1999 est plus important dans l’Histoire du pays que le 12 mai 2001, la majorité de nos concitoyens n’est certainement pas de son avis. C’est pourquoi, pour notre part, nous saisissons l’occasion du troisième anniversaire de l’Accord de Paix définitive pour modestement inviter les citoyens lecteurs-électeurs à une pause-réflexion à trois niveaux : la fragilité d’une paix à laquelle les deux parties signataires n’accordent pas la même importance, les limites d’une opposition pacifique dans un contexte de fraude généralisée et enfin l’utilité d’un journal comme le nôtre.
En premier lieu, par manque d’application honnête, l’Accord de paix n’a pas mis fin aux multiples injustices qui sont à l’origine du conflit, le récent communiqué présidentiel l’imputant aux manœuvres néocolonialistes françaises n’est que la preuve par l’absurde d’un constat dramatique : un quiproquo n’aurait-il pas présidé à la paix ? Les attentats perpétrés par le régime contre une nouveauté institutionnelle aussi importante que la décentralisation, et son acharnement à prétendre instaurer une Nation au détriment de sa diversité, à travers une citoyenneté à deux vitesses, montre bien le peu d’intérêt accordé à la Réconciliation nationale et à la Reconstruction du pays. Dans ces conditions, comment nos concitoyens peuvent-ils tolérer un régime aussi insouciant de l’intérêt général et passivement assister à cette entreprise de destruction de notre avenir commun ?
En second lieu, autant la timide ouverture politique de septembre 1992 a été imposée par le bruit des armes rebelles, autant le multipartisme intégral est une conquête de l’Accord de paix du 12 mai 2001. La menace du clonage disparue, de véritables partis d’opposition se sont créés, unissant leurs forces pour participer à une consultation électorale qu’ils espéraient sincère et transparente, assurés qu’ils étaient de représenter l’alternance crédible que le Peuple attendait depuis si longtemps. L’instauration d’un environnement institutionnel pacifié s’est heurtée aux tourments d’un ancien parti unique essentiellement préoccupé par sa survie. Les graves déficits démocratiques que l’Accord du 12 mai 2001 rendait responsables du conflit civil ont été purement et simplement renforcés à cette occasion, le fonctionnement folklorique du Conseil Constitutionnel et de la CENI n’en étant que l’épiphénomène le plus brutalement caricatural. Dans ces conditions, face à un régime qui ne respecte aucune légalité, comment nos concitoyens estiment-ils possible qu’une opposition à laquelle il est interdit de proposer puisse un jour gouverner en arrivant au pouvoir par les urnes, par la voie démocratique ?
Enfin, concernant spécifiquement notre journal, une modestie personnelle au service d’une efficacité militante nous incline à toujours interroger le sens de nos productions hebdomadaires. Ecrire pour être lu n’est pas une posture d’apesanteur politique : on écrit avant tout pour faire bouger les choses, pour donner une autre vision des multiples réalités, nationales comme internationales. Car écrire autant que lire ne peut tenir lieu de condition suffisante du changement démocratique. Il y a une condition absolument nécessaire, sine qua non : l’action pratique. En d’autres termes, nous invitons cette semaine nos lecteurs à se poser une question : nous lire peut-il contribuer à provoquer un changement dans la gestion de la chose publique ?
C’est pourquoi nous avons préféré commémorer le troisième anniversaire de l’Accord de Paix du 12 mai 2001 de cette façon : réduire le journal à la stricte explicitation de notre démarche, en invitant chaque citoyen à se demander où va notre pays dans ces conditions. Le Chef de l’Etat croit remplir le vide de sa politique par la surabondance de sa publicité. Nous choisissons la démarche inverse : nous ne produisons rien cette semaine pour laisser les citoyens lecteurs-électeurs seuls avec leur conscience. La liberté de la presse ne peut pas exister sans la liberté de librement choisir ses représentants politiques.
L’Accord de Paix, le fonctionnement des partis d’opposition et la publication de notre journal ont-ils encore un sens quand sont à ce point bafoués les droits civiques les plus élémentaires ?
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Communiqué de l’UAD
UNION POUR L’ALTERNANCE DÉMOCRATIQUE
(ARD, UDJ, MRD, PDD)
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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
A l’occasion du 3ème anniversaire de la signature de l’Accord de paix définitive du 12 mai 2001 décrétée Journée Nationale de la Paix, l’Union pour l’Alternance Démocratique réitère ses exigences pour la stricte application immédiate et intégrale de tous les points objet de cet accord.
La non-application de l’essentiel de ses volets et la violation pure et simple d’autres, avec notamment l’adoption récente par l’Assemblée Nationale de l’impertinente et irresponsable redéfinition des limites territoriales des districts, recréent telles quelles les conditions qui ont favorisé le déclenchement de la lutte armée.
L’Union pour l’Alternance Démocratique, constatant que les manœuvres du pouvoir sont loin de créer un climat favorable à la promotion de la démocratie et de l’état de droit en République de Djibouti, est désormais déterminée à faire aboutir ses droits par tous les moyens.
Elle condamne ces pratiques unilatérales d’un autre âge et exige :
– le retrait immédiat de cette loi et l’adoption comme loi organique du projet de loi sur la décentralisation tel qu’adopté par le gouvernement en conseil des ministres et convenu d’accord parties le 12 mai 2001 ;
– le remboursement immédiat de la caution de 32,5 millions FD déposée au Trésor national à la veille des législatives de janvier 2003 et illégalement confisquée jusqu’à ce jour par le gouvernement, toutes les démarches légales étant épuisées dès lors. Ce genre de racket absolument inadmissible est fait pour obliger les partis politiques d’opposition à boycotter toute consultation électorale.
Par ailleurs, l’Union pour l’Alternance Démocratique, consciente des ses responsabilités, se doit d’alerter l’opinion internationale et les pays amis sur les dangers que fait courir à la stabilité politique de notre pays le comportement insensé et irresponsable du régime en place.
De même, l’UAD prend à témoin l’opinion publique djiboutienne : la Démocratie ne peut exister que si toutes les parties inscrivent leurs actions dans la légalité et le respect de la volonté populaire.
Enfin, l’UAD décline toute responsabilité sur les fâcheuses conséquences qui pourraient découler du refus obstiné du gouvernement d’appliquer l’Accord de Paix définitive, de renforcer l’Unité nationale et surtout de respecter les Droits civiques fondamentaux.
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